Gerboise rouge

Gerboise rouge

Essais nucléaires français

Vue d'artiste de la bombe AN-11

Il y a eu à ce jour 210 essais nucléaires français. Suite à la signature en 1996 du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICE), la France s'est engagée à ne plus jamais réaliser d'autres essais nucléaires. Depuis, les essais nucléaires sont effectués à l'aide de simulations et d'expériences de fissions et fusions à très petite échelle.

Sommaire

Les premiers essais en Algérie (1960-1966)

Les essais aériens à Reggane

Un champ de tir a été créé à Reggane, au centre du Sahara algérien et à 600 kilomètres au sud de Bechar. Les tirs ont été effectués à partir d'une tour située plus précisément à Hamoudia, à une cinquantaine de kilomètres au sud-ouest de Regganne.

Liste des essais aériens
Date Nom de code Puissance
(en kilo-tonnes de TNT)
13 février 1960 Gerboise bleue 70 kt
1er avril 1960 Gerboise blanche moins de 5 kt
27 décembre 1960 Gerboise rouge moins de 5 kt
25 avril 1961 Gerboise verte moins de 5 kt

Le rapport annuel du CEA de 1960 montre l'existence d'une zone contaminée de 150 km de long environ.

À la suite immédiate du putsch des Généraux (23 avril 1961) (ou « putsch d'Alger »), le gouvernement français a ordonné la détonation du 25 avril 1961 (Gerboise verte) afin que l'engin nucléaire ne puisse tomber dans les mains des généraux putchistes[1].

Les essais en galerie au Hoggar

La France doit abandonner les essais aériens à la faveur d'essais souterrains, moins polluants. Le site choisi In Ecker (Sahara algérien) se trouve au sud de Reggane et à environ 150 km au nord de Tamanrasset. Les tirs sont réalisés en galerie, celles-ci étant creusées horizontalement dans un massif granitique du Hoggar, le Tan Afella. Ces galeries se terminaient en colimaçon pour casser le souffle des explosions et étaient refermées par une dalle de béton. Elles devaient permettre un bon confinement de la radioactivité.

Le 7 novembre 1961, la France réalise son premier essai nucléaire souterrain. Mais le 1er mai 1962, lors du deuxième essai souterrain, un nuage radioactif s'est échappé de la galerie de tir. C'est l'accident de Béryl (du nom de code de l'essai).

De novembre 1961 à février 1966, treize tirs en galerie ont été effectués dont quatre n'ont pas été totalement contenus ou confinés (Béryl, Améthyste, Rubis, Jade). Malgré cela, ce système donnait satisfaction mais les Accords d'Évian ayant prévu que la France devait abandonner ses expériences au Sahara, l'État français a dû se mettre à la recherche d'un autre site.

Liste des 13 essais souterrains au Sahara
Date Nom de code Puissance
(en kilo-tonnes de TNT)
7 novembre 1961 Agathe moins de 20 kt
1er mai 1962 Béryl moins de 30 kt
18 mars 1963 Émeraude moins de 20 kt
30 mars 1963 Améthyste moins de 5 kt
20 octobre 1963 Rubis moins de 100 kt
14 février 1964 Opale moins de 5 kt
15 juin 1964 Topaze moins de 5 kt
28 novembre 1964 Turquoise moins de 20 kt
27 février 1965 Saphir moins de 150 kt
30 mai 1965 Jade moins de 5 kt
1er octobre 1965 Corindon moins de 5 kt
1er décembre 1965 Tourmaline moins de 20 kt
16 février 1966 Grenat moins de 20 kt

Les incidents connus

Article détaillé : Syndrome d'irradiation aiguë.

Le sievert (Sv) est couramment utilisé pour mesurer la dose efficace dans les procédures de diagnostic médical.

