- Houx
-
Pour les articles homonymes, voir Houx (homonymie).
Houx Ilex aquifolium Classification classique Règne Plantae Sous-règne Tracheobionta Division Magnoliophyta Classe Magnoliopsida Sous-classe Rosidae Ordre Celastrales Famille Aquifoliaceae Genre Ilex Nom binominal Ilex aquifolium
L., 1753Classification phylogénétique Ordre Aquifoliales Famille Aquifoliaceae Retrouvez ce taxon sur Wikispecies
D'autres documents multimédia
sont disponibles sur CommonsLe Houx (Ilex aquifolium) est un arbuste, parfois un petit arbre, à feuillage persistant de la famille des Aquifoliacées, couramment cultivé pour son aspect ornemental, notamment grâce à ses fruits rouge vif. C'est l'une des très nombreuses espèces du genre Ilex, et la seule qui pousse spontanément en Europe.
C'est une espèce de sous-bois assez commune en Europe jusqu'à 1 500 m d'altitude. Les rameaux couverts de baies qui persistent tout l'hiver sont recherchés au moment des fêtes de Noël, et son feuillage persistant lui vaut d'être considéré comme une des plantes du nouvel an avec le buis, le laurier, l'if, le lierre, le genévrier et l'ajonc.
Sommaire
Étymologie
Le terme « houx » vient du vieux bas francique *hulis, terme reconstitué d'après l'ancien haut allemand hulis, huls. La racine se retrouve dans le néerlandais hulst et l'allemand Stechhülsen[1].
L'adjectif spécifique aquifolium, emprunté par Carl von Linné à Pline, signifie littéralement « à feuille épineuse » (de folium, feuille et acus, aiguille), tandis que le nom générique Ilex était le nom latin de l'yeuse en référence à l'aspect du feuillage persistant. Selon Pierre Lieutaghi, aquifolium serait la déformation de acrifolium (de acer, acris, aigu), terme rencontré chez Caton sous la forme acrufolius pour qualifier des outils agricoles. Les mots italien agrifoglio et occitan grefuèlh sont issus directement du latin acrifolius.
Noms vernaculaires et toponymie
Un lieu planté de houx s'appelle une houssaie ou une houssière, avec le suffixe latin -etum, au féminin -eta et graphié -ey /-ay (masculin) ou -aye (féminin) qui sert à désigner un lieu planté d'arbres appartenant à la même espèce ou avec le suffixe -ière, suffixe de localisation à l'origine.
En France du nord (de langue d'oïl), ce nom est fréquent en toponymie pour désigner des communes et des lieux-dits avec diverses variantes : La Houssaye, La Houssoye, Houssay, Housseras, Housset, Houssière, Oussières…
En France du sud (de langue d'oc ou francoprovencale) et au sud du domaine d'oïl, on trouve des Agresle (en Brionnais), Aigrefeuille, Arfeuil, Arpheuilles, Grandfuel (en Aveyron) ou Griffeuille (un quartier de la ville d'Arles), avec des graphies et des phonétiques plus ou moins francisées.
Aspects botaniques
Description
Le houx commun est un arbuste à croissance très lente, à port buissonneux, dont la taille adulte est généralement de quatre à six mètres. Certains pieds peuvent former de véritables arbres. Il existe en forêt de l'Isle-Adam (Val-d'Oise) un houx colonnaire de 18 m de haut. Le houx peut vivre jusqu'à 300 ans et au-delà. Son écorce est gris pâle et lisse.
Ses feuilles alternes, simples, ont un pétiole court et un limbe de 5 à 7 cm de long, coriace, de forme générale ovale, au bord ondulé et épineux, parfois lisse sur les individus âgés. D'un vert brillant foncé (luisant) à leur face supérieure, plus pâles sur leur face inférieure, elles sont munies d'épines acérées. Certaines variétés ont le feuillage panaché de blanc. Ces feuilles persistent généralement trois ans.
