Journée de solidarité envers les personnes âgées

Journée de solidarité envers les personnes âgées
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Une journée de solidarité envers les personnes âgées a été instaurée par la loi du 30 juin 2004 relative à la solidarité pour l'autonomie des personnes âgées et handicapées[1] sous l'action du gouvernement de Jean-Pierre Raffarin. Cette loi a été votée après la canicule de l'été 2003 qui entraîna la mort d'environ 15 000 personnes. L'aménagement de cette journée de solidarité n'a pas été sans poser de problèmes d'application.

Elle s'inspire d'un financement de la dépendance instauré en Allemagne en 1994[2].

Sommaire

Objectif initial

Une partie des revenus de cette journée est destinée à financer les actions en faveur des personnes âgées, notamment la prévention des risques liés à une nouvelle canicule. En pratique, les entreprises reversent une petite part de leur masse salariale brute à l'État (collectée par le biais des cotisations URSSAF). Les résultats chiffrés ou estimés obtenus prêtent à discussion. Le Premier ministre Dominique de Villepin les a jugés satisfaisants, déclarant le 1er juin 2006 que les bénéfices tirés de cette journée en matière de solidarité étaient «incalculables».

Principe

L'employeur verse périodiquement 0,30 % de la masse salariale brute à titre de cotisation. C'est une cotisation exclusivement patronale. Les montants collectés sont reversés, par le biais des URSSAF, à une caisse qui a été constituée à cet effet.

En contrepartie, chaque salarié doit travailler une journée supplémentaire chaque année. Le salarié fournit cette journée de travail gratuitement. Pour ces heures, il perd le bénéfice de la majoration correspondante pour heures supplémentaires, le repos compensateur qui s'y rapporte et l'inscription dans le contingent d'heures supplémentaires annuelles. Le bulletin de salaire ne mentionne aucune cotisation salariale.

Sommes obtenues par l'État

Source : tessolidaire.com[3]

  • 2005 : 1,95 milliard d'euros
  • 2006 : 2,09 milliards d'euros
  • 2007 : 2,2 milliards d'euros

Application

En 2004, pour introduire cette journée supplémentaire de travail la loi avait prévu, par défaut et sans autre accord ou disposition prévus par la loi, de faire travailler le lundi de Pentecôte qui était jusqu'alors un jour férié et chômé. Entre 2004 et 2008 le lundi de Pentecôte a été travaillé par de nombreux salariés. Le lundi de Pentecôte restant un jour férié (mais non chômé) comme l'a réaffirmé le Conseil d’État le 3 mai 2005[4].

La loi de 2004 prévoyait plusieurs possibilités d'applications (Extrait de la loi de 2004) : Cet accord peut prévoir soit le travail d'un jour férié précédemment chômé autre que le 1er mai, soit le travail d'un jour de réduction du temps de travail tel que prévu à l'article L. 212-9, soit toute autre modalité permettant le travail d'un jour précédemment non travaillé en application de dispositions conventionnelles ou des modalités d'organisation des entreprises.

Cas particulier de l'Éducation nationale

Les établissements d'enseignement primaire et secondaire sont fermés les lundis de Pentecôte, la charge de « corvée » reposant sur les professeurs doit être compensée par deux demi-journées habituellement non travaillées (mercredis après-midis ou samedis si l'établissement est normalement fermé ce jour). Une polémique existe sur ce point puisque le travail d'un professeur n'est pas productif et qu'il ne crée donc pas de richesse supplémentaire pendant ces deux demi-journées, cela apparaît comme une pure vexation.

Conséquences

Les conséquences peuvent varier d'une entreprise à l'autre, en fonction des accords négociés, et de la santé de l'entreprise. La situation n'est plus avantageuse dans le cas d'une entreprise qui ne parvient pas à vendre plus, ou d'une entreprise qui offre la journée à ses salariés.

Nombreux critiquent cette décision[5]. Le Conseil d'État a été saisi mais il n'a pas considéré cette suppression comme illégale.

