Julien Viaud

Julien Viaud

Pierre Loti

Pierre Loti le jour de sa réception à l'Académie, le 7 Avril 1892

Pierre Loti, né Louis Marie Julien Viaud, est un écrivain français. Il est né à Rochefort le 14 janvier 1850, mort à Hendaye le 10 juin 1923. Après des funérailles nationales il fut enterré à l'île d'Oléron.

Officier de marine, il s'est inspiré largement des pays qu'il a visités pour en faire le cadre de ses romans, dont une grande partie est autobiographique.

Sommaire

Biographie

Enfance et instruction

Julien Viaud, Pierre Loti, est le troisième enfant de Théodore Viaud, receveur municipal à la mairie de Rochefort, et de Nadine Texier-Viaud.
Sa famille est protestante et pratiquante.

Sa sœur ainée, Marie, a dix-neuf ans de plus que lui, son frère Gustave, douze.
Ses parents le gardent à la maison jusqu'à l'âge de dix ans et assurent son instruction.

En 1860, il entre au lycée de Rochefort [1], où il fait toutes ses études secondaires.

De 1862 à 1864, il passe une partie des vacances d'été chez un cousin à Bretenoux, dans le Lot, où il découvre - dans le château féodal de Castelnau - les traces du passé. C'est de Bretenoux, pendant l'été 1863, qu'il écrit à son frère Gustave, médecin de la marine, sa détermination de devenir officier de marine[2].

Il évoque ses souvenirs dans ses derniers ouvrages : Le Roman d'un enfant, Prime jeunesse et Journal intime.

Il vient de Rochefort dans une maison de Saint-Porchaire (Charente-Maritime) occupée par sa soeur Marie Bon, dessinatrice et peintre amateur de talent, épouse du percepteur de la commune, dont le nom lui déplaît et qu'il renomme Fontbruant dans ses ouvrages.

Tout près est situé le domaine de La Roche-Courbon, son "château de La Belle au Bois Dormant" - titre d'un de ses livres - alors inhabité, qu'il découvre avec émerveillement, ainsi que sa forêt et ses célèbres grottes, où il aurait découvert le plaisir charnel dans les bras d'une jeune bohémienne.

Le 10 mars 1865, son frère Gustave décède dans le détroit de Malacca.

En octobre 1865, il intègre la classe préparatoire au Lycée Napoléon (futur Lycée Henri IV).

En septembre 1867, il figure sur la liste des candidats reçus à l'École navale, publiée par le Moniteur.

Carrière dans la Marine

Portrait de Pierre Loti (par Henri Rousseau)
1891
Kunsthaus, Zurich

En octobre 1867, il entre à l'École navale de Brest et passe cette première année à bord du Borda.
A la fin de l'année 1869, il embarque sur le Jean-Bart. Il découvre Alger puis l'Amérique du Sud
En 1870, année du décès de son père, il prend la mer comme aspirant de première classe et participe sur une corvette de la marine, le Decrès, à la guerre contre l'Allemagne.

Il sert sur le Vaudreuil pour une campagne en Amérique du Sud.

A la fin de l'année 1871, il embarque à Valparaiso sur le vaisseau amiral la Flore [3] qui fait route vers Tahiti. Il découvre l'ile de Paques, où la Flore fait escale, et débarque à Tahiti. La reine Pomaré lui donne le surnom de Loti, du nom d'une fleur tropicale. Tenu à une obligation de réserve du fait de sa qualité d'officier de marine, il n'en fait son nom de plume qu'à partir de 1876. Pendant son séjour, il écrit Le Mariage de Loti.

A la fin de l'année 1872, il rentre en France avec La Flore et le grade d'enseigne de vaisseau[4].

En juillet 1873, il sert sur le Pétrel sur les cotes de l'Afrique occidentale française. Au début de l'année 1874 il est détaché sur l'Espadon[5] et rentre en France à son bord en août 1874.

A sa demande, il passe six mois à l'école de gymnastique de Joinville (Dernier trimestre 1874, premier trimestre 1875).
Au printemps 1875, il est nommé sur le croiseur la Couronne.

