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Radegonde de Poitiers
Sainte Radegonde
Vitrail poitevin représentant la reineReine des francs Naissance vers 519
en Erfurt, ThuringeDécès 13 août 587 (environ 68 ans)
PoitiersNationalité France Fête le 13 août Saint patron Poitiers Serviteur de Dieu • Vénérable • Bienheureux • Saint Radegonde de Poitiers ou Sainte Radegonde (Radegundis en latin), rad (conseil)[1] et gunth (bataille)[2] « conseil à la bataille » en vieux francique, est née en Erfurt / Thuringe vers 519, (fille de Berthaire, roi de Thuringe) et morte le 13 août 587 à Poitiers. Elle fut une reine des Francs, quatrième épouse du roi Clotaire Ier puis la fondatrice du monastère Sainte-Croix de Poitiers.
Sainte Radegonde est fêtée le 13 août.
Sommaire
Vie de Radegonde
Au milieu du Ve siècle, le royaume franc était troublé. Le roi de Neustrie, Childéric Ier, dut fuir en Thuringe. Il fut accueilli par le roi Basin et la reine Basine de Saxe son épouse. Quand les troubles en Neustrie furent apaisés, il y revint. Entre-temps, Childéric avait séduit la fille de ses hôtes Basine de Thuringe.
À la mort de Basin, le royaume de Thuringe fut partagé entre ses trois fils : Bodevie, Hermanfried et Berthaire. Il s'ensuivit une guerre fratricide. La princesse Basine de Thuringe se réfugia alors en Neustrie auprès de Childéric Ier.
Ils s'épousèrent en 463 et de leur union naquit en 466, un fils, le futur Clovis Ier. Le frère de Basine, Berthaire, eut deux enfants, dont Radegonde en 519, qui est donc la nièce de Clovis.
Berthaire fut assassiné par ses deux frères. Bodevie fut ensuite aussi victime d'une coalition entre le roi de Metz, Thierry Ier, et son autre frère Hermanfried. Radegonde fut emmenée à l'âge de trois ans à la cour de Hermandfried. Mais Thierry Ier, exigeant une partie du royaume de Thuringe en échange de son soutien, forma une alliance avec Clotaire Ier, roi de Neustrie. Ils vainquirent l'armée thuringienne en 531. Radegonde devint à onze ans, avec son frère Hermanfried, la prisonnière de Clotaire Ier après tirage au sort[3].
Reine des Francs
Elle fut emmenée en France, à Saint-Quentin, puis à Athies dans le Vermandois. L'épouse de Clotaire, Ingonde, donna à Radegonde une éducation très religieuse. Elle apprit le latin et accrut sa foi par la lecture de textes religieux. Ingonde mourut en 538. Elle fut présentée au roi par un courtisan[4]. Clotaire voulut alors épouser Radegonde à Vitry-en-Artois. Celle-ci tenta d'abord de s'enfuir dans les alentours de Péronne. Rattrapée, elle dut se résoudre à la cérémonie, présidée par l'évêque saint Médard, à Soissons vers 538 ou 540. Le statut de reine rendait nécessaire le maintien de son rang par un revêtement illustrant sa puissance, mais aussi à confirmer la prospérité et la puissance du mari qui utilisait ce « trésors animé[5] » comme une vitrine. Ainsi, la reine prit place à un banquet en vêtements simples, afin d'affirmer son humilité chrétienne. De mauvaises langues demandèrent à Clotaire s'il avait épousé une nonne[6]. Durant le banquet, la discussion entre les époux fut presque violente, Clotaire tenta d'imposer sa volonté à son épouse qui réfutait l'édit royal. Pratiquant le jeûne, elle refusa de succomber au faste alimentaire du banquet, un serviteur dut prendre le pain pour le donner aux pauvres[7].
Radegonde se détacha de plus en plus des préoccupations mondaines pour mener une vie pieuse et charitable auprès des pauvres. Elle obtint le pardon de Clotaire et la libération de plusieurs condamnés à mort. Après que Clotaire eut assassiné Hermanfried, son frère, elle fut de plus en plus attirée par une vie de prières, alors que le roi la voulait toujours comme épouse et comme reine.