  • 1/5/1962: Béryl victimes
100 pers. (>50 mSv)
15 pers. (>200 mSv)
9 pers. (600 mSv)
peut être 240 pers. (<2,5 mSv)
  • 20/3/1963: Améthyste victimes
13 pers. (=10 mSv)
280 pers. (<1 mSv)
  • 20/10/1963: Rubis victimes
500 pers. (<0,2 mSv)
pas de donnée(=0,01 mSv)
  • 30/5/1965: Jade victimes
pas de donnée(<1 mSv)

Données fournies par le ministère français de la Défense en janvier 2007. [2]

Le centre d'expérimentation du Pacifique (1966-1996)

Vue de l'atoll de Moruroa par un satellite espion américain KH-7 (26 mai 1967)

Le 2 juillet 1966 a lieu le premier essai nucléaire aérien sur l'atoll de Moruroa (Polynésie).

Deux ans plus tard, le 24 août 1968, a lieu le premier essai d'une bombe H sur l'atoll de Fangataufa du nom de code Opération Canopus.

Après la défaite de Gaston Flosse (UMP) en 2004 et l'arrivée au pouvoir de l'opposant Oscar Temaru, une commission d'enquête locale a été créée. Selon L'Humanité du 22 février 2006, celle-ci confirme les craintes d'Aven et de Moruroa e Tatou (Moruroa et nous), deux associations de victimes nées en 2001 : d'après ce journal, le rapport, publié en février 2006, montrerait que chacun des essais de 1966 et 1967 aurait provoqué des retombées radioactives sur les archipels habités de la Polynésie française; même Tahiti aurait été touché le 17 juillet 1974 (avec des taux de radioactivité de six à sept fois supérieures à la normale) [1].

Le nuage radioactif consécutif à l'essai « centaure » a effectivement touché Tahiti, le 19 juillet 1974. Des précipitations de forte intensité, conjuguées aux effets du relief, conduisirent à des dépôts au sol, hétérogènes en termes d'activités surfaciques: à Hitiaa sur le plateau de Taravao, et au sud du Teahupoo.

Les doses maximales reçues par les populations des îles et atolls les plus exposés, pour les essais dont les retombées ont été les plus importantes, ont généralement été inférieures à 10 mSv. Des valeurs maximales plus importantes ont été calculées pour les doses thyroïde des enfants, allant jusqu'à 80 mSv aux Gambiers pour l'essai Aldebaran de 1966. L'état actuel des connaissance montre que ces niveaux de dose ne devraient pas conduire à l'apparition d'un nombre décelable de cancers de la thyroïde en excès dans les populations vivant en Polynésie.[3]

La force Alpha (1966-1968)

Le porte-avions Foch

En 1964- 1966, la Marine nationale française mobilise plus de 100 bâtiments pour la construction des installations du le Centre d'expérimentation du Pacifique (CEP) en Polynésie française, comprenant un QG à Papeete, la BA 185 avancée à Hao (460 km au nord-ouest de Moruroa), le polygone de tir atomique de Moruroa et le polygone de tir atomique de Fangataufa. A l'été 1965[4], la Marine nationale française créée le Groupe aéronaval du Pacifique (dit groupe Alpha puis force Alpha) de plus de 3 500 hommes, comprenant sept bâtiments (les escorteurs d’escadre Forbin, La Bourdonnais et Jauréguiberry, les pétrolier La Seine et Aberwrach, le bâtiment de soutien Rhin) dont le porte-avions Foch. La force Alpha appareille le 23 mars 1966 de Toulon et aborde la Polynésie française le 22 mai 1966 afin de superviser les essais atmosphériques no 18 « Aldébaran », no 19 « Tamouré », no 20 « Ganymède » et no 21 « Bételgeuse ». Durant la traversée, la France quitte le commandement intégré de l'OTAN. Le groupe aérien embarqué du Foch comprend 24 avions (12 avions de guêt aérien Alizé, 8 avions d’assaut Étendard IV-M et 4 avions de reconnaissance Étendard IV-P) et 22 hélicoptères (10 S-58, 6 Alouette II et 6 Alouette III) et est chargé de surveiller et sécuriser la zone dite « dangereuse » (dispositif Phoebus). Après que soient repérés à plusieurs reprises dans la zone d'exclusion le bâtiment de recherches scientifiques USS Belmont et le navire de contrôle de missiles et d'engins spatiaux USS Richfield, un sous-marin de nationalité inconnue et un avion ravitailleur (vraisemblablement d'observation et de recueil de prélèvements atomiques) KC-135 de l'US Air Force no 9164, le 19 juillet 1966 à 5h05, un Mirage IV no 9 largue sa bombe A AN-21 à chute libre no 2070 au large de Moruroa. Après deux autres tirs le 24 septembre 1966 et le 4 octobre 1966, la force Alpha quitte la Polynésie française le 2 novembre 1966. La seconde Force Alfa quitte Toulon le 12 mars 1968 pour arriver en Polynésie française le 16 mai. Elle comprend le porte-avions Clemenceau et les avisos-escorteurs Commandant Rivière, Protet, Amiral Charner, Doudart de Lagrée et Enseigne de vaisseau Henry. Quant au groupe aérien, il est composé d’Alizé, d’Étendard IV-M et d’hélicoptères S-58, Alouette II, Alouette III et Super Frelon. Le 24 août 1968, l’essai no 30 « Canopus » d’une bombe H, exécuté à Fangataufa, libère 2,6 mégatonnes. Plusieurs bâtiments américains et quelques chalutiers soviétiques sont aperçus lors de la campagne de tir. Avec la venue de la Force Alfa, l'ensemble du dispositif naval présent autour des deux atolls a représenté plus de 40 % du tonnage de la flotte française, soit 120 000 tonnes[5].

