Jean-Francois Moulin

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Jean-François Moulin[1], né à Caen le 14 mars 1752 et mort à Pierrefitte le 12 mars 1810, est un général de la Révolution française et directeur français.

Biographie

Fils d’un épicier, Jean-François Moulin fit de bonnes études au collège des Jésuites de Caen avant de s’engager, en 1768, dans l’armée où il ne resta que sept mois. Il entra ensuite comme géographe aux Ponts et Chaussées. Après avoir été employé dans les généralités de Normandie et de Picardie, il devint ingénieur à l’intendance de Paris.

Son emploi ayant été supprimé dès les premiers jours de la Révolution, Moulin prit le parti des armes. En 1789, il faisait partie de la Garde nationale parisienne, puis réintègra l’armée, en juillet 1791, dans l’un des trois bataillons de volontaires de Paris, où ses capacités le firent aussitôt nommer officier d’état-major. Adjudant-général en 1792, il fut envoyé dans les départements de l’Ouest, et seconda les efforts des généraux Dehoux et Meneu pour repousser les attaques de l’armée vendéenne contre Saumur, le 10 juin 1793. Son jeune frère, Jean-Baptiste Moulin, qui se battait également contre eux, préfèra se suicider plutôt que de tomber entre les mains des troupes vendéennes.

Après la prise de Saumur par les troupes royalistes, il assura la retraite des bagages, et à la tête d’une quarantaine d’hommes seulement, arrêta pendant près de six heures les Vendéens qui poursuivaient l’armée républicaine fuyant dans le plus grand désordre. Le 18 juillet suivant, il ne se distingua pas moins à Vihiers, où les Vendéens eurent l’avantage mais, le 5 août, il prit une brillante revanche au combat de Doué, livré par Rossignol, et fit éprouver des pertes considérables aux royalistes.

Ce succès lui fit obtenir le grade de général de brigade en septembre 1793 et le commandement des Ponts-de-Cé, d’où il passa peu après à celui de Saumur que menaçaient encore les Vendéens. Il fit alors élever à Saint-Florent-sur-Loire des fortifications dont il traça lui-même les plans. Le 5 ventôse, an IV, il fut nommé général de division et participa à la bataille du Mans où il fit prisonniers 1 200 Vendéens. Moulin ayant libéré, peu de temps après, ces hommes que le sort des armes avait mis entre ses mains, il n’en fallut pas tant pour provoquer le courroux du proconsul de Nantes, qui écrivit à la fin de la virée de Galerne :

« Il n’y a que très peu de brigands qui aient pu passer la Loire. Il n’en eût pas échappé un seul sans les ordres du général Moulin qui s’est avisé de donner des passeports pour les autoriser à rentrer chez eux. Je viens faire partir l’ordre d’arrêter ce général vraiment coupable[2]. »

Carrier le fit arrêter au milieu de son camp et conduire dans les prisons de cette ville. Le général ne dut sa mise en liberté en 1794 qu’aux réclamations de son corps d’armée et à l’intervention des représentants Bourbotte et Francastel. Le comité de salut public le nomma, peu après, général en chef de l’armée des côtes de Brest, puis, le 8 octobre 1794, de l’armée des Alpes qu'il rejoignit en décembre 1794. Après avoir hiverné dans ces montagnes, il battit les troupes piémontaises au Col du Mont, au mont Genèvre et au village de Malchaussée, au pied du Mont Cenis, mais une maladie le contraignit à revenir à Paris.

Moulin fut ensuite nommé, pour raisons de santé, gouverneur de Lyon en octobre 1795, puis, en 1796, de Strasbourg, où il garantit les places de l’Alsace que les Autrichiens menaçaient de leurs attaques. Il se porta le 18 septembre sur Kehl contre le général Petrarsch, et parvint à ressaisir quelques postes, déjà enlevés par l’ennemi. Le Directoire le rappela à Paris et lui confia, le 9 octobre 1797, le commandement en chef des troupes françaises en Hollande.

Cependant, avant son départ pour ce pays, Moulin fut nommé commandant de la 17e division militaire, alors stationnée dans la capitale. Ce poste était pénible, sous un gouvernement qui, dépourvu d’ascendant pour dominer les partis, y suppléait par des coups d’État et des mesures de réaction. Le 8 octobre 1798, il succéda comme général en chef de l’armée d’Angleterre à Kilmaine et combattit les Chouans, puis les paysans belges insurgés, à la tête de l’armée d'Angleterre.

Tous ces services lui ouvrirent les portes du Luxembourg après la journée du 30 prairial, qui exclut du Directoire Treilhard, Merlin de Douai et La Révellière-Lépaux. Le 20 juin 1799, il fut nommé, lors du « remaniement » du 30 prairial an VII (18 juin 1799) directeur, en remplacement de La Révellière-Lépeaux, contraint à la démission.

Peu propre à ces fonctions, étranger à l’esprit de coterie, dédaigné par Sieyès, négligé par Barras, le général républicain suivit la ligne de conduite de son collègue Gohier. Lorsque Bonaparte revint d’Égypte, Moulin l’engagea à aller reprendre le commandement de l’armée d’Italie pour en faire peut-être l’instrument militaire du gouvernement, mais déjà celui-ci avait confié à Sieyès les projets du coup d’État qu’il voulait opérer, et Sieyès était entré dans ses vues.

Le 18 brumaire, Moulin et Gohier, privés de tout moyen d’exécution, tombèrent isolés par la défection et la force. Tous deux s’élevèrent avec chaleur contre les mesures qui avaient été prises, ne contestèrent pas au Conseil des Anciens le droit d’ordonner la translation du corps législatif à Saint-Cloud mais démontrèrent que son décret violait la constitution dans ses dispositions relatives à la force publique.

Bonaparte les engagea vainement à se joindre à lui et à donner leur démission. Gohier et Moulin refusèrent énergiquement. Moulin, qui avait proposé de s’emparer de Bonaparte et de le faire fusiller, rentra au palais directorial et rédigea une adresse aux deux conseils, réclamant le concert, invoquant le courage des représentants pour le maintien de la constitution jurée, et promettant de se rendre le lendemain à Saint-Cloud. Mais dans l’intervalle, Bonaparte le plaça, avec Gohier, au palais du Luxembourg sous une surveillance plus active que celle qu’il avait déjà prescrite.

Moreau lui-même annonça à Moulin l’ordre qu’il avait reçu de le garder à vue dans ses appartements. « Et c’est vous, général, lui répondit-il, qui faites les fonctions d’un gendarme. » En même temps, il lui fit signe de passer dans son antichambre. Moulin parvint cependant le surlendemain à se soustraire à la surveillance de Moreau et à s’échapper. Ce fut le dernier acte de sa vie politique.

Après avoir vécu quelque temps à la campagne, il reprit du service sous l’Empire et devint, en 1807, commandant de la place d’Elbing, et, peu après, passa au même titre à Anvers, Mayence, Mézières et Augsbourg

Sa santé l’ayant obligé à revenir en France en mars 1810, il mourut peu après. Il avait été nommé baron d’Empire en 1809.

« Moulin, général de division, n’avait pas fait la guerre ; il sortait des Gardes françaises, et avait reçu son avancement dans l’armée de l’intérieur. C’était un homme patriote, chaud et droit. »

— Napoléon Ier

Notes

  1. Également épelé « Moulins ».
  2. Fernand Guériff|La bataille de Savenay dans la Révolution, éditions Jean-Marie Pierre.

Source

  • Ferdinand Hoefer, Nouvelle Biographie générale, t. 36, Paris, Firmin-Didot, 1861, p. 775.
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