H. Reeves

H. Reeves

Hubert Reeves

Hubert Reeves
Hubert Reeves en juin 2004
Hubert Reeves en juin 2004

Naissance 13 juillet 1932
Montréal
Nationalité Canada Canadien
France Français
Profession(s) Astrophysicien
Écrivain
Autres activités Président de la Ligue ROC

Hubert Reeves (13 juillet 1932 à Montréal, au Québec au Canada -) est un astrophysicien québécois.

Sommaire

Biographie

Jeunesse et formation

Hubert Reeves fait ses études classiques chez les Jésuites, au Collège Jean-de-Brébeuf. C'est à cette époque qu'il observe pour la première fois Saturne à l'aide d'un télescope qu'il a fabriqué. Selon lui, cette expérience a été déterminante quant à son choix d'une carrière scientifique[1].

Inscrit à la faculté des Sciences de l'Université de Montréal, il obtient un baccalauréat des sciences en physique (1953), puis il présente, à l'Université McGill, un mémoire de maîtrise intitulé Formation of Positronium in Hydrogen and Helium (1955).

Il poursuit ses études en astrophysique nucléaire à l'Université Cornell (Ithaca, N.Y.), où il côtoie plusieurs physiciens contemporains tels George Gamow, Richard Feynman, Fred Hoyle, Philip Morrison et Ed Salpeter, qui est son directeur de thèse[2]. En 1960, il soutient sa thèse de doctorat, intitulée Thermonuclear Reaction Involving Medium Light Nuclei.

Début de sa carrière de professeur universitaire

De 1960 à 1964, il enseigne la physique à l'Université de Montréal, tout en étant conseiller scientifique à la NASA.

Cette période coïncide avec la Révolution tranquille québécoise qui entraîne, entre autres, un certain mouvement francophile chez plusieurs professeurs de l'Université de Montréal. Reeves, qui refuse de n'utiliser que des manuels scolaires francophones, perçoit une dégradation du climat de travail lorsque certains de ses collègues professeurs lui font des remarques aigres, ce qui lui donne envie d'« aller voir ailleurs ». Le refus de collaboration entre des professeurs des universités de Montréal et McGill sur un projet d'accélérateur de particules fut, selon Reeves, déterminant quant à son choix de quitter le Québec[3]. Durant un stage d'été au centre nucléaire de Chalk River, en Ontario, il se voit proposer de donner une série de cours à des chercheurs belges de physique nucléaire. Quelques mois plus tard, Caltech lui offre un poste au sein du laboratoire de William Fowler.

Hubert Reeves, voulant réaliser un vieux rêve de s'établir en Europe et s'étant déjà engagé envers les Belges, demande à Caltech de reporter son offre d'un an, ce qui lui est refusé. Selon Reeves, cet événement a refroidi ses relations avec cette université jusqu'à la fin des années 1960[4].

Départ du Québec pour l'Europe

L'Université de Montréal accorde à Hubert Reeves une année sabbatique et ce dernier déménage, en 1964, à Bruxelles. Il commence à enseigner à l'Université libre où il constate, entre autres, une forte différence entre l'Amérique du Nord et l'Europe dans les relations professeur-étudiants[5]. La même année, recevant une invitation de l'Académie des sciences soviétique, il fait un séjour en URSS où il rencontre, notamment, Iakov Zeldovitch[6]. Reeves est profondément marqué par la culture communiste instaurée dans ce pays[7].

Un physicien travaillant au laboratoire d'Orsay participe à une séance d'enseignement de Reeves et lui offre de venir travailler avec lui. Reeves demande une seconde année sabbatique à l'Université de Montréal, qui la lui accorde. Le CNRS français lui offre un poste et la famille Reeves déménage en France en 1965[8].

Durant cette période, les groupes de recherche en astrophysique nucléaire du laboratoire d'Orsay et du laboratoire de Fowler, à Caltech, s'ignorent mutuellement dans leurs publications respectives. D'après Reeves, les relations entre ces groupes de recherche se sont améliorées lors d'une intervention de Fowler à une conférence à Jérusalem en 1969. Le froid aurait pris définitivement fin lors d'une publication commune aux deux laboratoires en 1970[9].

En 1971, Reeves publie avec deux de ses étudiants, Jean Audouze et M. Meneguzzi, un article[10] fondamental concernant la nucléosynthèse stellaire. Quatorze ans après le célèbre article B2FH, cet article permettait de combler le vide existant entre les éléments fabriqués lors du Big Bang (l'Hydrogène, l'Hélium et quelques traces de Lithium) et ceux produits lors de la vie des étoiles, soit tous ceux situés après le carbone dans le Tableau périodique des éléments de Dmitri Mendeleïev. Tout comme B2FH, cet article clef est plus connu sous les initiales de ses auteurs : MAR.