Les partenaires sociaux (syndicats et patronat) qui se mettent d'accord peuvent choisir un autre jour férié. Certaines entreprises ont décidé d'offrir cette journée à leur personnel. D'autres ont choisi de demander aux employés de travailler quelques minutes en plus chaque jour à la place du lundi de Pentecôte (c'est le cas notamment de la SNCF qui demande sept heures de travail supplémentaire sur un an, ce qui correspond mathématiquement à 1,82 minute de travail supplémentaire par jour, en fait réparties en deux fois 3h30).

Le lundi 16 mai 2005, le premier lundi de Pentecôte travaillé a été marqué par de nombreuses grèves. L'année suivante la journée de solidarité a donc été laissée au libre choix des entreprises. Le lundi de la Pentecôte reste néanmoins suggéré : il reste supposé « férié mais non chômé » par défaut.

La mesure est globalement présentée comme une contribution des employeurs. Il semble que le patronat ait souhaité que le paiement de la cotisation soit l'objet d'une contrepartie. Or, quelques calculs simples montrent que le financement de cette disposition sociale est à charge intégrale des salariés. En réalité, l'employeur ne subit aucune charge, au contraire : le fait pour chaque salarié de devoir travailler une journée supplémentaire non rémunérée chaque année permet à l'employeur de bénéficier d'une journée de production supplémentaire gratuite.

Chaque salarié devrait travailler seulement 0,53 jour (3 heures 42 minutes pour un temps plein) de plus par an pour neutraliser exactement le coût de la cotisation versée par l'employeur avec la durée du travail offert. En deçà, l'employeur serait proportionnellement mis à contribution ; au-delà (ce qui est le cas pour l'instant), il en tire bénéfice et ne contribue aucunement.

Quel que soit le taux horaire de rémunération et la durée hebdomadaire contractuelle de travail, la journée de solidarité équivaut pour le salarié à produire pour 162 % de la valeur de la cotisation à payer. Par exemple, pour un salarié payé au SMIC (1er trimestre 2010) à temps plein, la cotisation patronale annuelle à verser est de 48,37 euros, alors que le salarié fournit 77,53 euros (7 heures à 8,86 euros, majorées à 25%) en temps de travail. Même en excluant les majorations pour heures supplémentaires, le travail fourni reste toujours très largement supérieur au coût de la cotisation à verser.

Cependant, la caisse de solidarité n'en a pas connaissance et ne perçoit rien de plus que les 0,30%. Les dépassements ci-dessus sont au bénéfice exclusif de l'employeur.

Démonstration : un manœuvre étant facturé au minimum 35 € par heure, lé bénéfice net de l'employeur est de 196,63 € (7H X 35€ - 48,37€)

Points de vue des syndicats patronaux :

  • le MEDEF est en faveur du travail cette journée là. En 2006, Laurence Parisot, juge « très bien » que ce lundi soit travaillé ; elle juge que l'État donne « le mauvais exemple » en fermant les écoles et les postes ;
  • pour la CGPME, le lundi de Pentecôte « créera une inégalité entre les administrations, les grandes entreprises d'une part, et les PME/TPE d'autre part, ces dernières se trouvant dans l'incapacité matérielle de prendre en charge le versement de ces cotisations et d'« offrir » cette journée à leurs salariés.

Points de vue des syndicats de salariés :

  • pour la CFTC, « un travail sans rémunération correspond à du travail obligatoire ou forcé » ;
  • pour la CFDT, « il y aura des grèves de salariés qui refusent de travailler ce jour-là. Ils ont raison de s'y opposer », a déclaré François Chérèque, car ce sont « surtout les salariés des petites entreprises et du commerce » qui vont travailler lundi, alors que, « dans beaucoup d'endroits, les grandes entreprises, les administrations ont réussi à négocier un maintien du lundi de Pentecôte ».

Polémique

Le conseil constitutionnel a été saisi en 2011 pour vérifier la validité de cette mesure. En effet, l'égalité des citoyens devant l'impôt ne serait pas respectée car les retraités et les professions libérales ne sont pas soumis à cette journée.

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Notes et références


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Journée de solidarité envers les personnes âgées de Wikipédia en français (auteurs)

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