- Jean Laborde
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Jean-Baptiste Laborde (16 octobre 1805 à Auch - 27 décembre 1878 à Tananarive) est un aventurier, industriel, premier consul de France à Madagascar.Il a une grande influence sur la société et la politique de la monarchie Merina à Madagascar au XIXe siècle.
Contemporain de trois reines (Ranavalona Ire, Rasoherina et Ranavalona II) et d'un souverain (Radama II) malgaches, il est utilisé par le gouvernement de Napoléon III pour asseoir l'influence française à Madagascar face aux ambitions britanniques. La concurrence farouche et sournoise de ces deux pays pour la possession de cette île pousse la France, après sa mort, à tirer prétexte de la captation de son héritage par la royauté malgache pour mettre le gouvernement du premier ministre Rainilaiarivony en difficulté.
Sommaire
Personnalité
Par sa perspicacité, par l’aménité de son caractère, les multiples ressources de son esprit, Laborde s’imposa promptement à la souveraine Ranavalona Ière et devint un personnage très important. N’ayant aucune connaissance approfondie de mécanique, d’industrie, ni de chimie, il fit venir des livres et, tout en se formant lui-même, devenant de facto ingénieur "touche-à-tout", architecte et chimiste. Il forma de nombreux ouvriers et artisans (maçons, charpentiers, menuisiers, ébénistes, fondeurs, etc ... ).
Réalisations
Infrastructures
- Captages d'eau, barrages, réservoirs, canaux, aqueducs, etc ...
- Routes, ponts,
- Mines, carrières.
- Fours à chaux, hauts fourneaux, broyeurs, forges,
- Tanneries.
- Alambics.
- Bâtiments, (dont un Palais royal de 4 étages).
- Premier paratonnerre de l'île.
Industrie, production de
- Chaux, ciment.
- Tuiles, briques, tuyaux en terre cuite.
- Cuivre par fours à réverbère pour réduire le minerai.
- Fonte pour faire des machines, des outils, des marmites, des poêles ...
- Acier pour fabrication de couteaux, sabres, épées, ciseaux, ...
- Faïence, verre, miroirs,
- Papier.
- Cuirs.
- Cordes, fils, tissus (métiers à tisser).
- Colorants, peintures.
- Fusils, canons (en fonte ou bronze).
- Poudre noire (explosif).
- Produits chimiques : Acide sulfurique, acide nitrique, potasse caustique, ...
- Savons.
Agriculture
(zone de Lohasaha-Antanandava)
- Canne (sucre, rhum).
- Introductions : Vaches normandes et bretonnes, moutons mérinos, vers à soie, antilopes.
- Introductions : Plantes diverses dont arbres fruitiers d’Europe.
- Dressages des bœufs malgaches au charroi & labour.
Chronologie de sa vie
Jeunesse
- (1815-1818) au Collège Impérial d'Auch (ou peut-être à l'école des Pénitents Blancs).
- (1819-1822) fait son apprentissage à la forge de son père.
- (1823-1826) engagé dans un régiment de Dragons, termine Maréchal des logis.
- Le jeune Laborde, intelligent, actif, inventif, curieux de l’inconnu, se décide à courir le monde. Ses parents l'aident en lui donnant une petite somme d'argent.
Aventurier en Inde
- (1827) à 22 ans, à Bordeaux, il monte sur un voilier en partance pour l'Inde, (Dans ses bagages :"foulards et pacotilles" afin de pouvoir y démarrer un négoce).
- (1827-1830) à Bombay (Inde) il crée un comptoir de commerce et devient aisé assez rapidement.
- (1830) en fin d'année, Mr Savoie (capitaine au long cours Français, sans ressources) le convainc d'affréter un navire (Le brick St Roch) vers un récif du canal de Mozambique (L’île Juan-de-Nova), à la recherche de supposées riches cargaisons d'épaves. Laborde, âgé de 25 ans, s'embarque dans cette nouvelle aventure.
Aventurier à Madagascar
- (8 novembre 1831) après sept mois de recherches vaines, suite à un coup de vent, le navire manquant de vivres et d’eau, vient s’échouer sur la côte Sud-Est de Madagascar (Au nord-est du cap Sainte-Marie) à l'embouchure du fleuve Matitanana (en face du Vohipeno). Il semble que tous l’équipage ait pu débarquer sur le rivage.