Les essais aériens

Les essais aériens en Polynésie ont fait intervenir plusieurs techniques :

  • les essais sur barge
  • les largages à partir d'avions qui permettent de reproduire les conditions réelles de façon assez proche
  • les essais de sécurité afin de vérifier que les bombes n'explosent pas tant quelles ne sont pas amorcées. En principe, ces essais ne provoquent pas d'explosion.
  • les essais sous ballons captifs.

Au total, 46 essais nucléaires aériens ont été réalisés en Polynésie.

Liste des essais aériens
Numéro Date Nom de code Localisation Mode de tir Objectif Puissance
(en kilo-tonnes de TNT)
18 2 juillet 1966 Aldébaran Moruroa barge AN52 < 200
19 19 juillet 1966 Tamouré Fangataufa Mirage IV AN21 < 200
20 21 juillet 1966 Ganymède Moruroa tour sécurité nulle
21 11 septembre 1966 Bételgeuse Moruroa ballon 600 m MR31 < 200
22 24 septembre 1966 Rigel Fangataufa barge fission dopée < 200
23 4 octobre 1966 Sirius Moruroa barge fission dopée < 1000
24 5 juin 1967 Altaïr Moruroa ballon militaire < 5
25 27 juin 1967 Antarès Moruroa ballon fission dopée < 200
26 2 juillet 1967 Arcturus Moruroa barge fission dopée < 200
27 7 juillet 1968 Capella Moruroa ballon militaire < 200
28 15 juillet 1968 Castor Moruroa ballon MR 41 f. < 1000
29 3 août 1968 Pollux Moruroa ballon MR 41 < 200
30 24 août 1968 Canopus Fangataufa ballon militaire 2600 (bombe H)
31 8 septembre 1968 Procyon Moruroa ballon militaire > 1000
32 15 mai 1970 Andromède Moruroa ballon militaire < 20
33 22 mai 1970 Cassiopée Moruroa ballon TN 60 < 1000
34 30 mai 1970 Dragon Fangataufa ballon militaire < 1000
35 24 juin 1970 Eridan Moruroa ballon militaire < 20
36 3 juillet 1970 Licorne Moruroa ballon TN60 < 1000
37 27 juillet 1970 Pégaze Moruroa ballon militaire < 20
38 2 août 1970 Orion Fangataufa ballon militaire < 200
39 6 août 1970 Toucan Moruroa ballon militaire < 1000
40 5 juin 1971 Dione Moruroa ballon AN 51 < 20
41 12 juin 1971 Encelade Moruroa ballon MR 41 f. dopée < 1000
42 4 juillet 1971 Japet Moruroa ballon TN 60 < 20
43 8 août 1971 Phoebe Moruroa ballon TN 60 < 20
44 14 août 1971 Rhéa Moruroa ballon TN 60 < 1000
45 25 juin 1972 Umbriel Moruroa ballon TN 60 < 20 kt
46 30 juin 1972 Titania Moruroa ballon TN 60 < 20
47 29 juillet 1972 Oberon Moruroa ballon TN 60 < 20
48 31 juillet 1972 Ariel Moruroa tour sécurité TN 60 ? nulle
49 21 juillet 1973 Euterpe Moruroa ballon TN 60 < 20
50 28 juillet 1973 Melpomene Moruroa ballon TN 60 ? < 20
51 18 août 1973 Pallas Moruroa ballon TN 60 ? < 20
52 24 août 1973 Parthenope Moruroa ballon TN 60 ? < 20
53 28 août 1973 Tamara Moruroa Mirage III AN 52 < 20
54 13 septembre 1973 Vesta Moruroa tour sécurité nulle
55 16 juin 1974 Capricorne Moruroa ballon TN 70 ? < 20
56 1er juillet 1974 Bélier Moruroa tour sécurité nulle
57 7 juillet 1974 Gémeaux Moruroa ballon TN 70 ? < 1000
58 17 juillet 1974 Centaure Moruroa ballon TN 80 ? < 20 kt
59 25 juillet 1974 Maquis Moruroa Jaguar A AN 52 < 20
60 28 juillet 1974 Persée Moruroa tour sécurité nulle
61 15 août 1974 Scorpion Moruroa ballon militaire < 200
62 24 août 1974 Taureau Moruroa ballon militaire < 20
63 14 septembre 1974 Verseau Moruroa ballon TN 60 ? < 1000

