Histoire de France lors de la troisième République

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Histoire de France
Adhémar de Monteil à Antioche.jpeg

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Chronologie de la France

La Troisième République de 1870 à 1940.

Sommaire

Des débuts difficiles

La république naît dans des conditions difficiles. Le gouvernement provisoire décide de continuer la guerre. Les Allemands atteignent rapidement Paris qu'ils assiègent. Gambetta, ministre de l'intérieur du gouvernement de défense nationale quitte Paris en ballon pour appeler la province à la levée en masse. Mais les troupes ainsi constituées ne parviennent pas à rompre l'encerclement prussien. La ville subit des bombardements réguliers et souffre du manque de nourriture. Pour permettre aux Parisiens de ne pas tomber dans la misère le gouvernement décrète le moratoire des dettes et des loyers. Des armes sont distribuées aux volontaires qui forment une garde nationale.

Le 28 janvier 1871, le gouvernement doit se résoudre à signer l'armistice. Les Allemands laissent se dérouler des élections. Celles-ci donnent la majorité aux monarchistes. La nouvelle assemblée signe une paix qui ampute le pays de l'Alsace et du nord de la Lorraine et oblige les Français à payer au vainqueur une lourde amende de guerre. Thiers, un ancien premier ministre de Louis-Philippe est nommé chef du pouvoir exécutif en attendant que l'assemblée statue sur la nature du régime et son organisation.

Les Parisiens qui ont vaillamment résisté pendant le siège de Paris sont scandalisés par l'armistice et les conditions imposées par la Prusse. Ils se méfient d'une assemblée monarchiste qui par peur des périls révolutionnaires préfère s'installer à Versailles plutôt que dans la capitale. Alors que la situation économique des Parisiens est toujours précaire, le gouvernement provisoire abroge le moratoire des loyers et des dettes. Le 18 mars 1871 Thiers ordonne de désarmer les Parisiens. Cette annonce déclenche une émeute. Thiers se retire de la capitale et décide de la reprendre par la force. À Paris, le comité central des gardes nationaux décide de l'élection d'un conseil municipal. La Commune de Paris se met en place à partir du 26 mars 1871. Les principaux animateurs de la Commune de Paris viennent d'horizons différents. Ils prennent des mesures radicales pour soulager la misère populaire : réquisition des logements, instruction gratuite, laïque et obligatoire. Ils inventent une démocratie participative en permettant aux citoyens d'intervenir dans les affaires de la commune. À côté de revendications issues du mouvement sans-culotte de 1793 comme l'anticléricalisme et le respect de la liberté de conscience, des revendications de type socialiste sont portées par les insurgés avec la condamnation du militarisme et du capitalisme.

La commune ne dure que 70 jours. Le 21 mai 1871, les troupes du gouvernement surnommées les Versaillais par les communards investissent Paris. Les révoltés mènent un combat désespéré. Ils incendient des monuments comme le palais de Tuileries ou l'hôtel de ville pour ralentir l'avance des versaillais. Après l'exécution de l’archevêque de Paris par les communards (Marx écrira que c'est Thiers qui l'a assassiné), la répression tourne au bain de sang. Entre 20 000 et 30 000 communards sont exécutés en une semaine. Des milliers de révoltés sont envoyés dans des bagnes en Algérie ou en Nouvelle Calédonie.

La mise en place des institutions

Organigramme de la Troisième République

Née de la défaite, aux prises à la révolte parisienne, dominée pendant 5 ans par une assemblée monarchiste, la République a peu de chances de survivre. Elle doit son installation à la mésentente des monarchistes. En effet les royalistes sont divisés en deux groupes, les légitimistes, partisans du descendant de Charles X, le comte de Chambord, et les orléanistes. Après de nombreuses tractations les orléanistes et les légitimistes s'entendent sur le nom du comte de Chambord. Mais ce dernier exige le rétablissement du drapeau blanc, ce que refusent les orléanistes. En attendant la loi Rivet donne au chef de l'exécutif, Thiers, le titre de président de la République.

