Histoire du communisme

Histoire du communisme

Histoire du communisme

Le communisme désigne des sociétés se structurant de telle manière que la propriété des moyens de production ou de subsistance soit commune, qu'il n'y ait pas de classe sociale, pas de salariat, pas de frontière, pas d'État, qui soit égalitaire et libre.

Sommaire

De l'Antiquité au XVIIIe siècle : le pré-communisme

Communisme de Platon

L'une des premières descriptions de communisme se trouve dans le dialogue La République de Platon.

Ce que l'on a appelé le "communisme platonicien" suppose sinon la suppression du moins la limitation drastique de la famille avec l’éducation collective des enfants ainsi que la soumission de toute propriété privée à la propriété de la Cité. L’erreur de Platon, d’après Aristote, est de vouloir unifier à l’excès la cité en supprimant tout ce qui sépare les individus pour aboutir à une union de fusion, comme celle que souhaitent les amants dans le discours d’Aristophane. (1262 b) C’est méconnaître que l’amitié se fonde sur une irréductible altérité. Platon pose en théorie le communisme essentiellement pour la classe dirigeante, ceci afin de faire cesser la corruption qui était habituelle dans tout gouvernement ; les deux autres classes étant les travailleurs et les gardiens de l'ordre.

Communisme chrétien

Les premiers chrétiens pratiquent la mise en commun des biens ce que ne recommande ni ne condamne le Nouveau Testament. Tertullien la recommande mais Saint Augustin la condamne par le dogme (le péché originel l'a rendue impossible) et Saint Thomas d'Aquin par la raison (l'individu propriétaire est plus responsable et gère mieux). La mise en commun des biens est donc déclarée hérétique par l'Église catholique depuis le Ve siècle.

« Tous les croyants sont unis et ils mettent en commun tout ce qu’ils ont. Ils vendent leurs propriétés et leurs objets de valeur, ils partagent l’argent entre tous, et chacun reçoit ce qui lui est nécessaire. Chaque jour, d’un seul cœur, ils se réunissent fidèlement dans le temple. Ils partagent le pain dans leurs maisons, ils mangent leur nourriture avec joie et avec un cœur simple. » (Actes des Apôtres 2, 43-46)
« et chacun reçoit ce qui lui est nécessaire » est remarquable, Marx propose en effet qu'une société communiste soit une société dont le principe fondamental passera « de chacun selon ses capacités » à « chacun selon ses besoins ».
Personne ne dit : « Cela, c’est à moi ! », mais ils mettent tout en commun. [...] Parmi eux, personne ne manque de rien. En effet, tous ceux qui ont des champs ou des maisons les vendent, ils apportent l’argent de ce qu’ils ont vendu et ils le donnent aux apôtres. Ensuite, on distribue l’argent, et chacun reçoit ce qui lui est nécessaire. Il y a ainsi un certain Joseph, un lévite né à Chypre. Les apôtres l’appellent Barnabas, ce qui veut dire « l’homme qui encourage ». Il a un champ, il le vend, il apporte l’argent et le donne aux apôtres. » (Actes des Apôtres 4, 32-37)

Plus tard, des chrétiens catholiques s'associeront au marxisme, par exemple à travers la théologie de la libération mais cette alliance est rejetée par l'Église catholique.

Voir les articles dédiés : Les diggers, le curé Jean Meslier, la théologie de la libération.

Expérimentations communistes

Murray Rothbard rapporte dans le chapitre 18 de Conceived in Liberty[1] l'expérience pré-communiste menée par les colons anglais arrivés à Plymouth à bord du Mayflower en 1620. L'expérimentation se solda en 1623 par l'autorisation de la culture d'une parcelle privée pour pallier la production collective insuffisante. L'expérience fut intégralement abandonnée quelques années plus tard pour les mêmes raisons. William Bradford, alors gouverneur de Plymouth, estima alors que le système échoua car il était jugé « injuste », celui qui fournissait peu d'effort étant jugé comme le travailleur efficace. Les plus travailleurs refusèrent selon lui de travailler autant et la production devint de plus en plus faible. Considérant l'échec d'un tel système comme inhérent à la nature humaine, il ajoute : « ne laissons personne dire [cet échec est le fruit] d'un vice humain. Tout être humain a ce vice »[2].

XVIIIe siècle : l'apparition du terme

Voir aussi : Gracchus Babeuf.

XIXe siècle : apparition de différents courants

Sur la période 1830, 1851, le livre "La Parole ouvrière"[3] recueille des textes du communisme « pré-Marx ».

En 1840 parut en France le livre de Pierre Joseph Proudhon « Qu'est-ce que la propriété ? ». En 1844, Friedrich Engels rencontra à Paris Karl Marx, tous deux étant inspirés par la lecture et les rencontres avec Ludwig Feuerbach et différents communistes. L'internationalisme par l'union mondiale du prolétariat est un principe qui fut exprimé dans le Manifeste du Parti communiste paru le 20 février 1848. Suite aux révolutions qui éclatèrent peu après en Europe, l'opuscule eut peu d'influence immédiate.