Le retour aux essais souterrains

De 1975 à 1996, la France a réalisé 146 essais souterrains en Polynésie. Ils ont été réalisés dans les sous-sols et sous les lagons des atolls de Moruroa et Fangataufa.

Le 6 août 1985 est signé le Traité de Rarotonga (Îles Cook), déclarant le Pacifique Sud zone dénucléarisée. La France ne s’y est pas associée. Le 15 juillet 1991 est lancé le dernier essai français dans le Pacifique avant le moratoire d’un an décidé par le président François Mitterrand le 8 avril 1992, et renouvelé.

Le 13 juin 1995 le président Jacques Chirac rompt le moratoire et ordonne la réalisation d'une dernière campagne d'essais nucléaires dans le Pacifique. Cette ultime campagne a pour but de compléter les données scientifiques et techniques pour passer définitivement à la simulation.

Ces essais nucléaires, au nombre de six, prennent fin par un dernier essai le 27 janvier 1996 à Fangataufa[6].

Liste des derniers essais sous-marins
Numéro Date Nom de code Localisation Mode de tir Objectif Puissance
(en kilo-tonnes de TNT)
205 5 septembre 1995 Thétis Moruroa sous lagon Palen < 20
206 2 octobre 1995 Ploutos Fangataufa sous lagon TN 75 < 110
207 28 octobre 1995 Heypytos Moruroa sous lagon TN 75 < 60
208 23 novembre 1995 Phégée Moruroa sous lagon Palen < 40
209 28 décembre 1995 Thémisto Moruroa sous lagon Palen < 30
210 27 janvier 1996 Xouthos Fangataufa sous lagon TN 75 < 120

En mars 1996, la France signe les protocoles du traité de Rarotonga (création d’une zone dénucléarisée dans le Pacifique Sud).

Le 24 septembre 1996, la France signe le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.

Conséquences

Le rapport d'une commission d'enquête publié en février 2006, montre que chacun des essais de 1966 et 1967 a provoqué des retombées radioactives sur les archipels habités de la Polynésie française; même Tahiti aurait été touché le 17 juillet 1974 (avec des taux de radioactivité de six à sept fois supérieures à la normale).[7] De plus de nombreux récifs coralliens ont été touché. Une étude de l'INSERM montre qu'il existerait une relation statistique entre le risque de cancers de la thyroïde et la dose totale de radiations reçues à la thyroïde du fait des 46 essais nucléaires atmosphériques en Polynésie[8].

