Georges Loustaunau-Lacau

Georges Loustaunau-Lacau
Georges Loustaunau-Lacau
Surnom Navarre
Naissance 17 avril 1894
Pau, France
Décès 11 février 1955 (à 61 ans)
Paris, France
Origine Drapeau de France France
Allégeance armée française
Arme infanterie
Grade général d'infanterie à titre posthume
Conflits Première Guerre mondiale, Seconde Guerre mondiale
Commandement fondateur et chef du réseau de résistance Alliance
Faits d'armes arrêté en 1943, torturé et déporté à Mauthausen
Autres fonctions journaliste et directeur de publication entre 1938 et 1939, reprend du service en septembre 1939, de nouveau journaliste et directeur de publication après la Seconde Guerre mondiale
Georges Loustaunau-Lacau

Parlementaire français
Date de naissance 17 avril 1894
Date de décès 11 février 1955
Mandat Député
1951-1955
Circonscription Basses-Pyrénées
Groupe parlementaire Français indépendants
IVe république

Georges Loustaunau-Lacau (Pau, 17 avril 1894Paris, 11 février 1955 (à 60 ans)) était un militaire de carrière, un homme politique et un résistant français.

Sommaire

Militaire de carrière, 1912-1938

Ce Béarnais est entré à Saint-Cyr en 1912 - promotion de Montmirail (1912-1914), Sous-lieutenant, Officier de liaison au 332e régiment d'infanterie lors de la mobilisation en aout 1914[1].

Il est le condisciple de Charles de Gaulle à l'École de guerre. Il appartient ensuite aux états-majors de Weygand et de Lyautey avant de devenir officier détaché à celui du maréchal Pétain entre 1934 et 1938, succédant à de Gaulle au poste d’écrivain d’État-Major. Il est mis en "non-activité" en mars 1938 par le gouvernement Daladier qui le présente comme un « officier d’aventure ».

Activisme politique 1936-1939

Il est l'initiateur à la fin de 1936 d'un service de renseignement anticommuniste dans l'armée, appelé Corvignolles. Son nom apparaît surtout lors de l’affaire de la Cagoule lorsque Corvignolles fut considéré semble-t-il faussement[2] comme étant la « Cagoule militaire ». Cette image restera à jamais liée à son nom.

Il est en contact avec le Parti populaire français de Jacques Doriot, avec le colonel de La Rocque du parti social français en 1937[3] et avec Charles Maurras afin d'aboutir à l'union des droites. Il fonde l'Union militaire française. Homme politique d’extrême droite, il dirige le périodique l’Ordre national qui publia les plans de bataille allemands et anime un groupement anticommuniste, antiallemand et antisémite, La Spirale, sous le pseudonyme de « Navarre ».

La Seconde Guerre mondiale

La bataille de France

Il est réintégré en septembre 1939 puis arrêté au front, le 22 mars 1940, sur ordre de Daladier, président du Conseil, et emprisonné à la forteresse de Mutzig près d’Obernai.

Il est libéré le jour de la Pentecôte 1940, grâce à quelques appuis — dont celui du colonel Groussard, commandant en second de Saint-Cyr en 1940. Il prend alors part à la bataille de France dans le secteur de Verdun et revendique la destruction de 22 chars ennemis par les troupes disparates sous ses ordres le 14 juin, jour où il est commotionné puis grièvement blessé et fait prisonnier. Soigné à Châlons-sur-Marne, il parvient, par un coup de bluff, à se faire libérer en août 1940.

Vichy et le double jeu

Il poursuit à Vichy ses activités de renseignement et d'action souterraine. Il agit alors dans un sens tout à la fois anti-allemand, anticommuniste et antigaulliste.

Nommé par Xavier Vallat, en septembre 1940, délégué général de la Légion française des combattants, dont le siège est à l’Hôtel des sports à Vichy, il entreprend d'y recruter des agents qui établiront des liaisons avec les services anglais et fonde le réseau Navarre (son nom de plume) qui, devenu le réseau Alliance, sera plus tard dirigé par Marie-Madeleine Fourcade. Il recrute d'abord parmi les anciens de Corvignolles et de la Spirale, c'est-à-dire au sein de la droite nationaliste et de l'armée. Son réseau travaille alors pour les services britanniques, à partir d'avril 1941.

