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Histoire du Monténégro
Le Monténégro, bien qu'étant le dernier État à avoir obtenu en Europe son indépendance, possède une longue histoire de plusieurs siècles en tant que duché semi-indépendant, principauté autonome et en tant que royaume indépendant en 1910, avant son annexion dans le Royaume yougoslave.
Antiquité
Des colonies grecques s'établirent sur la côte du Monténégro au cours du 6 ème et 7 ème siècle avant J.-C. Puis au 4 ème siècle avant J.-C. les Celtes s'y installent. Le Monténégro est peuplé par des tribus illyriennes dès le 3 ème siècle avant J.-C. et un royaume Illyrien y naquis avec pour capitale Skadar.
Les Romains montèrent plusieurs expéditions punitives contre les pirates de la côte monténégrine puis la conquis vers 168 après J.-C. Plus tard, en 297, le Monténégro fut rattaché à la province de Dalmatie supérieure. En 395, il fut rattaché à l'Empire romain d’Orient. Au 5 et 6 ème siècle le Monténégro fut ravagé par les invasions Avars et Goths.
Des tribus slaves (qui se mélangèrent par ailleurs aux tributs précédentes) commencèrent à affluer, tout en s'organisant politiquement, dans la région dès la fin du 6 ème siècle.
Bien que les Monténégrins soient issus, sur le plan anthropologique, de peuplements serbes, ils se distiguent tôt dans l'histoire des serbes actuels, tant sur le plan politique que culturel[1]. La région prend le nom de Zeta (ou Dioclée) au 11 ème siècle.
La Dioclée
Article détaillé : Dioclée.En 1077, le pape Grégoire VII reconnu la Dioclée comme un État indépendant et son roi serbe Mihailo Vojislavljević comme rex Diocleae (roi de Dioclée). Le royaume paya néanmoins un tribut à l'empire byzantin et plus tard à l’empire bulgare. La puissance de la Dioclée diminua et devint sujet des grands princes de la Rascie au 12 ème siècle.
Le Monténégro durant la période ottomane
À partir des années 1490 les Ottomans s’emparent de la région et en 1516 le dernier prince séculier du Monténégro, Đurađ V Crnojević abdiqua et transfèra l’autorité civile au métropolite de Cetinje créant ainsi la fonction de prince-évêque. D’abord sujet à l'élection, cette fonction devint héréditaire et se transmit d’oncle à neveu à partir de 1697 sous la dynastie des Petrović.
En 1711, Danilo Ier Petrović (1697-1735) conclut une alliance dirigée contre les Turcs avec le tsar de Russie, Pierre le Grand. Après lui, Sava Ier (1735-1781) mais surtout Pierre Ier (1782-1830) et Pierre II (1830-1851) consolidèrent les institutions du royaume.
En 1852 Danilo II (1851-1860) décida de la séparation entre l’Église et l’État abolissant ainsi la fonction de prince-évêque et devint monarque séculier. Grâce à l’aide de l’Autriche, il repoussa les attaques ottomanes et en 1859 une commission internationale délimita les frontières du Monténégro.
Son successeur, Nicolas Ier (1860-1918), fut également confronté aux attaques des troupes ottomanes et en 1862 le Monténégro fut de nouveau soumis à la suzeraineté ottomane. Nicolas Ier réussit néanmoins à reconstituer son armée. À partir de 1876 les Turcs sont battus à plusieurs reprises et finissent par reconnaître l’indépendance et les frontières du Monténégro au congrès de Berlin en 1878.
Le Royaume du Monténégro (1878–1922)
En 1905 Nicolas Ier décrèta la fin du gouvernement autocratique et octroya une constitution libérale. Il mit sur place un régime parlementaire. Après l'indépendance reconnue internationalement de la Principauté du Monténégro par le Congrès de Berlin, il fut proclamé en 1910 l'établissement du Royaume du Monténégro. Nicolas Ier pris le titre de roi.
En 1912, le Monténégro s’allia à la Grèce, à la Bulgarie et à la Serbie contre l'Empire ottoman. À la fin de la seconde guerre des Balkans, le pays a presque doublé de superficie. Le traité de Bucarest de 1913 lui octroya la moitié du sandjak de Novi Pazar ainsi que la région de Peć.
Le Monténégro combattit au côté des Alliés durant la Première Guerre mondiale. Le Monténégro fut occupé du 15 janvier 1916 à octobre 1918 par les troupes austro-hongroise. Après la guerre, alors que les troupes serbes stationnaient au Monténégro, une nouvelle assemblée se constitua. Le roi, toujours en exil en France, fut démi de ses fonctions, interdit de retour et l'assemblée, lors d'un vote très contesté, décida d'unifier le Monténégro à la Serbie le 13 novembre 1918[2]. Le Monténégro devint un territoire du royaume serbe le 28 novembre 1918.
Le Monténégro dans le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes
Au lendemain du conflit mondial, le 1er décembre 1918, le Monténégro alors au sein du royaume serbe, rejoint le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes, devenu en 1929 le Royaume de Yougoslavie.
Liste des souverains du Monténégro (1696–1922)
- 1696–1735 : prince-évêque Petrović-Njegoš.
- 1735–1744 : prince-évêque Petrović-Njegoš.
- 1744–1766 : prince-évêque Petrović-Njegoš.
- 1766–1781 : prince-évêque Petrović-Njegoš.