  • En 1877, lors d'un séjour en Turquie, il rencontre Hatidjé[6], belle et taciturne odalisque aux yeux verts, avec laquelle il vivra une immense passion.

Hatidjé était une jeune Circassienne qui appartenait au harem d'un dignitaire turc. Ils vécurent une très grande histoire d'amour. Avant le départ de Loti, Hatidjé confectionna une bague en utilisant ses propres bijoux et l'offrit à son amant.

Sur la base de son journal, en 1879, il écrit Aziyadé, où il transforme certains détails, le livre se terminant par la mort des deux amants.

Plus tard, lorsque Pierre Loti put revenir à Constantinople, il se lança à la recherche de sa bien-aimée, mais découvrit qu'elle était morte suite à son chagrin et à l'ostracisme occasionné par son adultère. En 1892, il écrit Fantôme d'Orient, extrait du journal de ce retour qu'il lui dédiera.

Certaines critiques (comme Roland Barthes), évoquant la possible homosexualité de Pierre Loti[réf. nécessaire], expliquent que le personnage d'Aziyadé serait en réalité un jeune homme, comme pour Marcel Proust décrivant les jeunes filles en fleur, qui étaient en réalité de jeunes hommes cachés sous des pseudonymes féminins.

En 1881, il est promu lieutenant de vaisseau et publie son premier roman signé "Pierre Loti", Le Roman d’un Spahi.

En mai 1883, il embarque sur l'Atalante pour participer à la campagne du Tonkin et publie le récit, heure par heure, de la prise de Hué dans Trois Journées de guerre en Annam, texte qui paraît dans les colonnes du Figaro. Loti est alors mis en disponibilité par le gouvernement de Jules Ferry qui lui reproche la férocité et la cruauté qu'il attribue aux soldats français. Le 28 avril, Julien Viaud embarque sur le Château-Yquem à destination des Pescadores, qu'il quittera le 5 juillet.

  • Loti, dès son arrivée à Nagasaki épouse par contrat d'un mois renouvelable, le 9 juillet 1885, une jeune japonaise de 18 ans, Okané-San baptisée Kikou-San (Madame Chrysanthème). Le 12 août, âgé de 35 ans, il quitte Nagasaki. Ce mariage auquel les parents ont donné leur consentement a été arrangé par un agent, et enregistré par la police locale. Il ne dure que le temps du séjour et la jeune fille pourra par la suite se marier avec un Japonais. Cette pratique peut paraître curieuse mais elle est alors courante au Japon, même si elle s’avère coûteuse pour l'étranger.

Le 7 décembre 1885, la Triomphante regagnera la France pour y désarmer dans le port de Toulon.

  • En 1886, il publie son deuxième grand succès Pêcheur d'Islande et le 21 octobre, il épouse Jeanne Amélie Blanche Franc de Ferrière, d'une famille notable bordelaise.

"...elle se tenait dans un clair salon louis XVI, charmante en ses robes harmonieuses, sa douce dignité". (Jacques Chardonne). Elle donnera naissance en 1887 à un enfant mort-né et fera une forte poussée de fièvre qui la laisse à moitié sourde, puis le 17/03/1889 à son seul fils légitime Samuel Loti-Viaud dit Sam Viaud qui épousera plus tard Elsie Charlier et auront 2 enfants :