- Avec l'aide des autochtones et une marche de 180 Km ([1]), il arrive à Mahela chez un colon français (Napoléon de Lastelle) concessionaire d'une plantation de canne à sucre. Il y trouve accueil et emploi.
- (1832) Il y épouse une métisse nommée Émilie Roux (ou "Rous") (+1900, à Antananarivo). Pour cette occasion Mr de Lastelle lui offre sa propre collection des manuels Roret (recueils des techniques les plus avancées de l'époque) dans lesquels il puisera de nombreux savoirs.
- (1833) Constatant les nombreux "talents" de Jean Laborde, Mr de Lastelle l'envoie à Tananarive pour rencontrer les représentants de la reine Ranavalona I (Monarchie Merina). L'idée est de se faire attribuer le contrat pour la fabriquation de fusils, contrat octroyé à un français (Mr Droit, dit: Jolycoeur) qui semble incapable de le réaliser.
- (1833) Il obtient son premier contrat mais doit collaborer avec Mr Droit. Installation de ses premiers ateliers à 3 km au Nord d'Ilafy.
- (1833) Naissance de son fils Clément, à Ilafy. Celui-ci décèdera en 1874 sur l'Île Sainte-Marie.
- Il devient aussi précepteur de Rakotondradama (dit: Rakoto), le fils de la reine.
- (1834) Réalisation et livraison des premiers fusils. Ils donnent satisfaction.
- (1835) Laborde est chargé d'affréter le navire Le Voltigeur et d'organiser le ravitaillement des troupes de la reine en guerre dans le sud (baie de St Augustin) ce qu'il fit via la Compagnie de Madagascar de l'armateur François-Joseph Lambert, mais une sombre exécution sommaire de prisonniers le pertube au point d'envisager de quitter Madagascar. La reine fait expulser Mr Droit car ses échecs et son manque de participation l'a déçue, la place est donc libre pour Laborde.
- (28 mars 1837) Laborde écrit dans son journal ([2]):
"Je fis un second traité avec le gouvernement malgache pour créer une fonderie de canons en fonte de fer, une verrerie,
une faïencerie, une papeterie, une sucrerie, une raffinerie, une indigoterie, une savonnerie, une magnanerie :
je me suis engagé à faire plusieurs acides, l'alun, le sulfate de fer, le bleu de prusse etc."- Par choix technique il s'installe à Mantasoa (à 6 Km de Tananarive) où il créa une cité quasi industrielle.
- Laborde est élèvé par la reine à la plus haute distinction malgache (dite: des "16 honneurs").
- Pour se faire seconder, il fit venir de France son frère aîné Jean-Louis Laborde (dit Cadet) (+ 1856, à Mantasoa), dont le fils Edouard (1846-1825, sans descendance) posèdera les carnets privés de son oncle Jean Laborde.
- (1856) Laborde répudie sa femme (Émilie) pour adultère et l'éloigne sur l'exploitation agricoles de Lohasaha (elle y fut gérante).
- (1856) Suite aux massacres (des malgaches convertis au christianisme) ordonnés par la politique de terreur autarcique et obscurantiste de la reine Ranavalona I et de son premier ministre Rainilaiarivony (dit: Raharo), et peut-être suite à la mort mystérieuse par empoisonnement (le 17 juin) de Napoléon de Lastelle, Rakotondradama (dit: Rakoto), le très francophile fils de la reine désapprouvant cette politique, conseillé par Laborde (son ex-précepteur) et Joseph Lambert, sollicita par écrit l’intervention militaire de la France. Joseph Lambert se chargea d'aller porter cette demande à Londres et Paris, mais les gouvernements anglais et français impliqués ensemble dans la Guerre de Crimée se sont alors abstenus.
- (7 juillet 1857) Ces intrigues ayant été découvertes, la reine décrète l’expulsion forcée de tous les européens et la confiscation de tous leurs biens. Malgré son statut supérieur Laborde dû aussi partir ruiné (à La Réunion et l'île Maurice). Son ami Lambert s'exila à l'île Maurice puis sur l'île Mohéli (Archipel des Comores).
- (18 août 1861) suite au décès de Ranavalona I son fils Radama II (ex-Rakoto) qui lui succède au trône, rappelle ses amis français à Madagascar. Cependant, vu l'état de dévastation des ateliers de Mantasoa, Laborde ne chercha pas à en redémarrer les activités.