Consacrée diaconesse par saint Médard, elle fit d'abord un pèlerinage à Tours sur le tombeau de saint Martin. Elle alla ensuite demander conseil à saint Jean de Chinon qui vivait dans un ermitage troglodyte lequel existe toujours au-dessus de la ville. Elle se rendit ensuite sur la terre de Saix, Vienne, que Clotaire lui avait donnée et y fonda un oratoire et un hospice où elle s'occupait elle-même des malades : c'était un des premiers hospices organisés en France.
Le miracle des avoines
Clotaire, qui avait d'abord accepté la vocation de la reine, changea d'avis : il envoya une troupe à Saix pour la ramener à la cour. Lorsque les soldats s'annoncèrent en vue de Saix, Radegonde s'enfuit vers le Sud à travers un champ d'avoine que des ouvriers étaient en train de semer. C'est alors que se produisit le miracle des avoines, la sainte reine fit instantanément pousser l'avoine pour s'y cacher. Questionnés par les poursuivants, les moissonneurs, purent affirmer qu'ils n'avaient vu personne dans le champ depuis le temps où cette avoine avait été semée. À partir de ce moment, Clotaire lui laissa suivre son chemin vers une vie consacrée à la religion.
Abbesse de l'abbaye Sainte-Croix de Poitiers
Elle se rendit à Poitiers où elle fonda le monastère Notre-Dame (devenu depuis Sainte-Croix). Le 25 octobre 552 (ou 553), elle entra dans le monastère Notre-Dame accompagnée de nombreuses jeunes filles, en présence d'une grande foule. Elle donna à ses compagnes une règle stricte. Avec Agnès, sa sœur spirituelle qu'elle tint à choisir comme future abbesse, et Venance Fortunat, poète italien qui deviendra le biographe de Radegonde, elle alla à Arles pour se renseigner sur la règle de saint Césaire afin de l'adopter. Elle se plaça sous la protection du Saint-Siège, pour être libre du pouvoir épiscopal.
Agnès devint abbesse du monastère. Venance Fortunat devint évêque de Poitiers. D'après une autre biographie, celle de Baudonivie composée vers 600, elle avait une grande vénération pour les reliques. Elle en rassembla un grand nombre qui seraient toujours au monastère Sainte-Croix, dont un fragment de la croix du Christ, qu'elle avait demandé et obtenu auprès de l'empereur Justin II. C'est à l'occasion de l'arrivée à Poitiers de cette insigne relique que saint Venance-Fortunat composa l'hymne Vexilla regis prodeunt. À la mort de Clotaire, elle use de sa réputation et de son autorité pour servir la paix entre ces fils. Radegonde aura le reste de sa vie une grande influence sur les grands de son époque, notamment Sigebert Ier, successeur et fils de Clotaire. Elle adressa une lettre-testament aux rois et évêques pour la perpétuation de son œuvre. Elle mourut le 13 août 587, à 68 ans, dans le monastère Notre-Dame. Elle fut enterrée dans l'église abbatiale Sainte-Mère-de-Dieu ou Sainte-Marie-hors-les-murs (aujourd'hui église Sainte-Radegonde) à Poitiers. Ses funérailles eurent lieu le 25 août 587 en présence de Grégoire de Tours. Pendant les invasions normandes, sa dépouille fut emmenée à l'abbaye Saint-Benoît de Quinçay, puis ramenée à Poitiers en 868.
De nombreux miracles lui sont attribués, notamment des guérisons miraculeuses, ce qui attira de nombreux pèlerins. Elle fut déclarée sainte peu de temps après sa mort.
Représentations - Iconographie
Radegonde est la plupart du temps représentée en religieuse, parfois avec une couronne posée près d'elle.
- Au XVIe et XVIIe siècles, elle apparaît en reine, avec la couronne et les insignes royaux (gravure de Jacques Callot).
- Un manuscrit du XIe siècle (Bibliothèque de Poitiers), décrit les différents épisodes de la vie de la sainte.
- Une statue de Sainte Radegonde a été réalisée par le sculpteur étampois Nicolas Legendre (1619-1706) au XVIIe siècle (église Ste-Radegonde, Poitiers).
- Au XIXe siècle, Pierre Puvis de Chavannes peint Sainte Radegonde écoutant une lecture du poète Fortunat (Hôtel de ville de Poitiers).
Liste des lieux dédiés à sainte Radegonde
1. Communes ou villages de France
- Sainte-Radegonde, en Aveyron : église fortifiée, reliques d'un os du pouce.