    • Pierre Pierre-Loti Viaud né le 30/06/1921, mort le../11/1993, il épouse le 14/08/1947 Christiane Petittat, ils auront :
    *** Clarisse Pierre-Loti Viaud née le 31/07/1948, elle pratique la médecine 
    *** Philippe Pierre-Loti Viaud né le 11/11/1954
    *** Jean-Charles Pierre-Loti Viaud né le 3/04/1958, décédé
    • Jacques Pierre-Loti Viaud né le 21/07/1926, il épouse en 1952 Monique Thomas, ils divorcent, ils auront :
    *** Pierre-Yves Pierre-Loti Viaud, né en 1954, il épouse le 11/07/1981 Anne Marie Tillies
    *** Blanche Pierre-Loti Viaud née en 1956, elle épouse le 28/02/1981 Serge Dumas 
    *** Daniel Pierre-Loti Viaud né le 05/03/1957 
    *** Alain Pierre-Loti Viaud né le 30/07/1958 
    *** Muriel Pierre-Loti Viaud née en 1961.. 
    Il épouse Jocelyne (Monique se remarie également), ils auront :
    *** Amandine Pierre-Loti Viaud née le 27/11/1978
    Jacques trouvera une vocation artistique dans la peinture sous le pseudonyme de "Jacques-Loti".

"Au retour de ses voyages, Pierre Loti rentrait dans la maison de Rochefort où l'attendaient des êtres ardents et silencieux, des femmes actives qui s'obstinaient à retenir le passé". (J.Chardonne).

Le 21 mai 1891, à 42 ans, il est élu à l'Académie française au fauteuil 13, au sixième tour de scrutin par 18 voix sur 35 votants contre Émile Zola en remplacement d'Octave Feuillet. Alors candidat, retenu par son service, il fut dispensé des visites; il fut reçu le 7 avril 1892 par Alfred Mézières.

  • En 1893, il fait la rencontre de Juana Josepha Cruz Gainza dite Crucita à Hendaye, jeune femme d'origine basque.

Pour elle, à partir de 1894, il loue à Hendaye, une maison qu’il dénommera « Bachar-Etchea » dite « la maison du solitaire ».

Le 29-30/06/1895, elle donne naissance à :

  • Raymond Gainza (1895-1926) Ramuntcho qui épousera le 3/01/1921 Denise Marie Zélia Boulleau
  • Alphonse Lucien Gainza (13/12/1897-1927) dit Edmond ou Edouard qui épousera le 1/06/1924 Jeanne Georgette Barets et ont eu :
  ** ... (fille (1925)
  ** ... (fille (1927)
  • Charles Fernand Gainza (20/01/1900-15/02/1901) dit Léo
  • André Gainza (30/11/1920-30/11/1920) mort-né

Ils constituent sa "famille basque".

En 1896, sa mère Nadine Texier-Viaud, meurt.

En avril 1899, il rachète "autant pour les souvenirs d'enfance que pour toute la symbolique qui s'attache au passé protestant de la famille et aux persécutions religieuses vécues par certains membres de celle-ci au XVIIème siècle." (rapport devant la C.R.P.S Poitou-Charentes du 3 octobre 2006) la vieille maison familiale qu'il baptisa "La Maison des Aïeules" - ses tantes - dans l'île d'Oléron,et dans le jardin de laquelle il se fera inhumer 25 ans plus tard, dans la simplicité traditionnelle des obsèques protestantes.

Ce logis bourgeois de 1739 est devient alors un lieu littéraire puisque ce fut le décor peint de sa pièce "Judith Renaudin", jouée en 1899 au Théâtre Antoine à Paris, et il le cite souvent dans ses ouvrages.

"En ce temps-là dans la paix bourgeoise du vieux logis (...), j'avais par avance l'indestructible intuition de ce que me réservait la vie : héros de roman dont le nom ferait rêver les femmes de tous les pays" (Journal).

Entre 1900 et 1902, il est mis en retraite puis réintégré dans la Marine (après s'être pourvu en Conseil d'État) pour laquelle il séjourne en Asie, ce qui va lui permettre d'écrire Les Derniers Jours de Pékin (1902) et L’Inde sans les Anglais (1903). À partir de cette même année, il séjourne vingt mois à nouveau à Constantinople chargée d'Orient, « la ville unique au monde », pour préparer Vers Ispahan (1904).

En 1910, il séjourne à Constantinople et appuie la candidature de l'historien moderniste Louis Duchesne élu au fauteuil 36. En 1913, de retour à Constantinople, il lutte contre le démantèlement de l’Empire Ottoman voulu par les puissances occidentales et publie La Turquie agonisante.