C'est une espèce dioïque (avec des individus mâles et femelles séparés), on peut néanmoins trouver des individus monoïques. Les fleurs blanches, de petite taille (6 mm de diamètre environ), tétramères (4 pétales, 4 sépales, 4 étamines et ovaire à 4 stigmates) sont groupées en petites cymes apparaissant à l'aisselle des feuilles vers mai-juin. Les pétales sont soudés à la base (fleurs gamopétales). Les étamines alternent avec les pétales et sont soudées à la base de la corolle. Les fleurs femelles portent des staminodes, sortes d'étamines stériles, l'ovaire supère est formé par la réunion de 4 carpelles soudés et porte une stigmate sessile à 4 lobes. Les fleurs mâles portent seulement des étamines. Les pieds femelles ont besoin d'au moins un pied mâle dans les environs pour fructifier.
Les fruits, qui n'apparaissent que sur les pieds femelles, sont de petites drupes sphériques de 7 à 10 mm de diamètre, d'un rouge éclatant, parfois jaunes, à maturité, qui contiennent quatre noyaux, enserrant une graine lignifiée. Ces fruits qui murissent en fin d'été sont toxiques[2]. Ils persistent tout l'hiver.
Le bois dur et homogène, assez lourd (densité : 0,95), est de couleur blanc grisâtre, brunissant avec l'âge.
Distribution
Cette espèce est native des régions tempérées de l'ancien monde :
- Afrique du Nord, de la Tunisie au Maroc,
- Europe occidentale et méridionale, du Royaume-Uni et du Portugal à l'Albanie et à la Roumanie,
- Asie occidentale, de la Turquie l'Iran.
Elle s'est naturalisée dans d'autres continents : Amérique du Nord, Australie… où elle est parfois considérée comme une plante envahissante.
C'est une espèce de sous-bois, qui croît en plaine et en montagne, jusqu'à 1 500 m d'altitude voire plus dans les régions les plus méridionales de son aire d'expansion. On la trouve surtout en terrains acides, plutôt dans des stations fraîches, mais se plaît aussi dans les terres calcaires pourvu que le degré hygrométrique de l'air soit suffisant. Ne supporte pas les situations trop froides.
Le houx lorsqu'il est en situation favorable se marcotte facilement et peut devenir envahissant. Il rejette également bien de souche.
En France, le houx est présent dans la quasi-totalité du pays. Des peuplements remarquables existent dans plusieurs sites méridionaux, notamment dans la forêt de Stella en Haute-Corse, la forêt de Valbonne dans le Gard, dans le massif du Caroux (Hérault) et dans le massif de la Sainte-Baume (Var).
Propriétés
Le houx contient dans son feuillage ainsi que dans les fruits des alcaloïdes toxiques, notamment de l'illicine. La consommation des fruits risque d'entraîner des vomissements et des troubles digestifs, voire, si la quantité est plus importante, des troubles neurologiques. Il faut veiller à ce que les jeunes enfants ne soient tentés de manger ces fruits souvent présents dans les maisons pendant les fêtes de fin d'année.
Toutefois, cette plante fut employée autrefois en médecine populaire, tant par voie externe pour son pouvoir résolutif (sous forme de cataplasmes de feuilles fraîches broyées) ou par voie interne pour son pouvoir fébrifuge (sous forme de décoction de feuilles ou de macération dans du vin). Dans certaines régions d'Europe, comme l'Alsace, de l'alcool blanc est produit à partir de fruits fermentés et distillés.
Prédateurs du houx
Peu d'insectes attaquent le houx. Parmi les principaux ravageurs, on peut citer :
- la mouche du houx (Phytomyza ilicis Curtis, Agromyzidae). Ce minuscule diptère, inféodé au houx, est un insecte « mineur », dont la larve fore des galeries dans le limbe des feuilles sans toutefois causer de dégâts très importants ;
- le puceron du houx (Aphus ilicis Kaltenbach, Aphididae). Ce puceron noirâtre, strictement inféodé au houx s'attaque surtout aux jeunes pousses et jeunes feuilles qu'il abandonne lorsqu'elles deviennent trop coriaces ;
- la tordeuse des canneberges (Rhopobota naevana Hübner,Tortricidae). Ce papillon est surtout nuisible par ses chenilles à la tête noire d'un centimètre de long qui dévorent les jeunes feuilles de divers arbustes, dont, outre le houx, le myrtillier et la canneberge, puis se construisent des nids en assemblant de jeunes feuilles avec des fils de soie.
