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Gustave Louis Chaix d'Est-Ange
Gustave Louis Adolphe Victor Aristide Charles Chaix d'Est-Ange est un avocat et homme politique français, né à Reims le 23 germinal an VIII (11 avril 1800), mort à Paris le 14 décembre 1876.
Sommaire
Biographie
Gustave Louis Chaix d'Est-Ange était le fils d'un procureur général près la cour de justice criminelle de Reims. Ses parents vinrent se fixer à Paris après la suppression de cette cour et son père le laissa orphelin à dix-neuf ans. Après des études au Lycée de Reims comme boursier de la ville, il venait de terminer ses études de droit, et devait soutenir sa mère et sa jeune sœur avec 600 francs pour tout héritage.
Un ténor du barreau sous la Restauration et la monarchie de Juillet
Mais son talent oratoire, qu'il mit d'abord au service de la cause libérale, lui valut une réputation précoce au barreau de Paris où il s'était inscrit comme avocat. Il se vit confier plusieurs causes importantes : l'affaire des événements de juin 1820, celle de la conspiration du 19 août de la même année. En 1821, il défendit devant la Cour des pairs et fit acquitter Charpenay, accusé de complot militaire. [réf. nécessaire] Il rédigea une piquante consultation relative aux publications philosophiques du colonel Touquet, et sa mordante plaidoirie dans le procès des quatre sergents de La Rochelle acheva d'établir sa réputation.
Le procès de Cauchois-Lemaire, poursuivi en 1828 pour une lettre adressée au duc d'Orléans, lui fournit l'occasion de substituer à des points de fait délicats à traiter une brillante thèse de droit constitutionnel, habilement parsemée de références à la constitution anglaise. Il obtint encore un vif succès dans le débat survenu, à propos d'une question de propriété littéraire, entre MM. Pouillet et Grosselin. Dans l'affaire du parricide Benoit, plaidant pour la partie civile, et peignant des couleurs les plus vives le meurtre de la mère égorgée par son fils, il arracha presque en pleine audience un aveu au coupable. Il rencontra moins de sympathies auprès du public lorsqu'il revendiqua, à propos de la pièce de Victor Hugo, Le Roi s'amuse, supprimée par la censure, le droit pour l'autorité d'examiner au préalable les ouvrages dramatiques ; Victor Hugo plaida lui-même sa cause, qu'il perdit d'ailleurs (1832).
De 1842 à 1844, Chaix d'Est-Ange fut bâtonnier de l'ordre des avocats du barreau de Paris.
Une carrière parlementaire incertaine sous la monarchie de Juillet
Le 18 février 1831, Chaix d'Est-Ange fut élu député par le 3e arrondissement électoral de la Marne (Reims), en remplacement de M. Robert-Lucas, démissionnaire. Il vota tantôt avec les centres, tantôt avec l'opposition. Mais il ne se représenta pas aux élections générales qui eurent lieu quelques mois plus tard. Ce premier et court passage au parlement n'avait pas répondu aux espérances du parti libéral, à en juger par cet extrait d'un des compte-rendus de la Société « Aide toi, le ciel t'aidera » : « Il paraît certain que M. Chaix d'Est-Ange ne se représentera pas aux suffrages des électeurs. Ce qui a manqué au jeune et brillant avocat, est d'arriver à la Chambre avec des principes arrêtés, des idées formées sur les grandes questions qu'agite et que résout la représentation nationale. C'est qu'il ne suffit point, pour être bon député, d'avoir plaidé avec talent et patriotisme quelques causes politiques : le barreau et la Chambre ont des allures toutes différentes et la facilité de parole si utile au premier est quelquefois dangereuse pour l'autre. » [1]
Il retrouva le barreau jusqu'au 25 avril 1836, date à laquelle il fut élu à Reims en remplacement de M. Leroy-Myou, démissionnaire. Son mandat lui fut renouvelé le 4 novembre 1837 puis le 2 mars 1839. Il quitta de nouveau la Chambre aux élections générales de 1842, mais le décès de son successeur, M. Houzeau-Muiron, l'y ramena le 28 novembre 1844 (414 voix contre 344 à Léon Faucher), mais il fut battu en 1846.