Il collabore à La Bonne Chanson, Revue du foyer, littéraire et musicale, dirigée par Théodore Botrel.

On cite cette anecdote : ayant écrit un jour à quelqu'un en faisant suivre sa signature de la mention de son grade de capitaine de vaisseau, il reçut en réponse une carte libellée des mots : "à Monsieur Pierre Loto, capitaine de vessie".

Vers 1905, il alerte le secrétaire d'État aux Beaux-Arts et l'opinion publique, entre autres dans un article du Figaro du 21 octobre 1908, sur la vente prochaine pour indivision du domaine de La Roche-Courbon, auquel le lient des souvenirs de jeunesse, et la probable disparition de la très ancienne forêt qui l'entoure pour produire du charbon de bois...

Il est entendu seulement en 1920, trois ans avant sa mort, par l'industriel rochefortais Paul Chénereau (1869-1967), qui l'acquiert avec l'aide financière de son père et son frère, en entreprend la restauration, le remeuble de pièces anciennes, et confie au paysagiste Paul Duprat, disciple du célèbre Patrice-Henri Duchêne, la création de nouveaux jardins « à la française » en s'inspirant d'un tableau de Jan Hackaert (1628- après 1685) retrouvé dans le grenier d'un logis des environs; c'est devenu un des principaux sites touristiques de la région.

Atteint d'hémiplégie en 1921, il meurt le 10 juin 1923 à Hendaye, et après des funérailles nationales est enterré dans la "maison des Aïeules". Celle-ci, à la demande de ses descendants, qui y conservent une partie des collections familiales, peintures et objets, a fait l'objet d'une mesure de protection au titre des Monuments Historiques sur avis favorable de la Commission Régionale du Patrimoine et des Sites du 3 octobre 2006.

Des fragments (1867-1878) de son Journal, préparés de son vivant, furent publiés après sa mort en collaboration avec son fils Samuel sous le titre Un jeune officier pauvre par Calmann-Lévy en 1923, qui édita en 1925 et en 1929, deux autres tomes (1878-1881 et 1882-1885) du Journal intime également élaborés par son fils.

"Loti prit ses dispositions pour que cette partie essentielle de lui-même soit préservée des mauvaises curiosités : (...) Léo te fera voir où se tient le journal de ma vie. En cas d'aventure, je te le confie, mais emporte-le au plus vite de la maison " (lettre à sa nièce Ninette, mars 1889),

(...) " j'ai écrit dans mon testament que je désirais qu'il ne fût ouvert qu'une trentaine d'années après ma mort, c'est-à-dire que tu devras le toucher sans y jeter les yeux. (...) Tout le journal intime de ma vie pour lequel j'ai donné des instructions spéciales à Samuel et à mes amis M. et Mme Louis Barthou" (lettre à son épouse, vers 1906 ?)

Des éléments en furent perdus, prêtés sans retour, ou donnés; Loti revoit son Journal en 1919, supprimant ou rendant illisibles certains passages, comme après lui son fils ou sa belle-fille[7].

Il était Grand-Croix de la Légion d'honneur.

Témoignages de contemporains

  • Vers 1890, à une réception des Boutelleau à Barbezieux (Charente) :
« Un jour il m'a amené à la gare chercher Pierre Loti qui venait pour un bal; nous l'avons aperçu dans son compartiment de troisième classe, causant avec ses voisins, car il aimait le peuple. Le soir, il ne parla à personne, et se tint debout sous un palmier du salon, gonflant sa poitrine couverte de médailles. Le lendemain matin, il disparut à l'aube, et on trouva son lit parsemé de violettes. »

— Jacques Chardonne, "L'Amour du prochain", Grasset, 1932, p.91 et 92

  • En juillet 1913, lors d'un déjeuner chez la princesse Alice de Monaco au château de Haut-Buisson (Sarthe):
« Loti avait la figure fardée de rose et portait pour se grandir des talons échasses. Dans son étrange visage luisaient des yeux admirables couleur d'aigue-marine, d'une profondeur mystérieuse voilée d'inquiétude. Ce regard lointain, comme perdu dans un rêve, était troublant. Il parlait peu, mais quant il narrait, il le faisait avec la poésie colorée, inimitable qui rappelait ses livres prestgieux dont le charme appartient à l'éternité. »

