Grele

Grele

Grêle

Gros grêlon, laissant apparaitre des bulles en transparence

La grêle est un type de précipitation qui se forme dans des orages particulièrement forts lorsque l'air est très humide et que les courants ascendants sont puissants. Elle prend la forme de billes de glace (grêlons) dont le diamètre peut varier de quelques millimètres à une dizaine de centimètres. Le code METAR de la grêle est GR.

Sommaire

Origine

Article détaillé : Orage.
Mouvement de l'air et des grêlons dans l'orage

Un orage se forme dans une masse d'air chaud et humide, bien au-dessus du point de congélation, et très instable. L'air ainsi soulevé va éventuellement devenir saturé, car sa température diminue avec l'altitude selon la loi des gaz parfaits. L'excédant d'humidité forme d'abord le nuage et puis des gouttes de pluie. Les grêlons croissent lorsque les gouttes de pluie contenues dans l'orage continuent leur ascension dans le fort courant ascendant et gèlent. Pour geler les gouttes doivent être sous le point de congélation et rencontrer un noyau de congélation. Si elles n'en rencontrent pas, elles sont en surfusion et pourront le rester jusqu'à un température de -39 °C, ce qui leur permet d'atteindre de très grandes altitudes dans le nuage.

Dès qu'une goutte gèle dans les niveaux supérieurs de la troposphère (couche inférieure de l'atmosphère terrestre) où la température est inférieure à -10 °C, elle devient un noyau de congélation qui peut commencer le grêlon. La pression de vapeur de saturation de la glace étant moindre que celle de l'eau à des températures sous le point de congélation, la vapeur d'eau contenue dans l'air en ascension va donc se condenser sur les noyaux de glace plus facilement que sur les gouttes liquides. Les grêlons croissent donc plus rapidement que les gouttes de pluie dans une atmosphère humide comme celle de l'orage.

De plus, les embryons de grêle cannibalisent la vapeur d'eau des gouttes surfondues dans leur entourage. En effet, à la surface des gouttes il y a toujours un échange de vapeur d'eau avec l'air environnant et le grêlon semble attirer les molécules d'eau vers lui parce qu'il leur est plus facile de s'y recondenser que sur la goutte (voir Effet Bergeron). Finalement, les gouttes de pluie qui entrent en contact avec les grêlons, gèlent instantanément sur sa surface. Le tout permet aux grêlons de croître rapidement dans les régions du nuage à fort contenu liquide. Le taux de croissance est particulièrement important autour de -13 °C.

La formation de la grêle n'a rien à voir avec celle de la neige. Cette dernière se forme dans des nuages stratiformes à faible mouvement vertical, à des températures sous zéro degré Celsius et dans une masse d'air contenant relativement peu d'humidité. Dans ces conditions, les cristaux de glace qui se forment sont très petits, et croissent lentement pour donner des flocons. Il y a peu de gouttelettes surfondues dans ces conditions.

Structure en couches

Coupe à travers un grêlon montrant sa structure en couches

Une coupe transversale des gros grêlons montre qu'ils ont une structure en pelure d'oignon, c'est--à-dire formée de couches de croissance épaisses et translucides alternant avec des couches minces, blanches et opaques. La théorie voulait antérieurement que les grêlons fussent sujets à plusieurs allers-retours, retombant dans la zone humide puis regelant dans une nouvelle phase ascendante, ce qui aurait généré les couches successives. Cependant, les recherches théoriques et sur le terrain ont démontré que ce n'était pas le cas.

En fait, le grêlon en ascension traverse des zones du nuage où la concentration d'humidité et de gouttelettes en surfusion varie. Son taux de croissance change selon les variations rencontrées. Le taux d'accrétion des gouttelettes est un autre facteur de croissance. Ces dernières s'agglomèrent par contact avec le grêlon. Ainsi lorsque le grêlon passe dans une zone riche en gouttelettes, il va acquérir une couche translucide en les capturant, alors que dans les régions de l'orage où c'est surtout de la vapeur d'eau qui est disponible, il se formera une couche de givre blanc opaque.

Un gros grêlon formé de la fusion de plusieurs plus petits

Finalement, le grêlon se meut verticalement à une vitesse variable qui dépend de sa position dans le courant ascendant ainsi que de son poids. C'est ce qui va faire varier l'épaisseur des couches car le taux de capture des gouttelettes surfondues (accrétion) dépend des vitesses relatives entre celles-ci et le grêlon, certaines vitesses d'ascension la favorisant. La croissance des grêlons amène le relâchement de chaleur latente, ce qui peut garder l'extérieur du grêlon liquide, le rendant plus "collant". Les grêlons peuvent alors s'agglomérer à deux ou plusieurs, selon les collisions, pour en former de plus gros, aux formes irrégulières.

