- Intendance de bretagne
-
Intendance de Bretagne
L'intendance de Bretagne est créée en 1689 par Louis XIV, après deux tentatives en 1636 et 1647. Le gouverneur de Bretagne n'ayant plus qu'un rôle de prestige, l'intendant est le relais essentiel de la volonté de la monarchie.
Une fois son principe et sa nomination acceptés par les États, l'objectif est d'administrer et de développer la province en ménageant tant les prérogatives et compétences des États que celles du parlement. Ne disposant pas de ressources à la hauteur de ses compétences étendues, son pouvoir doit s'exprimer dans le contrôle et l'encadrement des autres instances administratives, soit en elles-mêmes comme structures, soit dans leurs réalisations ou interventions concrètes.
Si l'intendant n’intervient pas dans le fonctionnement du parlement de Bretagne, il n'en est pas de même avec les États de Bretagne toujours opposés aux innovations : il y intervient à tous les stades comme principal représentant du roi. Il prononce le discours d'ouverture déjà évocateur des exigences royales, s'attache à la bonne marche de la session, mais surtout supervise la réalisation concrète des résolutions votées, essentiellement fiscales. Ses interventions ne passaient pas inaperçues[1].
La compétence de l'intendant est étroitement dépendante des desiderata du pouvoir royal sur une base théorique divisée en trois volets :
-
- Justice : contrôle des tribunaux et magistrats. L'intendant est souvent maître des requêtes du Conseil d'État ;
- Police : maréchaussée, santé publique, mendicité, loteries, librairie, communautés d'habitants, corporations, postes, travaux publics, administrations royales, haras, ponts et chaussées ;
- Finances : établissement et contrôle des rôles fiscaux (taille et capitation), contentieux des aides, contrôle des receveurs généraux des finances.
L'intendant de Bretagne a toujours eu ses bureaux au cœur de la ville de Rennes, à l'hôtel de Blossac. Vers la fin du XVIIIe siècle, son subdélégué-général supervise trois services : guerre, ponts et chaussées, villes et communautés, l'ensemble comportant une cinquantaine d'agents.
Comme les autres généralités du royaume, le territoire de la province est divisé en plusieurs zones, chacune confiée à un correspondant de l'intendant appelé subdélégué. Les besoins liés à l'administration s'accroissant au long du siècle, le nombre des subdélégations s'accrût afin d'avoir un territoire plus restreint.
Selon les hommes en place, les facteurs contingents et la politique générale, le rôle de l'intendance s'exprima selon des formes sensiblement différentes.
En Bretagne, par-delà leurs multiples interventions, les réalisations les plus tangibles des intendants concernèrent l'amélioration des grands chemins ainsi que des opérations d'urbanisme.
Sommaire
Les intendants de Bretagne
-
- Auguste-Robert de Pomereu, 1689-1692
- Louis de Béchameil, 1692-1705, mise en place des subdélégués
- Ferrand de Villemilan, 1705-1716
- Paul Esprit Feydeau de Brou, 1716-1728
- Des Gallois de la Tour, 1728-1735
- Pontcarré de Viarmes, 1735-1753
- Le Bret, 1753-1765
- Jacques de Flesselles, 1765-1767
- François Marie Bruno d'Agay, 1767-1771
- Guillaume-Joseph Dupleix de Bacquencourt, 1771-1774
- Gaspard-Louis Caze, baron de la Bove, 1774-1784
- Antoine François de Bertrand-Molleville, 1784-1788
- François-Germain Dufaure de Rochefort, 1788 - résigne au directoire le 31 août 1790.
L'activité de l'intendant
Les ordonnances
Une bonne partie de l'activité de l'intendant et de ses commis était consacrée à la correspondance, avec d'autres agents ou autorités comme les subdélégués ou le contrôleur général des finances, mais aussi les nombreux particuliers porteurs de doléances : les archives conservent par exemple sept pièces concernant la très mauvaise année de la pêche à la sardine en 1741[2].
Cette correspondance forme plusieurs liasses d'archives, par exemple à propos des lettres de cachet C 158-231 ou de la ville de Rennes C 241-355.
L'intendant traduisait ses injonctions en documents d'une ou deux pages, appelés ordonnances et parfois imprimées[3]. Certaines sont rendues en vertu d'arrêts du conseil du roi, par exemple dans les questions concernant la reconstruction de Rennes suite à l'incendie de 1720.
L'état des prisons faisant partie de ses intérêts, l'intendant fait imprimer par exemple en 1756 une ordonnance de grand format pour avertir de l'adjudication de la réfection des prisons de Fougères[4].
Il semble que l'autorité des ordonnances ait subi quelques revers : en 1772, une lettre à plusieurs signataires et envoyée de Paris, met en cause des ordonnances dénoncées comme source de la ruine du commerce des toiles[5]. À Ploemeur en 1780, la population n'étant guère empressée à trouver les chevaux nécessaires à un transport militaire, l'intendant doit intervenir, mais le recteur refuse obstinément de lire ses ordonnances à ses paroissiens[6].
Les missions exceptionnelles
Comme illustration du rôle de relais de l'intendant, citons pour 1773 l'«État de la distribution de l'argent donné par le roy pour le soulagement des pauvres de la province de Bretagne», soit 54 000 livres à répartir entre 28 subdélégations (en Haute-Bretagne), par exemple 6024 livres pour celle de Dol[7] ; ou encore le «Projet du plan d'administration des secours qu'il a plu à sa majesté d'accorder aux paroisses de Piriac-sur-Mer et Mesquer» affligées par la grêle daté d'août 1757. [8].
Toutes les interventions de l'intendant n'étaient pas prévues par la réglementation, au moins si on croit la délibération de la communauté de Vannes du 14 juillet 1775 arrêtant de le remercier pour le don qu'il a fait lors de son passage dans la ville, d'une somme de 600 livres pour «procurer le mariage de deux filles de cette ville»[9].
Histoire de l'institution
(...)
En 1786, le siège de l'intendance devant être déplacé à Nantes afin de la soustraire à l'influence immédiate du parlement et des États ou de leurs commissions, les villes de Brest, Chateaubriand, du Croisic, Dinan, La Guerche, Lamballe, Montfort et Saint-Brieuc envoient des lettres de protestation en réponse à la lettre qu'elles ont reçue de la communauté de Rennes ; à ce mouvement se joignent les officiers du présidial ou des corporations comme celle des maîtres-perruquiers[10].
Voir aussi
Sources
- Henri Fréville, L'Intendance de Bretagne (1689-1790). Essai sur l'histoire d'une intendance en Pays d'États au XVIIIe siècle, Thèse. Rennes, Plihon, 1953. 3 vol.
- Séverin Canal, Les origines de l'intendance de Bretagne, H. Champion, Paris, 1911, aussi publié par les Annales de Bretagne de 1911 à 1915.
Notes et références
- ↑ En 1786, M. Georgelin, secrétaire perpétuel de l'Académie de Bretagne, fait imprimer et envoie à l'intendant un document de quatre pages intitulé «Vers à M. l'intendant de Bretagne sur le discours qu'il a prononcé à l'ouverture des États de 1786.» Archives, C 94
- ↑ AD, C 37
- ↑ Archives, C 98 à 105
- ↑ AD, C 120
- ↑ AD, C 5
- ↑ AD, C 9
- ↑ AD, C 9
- ↑ AD, C 62
- ↑ AD, C 3
- ↑ AD, C 1
- Portail de la Bretagne
Catégories : Histoire de Bretagne | Généralité -
Wikimedia Foundation. 2010.