— Gabriel-Louis Pringué, "30 ans de dîners en ville", éd. Revue Adam, 1948, p.136

  • Vers 1920, en audience chez "Le Père-La-Victoire", qui avait refusé de le revoir alors que l'écrivain était au zénith de sa gloire, mais comme pendant la guerre de 1914-1918 Loti « avait empoigné le tambour et l'olifant, sonné la charge, magnifié les poilus, et encensé Clemenceau auquel il écrivait des lettres-fleuve », il voulut bien le recevoir dans sa villégiature estivale de Saint-Vincent-sur-Jard (Vendée), venu demander la Légion d'Honneur pour un grand'oncle de 94 ans, ancien cavalier blessé à Reischoffen; « Le Tigre » qui, selon son expression, n'aimait pas les « tatas », le traita avec l'ironie mordante qui lui était coutumière... Son valet de chambre, Albert Boulin, a décrit ainsi l'illustre visiteur :
« Un petit homme noir et blanc en pelisse et casquette d'automobiliste (qui) ôta son dolman et découvrit une vareuse très collante constellée de décorations (...) j'imaginais un marin de haut bord et non ce petit homme fardé, poudré, frisé, les lèvres peintes et les oreilles trouées d'anneaux d'or, au parfum violent de Patchouli, benjoin et poudre de riz. Les paupières étaient passées au kohl (...) ce vieux monsieur déguisé en cocotte (...) au sourire ambigu. En dépit de son déguisement, il émanait de lui, à part le vétiver, un charme indéfinissable. »

— Gilbert Prouteau, "Le dernier défi de Georges Clemenceau", éd.France-Empire, 1979, pp.45 à 47

  • Chardonne, qui participa le 3 mai 1966 à une émission sur Loti, eu sur lui ce mot qui peut résumer son existence :
« Il n'était à l'aise ni dans la vie, ni dans la gloire. »

Analyse

Chacun de ses romans correspond à un pays différent. C'est une étude sur chaque pays. Il s'immerge dans la culture où il voyage. Il a une vision de l'altérité qui n'est pas intellectuelle mais sensible (sensations éprouvées). Selon lui, il n'y a plus rien à faire chez nous ; c'est ainsi qu'il part à l'étranger pour trouver de quoi s'exalter (vision nihiliste du monde).

Sa plus grande fascination allait à l'Empire ottoman, où la tolérance se confond avec la sensualité. Les femmes sont le passage obligé pour connaître l'autre civilisation. Pierre Loti recherche l'exotisme à travers les femmes. Il est en quête d'une certaine pureté dans le contact avec les femmes étrangères (mythe d'une pureté primitive qui doit régénérer le monde occidental). L'exotisme de Loti n'est pas un dialogue avec l'autre : il se fond plutôt avec l'autre, il ne s'agit donc pas de tolérance.


Pierre Loti et l'homosexualité

L'homosexualité était une des préoccupations de Pierre Loti. Lui-même aurait éprouvé une vive affection pour un de ses camarades de l'École navale, ce qui aurait provoqué une grande irritation de son père. Les frères Goncourt (Journal, Flammarion, 1959, t. 4, p. 227) évoquent Loti en disant de lui : « Cet auteur, dont l'amante, dans son premier roman, (Aziyadé), est un monsieur... » (voir ci-dessus). Louis Godbout, dans Ébauches et débauches (Montréal 2002) fournit d'autres exemples. Dans Mon frère Yves Pierre Loti décrit l'amitié pure entre Yves Kermadec et l'officier, mais évoque les pratiques homosexuelles de personnages secondaires. La presse de l'époque ne s'y trompait pas. Un journal satirique, Le Rire, publiait un dessin montrant une dame du monde disant à un ami : « Vous venez dîner, n'est-ce pas ? Nous avons Loti et son nouveau frère Yves ». Analysant le Journal intime (Les Indes savantes, 2006), Nicolas Bauche souligne « un désir de cacher ses amitiés masculines avec Joseph Bernard et Pierre Le Cor, au profit de pages versant dans une hétérosexualité franche »[8].

