Hisham Ibn Abd el Malik

Hisham Ibn Abd el Malik

Hicham ben Abd al-Malik

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Abû al-Wâlîd Hichâm ben `Abd al-Malik[1] est le dixième calife omeyyade. Il est le quatrième fils de `Abd al-Malik à porter le titre de calife. Il succéde à son frère Yazîd en 724.

Sommaire

Biographie

Il poursuit les réformes initiées par `Umar au cours d'un règne assez long. À l'instar de son frère Al-Walîd, Hishâm soutient les arts et l'éducation en faisant construire des établissements scolaires et aussi en encourageant la traduction de nombreux ouvrages en arabe.

Comme `Umar, il veut une application plus rigoureuse de la charia y compris au sein de sa famille. Son aptitude à promouvoir le clan omeyyade est un des facteurs, de son succès et démontre à quel point son frère Yazîd a été inefficace. Sur le terrain militaire, Hichâm envoie une armée qui vint à bout des rébellions Hindoues dans le Sind, raffermissant le domination des Omeyyades sur les Indes.

En Espagne, Hishâm rassemblea une armée considérable et envahit la France. En dépit de leurs succès ils sont arrêtés lors de la bataille de Poitiers gagnée par Charles Martel. L'empire musulman continue à dominer l'Espagne. Une révolte berbère en Afrique du Nord est réprimée avec un grand nombre de morts. Une autre révolte est réprimée rapidement, c'est celle de Zayd ben Ali, petit-fils d'Husayn ben Ali.

Malgré toutes ces réussites Hichâm ne peut empêcher la montée en puissance des abbassides en particulier dans le Khorasan et en Irak[2].

Campagnes contre les Khazars (724-737)

Al-Jarrah al-Hakamî s'était replié pour l'hiver à Scheki[3] et c'est là qu'il apprit la mort de Yazîd II (janvier 724).

Hichâm le confirma dans son poste. Il lui envoya des renforts pour reprendre la guerre contre les khazars.

En 730, le roi des khazars réunit une armée de 300 000 hommes. Sous le commandement de Barjik, fils du khagan, l'armée khazar traversa les gorges du Terek[4]. Il mettent le siège de Warthan[5]. Al-Jarrah ne put lever le siège. Une bataille de trois jours dite bataille de Marj Ardabil (ou Bataille d'Ardabil) eut lieu dans les plaines aux alentours d'Ardabil. Au cours de cette bataille Al-Jarrah fut tué combat (730). Les khazars prirent Ardabil, ils tuèrent tous les hommes en âge de combattre et réduisirent les femmes en captivité[6]. L'armée khazar envahit la province de Gilan et l'Azerbaïdjan puis le Kurdistan et le nord est de la Mésopotamie dans une tentative d'établir un royaume khazar au sud du Caucase.

Suite à la défaite de Al-Jarrah, Hichâm, nomma un nouveau gouverneur de l'Arménie Sa`îd ben `Amr al-Harachî. Avec lui l'armée arabe a repris en main la situation. Al-Harachî eut la chance de pouvoir surprendre le khagan dans un petit village et de le tuer alors qu'il était ivre. Un peu plus tard un contingent de khazars est détruit surpris dans leur sommeil au campement.

Cette campagne se termina par la défaite des khazars. Le fils du Khagan, Barjik, avait le crane d'Al-Jarrah en évidence sur son chariot. Le combat se termina par une sévère défaite pour Barjik. Il y a deux versions de ce qui est arrivé à Barjik :

  • Il a été désarçonné, blessé dans sa chute mais il a pu s'enfuir protégé par sa garde.
  • Il a été tué et sa tête a été envoyée au Calife[7].

Le calife releva Al-Harachî de ses fonctions et nomma Maslama ben Abd al-Malik à sa place (731). Maslama rejoignit Al-Harachî à Shirwân[8]. La rivalité entre les deux hommes aboutit à ce que Maslama a mis Al-Harachî en prison. Le calife donna l'ordre à Maslama d'élargir le prisonnier.

Maslama a fait le siège d'une ville proche de Shirwân. Les habitants demandèrent à capituler. Maslama déclara qu'il ne ferait pas mourir « un seul d'entre eux ». Les habitants se méprenant sur le sens de cette promesse, se sont rendus. Maslama tint parole : « il y avait 1000 combattants, 999 furent tués, un seul ne fut pas tué. Tous les autres habitants de la ville furent tués et la ville détruite[9] ».

En 731, des troupes khazars fraîches se sont rassemblées au nord du Caucase. Elles ont occupé Bâb[10] .