Le programme Simulation (1996-2010)

Depuis janvier 1994, dans le cadre de la Conférence du désarmement des Nations unies, des négociations ont été conduites en vue de la conclusion du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires. En 1994, le président François Mitterrand décide le développement du programme Simulation par la Direction des applications militaires du CEA. Ce programme doit permettre à la France de garantir la sûreté et la fiabilité des armes de la dissuasion, fondé sur le calcul. Il est financé par le ministère de la Défense et doit durer 15 ans.

La France, qui a signé, en 1996, le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, a commencé immédiatement à démanteler le Centre d'expérimentations du Pacifique.

Le programme Simulation passe la mise en place de trois outils majeurs :

  • l'installation d'Airix, mise en service en décembre 2000 à Moronvilliers. Cet outil de radiographie à rayons X permet au CEA d'examiner dans le temps très bref d'une implosion les mouvements de matières précédant le fonctionnement nucléaire d'une arme. Cette machine est le plus puissant générateur de rayons X jamais construit, elle a été fabriquée par le groupe Thomson.
  • le supercalculateur TERA-10 de la société Bull, pour remplacer AlphaServer SC45, qui a été retenu en 2004 par la Direction des applications militaires (DAM) du CEA. D'une puissance de 50 téraflops, il a été installé en décembre 2005 dans le centre de Bruyères-le-Châtel. TERA-10 est composé de 4 352 processeurs de nouvelle génération d'Intel Itanium Montecito, dispose de 27 téraoctets de mémoire (27 000 Go) et tourne sous Linux. La configuration finale comprend 56 serveurs d'entrées/sorties NovaScale gérant un pétaoctet d'espace disque avec une bande passante de 100 Go/s.
  • le laser Mégajoule, qui devrait être disponible en 2009 et qui devrait permettre l'inflammation et la combustion de matières thermonucléaires à une micro-échelle. Il est mis en œuvre par la DAM sur le site du Barp, près de Bordeaux.

Opposition aux essais nucléaires

L'ensemble de la communauté antinucléaire française s'est opposée aux essais nucléaires. Au niveau international, l'organisation Greenpeace lança une campagne en avril 1972, quand David McTaggart et un équipage de cinq hommes appareillent sur un ketch de 12 mètres baptisé Véga. La Marine nationale finit par aborder le navire, l'obligeant à accoster à Moruroa. L'équipe du Véga n'a pu que retarder l'essai sans l'empêcher.

En 1973, Greenpeace envoie un voilier, le Fri, qui se fait intercepter par la Marine nationale au large de Moruroa. À bord on compte notamment le général de Bollardière, le prêtre Jean Toulat, l'écrivain Jean-Marie Muller et Brice Lalonde. Le Vega est de nouveau intercepté et arraisonné par la Marine nationale dans la zone interdite.

En juillet 1985, Greenpeace envoie son navire-amiral, le Rainbow Warrior, pénétrer à plusieurs reprises dans la zone militaire interdite. La DGSE envoie une équipe de nageurs de combats couler le bateau dans la baie d'Auckland. L'opération fait un mort chez Greenpeace et déclenche un scandale international.

En 1995, suite à l'annonce de la reprise des essais nucléaires, Greenpeace dépêche à deux reprises son navire amiral à Moruroa. Il sera à chaque fois arraisonné par les nageurs de combat du commando Hubert. Lors de ces deux tentatives, des groupes de zodiacs parviennent toutefois à pénétrer dans le lagon.

Le 9 juin 2001, à la suite de l'appel lancé par le Centre de documentation et de recherche sur la paix et les conflits, un groupe de personnes créent l'Association des vétérans des essais nucléaires français et leurs familles (AVEN), déclarée à la préfecture du Rhône.

Le 26 décembre 2006, une nouvelle association s'est constituée, les Sacrifiés des essais nucléaires français, s'adresse aux victimes mais aussi aux épouses, enfants et petits enfants de victimes. Elle a été déclarée à la préfecture de Saône-et-Loire.

Politique des essais nucléaires selon les présidences

Les essais nucléaires français se sont déroulés de 1960 à 1996. Cette période inclut donc les mandats de cinq présidents français.