Durant les différentes législatures dont il fit partie, Chaix d'Est-Ange monta plusieurs fois à la tribune. Le 2 mars 1837, il prononça contre la loi de disjonction un discours qui eut beaucoup de retentissement. Après avoir tracé le tableau des malheurs qui surgiraient de l'adoption de la loi, il s'écria : « Au nom du ciel, messieurs, au nom de la justice qui est bonne, qui est sainte pour tous, qui protège les gouvernements comme les individus, la société comme les accusés ; au nom de la justice elle-même, ne faites pas cela ! N'exposez pas notre justice ; elle est pure et respectée, elle est exposée à des faiblesses, à des erreurs ; mais ne multipliez pas les exemples qu'elle en donne, et que le respect public qui s'attache encore à elle lui soit maintenu. »[2] Il se fit encore applaudir par l'opposition en rappelant à Guizot, alors ministre de l'Instruction publique, des paroles qu'il avait prononcées en 1820 alors qu'il était dans l'opposition. Dans la discussion du projet d'adresse en réponse au discours du trône (14 janvier 1839), il protesta contre l'abandon d'Ancône et contre une politique qui lui semblait contraire à la dignité du pays. Il parla encore sur le projet de loi relatif à la navigation intérieure, sur les questions intéressant la propriété littéraire, etc.
Il suivit le plus souvent dans ses votes les inspirations de Thiers, ce qui lui attira ce conseil d'un biographe : « Que M. Chaix d'Est-Ange y prenne garde : la bannière de M. Thiers flotte un peu à tout vent, elle est un peu taillée en girouette, et tourne selon que le vent du Château est à la faveur ou à la disgrâce. »[2]
Des honneurs éclatants sous le Second Empire
Sous la Deuxième République, Chaix d'Est-Ange se rallia à la politique de Louis-Napoléon Bonaparte. En 1857, il entra dans la magistrature impériale comme procureur général près la cour de Paris. Peu après, il fut nommé conseiller d’État (1858), puis sénateur (2 novembre 1862).
Le 18 octobre 1863, il fut nommé vice-président du Conseil d'État[3] puis président de la section des Travaux publics et des Beaux-Arts (6 octobre 1864).
Comme commissaire du gouvernement, il avait pris part à plusieurs discussions importantes au Corps législatif. Au Sénat impérial, il participa également à un certain nombre de débats : en mars 1868, ce fut lui qui présenta à cette assemblée le rapport sur la pétition des catholiques demandant la liberté de l'enseignement supérieur.
Membre et vice-président du conseil municipal de Paris, après avoir été, pendant les premiers temps de l'administration du baron Haussmann, l'avocat de la ville.
Chevalier de la Légion d'honneur en 1834, officier en 1845, commandeur en 1858, grand-officier en 1861, il fut élevé à la dignité de grand-croix le 13 août 1871.
Il était un amateur d'art et de littérature et un grand collectionneur : « Son hôtel est un musée où toutes les curiosités de l'art se sont données rendez-vous » dit de lui Gustave Bourdin[4].
Baudelaire dans le Salon de 1845 signalait son portrait par Hippolyte Flandrin. En janvier 1862, Sainte-Beuve le pressentit pour l'Académie française au fauteuil de Lacordaire auquel avait pensé Baudelaire.
La chute du Second Empire le rendit à la vie privée.
Il se marie à Claire Delaporte. Il était le père de Gustave Chaix d'Est-Ange (9 juillet 1832 à Paris - 22 mai 1887 à Paris), chevalier de la L.H, avocat, conseiller général de la Gironde et député de la Gironde sous le Second Empire qui plaida le jeudi 20 août 1857 lors du célèbre procès contre Baudelaire au sujet des Fleurs du Mal. Il était aussi le beau-père d'Edmond Gressier.
Références
Lien externe
Sources
- Cet article contient tout ou partie d'un document provenant du site La vie rémoise
- « Gustave Louis Chaix d'Est-Ange », dans Adolphe Robert, Edgar Bourloton et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français (1789-1891), XIXe siècle [détail de l’édition] (Wikisource)
Notes
- ↑ cité par le Dictionnaire des parlementaires français
- ↑ a et b ibidem
- ↑ Sous le Second Empire, ce titre ne correspond pas, comme aujourd'hui, à la présidence effective du Conseil d'État mais bien à une simple vice-présidence.
- ↑ « Figaro au Palais », Le Figaro, 18 février 1855
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