A partir de 1864 de nombreux courants, dont diverses sensibilités communistes, participent à l'Association internationale des travailleurs (AIT). Après sa dissolution, les « marxistes » participent à la création des partis sociaux-démocrates qui se regroupent en 1889 au sein de l’Internationale ouvrière (Deuxième internationale).

XXe siècle : la division

Au cours du XXe siècle, les courants se réclamant du communisme sont de plus en plus divers, et souvent directement antagonistes.

Le communisme d’inspiration marxiste

  • Les groupes politiques de 1848 à 1924
Affiche russe de 1920 : « Vive la révolution mondiale ! »

Le "communisme marxiste" et ses successeurs se revendiquant du marxisme : la branche marxiste, regroupe des courants politiques divers, parfois antagonistes : marxisme, léninisme, luxembourgisme, conseillisme, autonomes, communisme ouvrier, etc.

Jusqu’en 1914, la plupart des marxistes sont regroupés au sein de l’Internationale ouvrière. Cette dernière explose au début de la Première Guerre mondiale : seule une minorité défend le principe de l'internationalisme, s'oppose à la guerre et maintient des liens internationaux au cours des conférences de Kienthal et Zimmerwald en Suisse.

C'est en partie pour des causes liées à la guerre qu'éclate la Révolution russe en 1917, qui aboutit, après huit mois de révolution, à la prise du pouvoir par les bolcheviks en octobre 1917, au détriment des mencheviks ou des SR de gauche.


D'autres groupes appelés aujourd'hui Communistes de conseils s'opposeront au léninisme, dès 1904 en ce qui concerne le luxembourgisme. Les trotskistes s'opposent dès le début à la prise de pouvoir de Staline et ce qu'ils nomment la bureaucratisation du régime, et continuent à se revendiquer des idées de Karl Marx, Friedrich Engels, Lénine puis de Trotsky. Les trotskistes lutteront donc contre le « marxisme-léninisme », plus communément appelé stalinisme.

  • Mise en place de nouvelles études historiques pour le Communisme par des statistiques de tendance du nombre de morts dans une Russie en Guerre quasi-permanente de 1914 à 1945, intensifiée dés les années 30 par une contingence de l'histoire ou la détermination d'événement extérieurs au pays qui a poussé au Stalinisme.

Les régimes « marxistes-léninistes » ont commis des crimes, notamment en URSS sous Staline. Le nombre exact de victimes de ces crimes est techniquement inconnu. S'il semblerait possible d'estimer le nombre de décès dans les camps du Goulag, l'attribution des décès liés à la famine est beaucoup plus problématique. Ainsi, la qualification de la famine en Ukraine en 1932-33 est un débat dans lequel s'opposent de nombreux historiens : si une partie d'entre eux, dont Robert Conquest, estiment que la famine a été provoquée par Staline, d'autres, comme Stephen Wheatcroft ou Mark Tauger estiment que cette famine n'a pas été volontairement provoquée par Staline et qu'elle s'est étendue à toute l'URSS. D'autres historiens et économistes estiment que ces famines sont liées au fonctionnement de l'économie soviétique, et qu'ainsi les régimes en sont directement responsables. De même, Conquest et Wheatcroft s'opposent sur l'estimation totale des victimes, le premier avançant le chiffre de 7 millions et le second de 4,5. L'estimation du nombre total de victimes est donc un travail historique très complexe parce qu'il suppose de disposer non seulement de mesures démographiques fiables, mais également de décider de ce qui peut être considéré comme crime et ce qui ne le peut pas. Cependant, des spécialistes ont tenté ces estimations. Ainsi, pour l'URSS, Alexandre Soljenitsyne, estime le nombre de victimes décédées, à environ 60 millions, la plupart étant des chrétiens croyants. Stéphane Courtois, quant à lui, avance le chiffre de 85 millions de morts[4] sur l'ensemble de la planète dans Le Livre noir du communisme, chiffre contesté, y compris par ses co-auteurs[5].

  • Etudes historiques et études sociétales du communisme au milieu de plusieurs centaines de millions de Russes bien vivants des années 1930 aux années 2000

Cf l'oeuvre d'Alexandre Zinoviev : La Confeesion d'un homme en trop; La héros de notre jeunesse; Les hauteurs néantes; Le communisme comme réalité ... etc...

