Histoire de poitiers

Histoire de poitiers

Histoire de Poitiers

L'histoire de Poitiers remonte au moins au IIe siècle avant Jésus-Christ.

Sommaire

Antiquité

Dolmen de la Pierre Levée


La ville existait déjà à l’arrivée de Jules César, sous la forme d’un oppidum gaulois, nommé Limonum, ce qui pourrait signifier les boues. Les Pictons étant partagés entre le soutien à Jules César et celui à Vercingétorix, la ville eut à subir un siège en 52 av. J.-C. Le chef des Andes, Dumnacos, rassemblant ses guerriers et les Pictons anti-Romains, assiégèrent le chef du parti de César, le Picton Duratios. L’intervention des légats Caius Caninius et Caius Fabius obligea Dumnacos à lever le siège.

Les Romains aménagèrent la ville au Ier siècle de notre ère, la dotant d’arènes qui pouvaient accueillir de 20 000 à 30 000 personnes selon les estimations, de plusieurs thermes, de plusieurs aqueducs, dont un alimenté à la source de Fleury, et dont le parcours est encore suivi aujourd’hui par la conduite qui mène l’eau à Poitiers.

Il est probable qu’au second siècle de notre ère, la ville fut la capitale de la province d’Aquitaine. D’une part l’on sait que Bordeaux ne fut capitale qu’au IIIe siècle, d'autre part aucune inscription ne mentionne Saintes comme capitale au second siècle. L'aristocratie de la cité est alors riche et très bien intégrée à l'empire romain : Marcus Sedatius Severianus, originaire de Poitiers entra au sénat de Rome, puis devint consul en 153[1].

Au IIIe siècle, une épaisse muraille construite à la hâte (elle contenait des éléments de temple, des pierres gravées) ceint la ville, qui est réduite au sommet du promontoire. Avec 42 ha intra muros, contre par exemple 32 ha à Burdigala (Bordeaux), capitale de la province, il s’agit cependant d’une des plus grandes surfaces ceinte de murailles de la Gaule antique. Seules les villes proches de la Germanie la surpassent : Trèves avec 282 ha, Mayence, Cologne et Metz.

Saint Hilaire évangélise la ville au IVe siècle. Les fondations du baptistère Saint-Jean datent de cette époque.

Au Ve siècle des troupes de fédérés Taïfales et Sarmates y furent cantonnées.

Voir aussi Vestiges archéologiques de Poitiers

Moyen Âge

À l'époque médiévale, Poitiers tire parti de son site défensif, et de sa situation géographique, loin du centre du pouvoir franc. Cette position lui permet souvent de jouir d'une relative autonomie, au sein de la principauté aquitaine.

Haut Moyen Âge

Résidence des rois Wisigoths, elle accueille Alaric II avant la bataille de Vouillé, en 507, où il se fait battre par Clovis. Le fils de Charlemagne, roi d'Aquitaine, fait bâtir un de ses quatre palais à Chasseneuil-du-Poitou.

Siège d'un évêché depuis le IVe siècle, la ville est également la capitale du comté du Poitou, dont les comtes dirigent à partir du Xe siècle une importante principauté regroupant le Poitou et l'Aquitaine.

L'abbaye Sainte-Croix, première abbaye de femmes, est fondée par sainte Radegonde au VIe siècle, qui échappe ainsi à son époux Clotaire. Elle prend ce nom lorsque l'empereur Justin Ier fait don à la reine d'un morceau de la Vraie Croix. C'est également l'époque de Venance Fortunat, évêque de Poitiers et poète.

En 840, Pépin II d'Aquitaine essaie de profiter de la mort de son père Louis le Pieux pour reconquérir son royaume, et tente de s’emparer de Poitiers, mais échoue[2]. Il est chassé par l’armée de Charles le Chauve alors qu’il assiégeait à nouveau la ville.