"Quand Dumas fils faisait valoir à l'Académie les titres littéraires de Loti, le vieux Legouvé fit observer que celui-ci n'avait pas bonne réputation, et après avoir hésité, il précisa, en disant qu'il aimait les hommes. "Nommons-le d'abord, répondit Dumas, ensuite nous verrons bien". Bourget ne croit pas la mauvaise réputation de Loti justifiée. Certains esprits raffinés fréquentent des esprits les plus simples. D'où le penchant de Loti pour des matelots. Il nous assurait que Loti était très ennuyé de vieillir et comme quelqu'un le félicitait d'être jeune (...), Loti lui dit " Vous verrez que, le matin, je suis bien mieux".

(Abbé Mugnier (1879-1939), Journal, 5 février 1912, - Le Mercure de France, coll. "Le Temps retrouvé", 1985, p.231).

Œuvres

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Voir sur Wikisource : Pierre Loti.

  • 1879 : Aziyadé, témoignage de sa passion et d'une belle histoire d'amour. Avec ce livre Pierre Loti avait aussi retourné l’opinion occidentale en faveur des Turcs. (lire)
  • 1880 : Rarahu
  • 1881 : Le Roman d'un spahi, premier roman signé "Pierre Loti" se situant au Sénégal.
  • 1882 : Le Mariage de Loti (Rarahu). Fleurs d'ennui. Pasquala Ivanovitch, écrit en 1872, ce roman a rencontré un vif succès.
  • 1883 : Trois journées de guerre en Annam
  • 1883 : Mon frère Yves[9]
  • 1884 : Les Trois Dames de la Kasbah
  • 1886 : Pêcheur d'Islande, où il décrit la vie des pêcheurs bretons, un grand succès pour lequel il obtient le prix Vitet. (lire)
  • 1887 : Madame Chrysanthème, un immense succès et Propos d'exil
  • 1889 : Japoneries d'automne
  • 1890 : Au Maroc et Le Roman d'un enfant, texte autobiographique où l'auteur raconte son enfance. (lire)
  • 1891 : Le Livre de la pitié et de la mort. L'étude d'Anatole France sur Le Livre de la Pitié et de la Mort, inédite en librairie, avait été publiée dans le numéro du 8 août 1891 du journal L'Univers illustré, lors de la première publication de cet ouvrage.
  • 1892 : Fantôme d’Orient, suite d'Aziyadé et ultime hommage au fantôme qui n'a jamais cessé de hanter son cœur.
  • 1893 : L'Exilée et Le Matelot
  • 1894 : Le Désert. Jérusalem et La Galilée
  • 1897 : Ramuntcho, se situant au Pays basque et Figures et choses qui passaient
  • 1898 : Judith Renaudin
  • 1899 : Reflets de la sombre route
  • 1902 : Les Derniers Jours de Pékin
  • 1903 : L'Inde sans les Anglais
  • 1904 : Vers Ispahan
  • 1905 : La Troisième Jeunesse de Madame Prune
  • 1906 : Les Désenchantées, un grand succès.
  • 1909 : La Mort de Philæ [10].
  • 1910 : Le Château de la Belle au Bois dormant
  • 1912 : Un pèlerin d'Angkor
  • 1913 : La Turquie agonisante
  • 1916 : La Hyène enragée
  • 1917 : Quelques aspects du vertige mondial
  • 1918 : L'Horreur allemande et Les Massacres d'Arménie
  • 1920 : La Mort de notre chère France en Orient exprime son incompréhension et sa réprobation face au démantèlement de l'Empire Ottoman.
  • 1921 : Suprêmes visions d'Orient
  • 1923 : Un jeune officier pauvre
  • 1924 : Lettres à Juliette Adam
  • 1925 : Journal intime, 1878-1881, première partie
  • 1929 : Journal intime, 1882-1885, deuxième partie et Correspondance inédite, 1865-1904
  • n.d. : Cette éternelle nostalgie, journal intime, 1878-1911, La Table Ronde, Paris, 1997
  • n.d. : Soldats bleus, journal intime, 1914-1918, La Table Ronde, Paris, 1998
  • n.d. : Correspondance théâtrale inédite avec André Antoine, présentée par Guy Dugas, éd. W. Théry, Alluyes, 2000)
  • n.d. : Journal intime 1868-1878, Tome I, éd. Alain Quella-Villéger, Bruno Vercier, Les Indes Savantes, Paris, 2006[11]
  • n.d. : Journal intime 1879-1886, Tome II, éd. Alain Quella-Villéger, Bruno Vercier, les Indes Savantes, Paris, 2008[12]