  • Les divisions politiques après la seconde guerre mondiale

Ces événements tragiques accentuent les divisions au sein du marxisme, divisé entre « communistes » et « socialistes » (même si les « socialistes » garderont le communisme comme objectif pendant quelques décennies après la scission). A côté et contre les deux principaux groupements internationaux, Internationale communiste et Internationale ouvrière socialiste, se constituent des Internationales opposées au stalinisme (et parfois au léninisme) et au réformisme : Internationale Communiste ouvrière, Opposition communiste internationale, Quatrième Internationale, Centre marxiste révolutionnaire international… En particulier, la stalinisation de l’Internationale communiste entraîne l’exclusion de tous les dissidents, dont certains sont parmi les premiers dénonciateurs des crimes staliniens.

Au cours de la deuxième moitié du XXe siècle, les partis de l’Internationale socialiste ont progressivement abandonné toute référence au communisme, puis au marxisme.

Le communisme d’inspiration libertaire

Le "communisme libertaire", association du "communisme économique" et de l'anarchisme.

Les anarchistes, après l'insurrection de la commune de Paris (1871) où ils sont nombreux à lutter, s'investissent pour une partie dans l'anarcho-syndicalisme, et une autre dans l'anarcho-communisme, mais aussi l'anarcho-individualisme. Ils sont au premier plan de la création de la CGT en France et de celle des Industrial Workers of the World dans les années 1910 et 1920 aux États-Unis. Ils participent à la guerre civile russe, notamment à Cronstadt, ou en Ukraine dont ils sont porteurs d'un mouvement révolutionnaire et d'expropriation des terres des grands propriétaires, puis d'autonomie des communes (la Makhnovtschina).

Ils participent également au mouvement révolutionnaire Mexicain des années 1910, les idées anarcho-syndicalistes des frères Magon ayant trouvé un écho auprès des paysans et éleveurs en révolte, notamment autour d'Emiliano Zapata. Le communisme libertaire en Amérique Latine a été un mouvement de masse puissant, notamment en Argentine avec la FORA, et il est à l'origine du mouvement syndical dans ces pays. Mais le communisme anarchiste a eu également de fortes résonances en Corée, au Japon ou encore en Chine, où il a été historiquement le premier mouvement socialiste d'importance, avant d'être supplanté par le marxisme à partir des années 1930.

Les anarchistes jouent un rôle de premier plan avec la puissante CNT en Espagne et plus particulièrement en Catalogne lors de la Révolution espagnoles (improprement nommée guerre civile espagnole ) de 1936, où la collectivisation permit l'expérimentation du « communisme » dans plusieurs collectivités.

En Russie, ils sont écrasés par l'armée dirigée par Trotsky, dans le deuxième cas par les staliniens ou les républicains qui participent à la contre-révolution (au cours de cette répression de 1937, les marxistes antistaliniens du POUM sont réprimés en même temps et pour les mêmes raisons que les anarchistes).

Par la suite, l'anarchisme en tant que mouvement organisé perd de sa force, à cause de l'illusion propagée par les différents partis sous l'égide de l'URSS et malgré la réalité que les anarchistes russes, exilés, ont rapportés de la Russie. Mais le mouvement anarchiste à la fin du XXe siècle subsiste fortement.

La branche anarchiste communiste regroupe également divers groupement plus ou moins complémentaires : certains essaient de tracer des frontières entre différentes tendances (les kropotkinistes, les malatestiens, les archinovistes (plus collectivistes que communistes), les reclusiens, communalisme libertaire, etc. ) ce qui n'a pas grand sens dans une optique communiste libertaire, foncièrement globaliste et qui refuse le culte de la personnalité. Le communisme libertaire continue de se développer, fier de ses racines mais ouvert sur la modernité et en ayant intégré les apports d'autres mouvements révolutionnaires du XXe siècle (communisme de conseils, « situationnisme », autonomie ouvrière, etc ...).

Références

  1. Murray Rothbard, What really happenned at Plymouth
  2. William Bradford, Of Plymouth Plantation, New York: Knopf, 1952, pp. 120–21, ISBN 0966523334
  3. La Parole ouvrière textes présentés par Alain Faure et Jacques Rancière ISBN : 978-2-91-337268-9, la fabrique éditions [1]
  4. C'est le chiffre qui était sur le bandeau de couverture de la première édition. Il fut ramené à 65 millions pour la deuxième édition.
  5. « Je n'ai, à aucun endroit, dans les chapitres que j'ai rédigés, livré un chiffre global. J'ai listé un certain nombre de catégories de mortalités, de morts, d'exécutés parce que je souhaitais éviter un chiffre d'annonce spectaculaire. Nous disposons à l'heure actuelle d'approximations beaucoup plus proches qu'il y a dix ou quinze ans. [...] Peut-on historiquement placer [les famines] exactement sur le même plan que les morts des deux années de la grande terreur ou celles des déportés abandonnés dans les " villages spéciaux " du goulag ? Je ne le pense pas. » WERTH Nicolas, Regards, 1997.

Voir aussi

Bibliographie

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