- Maysara
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Maysara al-Madghari est un chef berbère (amazigh) du VIIIe siècle, à l'origine d'une révolte contre le califat omeyyade en 739-740.
La révolte
Hichām Ibn Abd Al-Malik, 10e calife omeyyade de Damas (Syrie actuelle), avait maintenu le système instauré par ses frères de percevoir la capitation (jiziya) sur les nouveaux convertis berbères comme s'ils étaient encore des dhimmis afin d'assurer des recettes fiscales plus importantes. Les gouverneurs de Tanger et du Souss montrent beaucoup de zèle dans l'application de cette politique, ce qui provoque la révolte des contribuables, dirigée par un ancien porteur d'eau kharidjite de Kairouan nommé Maysara.
En 739 il conduit une délégation auprès du calife Hicham pour présenter les doléances des Berbères : égalité dans le partage du butin et arrêt de la pratique qui consiste à éventrer les brebis pour obtenir la fourrure des fœtus[1]. Les plaintes parviennent au calife mais il ne donne pas de réponse, ce qui déclenche la révolte à Tanger. Maysara s’empare de la ville, tue le gouverneur Omar Ibn Abdallah et se proclame calife. Il réussit à empêcher le débarquement d’une armée arabe envoyée d’Espagne. Le gouverneur d'Espagne Uqba ibn al-Hajjaj intervient en personne mais ne parvient pas à reprendre Tanger, tandis que Maysara s'empare du Souss dont il tue le gouverneur. Puis Maysara, se conduisant comme un tyran, est déposé et tué par les siens, et remplacé par Khalid ibn Hamid al-Zanati. Sous son commandement, les Berbères sont victorieux d’une armée arabe à Nobles, sur les bords du Chelif, au début de 740[2].
Les troupes arabes ayant été battues, Hichām envoya des troupes de Syrie dirigées par Kulthum ibn Iyad. Elles sont battues par les Berbères sur les rive du Sebou en octobre 741[2]. Le gouverneur égyptien Handhala Ibn Safwan intervint à son tour, arrête les deux armées kharidjites au cours de deux batailles à Al-Qarn et à El-Asnam (actuelle Algérie) alors qu'elles menaçaient Kairouan (actuelle Tunisie) (printemps 742)[3].
Citation
Le livre Langues et pouvoir en Algérie, histoire d'un traumatisme linguistique, de Mohamed Ben Rabah, rapporte un extrait d’une lettre que Maysara envoie au calife de Damas sur le comportement des conquérants arabes :
- « Informe le Prince des Croyants que notre émir nous mène en expédition avec sin jund et qu'il distribue à celui-ci le butin que nous avons fait, disant que nous avons plus que de mérite. S'il y a une ville assiégé, c'est nous qu'il met au premier rang, disant que notre mérité au ciel ne sera que plus appréciable. Et pourtant les gens comme nous valent bien ses frères ! […] Tout cela, nous l'avons supporté, mais quand ensuite, ils ont enlevé les plus belles de nos filles, nous leur avions dit qu'en tant que musulmans, nous ne trouvons pareil fait autorisé ni par la Livre, ni par la pratique du prophète... »
La réponse du calife de Damas fut l'imposition d'un impôt, faisant des Berbères des esclaves ennemis de l'islam.
Notes et références
- Encyclopédie berbère, Volume 27 Gabriel Camps, (ISBN 2857442017 et 9782857442011)
- Histoire de l'Espagne musulmane, Volume 1 Maisonneuve & Larose, 1999 (ISBN 2706813865 et 9782706813863) Évariste Lévi-Provençal
- A history of the Maghrib in the Islamic period Cambridge University Press, 1987 (ISBN 0521337674 et 9780521337670) Jamil M. Abun-Nasr
Catégorie :- Personnalité berbère
- « Informe le Prince des Croyants que notre émir nous mène en expédition avec sin jund et qu'il distribue à celui-ci le butin que nous avons fait, disant que nous avons plus que de mérite. S'il y a une ville assiégé, c'est nous qu'il met au premier rang, disant que notre mérité au ciel ne sera que plus appréciable. Et pourtant les gens comme nous valent bien ses frères ! […] Tout cela, nous l'avons supporté, mais quand ensuite, ils ont enlevé les plus belles de nos filles, nous leur avions dit qu'en tant que musulmans, nous ne trouvons pareil fait autorisé ni par la Livre, ni par la pratique du prophète... »
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