Maslama avança vers le nord en ne laissant qu'une petite garnison à Bâb sans prendre la ville et il continua sa route vers Balanjar[11]. Il fut contraint à une retraite rapide par l'arrivée d'une immense armée khazar. Malgré une marche forcée en direction de Bâb il a dû affronter l'armée khazar dans une bataille qui a duré une journée entière. Le Khagan a été blessé au cours du combat et les khazars se sont repliés. Les khazars essayèrent de fuir sur l'autre rive de la Volga. Ils ont été rejoints et le choix leur a été donné entre deux solutions : la conversion à l'islam ou l'épée. Ils choisirent la première[12].

Maslama est revenu vers Bâb toujours occupée par les khazars. Il a fait empoisonner l'eau de la ville avec des cadavres d'animaux en putréfaction jetés dans les réservoirs. Les habitants ont dû se rendre sans combat en un seul jour[13].

Maslama est tombé en disgrâce il est remplacé dans ses fonctions de gouverneur de l'Arménie par Marwân ben Muhammad et rentre à Damas (732).

En 732 une poussée musulmane importante a été contrariée par l'abondance des pluies et n'a donné que peu de résultats. Cette seconde guerre des Khazars se terminera en 737. Marwân entreprit simultanément une négociation avec le Khagan et une infiltration de troupes dans le territoire khazar. Le gros des troupes a traversé le Caucase par deux itinéraires différents et s'est rassemblé près de Samandar[14] la capitale des khazars. Après la prise de Samandar la nouvelle capitale des khazars fut Atil (ou Itil)[15].

Marwân ne poussa pas plus loin son avantage et laissa la conquête inachevée. Il se satisfit apparemment de la nomination du khagan comme gouverneur de la province des Khazars. Il dispersa l'armée et rentra en Irak.

La bataille de Poitiers (725)

Les armées d'Espagne ont franchi les Pyrénées dès 718. Le gouverneur d'Espagne Abd-er-Rahman a fait la conquête du sud de l'Aquitaine, de là il mène des raids plus au nord. Ainsi, la Septimanie (actuel Languedoc) est conquise, le duc d'Aquitaine Eudes repousse une grande invasion à Toulouse en 721 ; un raid remonte toute la vallée du Rhône et va même jusqu'à Autun en 725.

La bataille de Poitiers[16], « la chaussée des martyrs » dans les textes arabes, est une victoire de Charles Martel, maire du palais du royaume franc, sur les Sarrasins d'Abd-er-Rahman. Cette défaite des musulmans marque le point ultime des conquêtes arabes. Le 25 octobre 732, est la date la plus souvent admise pour cette bataille[17]. Les arabes restèrent dans le Languedoc jusqu'aux environs de 780.

Instabilité du Khorasan

Khâlid ben `Abd Allah al-Qasrî avait été nommé gouverneur des deux Irak. Un troupe nombreuse était partie faire la guerre aux turcs. Elle traversa l'Amou-Daria et se dirigea vers la Sogdiane. Cette armée dut faire demi-tour et revenir dans le Khorasan. Les deux années suivantes ce fut le même échec. Khâlid destitua ses généraux car « responsables de ces échecs ». Il leur fit raser la barbe, se dépouiller de leurs vêtements et les envoya enchaînés en Irak. Hichâm fut très irrité de ce comportement et nomma Aschras ben `Abd Allah comme gouverneur du Khorasan. Celui-ci partit vers Boukhara où séjournait une armée turque de 100 000 hommes. Plus de 1000 musulmans furent tués mais les turcs s'enfuirent vers Samarcande. Hichâm destitua Aschras pour le remplacer par Junayd ben `Abd ar-Ra'hmân, il traversa l'Amou-Daria et l'armée turque composée de 70 000 homme vint à sa rencontre. Le combat tourna à l'avantage des musulmans qui tuèrent environ 3 000 ennemis. Aschras retraversa l'Amou-Daria pour passer l'hiver à Merv.

Au printemps, Samarcande fut prise. La ville fut aussitôt assiégée par les turcs qui rendirent la route de la plaine entre Boukhara et Samarcande impraticable. Les armées arabes allant au secours de Samarcande tombèrent dans un piège en essayant d'y parvenir par la montagne. La troupe arabe de 20 000 hommes fut anéantie. Un nouveau renfort de 40 000 arriva de Merv et cette fois les arabes vinrent à bout des turcs. Junayd mourut à son retour à Merv. Un de ses lieutenant fit une tentative de révolte. Hichâm nomma Yousef ben `Umar comme gouverneur du Khorasan[18].