Vulgarisateur scientifique

Dans les années 1970, Reeves commence à s'exprimer publiquement sur divers sujets liés, entre autres, à la physique nucléaire. C'est lors de vacances à Carry-le-Rouet, où il partage, nuit après nuit, ses connaissances en astronomie avec d'autres vacanciers, qu'il commence réellement une carrière de vulgarisateur scientifique[11]. Suite à la suggestion d'une amie, il décide de mettre par écrit ses connaissances et commence la rédaction de Patience dans l'azur, dont le titre est inspiré d'un poème de Paul Valéry. Le manuscrit, refusé par une trentaine de maisons d'édition, est réécrit par Reeves avec l'aide de son ami physicien Jean-Marc Lévy-Leblond, pour être finalement publié en 1981. Le livre connaît un grand succès après sa présentation à l'émission Apostrophes de Bernard Pivot[12].

Les éléments lourds de l'Univers se forment à l'intérieur des étoiles massives et sont rejetés dans l'espace à la mort de ces dernières.

Plusieurs lecteurs d'Hubert Reeves lui écrivent des lettres qui influencent la pensée et les choix d'écriture du scientifique[13]. Ainsi, une lectrice de Patience dans l'azur lui envoie une lettre qui l'inspire à écrire Poussières d'étoiles, sorti en 1984 et dans lequel il met en exergue un passage de la lettre qui l'a inspiré : « On m'a dit : Tu n'es que cendres et poussières. On a oublié de me dire qu'il s'agissait de poussières d'étoiles. »[14]. Dans ce livre, il rappelle, entre autres, que les atomes qui composent la Terre et ses habitants ont été en grande partie constitués à l'intérieur des étoiles massives et ont été disséminés dans l'espace lors de la mort de ces dernières.

Certains lecteurs critiquant ce qu'ils considèrent un positivisme excessif chez Reeves, ce dernier décide, en 1984, d'écrire sur la plus grande menace planétaire perceptible à l'époque, celle engendrée par la guerre froide. Il publie ainsi L'Heure de s'enivrer en 1986, où il dresse, entre autres, un portrait inquiétant des arsenaux nucléaires des deux grandes puissances américaine et soviétique[15].

Pyramide de la complexité telle que développée par Reeves.

Il anime une série d'émissions-conférences télévisées intitulée Histoire de l'Univers qui sera diffusée à plusieurs reprises au cours des années 1990 et 2000 au Canal Savoir[16]. Il y reprend, entre autres, l'idée de la pyramide de la complexité, un concept, développé dans L'Heure de s'enivrer, décrivant la complexification de l'Univers, du Big Bang jusqu'à aujourd'hui.

En 2000, il fait don de 100 000 dollars canadiens à l'Université Laval pour créer les Fonds Hubert-Reeves qui permettent d'offrir chaque année des bourses à des étudiants de deuxième cycle en astrophysique[17].

Ses principaux ouvrages, Patience dans l'azur, Poussières d'étoiles et L'Heure de s'enivrer, ont connu un énorme succès et ont été traduits dans plusieurs langues.

Par ailleurs, Hubert Reeves participe à des émissions télévisées de vulgarisation scientifique, dont la plus emblématique, dans le passé, fut sans doute la Nuit des étoiles, diffusée sur la chaîne publique française France 2.

Militant écologiste

À l'aube des années 2000, sensibilisé à l'impact environnemental de l'activité humaine, Hubert Reeves devient un militant pour la défense de l'environnement. Depuis 2001, il préside la Ligue ROC pour la préservation de la faune sauvage et la défense des non-chasseurs, une association loi de 1901 reconnue d'utilité publique. En 2003, il publie le livre Mal de Terre qui fait un constat inquiétant de l'état de l'environnement terrestre[18]. Il participe également à une conférence avec le biologiste David Suzuki, Alerte climatique, donnée à Montréal le 26 octobre 2005. Cette conférence, organisée par Équiterre en collaboration avec l'Université du Québec à Montréal et les Éditions du Boréal, est prononcée devant 3 400 personnes au Palais des congrès de Montréal[19],[20].

En 2005 et en 2007, Hubert Reeves publie deux livres reprenant ses chroniques diffusées sur France Culture : Chroniques du ciel et de la vie et Chroniques des atomes et des galaxies. Son avant dernier livre, Je n'aurai pas le temps, retrace le parcours scientifique de l'auteur depuis son enfance à Montréal jusqu'à aujourd'hui.

Hubert Reeves en 2008

Hubert Reeves est membre du comité de parrainage de la Coordination française pour la Décennie de la culture de paix et de non-violence.