Bibliographie

  • Marc Hélys, Le Secret des Désenchantées, s.n., 1923
  • Alain Quella-Villéger, Pierre Loti l'incompris, Presses de La Renaissance, 1986
  • Alain Quella-Villéger, Pierre Loti, le pèlerin de la planète, éd. Aubéron, Bordeaux, 1999[13]
  • Alain Quella-Villéger, Istanbul. Le regard de Pierre Loti , (une soixantaine de photographies de Pierre Loti, textes rassemblés par l'auteur), Casterman 1992 (ISBN 9782203602045). Réédition : Renaissance du Livre, coll. Esprit des lieux, 1997 (ISBN 2804601234).
  • Alain Quella-Villéger, Chez Pierre Loti : une maison d'écrivain-voyageur, éd. Aubéron, Bordeaux, 2008
  • Lesley Blanch, Pierre Loti, Seghers, 1986[14]
  • Alain Buisine, Tombeau de Loti, Aux Amateurs de livres, 1988
  • Daniel Hervé, Christian Genet, Pierre Loti l'enchanteur, Ch.Genet, Gémozac, 1988 [15]
  • Alain Buisine, Pierre Loti : l'écrivain et son double (Tallandier, coll. "Figures de proue", 1998)
  • Chrisian Genet, Pierre Loti, art. in Nos Deux-Charentes en cartes postales anciennes, n° 39, 42, 44, 45,éd. C. Genest, Gémozac, 1987 (?)[16]


Articles de presse

  • Chantal Edel, Les frères Viaud en bonne société, Reportages, n°89, 6 mars 1989, p. 102 à 105
  • Agnès Claverie, Tout savoir sur Pierre Loti, Sud-Ouest, 10 février 1995
  • Michel Crépu, Les lieux de Pierre Loti, L'Express, 13 août 1998, p. 72 et 73
  • Valérie Cadet, L'ailleurs de Loti, Le Monde, 13 septembre 1996
  • Pierre-Robert Leclercq, Loti hors de sa légende, Le Monde 9 juillet 1999
  • Anne Foster, Pierre Loti, romancier et voyageur, Gazette de l'Hôtel Drouot, 13 octobre 1999[17]
  • Michel Braudeau, les Fantaisies de Pierre Loti, Le Monde, 28-29 juillet 2003[18]
  • Bertrand Galimard-Flavigny, La mystification des désenchantées, La Gazette de l'Hôtel Drouot, n° 24, 20 juin 2003, p. 212 et 213
  • Laurent Bertagnolio, Bien Loti à Rochefort, La Nouvelle République du Centre-Ouest, 7 août 2006


Prix Pierre Loti

Le Prix Pierre Loti, créé en 2007, récompense chaque année le meilleur récit de voyage publié l'année précédente. Les lauréats successifs sont :

  • 2007 : Philippe Sauve, Siberia, 3 800 kilomètres en canoë du lac Baïkal à l'océan Arctique, Presses de la Renaissance, s.l., 2006
  • 2008 : Bruno Paulet, Mémoires des sables : En Haute-Asie sur la piste oubliée d'Ella Maillart et Peter Fleming, éditions Olizane, s.l., 2007
  • 2009 : Nicole Bouyala, Cargo solo, éditions Pimientos, s.l., 2008


Emission télévisées

  • Thalassa de et avec Georges Pernoud, sur France 3, en direct de la maison de Pierre Loti à Rochefort le 17 février 1995.