- 1781–1830 : prince-évêque Petrović-Njegoš.
- 1830–1851 : prince-évêque Pierre II Petrović-Njegoš.
- 1851–1852 : prince-évêque Danilo Ier Petrović-Njegoš, puis :
- 1852–1860 : prince .
- 1860–1910 : prince Nicolas Ier, puis :
- 1910–1921 : roi Nicolas Ier.
- 1921–1921 : roi Danilo II ; abdique.
- 1921–1922 : roi Michel ; abdique.
Le prince héritier Nikola Petrović-Njegoš, architecte, a passé toute sa vie en France. Il a créé la Biennale de Cetinje et préside l’association du Courrier des Balkans.
Seconde guerre mondiale
Articles détaillés : Royaume du Monténégro (1941-1944) et Campagne de Yougoslavie (1941-1945).Après l'invasion de la Yougoslavie, l'Italie occupe le Monténégro et crée un nouveau "Royaume", qui n'est dans les faits qu'un protectorat militaire, administré à partir de 1943 par l'Allemagne nazie. Le régime disparaît fin 1944 avec la retrait des derniers soldats allemands du Monténégro.
La république yougoslave du Monténégro (1945–2002)
Article détaillé : Histoire de la Yougoslavie.La République socialiste du Monténégro constitua une des républiques fédérées de la République fédérale populaire de Yougoslavie à l’époque communiste, puis en 1963 sous Tito, de la République fédérale socialiste de Yougoslavie. Sous le régime de Milošević et suite à l'effondrement de l'ex-yougoslavie, le Monténégro fut l'une des deux républiques constitutives de la troisième Yougoslavie.
Autonomie organisée avec la Serbie et autodétermination
Article détaillé : Serbie-et-Monténégro.En 2002, sous la pression de l’Union européenne, la Serbie et le Monténégro sont arrivés à un accord sur une union réorganisée pour au moins trois ans. Ce compromis, dit « Accord de Belgrade », prévoyait, entre autres changements, de renoncer définitivement au nom de Yougoslavie pour celui de la communauté d’États de Serbie-et-Monténégro (avec un « -et- » entre les deux noms). Cette accord entra en vigueur en 2003.
À l'issue de cette période moratoire, un référendum sur l’indépendance du Monténégro fut organisé le 21 mai 2006. 55,5 % des voix se sont portées sur l’indépendance (motivée par le désir d’une intégration plus rapide dans l’Union européenne et l'OTAN), cet événement annonçant donc la dissolution définitive de ce qui restait de l’ancienne Yougoslavie (dont ne subsisterait que les provinces autonomes serbes de Voïvodine et celle du Kosovo, cette dernière étant placée sous administration de l’ONU en quasi « protectorat »). Le président monténégrin a déjà annoncé vouloir transférer la capitale actuelle de la république de Podgorica vers Cetinje (l’ancienne capitale royale historique).
La Serbie et la Russie ont pris acte des résultats du référendum. Ces deux gouvernements, ainsi que l’UE et l’ONU, ont cependant attendu la proclamation des résultats pour se prononcer officiellement. Dans un communiqué, l’UE (qui avait exigé que l'indépendance soit approuvée par une majorité de 55 % au moins) a constaté la régularité du scrutin.
Depuis son accession à l'indépendance
Le Parlement du Monténégro a officiellement proclamé l'indépendance du pays dans la soirée du 3 juin 2006, celle-ci entrant immédiatement en application.
Le ministre islandais des Affaires étrangères Geir Haarde a annoncé avoir reconnu le Monténégro comme un pays indépendant et souverain, faisant ainsi de l’Islande le premier pays au monde à reconnaître l’indépendance monténégrine, la Russie lui emboîtant le pas le 11 juin, en devenant ainsi la première grande puissance à le faire, suivi dès le 13 juin, des États-Unis, du Royaume-Uni, et de la France qui ont adopté la même attitude, tout comme le gouvernement serbe.
Le 22 juin, le Monténégro devient le 56e état membre de l'OSCE. Puis le 28 juin, il est admis en tant que 192e État membre de l’ONU.
Le 17 mars 2007, le Monténégro signe un accord de stabilisation et d'association avec l’Union européenne : les signataires sont Olli Rehn, commissaire européen à l'élargissement et Zeljko Sturanovic, le Premier ministre monténégrin. Le commissaire européen l'a qualifié de "porte ouverte vers la candidature à l'Union européenne si le plan d'action est mis en œuvre de manière efficace" […] "Tout dépendra du Monténégro et du progrès de ses réformes, notamment dans le domaine de la lutte contre la corruption, de la réforme du système judiciaire et de l'administration".
Notes et références
- ↑ Jean-Christophe Victor, Virginie Raisson, Frank Tétard, 2007, Le dessous des cartes 2, Paris, Tallandier/Arte, p.194
- ↑ Unification of Montenegro and Serbia (1918) - Podgorica's Assembly
Liens externes
- Le Monténégro, forteresse des Balkans par Georges Castellan, professeur honoraire à l’Institut national des langues et civilisations orientales.
- Le Monténégro et son intégration dans le royaume des Serbes, Croates et Slovènes (1914-1921) par Guillaume Balavoine, mémoire de maîtrise d'histoire contemporaine soutenu à l'université de Paris I en 1993.
- Histoire du Monténégro en anglais
Articles connexes
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