Consul à Madagascar
- (12 avril 1862) Laborde est nommé (par Napoléon III) Consul et Agent de la France à Madagascar. Pour le seconder, il fit venir d'Auch son neveu Albert Campan (+ 3 mars 1892, Tananarive) en tant que secrétaire, celui-ci vint avec sa propre mère (sœur de Jean Laborde).
- Il participe à l'élaboration de la première carte topographique à l'échelle 1/200.000e de l'Imerina centrale réalisée par Alfred Grandidier.
- Aide son ami Joseph Lambert a créer la Compagnie française de Madagascar et lui fit accorder de larges monopoles et concessions.
- (1863) à Tananarive, émeutes (Nationalistes-traditionalistes). Le 12 mai assassinat par strangulation de Radama II. Le parti hostile à la France retrouva le pouvoir et révoqua la charte accordée à Joseph Lambert.
- (1864-1878) Laborde conserve malgré tout son poste de Consul et d'Agent mais assiste, impuissant, à la montée progressive de l'influence anglaise sous la politique de Rainilaiarivony (premier ministre).
- (27 décembre 1878) âgé de 73 ans et malade, Laborde décède à Antananarivo. La reine Ranavalona II ordonne des Funérailles Nationales. Il est enterré à Mantasoa dans un tombeau qu’il s’était lui-même fait bâtir par avance. Par contre le gouvernement malgache (en vertu de ses lois traditionnelles) s'approprie ses biens au détriment de ses héritiers légitimes.
Par la suite, lors de la colonisation, en 1895, les biens de l'ancien consul furent répartis entre les Jésuites, qui se voyaient récompensés de leur soutien à la colonisation et à l'administration de la grande île. Les héritiers Laborde survivants furent partiellement dédommagés financièrement.
Famille et collatéraux
- Son fils Clément Laborde (époux de Marie-Aimée Rasoamanivo) eu une fille Emilie Laborde (28 juillet 1857 à Tananarive - 26 août 1897, France) épouse Rasoa-Harisoa (d'où descendance actuelle).
- Sa sœur Jeanne-Marie Laborde (1807-Auch, +1874-Tananarive) x Dominique Campan (+1850), d'où fils = Albert Campan (+ 3 mars 1892, Tananarive).
- Son frère Clément Laborde (+1859) a eu 4 enfants,
- Son frère Jean-Louis Laborde (+1856, Mantasoa),
Bibliographie
- La Quinzaine coloniale, paru en 1930
- Jean Laborde. 1805–1878, par J. Chauvín: (= Mémoires de l'Académie malgache; 29). Pitot de la Beaujardière, Tananarive 1939
- Ramose ou la vie aventureuse de Jean Laborde (1805–1878), par Eugène David-Bernard: (= Bibliothèque de L'Institut Maritime et Colonial). Le Liseron, Paris 1946
- Jean Laborde et l'océan Indien, par Claudine Caillon-Filet, thèse de doctorat, Université d'Aix-en-Provence, 1979.
- Retour de Lémurie, d'Adrien Le Bihan, Éditions François Bourin, Paris, 1993.
- Jean Laborde, un Gascon à Madagascar: 1805-1878, par Roland Barraux & Andriamampionona Razafindramboa, L'Harmattan (Paris), 2004, ISBN 2-7475-6956-X
- Jean Laborde. Un illustre méconnu, par Patrick Ribot: Éditions Orphie, Saint-Denis 2005, ISBN 2-87763-296-2 (Roman historique)
- Article rédigé dans le Dictionnaire du second-Empire, publié chez Fayard sous la direction de Jean Tulard.
- Article rédigé par Jean-Marc Laurent, journaliste et auteur de plusieurs articles sur Madagascar ou Jean Laborde (une copie est disponible à la Bibliothèque d'Antananarivo).
Articles connexes
Liens externes
Son nom a été donné à deux paquebots des Messageries Maritimes
Références
- compagnie Rontaunay, puis certains (dont Jean Laborde) ont débarqué chez Napoléon de Lastelle qui en était l'agent à Madagascar. Une autre version dit que les "naufragés" ont été recueillis par un navire de la
- La Quinzaine coloniale, paru en 1930
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