- Jérôme CARCOPINO
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Jérôme Carcopino
Jérôme Carcopino est un historien spécialiste de la Rome Antique et haut fonctionnaire français, né à Verneuil-sur-Avre (Eure) le 27 juin 1881 et mort à Paris le 17 mars 1970. Il était le cousin de Francis Carco.
Sommaire
Biographie
L'historien
Fils d'un médecin d'origine corse, Jérôme Carcopino intégra l'École normale supérieure en 1901 et fut reçu premier à l'agrégation d'histoire et de géographie en 1904. Membre de l'École française de Rome, il y séjourna quelque temps. Il fut ensuite nommé professeur d'histoire au lycée du Havre, où il enseigna de 1907 à 1911.
Après avoir été pendant un an secrétaire de Raymond Poincaré, il fut en 1912 chargé de cours à la faculté d'Alger. L'année suivante, il obtint le statut d'inspecteur adjoint et devint directeur du musée national des antiquités algériennes.
Pendant la Première Guerre mondiale, il servit dans l’armée d'Orient, et obtint deux citations et la Légion d'honneur à titre militaire.
En 1918, il soutient ses deux thèses (notamment une traitant des origines d'Ostie selon l'oeuvre de Virgile), enseigne l'histoire romaine à la Sorbonne, puis est nommé en 1937 directeur de l'École française de Rome, écrivant ses souvenirs romains avec Mgr Louis Duchesne, célèbre historien, archéologue et ecclésiastique moderniste. Il regagne la France après la déclaration de guerre de l'Italie.
Le ministre de Vichy
Sous l'Occupation, il dirige l'École normale supérieure de 1940 à 1942, et assume, sans en avoir le titre, les fonctions de recteur de l'Académie de Paris après la révocation de Gustave Roussy à la suite des manifestations étudiantes du 11 novembre 1940. Il dénonce les positions cléricales du Ministre de l'Instruction Publique Jacques Chevalier. En février 1941, il est nommé secrétaire d’État à l'Éducation nationale et à la Jeunesse dans le gouvernement de l'amiral Darlan. Tout en passant un accord avec le cardinal Suhard sur le financement de l'école privée, il suspend l'introduction de la religion dans les programmes de morale de l'école primaire. L'enseignement religieux est proposé aux élèves sous forme facultative. Il attache notamment son nom à la réorganisation de l'enseignement scolaire du 15 août 1941, ainsi qu'à l'importante loi du 27 septembre 1941 sur les fouilles archéologiques, dite « loi Carcopino », qui a donné pendant plus d'un demi-siècle son cadre juridique à l'archéologie française. Dans ses fonctions, il fait appliquer les lois du régime de Vichy, notamment les textes excluant juifs et francs-maçons des fonctions publiques. Quatorze des cent cinquante universitaires juifs obtiennent une dérogation. Il applique le numerus clausus aux étudiants, mais refuse de l'appliquer aux lycées.
Jules Isaac dit de lui que parmi les ministres de l'Education nationale de Vichy, il fut celui « qui a mis, au service de la Révolution nationale, le tempérament le plus autoritaire et la poigne la plus rude »[1].
Au retour de Pierre Laval aux affaires en avril 1942, Carcopino démissionne aussitôt et, retrouvant son poste de directeur de l'Ecole normale supérieure, s'efforce de faire échapper ses élèves au STO. Il instaure une quatrième année d'études permettant aux normaliens de commencer une thèse. Il intervient pour tenter de sauver plusieurs résistants, tels Raymond Croland ou Georges Bruhat.
Après la guerre
À la Libération, il est révoqué de ses fonctions pour sa participation au gouvernement de Vichy. Emprisonné à Fresnes dès août 1944, dans la même cellule que Sacha Guitry, il obtient sa libération provisoire en février 1945. Le 11 juillet 1947, la Haute cour de justice rend un arrêt de non-lieu pour services rendus à la Résistance. En 1951, il fut réintégré dans ses fonctions.
Dans ses mémoires, il présente une « apologie systématique et documentée à l'extrême du pétainisme en général et de son rôle personnel en particulier »[2].
Historien de la Rome antique, Jérôme Carcopino a publié de nombreux ouvrages parmi lesquels on doit citer : Ovide et le culte d'Isis, Sylla ou la monarchie manquée (1932), Aspects mystiques de la Rome païenne, De Pythagore aux apôtres, La Vie quotidienne à Rome à l'apogée de l'Empire (1939), etc. Son ouvrage le plus connu est son César (1936).
Membre de l'Académie pontificale d'archéologie romaine, docteur honoris causa de l'Université d'Oxford, membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, Jérôme Carcopino fut élu à l'Académie française le 24 novembre 1955 au fauteuil d'André Chaumeix.
En 1969, son nom fut donné au Musée archéologique d'Aléria, site dont il avait encouragé les fouilles.
Distinctions
- Croix de guerre 1914-1918
- Officier de la Légion d'honneur
- Membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres (1930)
- Membre de l'Académie française (1955)
- Docteur honoris causa de l’Université d'Oxford
Oeuvres
- La Basilique pythagoricienne de la Porte majeure, 1926
- Autour des Gracques, 1928
- Des Gracques à Sylla, 1929
- Virgile et le mystère de la IVe Eglogue, 1930
- Sylla ou la monarchie manquée, 1931
- Ovide et le culte d'Isis, Sylla ou la monarchie manquée, 1932
- César, 1936
- La Vie quotidienne à Rome à l'apogée de l'Empire, 1939 (ouvrage ayant beaucoup inspiré René Goscinny pour ses scenarii d'Astérix le Gaulois)
- Aspects mystiques de la Rome païenne, 1941
- Études d’histoire chrétienne, 1953
- Les fouilles de Saint Pierre et la Tradition, 1953
- Souvenirs de sept ans 1937-1944, 1953
- De Pythagore aux Apôtres. Études sur la conversion du monde romain, 1956
Notes et références
Articles connexes
Liens externes
- Fiche biographique sur le site de l'Académie française
- Fiche biographique sur le site de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres
- Pierre Boyancé, « Jérôme Carcopino, Directeur de l'École française de Rome (1937-1940) » , Mélanges d'archéologie et d'histoire, 1970, 82-2, p. 565- 570.
Bibliographie
- Stéphanie Corcy-Debray, Jérôme Carcopino, un historien à Vichy, Editions L'Harmattan, 2001, ISBN 2747508315
- Claude Singer, Vichy, l'Université et les juifs, Paris, Les Belles Lettres, 1992
- Pierre Grimal, Cl Carcopino et P. Oubliac, Jérôme Carcopino, un historien au service de l'humanisme, Les Belles Lettres, 1981
Précédé par
Jacques ChevalierSecrétaire d'État à l'Education Nationale
25 février 1941 - 18 avril 1942Suivi par
Abel BonnardPrécédé par Jérôme Carcopino Suivi par Georges Bruhat Directeur de l'École normale supérieure
1940 — 1941 et 1942 — 1944Albert Pauphilet Précédé par
André ChaumeixFauteuil 3 de l’Académie française
1955-1970Suivi par
Roger Caillois- Portail de la littérature
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