Essais nucléaires au cours des mandats présidentiels
Président Début du mandat Fin du mandat Date du premier essai[9]
(sous la présidence)
Date du dernier essai[10]
(sous la présidence)
Nombre d'essais[11]
Charles de Gaulle 08/01/1959 28/04/1969 13/02/1960 08/09/1968 30
Georges Pompidou 20/06/1969 02/04/1974 15/05/1970 28/08/1973 21
Valéry Giscard d'Estaing 27/05/1974 20/05/1981 16/06/1974 10/04/1981 55
François Mitterrand 21/05/1981 17/05/1995 08/07/1981 15/07/1991 86
Jacques Chirac 17/05/1995 16/05/2007 05/09/1995 27/01/1996 6

C'est sous François Mitterrand qu'il y a eu le plus d'essais nucléaires.

Cependant, le nombre d'essais nucléaires attribuables à chaque président doit être pondéré par la durée de sa présidence. En se fondant sur les données ci-dessus, on peut calculer le nombre d'essais nucléaires effectués chaque année sous une présidence donnée :

Nombre d'essais annuel par présidence
Président Durée de la mandature (années) Nombre d'essais / an
Charles de Gaulle 10,3 2,9
Georges Pompidou 4,8 4,4
Valéry Giscard d'Estaing 7,0 7,9
François Mitterrand 14,0 6,1
Jacques Chirac 12,0 0,5

Cependant, les présidents ont parfois décidé d'une suspension des essais. Cela a été le cas de François Mitterrand après 1991 et de Jacques Chirac après 1996. Pour en tenir compte, on peut calculer le nombre d'essais sur la période comprise entre la date de début de présidence et la date du dernier essai réalisé sous cette même présidence :

Nombre d'essais annuel entre le début de présidence et le dernier essai de cette présidence
Président Durée (année) Nombre d'essais / an
Charles de Gaulle 9,8 3,1
Georges Pompidou 4,2 5,0
Valéry Giscard d'Estaing 6,9 8,0
François Mitterrand 10,2 8,5
Jacques Chirac 0,7 8,6

On remarque la proximité des taux d'essais attribuables aux présidents Valéry Giscard d'Estaing, François Mitterrand et Jacques Chirac.

Films et reportages

L'allemand Roland Emmerich, connu pour ces opinions politiques écologistes et anti-nucléaire, en réponse à la reprise des essais nucléaires dans le Pacifique en 1995 par Jacques Chirac, a réalisé en 1997 Godzilla où un lézard se métamorphosait à la suite d'essais nucléaires français à Moruroa.

Un reportage, intitulé Cancer du Tropique, sur les explosions nucléaires françaises dans le Pacifique a été diffusé en 2006 (réalisé par Sophie Bontemps).

Le 11 avril 2008 dans l'émission Thalassa sur France 3, un autre reportage, intitulé Les Gambiers sous le vent nucléaire fut aussi diffusé.

Sur ARTE, le 16 mars 2007, le public découvre le film de Jean Pierre Sinapi (production Raspail) Vive la Bombe, relatant le tir raté Beryl de mai 1962 dans le Sahara.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Références

  1. Peter Feaver et Peter Stein, Assuring Control of Nuclear Weapons: The Evolution of Permissive Action Links, CSIA Occasional Paper #2, Lanham, MD: University Press of America, 1987
  2. Defense.gouv.fr
  3. La dimension radiologique des essais nucléaires français en Polynésie à l'épreuve des faits. ISBN 2-11-096780-3 978-2-11-096780-0.
  4. Arrêté ministériel no 51 du 20 août 1965
  5. Bernard Dumortier, Atolls de l'atome : Mururoa & Fangataufa, Marine Éditions, Rennes, 2004 (ISBN 2-915379-11-4) dont une version abrégée est à [lire en ligne]
  6. Les essais nucléaires en Polynésie
  7. L'Humanité du 22 février 2006
  8. Paul Benkimoun ,« Les essais nucléaires polynésiens responsables de cancers thyroïdiens » dans Le Monde du 03/08/2006, lire en ligne
  9. YangCD.pdf
  10. YangCD.pdf
  11. YangCD.pdf

Sources

Ce document provient de « Essais nucl%C3%A9aires fran%C3%A7ais#Les essais a.C3.A9riens .C3.A0 Reggane ».

Wikimedia Foundation. 2010.

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