En 2007, certaines de ses pensées sont utilisées dans l'album Du simple au néant, des Ogres de Barback.

Bibliographie

  • Évolution stellaire et photosynthèse 1968
  • Soleil, 1977 (en collaboration avec Jacques Véry) (livre pour les enfants), réédité en 1990 et 2006 (ISBN 2020906767)
  • Patience dans l'azur, 1981, (ISBN 202010170X)
  • Poussières d'étoiles, 1984, (ISBN 2020069830)
  • L'heure de s'enivrer, 1986, (ISBN 202014400X)
  • Malicorne, 1990, (ISBN 2020206250)
  • Dernières nouvelles du cosmos, 1994, (ISBN 2020228319)
  • La première seconde, 1995, (ISBN 2020260123, ISBN 2020225883)
  • L'espace prend la forme de mon regard, 1995, (ISBN 202053052X)
  • La plus belle histoire du monde, 1996 (en collaboration avec Yves Coppens, Joël de Rosnay et Dominique Simonnet), (ISBN 2020505762)
  • Intimes convictions, 1997, (ISBN 2804606414)
  • Oiseaux, merveilleux oiseaux, 1998, (ISBN 2020612496)
  • Sommes-nous seuls dans l'univers ?, 2000 (en collaboration avec Nicolas Prantzos, Alfred Vidal-Madjar et Jean Heidmann) (ISBN 2213605548, ISBN 2253153516)
  • Mal de Terre, 2003, (ISBN 2020790645)
  • Chroniques du ciel et de la vie, 2005, (ISBN 2020800306)
  • Chroniques des atomes et des galaxies, 2007. (ISBN 978-2020812993)
  • Je n'aurai pas le temps, 2008. (ISBN 978-2020974943)
  • Petite histoire de la matière et de l'univers, 2008, (ISBN 978-2746503915)

Filmographie

  • Les étoiles naissent aussi 1979
  • Le Soleil, notre étoile, 1980
  • La vie dans l'univers, Série de 12 émissions de 15 minutes, 1982
  • Un soir, une étoile, Série de 66 émissions de 2 minutes, 1984
  • Hubert Reeves : Conteur d'étoile, ONF, 52 minutes version VHS, 89 minutes version DVD 2003[21]

Titres et distinctions honorifiques

En 1999, l'astéroïde (9631) Hubertreeves a été nommé en son honneur par l'Union astronomique internationale.

Notes et références

  1. Hubert Reeves, Je n'aurai pas le temps, Éditions du Seuil, avril 2008 (ISBN 978-2-02-097494-3), p. 50-51. 
  2. Reeves (2008), op. cit., p. 115
  3. Reeves (2008), op. cit., p. 149-150
  4. Reeves (2008), op. cit., p. 155-156
  5. Reeves (2008), op. cit., p. 154 à 158
  6. Reeves (2008), op. cit., p. 195
  7. Reeves (2008), op. cit., p. 164 à 207
  8. Reeves (2008), op. cit., p. 211-212
  9. Reeves (2008), op. cit., p. 223-224
  10. (en) M. Meneguzzi, Jean Audouze & Hubert Reeves, The production of the elements Li, Be, B by galactic cosmic rays in space and its relation with stellar observations, Astronomy & Astrophysics, 15, 337-359 (1971) Voir en ligne.
  11. Reeves (2008), op. cit., p. 261
  12. Reeves (2008), op. cit., p. 262-263
  13. Reeves (2008), op. cit., p. 264
  14. Hubert Reeves, Poussières d'étoiles, Éditions du Seuil, octobre 1984, (ISBN 2-02-006983-0), p. 9.
  15. Reeves (2008), op. cit., p. 267
  16. Service des communications, « L'UQAM sur les ondes du Canal Savoir », 21 août 2007, Université du Québec à Montréal. Consulté le 29 mars 2009.
  17. Création du fonds de Bourses Hubert-Reeves sur www.ulaval.ca, Décembre 2000, Le Fulanthrope de la Fondation de l'Université Laval. Consulté le 20 décembre 2008.
  18. Reeves (2008), op. cit., p. 273 à 275
  19. Hubert Reeves et David Suzuki: Alerte Climatique à Montréal sur sur-la-toile.com, 27 octobre 2005. Consulté le 15 mars 2009.
  20. David Pagé, « Hubert Reeves et David Suzuki en grande conférence à Montréal », 26 octobre 2005, Actu-Environnement. Consulté le 15 mars 2009.
  21. Iolande Cadrin-Rossignol, « Hubert Reeves : conteur d'étoiles » sur Office national du film du Canada, 2002. Consulté le 9 octobre 2009. « FilmONF »

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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