- Baignes-Sainte-Radegonde, en Charente
- Sainte-Radegonde, en Charente-Maritime (ex Sainte-Radegonde-près-Pont-l'Abbé)
- Sainte-Radegonde, en Creuse
- Sainte-Radegonde, en Dordogne (ex Sainte-Radegonde-Roquépine)
- Sainte-Radegonde, dans le Gers
- Sainte-Radegonde, en Gironde
- Sainte-Radegonde-sur-Lot, en Lot-et-Garonne (ex Sainte-Radegonde-de-Pépine ?)
- Sainte-Radegonde-sur-Lède, en Lot-et-Garonne
- Sainte-Radegonde-de-Cusey, en Haute-Marne
- Sainte-Radegonde, en Saône-et-Loire
- Sainte-Radegonde, dans les Deux-Sèvres
- Sainte-Radégonde, dans la Vienne
- Sainte-Radégonde-des-Noyers, en Vendée
- Marsais-Sainte-Radégonde, en Vendée (ex Sainte-Radegonde-la-Vineuse)
- Sainte-Radegonde, ancienne commune de la Somme, aujourd'hui intégrée à la ville de Péronne
2. Églises et lieux-dits en France
- Courant, en Charente-Maritime, chapelle d'un ancien prieuré Sainte-Radegonde, pèlerinage.
- Talmont, en Charente-Maritime, église romane Sainte-Radegonde.
- Tours, en Indre-et-Loire, quartier de la ville sur la rive droite.
- Chênehutte, en Maine-et-Loire, hameau et probablement autrefois chapelle.
- Saix, dans la Vienne, église paroissiale romane et chapelle des Avoines.
- Colomiers, en Haute-Garonne, église paroissiale Sainte-Radegonde.
- Bon-Encontre, en Lot-et-Garonne, église romane Sainte-Radegonde.
- Vennes (Doubs) chapelle Sainte-Radegonde
- Sainte-Reine (Savoie) église romane Sainte-Radegonde
- Péronne, église Sainte-Radegonde, reconstruite après la Première Guerre mondiale. Ancienne église paroissiale de l'ancienne commune de Sainte-Radegonde.
- Bué (Cher), église consacrée à Sainte Radegonde.
- Giverny (Eure), église Sainte Radegonde.
- Chapelle de Sainte Radegonde, en Indre-et-Loire, Chinon
Chapelle de Sainte Radegonde a MEILHARDS en CORREZE ,selon la legende l'eau de la fontaine permet aux femmes d'avoir un enfant male ALIENOR D'AQUITAINEl'aurait utilisée et aurait eu 4 enfants males dont Richard coeur de Lion et Jean sans terre
3. En pays germanophones
- Sankt Radegund (Innviertel), Autriche.
- Sankt Radegund bei Graz, (Steiermark), Autriche
4. En Belgique
- Villers-Poterie Église paroissiale Sainte-Radegonde en style ogival de 1868. Source et culte de Sainte Aragone qui est une déformation populaire du nom de Sainte Radegonde. Sainte Aragone est la patronne des potiers.
Notes et références
- ↑ Denis Montebello, Les deux vies de sainte Radegonde, L'actualité Poitou-Charentes n°61.
- ↑ Bruno Dumézil, La reine Brunehaut, Paris, Editions Fayard, 2008, page 9.
- ↑ Patrick Périn et Gaston Duchet-Suchaux, Clovis et les mérovingiens. Collection Historia, éditions Tallandier, page 98.
- ↑ Georges Duby, Le moyen-âge 987-1460. Histoire de France Hachette, 1987, page 56.
- ↑ P. Stafford, Queens and Treasure in the Early Middle Ages, éditions E.M.Tyler, York, 2000, pages 61-82.
- ↑ Vita Radegundis, II, 5.
- ↑ Georges Duby, Le moyen-âge 987-1460. Histoire de France Hachette, 1987, page 60.
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- Dorothée KLEINMANN, Radegonde, une sainte européenne, en français PSR éditions, Loudun, 2000, en allemand Verlag Styria, Graz, Wien, Köln, 1998.
- Paule Lejeune, Les reines de France, éd. Vernal et P. Lebaud, Paris, 1989, ISBN 2-86594-042-X, p. 30-31.
- Christian Bouyer, Les reines de France : dictionnaire chronologique. Éditions Perrin.
- Patrick Périn et Gaston Duchet-Suchaux, Clovis et les Mérovingiens. Collection Historia, Éditions Tallandier.
Liens externes
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