Les républicains qui ont prouvé grâce à la répression de la Commune de Paris qu'ils ne sont pas des révolutionnaires et savent maintenir l'ordre, gagnent la plupart des élections partielles. Faute de mieux, les orléanistes rompent avec les légitimistes et se rallient à l'idée d'un régime républicain. En 1875, toute une série de lois constitutionnelles est votée. Elle fera office de constitution pendant toute la durée de la troisième République. Le régime républicain est un régime parlementaire bicaméral. Le président de la République est élu pour 7 ans par les deux chambres, le Sénat et l'Assemblée nationale réunis en congrès à Versailles. Il est politiquement irresponsable. En 1876, les républicains remportent 360 des 500 sièges à pourvoir. Le conflit entre le président Mac-Mahon, un monarchiste et l’assemblée est inévitable. le 16 mai 1877, Mac-Mahon renvoie le président du Conseil, Jules Simon, républicain modéré et le remplace par Albert de Broglie, un royaliste. Il est mis en minorité par 363 voix républicaines, et Mac-Mahon fait dissoudre la chambre. Cet épisode est connu sous le nom de crise de 1877. Une campagne électorale agitée s'ensuit opposant les monarchistes aux républicains. Les républicains font bloc autour de Gambetta. Deux conceptions de la république s’affrontent. Pour Mac-Mahon, le président de la république est l’égal du Parlement. Il peut donc avoir sa propre politique et renvoyer les ministres qui n’ont pas sa confiance. En cas de conflit avec le Parlement, c’est le peuple qui tranche. Pour les Républicains, le président n’est qu’une figure symbolique. Il doit nommer des ministres dont les vues doivent être conformes à celle de la Chambre des députés. C’est la seule à représenter la souveraineté nationale car la seule élue au suffrage universel. L’imprécision des textes permet les deux interprétations. De nouveau, les Républicains remportent les élections. En 1879, le renouvellement partiel du Sénat leur permet d’acquérir la majorité dans cette chambre. La victoire des républicains est totale. Désavoué et sans appui, Mac-Mahon démissionne. Son successeur, le républicain Jules Grévy renonce volontairement à exercer ses prérogatives constitutionnelles (principalement le droit de dissolution) et s'interdit d'intervenir contre les vœux de l'Assemblée. Le président de la République se cantonne donc à une fonction représentative, laissant le pouvoir au président du Conseil et au Parlement. Les présidents de la IIIe République suivent cette pratique. En 10 ans la France est devenue républicaine.

L’enracinement de la République

La dégradation d'Alfred Dreyfus

Les républicains s'attachent à enraciner la République en établissant les grandes libertés : la liberté de réunion et de la presse en 1881, le droit de se syndiquer par la loi Waldeck-Rousseau de 1884, la possibilité de divorcer la même année. La loi de 1901 sur la liberté d’association permet la formation de partis politiques qui remplacent les groupements informels des clubs et des comités. Les premiers partis à se former sont le parti radical en 1901 et le parti socialiste, la SFIO en 1905.

La République se dote de ses grands symboles : le buste de Marianne, la Marseillaise qui redevient l'hymne national en 1878 et le 14 juillet comme fête nationale. En même temps, des grands républicains comme Victor Hugo ou Léon Gambetta reçoivent à leur mort des obsèques nationales.

Toutes ces lois sont en partie l'œuvre de Jules Ferry qui poursuit trois objectifs : étendre les libertés, soustraire l'école à l'emprise de l'Église catholique et « relever » la France de la défaite grâce à la colonisation. Cependant le nom de Jules Ferry évoque pour tous les Français l'instauration de l'école gratuite, obligatoire et laïque. En effet, pour rendre la république irréversible, la formation de jeunes générations parait indispensable. Or l'école est placée depuis la loi Falloux sous l'autorité de l'Église qui s'est toujours montrée une adversaire de la République. Jules Ferry fait voter toute une série de lois portant sur la question scolaire : création de lycées publics pour jeunes filles par Camille Sée en 1880 (même si ceux-ci ne permettent pas de passer le baccalauréat), instauration de l'école gratuite laïque et obligatoire par les lois Ferry de 1881-1882, laïcisation de personnel enseignant des écoles publiques. L'instituteur devient un des piliers de la République. C'est à lui que revient le devoir d'inculquer aux jeunes élèves la morale républicaine et l'amour de la patrie.

La lutte contre l'influence de l'Église est un thème qui permet l'émergence d'un nouveau parti à gauche de l'échiquier politique, le parti radical. L'attachement des Français à la République n'empêche pas celle-ci d'être secouée par de nombreuses crises dues à la montée de l'extrême droite et du nationalisme, le boulangisme dirigé par le général Georges Boulanger, la montée de l'antisémitisme et l'affaire Dreyfus. Ces événements montrent qu'il existe deux France, l'une conservatrice et revancharde, l'autre acquise aux idéaux révolutionnaires et au progrès social. Ce sont finalement les progressistes qui l'emportent. Les républicains forment un gouvernement d'union nationale dirigée par Waldeck-Rousseau entre 1899 et 1902. L'arrivée au pouvoir du parti radical en 1902 accentue la laïcisation de la société. En 1904, les congrégations religieuses n'ont plus le droit d'enseigner et un grand nombre d'entre elles sont expulsées de France. En 1905, sous l'impulsion du président du conseil Émile Combes, L'Assemblée nationale vote la loi de séparation de l’Église et de l'État. Les ministres du culte cessent d'être rétribués par l'État. Les biens mobiliers et immobiliers du culte sont nationalisés et mis à la disposition d'associations cultuelles religieuses après un inventaire de tous les biens nationalisés. Dans quelques régions, les inventaires ont donné lieu à des affrontements violents entre les catholiques et les forces de l'ordre, mais le phénomène reste marginal même s'il a beaucoup frappé les esprits. À partir de 1905, la religion devient une affaire privée.