Des bourgs fortifiés s'établissent autour de la ville, toujours sur le promontoire : autour des abbayes (Sainte-Croix, abbaye Saint-Hilaire ; Montierneuf, au XIe siècle). À cette époque, on distingue les citoyens, habitants de la cité fortifiée des Romains, les bourgeois, habitant les bourgs, et les rustici, ou paysans, qui habitaient sur le promontoire, mais en-dehors d'un bourg protecteur. Cette distinction disparut avec la construction par Aliénor d'Aquitaine de la muraille médiévale qui ceignit tout le promontoire, cité, bourgs et espaces intermédiaires.

Au IXe siècle, le nom de Grand-rue apparait dans les chartes. C'est la plus ancienne trace d'un nom de rue conservée en Europe. Cette rue correspond à la ligne de plus faible pente, et donc la moins fatigante, pour monter du gué (actuel pont) Saint-Joubert au plateau, et elle est un itinéraire remontant à l'Âge du Fer. Grossièrement orienté est-ouest, il servit d'axe decuman au quadrillage orthogonal des rues à l'époque romaine. C'est également au IXe siècle que l'abbé Mellebaude fait construire l'hypogée des Dunes.

Le neuvième siècle est aussi l’époque des invasions Normandes : ils arrivent à Poitiers la première fois en 853, sont battus en 855, puis la dévastent en 857. En 863, ils brûlent Saint-Hilaire-le-Grand et obtiennent une rançon de la ville, qui est incendiée en 865[3]. En 988, le comte-duc Guillaume IV repousse Hugues Capet qui assiégeait la ville.

Apogée des comtes de Poitiers

Les comtes de Poitiers commandèrent de nombreux travaux dans leur ville. On peut citer l'église Saint-Jean de Montierneuf, par Guillaume VIII de Poitiers  ; le château des comtes, reconstruit après l'incendie de 1043 et embelli par Aliénor d'Aquitaine ; le marché neuf, toujours par la duchesse Aliénor. Celle-ci épouse le roi de France Louis VII. Au début de leur règne, Poitiers se constitue en commune libre. Le couple royal réagit rapidement, et la ville est assiégée et reprise sans effusion de sang.

Aliénor d'Aquitaine fit construire une nouvelle muraille au XIIe siècle longue de 6000 mètres, enserrant tout le promontoire. Elle fut complétée par deux barrages sur la Boivre, qui créaient des retenues d'eau permanentes dans la vallée étroite.

Progressivement, des libertés et franchises sont accordées aux habitants de la ville de Poitiers. La première charte est accordée par Guillaume le Troubadour (1086-1126), et confirmée par Guillaume X. Elle accorde la liberté de mariage (le seigneur n’a plus son mot à dire avant le mariage d’une femme ou d’une veuve de Poitiers), reconnaît un droit de propriété aux habitants de Poitiers, leur accorde des garanties lors d’un jugement et la possibilité d’être libérés sous caution. Les mêmes libertés sont accordés aux étrangers s’installant à Poitiers[4].

La route de Saint-Jacques-de-Compostelle passant par Poitiers, la ville accueille de nombreux pélerins, qui y font halte pour vénérer les reliques de sainte Radegonde ou de saint Hilaire.

Poitiers entre Capétiens et Anglais

Les mariages d'Aliénor firent passer Poitiers successivement dans le domaine royal français (mariage de 1136), puis dans les possessions anglaises (1154). À partir de son deuxième mariage, Aliénor passe beaucoup de temps à Poitiers. En 1170-73, elle y dirige sa principauté de manière autonome.

En 1138, les habitants de Poitiers se constituent en commune (Moyen Âge) autonome, et appellent les bourgs voisins à se constituer en ligue. La ville est aussitôt assiégée par le roi de France, et la commune dissoute.

En 1173, lors de la révolte des fils d’Henri II contre leur père, la ville de Poitiers, comme la plupart des villes, soutient le roi. Elle est récompensée par une charte de commune, probablement accordée en même temps ou peu après celle de La Rochelle (en 1175), en tout cas pas après 1187[5]. Elle est confirmée en 1199 par Aliénor d'Aquitaine, et le premier beffroi d'Europe fut construit. En 1282, la ville voit son importance confirmée par l'établissement d'un Poids le roi (sorte de bureau des Poids et mesures) en même temps que les villes aux foires importantes de Champagne, Provins et Troyes, et Albi.