En revanche la pyrale du buis ne ferait pas partie des ravageurs du houx[3].
Utilisation
Plante ornementale
Le houx est très souvent cultivé dans les jardins pour ses qualités ornementales. C'est une plante qui supporte très bien les situations ombragées ou semi-ombragées, les variétés à feuillage panaché supportent cependant très bien le grand soleil. C'est une plante relativement rustique qui peut supporter des gelées ponctuelles jusqu'à - 15 ° C. Toutefois certains cultivars sont moins rustiques. Sa multiplication se fait principalement soit par semis, soit par bouturage avec l'aide d'hormones ou par greffe. Ses nombreuses variétés sont le plus souvent reproduites par voie végétative (clones) et n'existent souvent que dans leur forme mâle ou femelle. Son port compact et son feuillage persistant permettent de l'employer également dans l'art topiaire. Les rameaux de houx portant des fruits sont vendus par les fleuristes comme décoration de Noël. Ils sont parfois utilisés aussi à l'occasion de la fête des Rameaux.
C'est une espèce également utile pour former des haies semi-défensives.
Le houx a peu d'ennemis en culture. Il peut être sujet à des attaques de pucerons ou de cochenilles sur le feuillage.
Cultivars et hybrides
Ilex aquifolium, le houx commun
- Ilex Alaska, à la végétation compacte, vert foncé, fruits rouge vif, clone femelle
- Ilex amber, aux feuilles entières, elliptique, vert moyen, et aux fruits jaunes
- Ilex albomarginata, aux feuilles bordées de blanc
- Ilex angustifolia, aux feuilles étroites et pointues
- Ilex aureomarginata, aux feuilles bordées de blanc
- Ilex aurifodina, aux tiges pourpres, clone femelle très fructifère
- Ilex bacciflava, aux fruits jaunes, forme qui se rencontre à l'état naturel
- Ilex crassifolia, aux jeunes pousses pourpres, croissance très lente
- Ilex crispa, aux feuilles entières, tordues, clone mâle
- Ilex crispa aureopicta, semblable aux précédent, avec le centre des feuilles jaune
- Ilex ferox, le houx hérisson, aux feuilles très épineuses (c'est un clone mâle)
- Ilex ferox argentea, semblable au précédent mais feuilles à bordure argentée, arbuste à croissance plus lente
- Ilex pendula, à port pleureur, retombant jusqu'au sol (clone femelle)
- Ilex pyramidalis, à port dressé et aux feuilles elliptiques entières
- Ilex pyramidalis aureomarginata, aux feuilles elliptiques, étroites, bordées de jaune, sans épines, très fructifère
- Ilex × altaclerensis, variétés dont certaines à feuilles panachées, issues d'un hybride Ilex aquifolium x Ilex perado
- Ilex × meserveae, série de cultivars créés aux États-Unis à partir d'hybrides d' Ilex aquifolium (houx d'Europe) et d'Ilex rugosa (houx du nord du Japon) : plantes vigoureuses, très décoratives, à végétation compacte et très fructifères
- Ilex x meserveae Blue Princess est un houx dont les feuilles d'un bleu-vert luisant sont dentées sur le même plan et les fleurs roses et blanches.
Autres usages
- Le bois de houx est un bois peu courant car il est rare que l'on coupe des arbres bien formés. C'est un bois néanmoins apprécié des maquettistes, des marqueteurs et des tourneurs, en particulier pour la fabrication des pièces blanches des jeux d'échecs. Il est dense, à grain fin et de couleur très blanche et relativement facile à travailler. Le plus célèbre objet en bois de houx est la canne de marche de Goethe, visible au musée de Weimar.
- L'écorce interne du houx servait à préparer la glu, substance visqueuse employée pour piéger les oiseaux.
- Le houx, associé parfois au hêtre que l'on plessait, servait dans certaines régions de France à réaliser des haies de clôture naturellement infranchissables par le bétail.
- Grâce à ses fruits persistants durant l'hiver, le houx est une espèce précieuse pour certaines espèces d'oiseaux qui s'en nourrissent, comme les merles et les grives. Sa forme buissonnante est intéressante également pour former un couvert à gibier dans les bois.