Le grêlon s'élève donc jusqu'à ce que son poids ne puisse plus être supporté par le courant ascendant, ce qui prend au moins une trentaine de minutes compte tenu de la force de ces courants dans un orage à grêle dont le sommet est généralement à plus de 10 km de hauteur. Puis il se met à redescendre vers le sol tout en continuant sa croissance par les mêmes procédés. Ce trajet unique dans l'orage est donc suffisant pour expliquer la configuration en couches de la grêle. Le seul cas où on peut parler de trajets multiples est celui des orages multicellulaires où un grêlon peut être éjecté du sommet de la cellule-mère et être repris dans le courant ascendant d'une cellule-fille plus intense, mais il s'agit là d'un cas exceptionnel.

Chute

La grosseur maximale des grêlons dans le nuage n'est pas celle que l'on retrouve au sol. En effet, une fois qu'il quitte le nuage, le grêlon commence à se sublimer car l'air n'y est plus à saturation. Lorsqu'il passe dans la couche où la température dépasse le point de congélation, il se met aussi à fondre et à s'évaporer. Ce que l'on retrouve au sol est donc ce qui n'a pu se transformer et dépend de la hauteur du niveau de congélation.

Petite grêle

Les cumulus bourgeonnants (nuages d'averses), avec un courant ascendant beaucoup plus faible et un sommet moins froid, peuvent donner de la très petite grêle (moins de 5 mm) par un processus similaire. Cette petite grêle est parfois nommée grésil.

Dégâts

Dégâts de grêle sur pommiers
Le plus gros grêlon jamais rapporté aux États-Unis: diamètre de 17,8 cm et 47,6 cm de circonférence

La grêle est un phénomène destructeur pour les récoltes et la propriété. De plus, les plus gros grêlons sont dangereux pour les personnes et les animaux.

Mitigation

On utilise parfois l'ensemencement des nuages pour tenter de minimiser les dégâts causés par la grêle. En augmentant le nombre de noyaux de congélation on espère augmenter le nombre de grêlons aux dépens de leur taille. L'iodure d'argent est le plus souvent utilisé pour cela. Mais les météorologues sont partagés sur l'efficacité de cette méthode.

L'efficacité du canon anti-grêle est controversée et n'a pas été démontrée, de plus les météorologues ne comprennent pas comment il pourrait agir[1] ; cependant il est toujours utilisé par certains cultivateurs dans plusieurs pays.

Extrêmes

Records homologués par l'Organisation météorologique mondiale (OMM):

  • Le plus gros grêlon recensé aux États-Unis est tombé à Aurora au Nébraska, le 22 juin 2003. Il mesurait 47,6 cm de circonférence ou 17,9 cm de diamètre (la taille d'un melon). Ce grêlon pesait 750 g ce qui ne dépassait cependant pas le record de poids[2] ;
  • Grêlon de plus de 1,02 kg à Gopalganj (23°00′N 89°56′E / 23, 89.933) au Bangladesh le 14 avril 1986. Quatre-vingt-douze personnes sont tuées durant l'orage, pas nécessairement par la chute des grêlons[3],[4].

Non homologués par l'OMM :

  • En 1829 à Cordoue en Espagne : un grêlon de 2 kg ;
  • Le 11 août 1958, un orage de grêle dévaste la région de Strasbourg. Le plus gros grêlon atteint 972 g.
  • En 1959, au Kazakhstan, on pèse un grêlon de 1,9 kg ;
  • Le 25 mai 2009 dans la Picardie et le Nord-Pas-de-Calais en France, les plus gros grêlons atteignent 12 centimètres de diamètre lors d'une épisode supercellulaire[5].

Bibliographie

  • Rogers and Yau, A Short Course in Cloud Physics, Butterworth-Heinemann, Massachusetts (ISBN 0-7506-3215-1) 

Notes et références

  1. (en) Cannons both hailed and blasted, Rocky Mountain News, 10 juillet 2006. Consulté le 2007-09-14
  2. (en)National Weather Service, « Central Plains storm produced largest hail in U.S. history », 1e août 2003, NOAA News. Consulté le 2008-08-29
  3. (en)BBC Weather, « Hail », BBC News. Consulté le 2008-08-29
  4. (en)Global Weather & Climate Extremes, 2009, Université d'État de l'Arizona. Consulté le 2009-07-26
  5. (en)Bilan climatique du mois de mai 2009 (France), 7 juin 2009, Les infos, La Chaîne météo. Consulté le 2009-07-07

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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