Les Hospitaliers de Saint-Jean, qui prennent le relais des Templiers, installent à Poitiers leur grand prieuré d'Aquitaine.Elle y meurt le 1er avril 1204. La ville est prise par Philippe Auguste en août 1204[6].

Au XIVe siècle, la ville échoit en apanage au troisième fils de Jean II le Bon, le duc Jean Ier de Berry (commanditaire des Très riches heures du duc de Berry). Il embellit le palais médiéval des comtes de Poitiers, en y aménageant notamment le donjon (dit tour Maubergeon).

Pendant les heures les plus noires de la guerre de Cent Ans, la ville accueillit le Parlement royal en 1418. C'est donc à Poitiers que Jeanne d'Arc fut examinée en 1429 par les théologiens (pour statuer sur ses voix) et par des matrones (pour vérifier sa virginité) avant de recevoir le commandement de l’ost royal. Profitant de la faveur royale et de la présence de nombreux érudits parisiens exilés, Poitiers obtient la création d'une université en 1431. Celle-ci compte 4 000 étudiants à la fin du XVe siècle.

Avec les imprimeurs et les libraires gravitant autour de l'institution, la ville devient un centre intellectuel, réputé pour sa faculté de droit. Rabelais fréquenta la ville, Calvin vint y prêcher.

Du XVIe siècle à la Révolution française

La ville s'assoupit peu à peu économiquement à la Renaissance, et gagne une image de ville vieillote, aux rues tortueuses, qui n'a pas su évoluer. De fait, peu de changements ont lieu à cette époque dans le tissu urbain, à part le percement de la rue de la Tranchée, et la construction de ponts qui remplacent les anciens gués. Quelques hôtels particuliers sont construits à la Renaissance : hôtels Jean Baucé, Fumé, Berthelot, notamment.

Les poètes Joachim du Bellay et Pierre Ronsard sympathisent à l'université de Poitiers, avant de monter à Paris. Seul esprit de valeur qu'elle ait produit après le XVIe siècle, Descartes n'en parle que pour la dénigrer.

La ville tire sa prospérité essentiellement de ses fonctions administratives : justice royale, évêché, monastères, et l'intendance de la généralité. C'est d'ailleurs de l'intendance que viennent quelques évolutions à la fin du XVIIIe siècle : le vicomte de Blossac, intendant de 1750 à 1784, fait aménager un jardin de 9 hectares qui porte son nom, sur un ancien terrain vague, avec allées rectilignes ombragées, théâtre de verdure, et kiosque à musique. Il fait également abattre la muraille d'Aliénor d'Aquitaine, et aménager des boulevards sur leur emplacement. Ces boulevards évitent à la grande route reliant Paris à Bordeaux de pénétrer dans la vieille ville. Toujours dans le même souci de rationalisation des itinéraires, le Pont-Neuf est construit en 1778.

Guerres de religion

Calvin passe à Poitiers, où il est caché de ses poursuivants par des convertis (d’où le lieu-dit la Grotte à Calvin).

En août et septembre 1569, l’amiral de Coligny met le siège devant la ville. La défense est organisée par le duc de Guise, qui n’était pas encore le Balafré et son frère le duc de Mayenne, mais avec l’artillerie, il devient facile de la bombarder du plateau. Le siège est levé le 7 septembre, quand l’annonce de l’attaque de Châtellerault par le duc d’Anjou parvient à Coligny.

Comme presque toutes les villes du royaume, Poitiers adhère à la Ligue après l’assassinat du duc de Guise et à l’avènement du roi huguenot, Henri de Navarre. Cependant, elle s’en détache assez rapidement : lorsque le gouverneur ligueur meurt début 1591, son maire le remplace, et son remplaçant envoyé par le duc de Mayenne ne peut entrer dans la ville. Mais elle ne se rallie pas encore au nouveau roi : comme la majorité du royaume, elle est attentiste. Un nouveau siège a lieu de juin à août 1593 (Agrippa d'Aubigné y participe), par l’armée royale (fidèle à Henri IV). La conversion du roi, en juillet 1593, ne suffit pas. La ville ne se rallie qu’en juin 1594, après le sacre à Chartres, puis l’entrée du roi à Paris (22 février et 22 mars)[7].