Expositions

  • Pierre Loti et ses ports, organisée par Jean Nonin à Rochefort-sur-Mer en 1987
  • Pierre Loti photographe, château de La Roche-Courbon à Saint-Porchaire (Charente-Maritime), 2002;


Ventes

  • Depuis 1923, plusieurs ventes des biens mobiliers de l'écrivain ont eu lieu ; ainsi en 1980, celle causée par la mort de Mme Elsie Loti-Viaud, veuve de son fils Samuel.
  • La collection de lettres, documents, dessins, et photographies de Loti appartenant à Louis Barthou et Alice Barthou [19] a été vendue à Paris le 20 octobre 1999 [20]
  • Le manuscrit autographe de son Journal, constitué d'environ 5 000 feuillets écrits de 1868 à 1918, classés par semestres et incluant toutes sortes de documents annexes, issu de la succession de sa belle-fille (1980), resta aux mains de ses héritiers avant d'être mis en vente le 23 novembre 2007 à Drouot. Invendu, ce document resta en France et fut finalement acquis par la ville de Rochefort en octobre 2008 avec l'aide de l'Etat (Alain Quella-Villéger, op. cit, pp. 22 et 24).

L'établissement d'un "listing complet de ce qu'il y a de et sur Loti" était annoncé par Jean Notin, de Rochefort, dans le journal Sud-Ouest du 10/02/1995.

Notes et références

  1. Aujourd'hui le lycée Pierre Loti
  2. Lesley Blanch, Pierre Loti, p. 38.
  3. La Flore est une frégate à voiles transformée en un bâtiment à vapeur. Mise en chantier à Rochefort en juillet 1847.
  4. Enseigne de vaisseau de deuxième classe, ce qui correspond au grade de sous-lieutenant dans l'armée de terre.
  5. Aviso à roues type Phoque (1860 - 1880)
  6. Préface de Claude Martin à Aziyadé, Folio classique, p. 8
  7. Alain Quella-Villéger, Journal intime de Pierre Loti, le retour, in Actualités Poitou-Charentes, n°83 - 1er trimestre 2009, pp. 23 et 24
  8. Libération, 25 août 2006
  9. L'action se déroule en Bretagne
  10. La mort de Philæ de Pierre Loti.
  11. édition intégrale critique par Alain Quella-Villéger et Bruno Vercier
  12. édition intégrale critique par Alain Quella-Villéger et Bruno Vercier
  13. Réédition, complétée, de "Pierre Loti l'incompris" (1986)
  14. Traduit de l'anglais par Jean Lambert
  15. ill. de 750 documents
  16. Articles Dîners et fêtes en sa maison de Rochefort, Marin.Athlète. Académicien, Ses amis charentais, quatrième article sans titre
  17. Vente de la collection Barthou.
  18. Numéro 1 de la série "Six excentriques"
  19. Académicien, bibliophile, ministre, Louis Barthou mort à Marseille en 1934 dans l'attentat contre Alexandre Ier de Yougoslavie
  20. Dont 530 lettres échangées entre 1909 et 1921, le manuscrit autographe de trois chapitres d'une version primitive de "Azyiadé", 12 lettres à son éditeur (1878-1879) et plusieurs clichés de Loti, dont sept annotée par lui lors d'un voyage en Palestine, et un le montrant assis faisant un pied-de-nez au photographe en sept. 1919, sur la terrasse de sa maison d'Hendaye


Voir aussi

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Liens externes

Son nom a été donné à deux paquebots des Messageries Maritimes:


Précédé par
Octave Feuillet
Fauteuil 13 de l’Académie française
1891-1923
Suivi par
Albert Besnard
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