La résistance

Xavier Vallat le renvoie de la légion en novembre 1940. Passé en Afrique du Nord, il est arrêté pour dissidence par le général Weygand en mai 1941. Évadé, il reprend le maquis en France. Arrêté, livré par Vichy à la Gestapo il demeure six mois dans les caves du capitaine de la Waffen-SS Hugo Geissler, subit cinquante-quatre interrogatoires, et condamné à mort, il est déporté en juillet 1943 au camp de Mauthausen. Il parvient à survivre à l'internement puis à la marche "de la mort" de 11 jours lors de l'effondrement de l'Allemagne nazie[4].

L'après-guerre

À son retour en France, il est cité comme témoin au procès du maréchal Pétain où il prononce une déclaration fracassante et bien à rebours de l'esprit de l'époque :

« Je ne dois rien au maréchal Pétain, mais je suis écœuré par le spectacle des hommes qui, dans cette enceinte, essaient de refiler à un vieillard presque centenaire l'ardoise de toutes leurs erreurs[5]. »

En octobre 1946, il est mis en accusation dans le cadre du procès de la Cagoule : on lui reproche son militantisme d'extrême droite et ses activités conspiratives d'avant 1939. Il est arrêté en juin 1947 par l'adjoint du commissaire de police qui l'arrêta en 1941. Il passe six mois en prison et bénéficie d'un non-lieu en février 1948.

Il entame un nouvelle carrière politique et est élu le 17 juin 1951 député des Basses-Pyrénées sous l'étiquette de l'Union des nationaux indépendants et républicains (il siège au groupe des Français indépendants).

Antisémite dans les années 1930, il témoigne de l'extermination des juifs de Hongrie dans son livre "Chiens Maudits" :

« A notre gauche, en contrebas, seize mille Juifs hongrois rassemblés sous une immense tente ouverte sont en train de mourir. Ils mourront ou peu s'en faut car ils ne reçoivent pas de nourriture. Chaque demi-heure, une voiture traînée par un cheval étique, charge les cadavres dont le tas, devant la tente ne s'abaisse jamais. Il y a parmi eux des femmes, des enfants, des vieillards. Ils sont vêtus de chiffons et pour la plupart couchés sur la terre, attendant la mort dans une lente agonie. Nous ne pouvons rien pour eux, ils ne peuvent rien pour nous. Le four crématoire brule sans arrêt [...]. Entre le four crématoire et le mur d'enceinte s'élève une pyramide faite de crânes et de tibias roussis, l'odeur est intolérable[6]. »

Il meurt à Paris le 11 février 1955, le jour de sa nomination comme général au Journal officiel.

Notes et références

  1. JMO du 332e, État de service sur la base Léonore.
  2. Il a rencontré Eugène Deloncle, le chef de la Cagoule, mais ils sont vite devenus adversaires.
  3. Leurs versions de leurs contacts divergent, sur la date (1937 ou 1938) et surtout sur la finalité des projets d'union. La Rocque prétend après guerre que Loustaunau-Lacau, alors en service actif auprès du maréchal Pétain, lui proposa de mettre le PSF au service d'une prise de pouvoir des nationaux unis et dirigés par un chef militaire, en l'occurrence le maréchal Franchet d'Espèrey. Leur divergence porte sur la légalité ou l'illégalité du plan de Loustaunau-Lacau. Il reste de ces tractations un document nommant les chefs éventuels du complot : Franchet d'Espèrey, Louis Marin, Jacques Doriot, Charles Maurras, le sénateur Henry Lémery et un représentant du comte de Paris, qui constitueraient le comité exécutif. Les noms cités n'impliquent pas qu'ils aient été au courant de ce plan. Cf. Jacques Nobécourt, Le Colonel de La Rocque – 1885-1946 ou les pièges du nationalisme chrétien, Fayard, Paris, 1996, p. 560-569.
  4. Simon Epstein, Un paradoxe français - Antiracistes dans la collaboration, antisémites dans la résistance, Paris, Albin Michel, mars 2008 (ISBN 978-2-226-17915-9) (LCCN 2008444505), p. 398 
  5. Georges Loustaunau-Lacau, Mémoires d'un Français rebelle, Robert Laffont, 1948.
  6. Georges Loustaunau-Lacau, Chiens maudits - Souvenirs d'un rescapé des bagnes hitlériens, Paris, Editions du réseau Alliance, p. 92 

Sources


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Georges Loustaunau-Lacau de Wikipédia en français (auteurs)

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