La France coloniale

Empire colonial : carte indiquant le premier empire colonial français en bleu clair et le second en bleu foncé.

Faidherbe forme les fameux tirailleurs sénégalais qui accompliront la conquête des régions du Niger en 1898 avec des officiers comme Gallieni, Voulet-Chanoine, Fourreau-Lamy, Monteil et Gentil. Les touaregs opposeront une sérieuse résistance. En 1872, la France confère le statut de « commune française de plein exercice » à Saint-Louis, à Gorée et à Dakar et en 1880 à la ville de Rufisque. À compter de ces dates, les habitants de ces quatre communes sont citoyens français avec tous leurs droits et tous leurs devoirs, représentés dans les Assemblées parlementaires de France. À tout cela viendront s’ajouter la conquête du Gabon, du Congo, de la Mauritanie, de la Guinée, de la Haute-Volta, du Tchad, du Dahomey et de l’Indochine. En 1914 l’empire français est alors 22 fois plus grand que l’Hexagone.

Les conquêtes coloniales sont entreprises en partie pour des raisons économiques, apporter des matières premières des territoires colonisés à l’industrie française, créer des débouchés grâce aux colonats ou aux colonisés. Elles sont effectuées sous la pression de lobby coloniaux comme Afrique française ou Asie française (voir article sur l'Indochine française) dans lesquelles on trouve des banquiers, des hommes d’affaires, des journalistes, des parlementaires et des militaires. Les protestations contre cette expansion coloniale sont nombreuses ; c’est pour cela qu’on va mettre en place une propagande raciste pour montrer le bien fondé de la colonisation : la France apporte la « civilisation » aux peuples « sauvages » mais aussi une vision romantique de l’Asie ou l’Afrique. L’exposition coloniale de 1931 vit la reconstruction du temple d’Angkor Vat à Paris, mais aussi des zoos humains. Au total cette exposition attira à peu près 8 millions de visiteurs (dont 1 million d’étrangers)

Population et société

La France connaît un fort déclin démographique. Alors que, vers 1800, la France était deux fois plus peuplée que l'Allemagne et trois fois plus que le Royaume-Uni, elle compte, en 1913, moins d'habitants que chacun de ces deux pays. La France devient le pays du fils unique, protégé, poussé, sur lequel reposent les projets d'ascension sociale de la famille. Le malthusianisme français s’explique en partie par la volonté de ne pas diviser l’héritage familial. Face à la montée des tensions, la faiblesse démographique de la France inquiète. Pour pallier le manque de soldats, le service militaire est porté à trois ans en juillet 1913. Le recrutement de troupes coloniales a débuté dès la fin du XIXe siècle ; il s’accélère en 1910.

Autre conséquence, le recours à l’immigration. Elle apparaît comme une solution au déclin démographique. Elle est encouragée par l’instauration du principe du droit de sol pour l’obtention de la nationalité française en 1889. En 1914, la France compte 1,2 million d’étrangers venus de Belgique et d’Italie. Il est à noter que cet afflux d’étrangers provoque une série de réactions xénophobes.

La France reste ainsi un pays essentiellement agricole, comme le prouve la part du secteur primaire dans la population active (43,2% en 1906 ), alors que ce secteur représente moins du quart de la production nationale. L’exode rural qui a commencé en 1848 continue. Environ 35 000 personnes quittent chaque année les campagnes vers 1900. La petite exploitation domine. 80 % des exploitations ont moins de 10 hectares. Dans les petites exploitations, les rendements sont très médiocres, 13 quintaux de blé à l’hectare en moyenne voire 4 ou 5 dans les régions où les sols sont les plus pauvres. En fait, les petites exploitations pratiquent une polyculture vivrière où seule une petite partie de la production est commercialisée.

Au nord de la Loire existe une agriculture capitaliste et productive. Les années 1900 sont en effet celles d’une timide mutation agricole, semoirs mécaniques, moissonneuses deviennent plus courants dans ces exploitations. Leur poids électoral font des agriculteurs une préoccupation des Républicains. En 1881, le ministère de l’Agriculture est créé. Un tarif protectionniste est instauré en 1892 par Jules Méline pour protéger les petits agriculteurs de la baisse mondiale des prix agricoles.

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