Révoltes berbères en Afrique du Nord (739-740)

Hichâm avait maintenu le système instauré par ses frères de percevoir la capitation (jiziya) sur les nouveaux convertis comme s'ils étaient encore des dhimmis afin d'assurer des recettes fiscales plus importantes. Les gouverneurs de Tanger et du Souss montrèrent beaucoup de zèle dans l'application de cette politique. Il y eut une révolte de ces contribuables, menée par un porteur d'eau kharidjite sufrite nommé Maysara al-Matgharî (739-740). Les insurgés prirent Tanger[19].

Les armée arabes ayant été battues, Hichâm envoya ses meilleures troupes de Syrie. Elle furent battues par les berbères sur les rive du Sebou (742). Le gouverneur d'Égypte Handhala ben Safwan intervint à son tour et arrêta les deux armées kharidjites au cours de deux batailles à Al-Qarn et à El-Asnam (Chlef en Algérie) alors qu'elles menaçaient Kairouan (avril-mai 742)[20].

Révolte de Zayd ben `Alî en Irak (740)

Vers 740, Yousef ben `Umar voyant que les chiites commençaient à s'agiter à Koufa, demanda à Zayd ben `Alî de quitter la ville. Zayd finit par s'en aller à Médine, mais là ses partisans le convainquirent que sa place était à Koufa où il revint. De Koufa, Zayd envoyait des lettres appelant la population de toutes les provinces à se rallier à lui contre les omeyyades. Zayd s'aliéna les chiites les plus extrêmes en ne voulant pas récuser les califes Abû Bakr et `Umar[21]. Néanmoins Zayd crut avoir rassemblé des forces suffisantes pour se lancer au combat. Zayd fut tué au cours du combat qui s'en suivit. Yousef ben `Umar fit exhumer le cadavre de Zayd , le fit décapiter puis mettre en croix dans les rues de Koufa, les chefs de la conspiration furent mis à mort et brûlés (740)[22].

Hichâm est mort le 6 février 743[23].

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Yazîd II
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(724-743)
Al-Walîd II


Notes

  1. arabe : ʾabū al-walīd hišām ben ʿabd al-malik, أبو الوليد هشام بن عبد الملك) (690-743
  2. (en) Hisham ibn Abd al-Malik
  3. Lieu non identifié
  4. Gorges qui permettent de passer de l'Ossétie du Nord ou d'Ingouchie actuelles vers la Géorgie.
  5. Tabari, La Chronique (Volume II, Les Omayyades), Actes-Sud (ISBN 2-7427-3318-3)  Lieu non identifié.
  6. Tabari, ibidem, p. 238
  7. Tabari, ibidem, p. 238-244
  8. Shirwân : Plusieurs emplacements sont proposés pour ce nom
  9. Tabari, ibidem, p. 245
  10. Bâb ou Bâb al-Abwâb (باب لابوبا, porte des Portes) nom arabe de Derbent au Daghestan, appelée « les portes d'Alexandre », « les portes de fer » , « les portes de la Caspienne », emplacement d'un mur construit à l'époque des Sassanides pour se protéger des incursions de « barbares ».
  11. Ville mal identifiée mais située au Daghestan actuel. Peut-être à l'emplacement de la capitale actuelle Makhatchkala , voir (en) Balanjar
  12. Tabari, ibidem, p. 246-252
  13. Tabari, ibidem, p. 248
  14. Ville disparue située entre Kizliar (Russe: Кизля́р) au Daghestan et la mer Caspienne, voir (en) Samandar.
  15. Ville située en Russie dans le delta de la Volga, région d'Astrakhan
  16. arabe : balāṭ al-šuhadāʾ, بلاط الشهداء, la chaussée des martyrs
  17. Bataille de Poitiers
  18. Tabari, ibidem, p. 253-257
  19. Charles-André Julien, Histoire de l'Afrique du Nord, Des origines à 1830, Grande Bibliothèque Payot (ISBN 2-228-88789-7) 
  20. Charles-André Julien, ibidem, p. 364
  21. Ibn Khaldûn, Le livre des exemples, Volume I, Muqaddima III, Gallimard collection La Pléiade (ISBN 2-07-011425-2) p. 483-486
  22. Tabari, ibidem, p. 258-264
  23. 6 Rajab 2, 125 A.H. d'après Tabari, ibidem, p. 266

Voir aussi

Articles connexes : Omeyyades et Liste des califes.

Sources

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