- L'élixir floral préparé à partir des fleurs du houx est connu sous l'appellation anglophone Holly. La méthode de préparation est l'eau florale ébullisée. Cet élixir est utilisé pour réharmoniser les états d'esprit négatifs tels la haine, la jalousie, la malveillance, l'envie, la suspicion, la cupidité, la vengeance.
Symbolique et mythologie
Depuis la nuit des temps, le houx est le symbole de fêtes religieuses ou païennes exprimant à l'origine la persistance hivernale de la vie végétale.
Le symbole de Noël
Les branchages de houx avec leurs baies rouges sont largement utilisés en décoration au moment des fêtes de Noël. Le houx commun est parfois concurrencé dans cet usage par une espèce voisine, le houx verticillé (Ilex verticillata), originaire du nord-est de l'Amérique, aux baies rouges plus nombreuses et plus attrayantes[4].
Pour les chrétiens, le houx est en effet spécifiquement associé à la naissance de l'Enfant Jésus. Le roi Hérode cherchant à massacrer tous les nouveau-nés juifs pour éliminer celui que l'on annonçait comme le roi des juifs, Marie, Joseph et leur enfant s'enfuirent vers l'Égypte. À l'approche d'une troupe de soldats, ils se cachèrent dans un buisson de houx, qui, dans un élan miraculeux, étendit ses branches pour dissimuler la Sainte Famille derrière son épais feuillage épineux. Sauvés, Marie bénit le buisson de houx et souhaita qu'il restât toujours vert en souvenir de sa protection et comme symbole d'immortalité.
Langage des fleurs
- Dans le langage des fleurs et des plantes, le houx est le symbole de l'insensibilité.
Divers
- La famille de Yves Joseph de Kerguelen de Trémarec, découvreur des îles Kerguelen, avait pour emblème le houx et pour devise Vert en tous temps. Le nom Kerguelen fait d'ailleurs référence en breton à un lieu planté de houx (= Kelenn en breton).
- En France, une collection de houx, comprenant 60 espèces et plusieurs centaines de variétés, est géré par le conservatoire d'Ilex dans le cadre de l'arboretum des Prés des Culands situé à Meung-sur-Loire (Loiret). Cette collection a été reconnue comme collection nationale en 1991 par le Conservatoire des collections végétales spécialisées (CCVS)[5].
- Le petit houx, ou fragon (Ruscus aculeatus) est un sous-arbrisseau de la famille des Liliacées.
- Hollywood en anglais signifie « le Bois de houx ».
- Dans la saga Harry Potter, la baguette de Harry est en bois de Houx
Notes, sources et références
- TLFi (Trésor de la langue française informatisé)
- Annuaire des plantes toxiques - Le Houx
- recherches réalisées par la Société alsacienne d'entomologie (SAE).
- Le houx, sur le site du jardin botanique de Montréal
- Conservatoire national d'Ilex - Houx, arboretum des Prés des Culands, site officiel
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- Joël Reynaud, La flore du pharmacien, Éditions Tec & Doc, Paris, 2002.
- Pierre Lieutaghi, Le Livre des arbres, arbustes et arbrisseaux, Éd. Robert Morel, Paris, 1969.
- Stéphane Signollet, Le Houx, Éd. Actes Sud, collection « le nom de l'arbre », Arles, 1999.
Liens externes
- Référence Catalogue of Life : Ilex aquifolium (en)
- Référence Tela Botanica (France métro) : Ilex aquifolium L., 1753 (fr)
- Référence ITIS : Ilex aquifolium L. (fr) ( (en))
- Référence NCBI : Ilex aquifolium (en)
- Référence GRIN : espèce Ilex aquifolium L. (en)
- Référence Fonds documentaire ARKive : Ilex aquifolium (en)
- Page sur le houx sur le site du jardin botanique de Montréal
- Référence Belles fleurs de France : Ilex aquifolium (fr)
Catégories :- Aquifoliaceae
- Flore (nom vernaculaire)
- Arbuste d'ornement
- Plante mellifère
Wikimedia Foundation. 2010.