La Révolution à Poitiers

Du XIXe siècle à nos jours

XIXe siècle

Au XIXe siècle, de nombreuses casernes sont construites, faisant de Poitiers une ville de garnison, loin des frontières :

  • le quartier Aboville (instruction des recrues) aux Dunes, est achevé en 1878 ;
  • lui sont rattachés le parc d'artillerie et le parc à fourrage ;
  • le quartier Dalesme, aménagé dans l'ancien monastère de Montierneuf ;
  • caserne Rivaud (125e régiment d'infanterie) ;
  • caserne Sainte-Catherine, dans un ancien monastère ;
  • et enfin la création d'un champ de tir à Vouillé complète le dispositif.

Le Second Empire modernise quelque peu la ville, essentiellement à l'occasion du passage du chemin de fer à Poitiers. La gare est construite dans les anciens marais entretenus de la Boivre. Une rampe fut construite pour franchir l'à-pic de trente mètres entre le vieux centre et la gare (boulevard Solférino), au débouché duquel on déménagea la préfecture, dans un nouveau bâtiment de style Louis XIII (brique et chaînages et ouvertures en pierre blanche) ; la place de la préfecture fut également construite dans ce style.

Le XXe siècle

Après la Seconde Guerre mondiale, le camp de la route de Limoges sert à l’internement des Miliciens et des collaborateurs. Il est ensuite converti en caserne pour la CRS 91[8].

Voir aussi l'article Poitiers pendant la Seconde Guerre mondiale

Voir aussi

Articles connexes

Poitiers a laissé son nom à deux grandes batailles :

Voir l'article Poitou pour les autres batailles du seuil du Poitou

Liens et documents externes

Sources

Notes

  1. G. Ch. Picard, "Ostie et la Gaule de l'Ouest", MEFRA, 93, 2, 1981, pp. 893-915[1]
  2. Michel Dillange, Les Comtes de Poitou, Ducs d'Aquitaine (778-1204), Geste éditions, coll. « La Crèche », 1995, 304 p. (ISBN 2-910919-09-9) , p 37
  3. Robert Favreau, in Jean Combes (dir.), Histoire du Poitou et des Pays charentais : Deux-Sèvres, Vienne, Charente, Charente-Maritime, Clermont-Ferrand, Éditions Gérard Tisserand, 2001, (ISBN 2-84494-084-6), p 132
  4. Robert Favreau (historien), « Naissance des communes en Poitou, Aunis, Saintonge et Angoumois », in Robert Favreau, Régis Rech et Yves-Jean Riou (directeurs), Bonnes villes du Poitou et des pays charentais (XIIe-XVIIIe siècles) : Actes du colloque tenu à Saint-Jean-d’Angély les 24-25 septembre 1999, publiés par la Société des antiquaires de l'Ouest in Mémoires de la Société des antiquaires de l'Ouest et des Musées de Poitiers, 5e série, tome VIII (2002), à Poitiers. ISBN 2-9519441-0-1, p 157
  5. Robert Favreau (historien), Naissance des communes en Poitou... p 159-160
  6. Marie-Aline de Mascureau, Chronologie, primitivement publiée dans Aliénor d'Aquitaine. Revue 303, hors-série n° 81, p 218-223, Nantes 2004, in Edmond-René Labande, Pour une image véridique d’Aliénor d’Aquitaine, réédité avec une préface de Martin Aurell par la Société des antiquaires de l'Ouest-Geste éditions en 2005. ISBN 2-84561-224-9, p 151
  7. Pierre Miquel, Les Guerres de religion, Club France Loisirs, 1980, (ISBN 2-7242-0785-8 ) p 379 et 392
  8. Jean-Henri Calmon, Occupation, Résistance ... p 37
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