Pierre Fourcaud

Pierre Fourcaud

Pierre Fourcaud, né le 27 mars 1898 à Saint-Petersbourg et mort le 2 mai 1998 à Paris, était un officier français. Il fut l'un des agents les plus célèbres du BCRA, le service de renseignement et d'action de la France libre, de juillet 1940 à 1944. Il connut deux temps fort dans son action centrée sur le Sud de la France : la constitution des premiers réseaux de résistance en 1940 et 1941 dans la Zone non-occupée, dont le fameux réseau Brutus puis l'organisation des maquis de Savoie en 1944.

Après la Libération, le colonel Fourcaud devint l'un des responsables puis le numéro deux des services secrets français, la DGER, devenant le SDECE, le Service de documentation extérieure et du contre-espionnage, jusqu'à sa retraite en 1956.

Il était compagnon de la Libération, depuis 1943.

Sommaire

Militaire d'active

Sa famille, dont la branche maternelle est russe, se retrouve à Nice. Son père est médecin. Il y mène ses études secondaires.

Au combat de 1916 à 1918

Il s'engage en 1916. Affecté au 24e régiment d'infanterie, il est blessé à trois reprises en avril puis septembre 1918. Nommé au grade de sous-lieutenant, il termine la guerre sur la Baltique et est démobilisé en 1920.

Le 2eme Bureau dans l'entre-deux-guerre

Il rejoint ensuite le 2e Bureau, où sa connaissance du Russe est valorisée. Il semble qu'il mène de nombreuses activités couvertes par le secret. D'après l'historien Albertelli, il travaille dans le pétrole à la direction technique de la Standard Oil, tout en faisant du renseignement[1]. On ne sait pratiquement rien de lui dans l'entre-deux-guerre.

Certains, comme André Labarthe, prétendront que dans les années trente, il ait fait partie ou ait été proche de l'organisation d'extrême droite, La Cagoule[N 1], ou du groupe Corvignolles constitué au sein de l'Armée par Georges Loustaunau-Lacau. Nulle preuve évidente n'a pu en être apportée[N 2].

Les combats de 1940

Mobilisé avec le grade de capitaine en 1939, au 348e régiment d'infanterie, il est blessé au combat le 16 juin 1940, au nord de Nancy. Le capitaine Pierre Fourcaud est alors évacué sur Nancy puis hospitalisé à Biarritz. De là, il décide de rejoindre le général de Gaulle en Angleterre, ce qu'il réussit à faire en prenant un bateau à Sète le 6 juillet, avec des troupes tchèques. Lors de la traversée, il fait connaissance avec le lieutenant André Manuel. Il débarque à Liverpool le 13 juillet[2].

Le BCRA

Arrivé à Londres vers le 15 juillet 1940, du fait de son passé et de ses connaissances linguistiques, il est immédiatement intégré dans les services de renseignement de la France libre, le 2e Bureau, (futur BCRA) dirigé par André Dewavrin, le colonel Passy.

Celui-ci nomme Pierre Fourcaud dit "Barbès", comme l'un de ses deux adjoints, l'autre étant Maurice Duclos ("Saint-Jacques").

Les premiers réseaux dans le Sud de la France

Les premier réseaux, Fleurs puis Brutus

Début septembre 1940, il quitte Londres pour Lisbonne puis Madrid afin d'effectuer sous le pseudonyme de "Lucas" une première mission en France dans la zone non occupée, en parallèle de celle qu'effectue la colonel Rémy en zone occupée[3]. Arrivé en France, il séjourne à Marseille ou il entre en contact avec un certain nombre de socialistes du Sud de la France décidés à agir[N 3], et qui commencent à se regrouper, à l'initiative de Daniel Mayer, autour de Félix Gouin.

Il rencontre ensuite à Vichy des interlocuteurs connus dans les années trente dans les milieux du renseignement, comme Loustaunau-Lacau, et le colonel Groussard[4].

Il revient à Marseille et y crée le réseau "Fleurs", sans doute en référence à Léon Blum. Après son départ, son frère Boris ("Froment") prend la tête du mouvement qui deviendra sous la direction d'André Boyer ("Brémond") et de Gaston Defferre le réseau Brutus.

Arrivé à Lisbonne le 18 décembre 1940, il regagne Londres ou il fait son rapport au général de Gaulle, sur ces contacts avec les socialistes et sur des possibles rapprochements avec certains cercles de Vichy. Il se fait en particulier le relais auprès de de Gaulle des thèses défendues par Loustaunau Lacau, qui avait rédigé un appel à la Croisade. Le général les rejette[5].

Deuxième mission en France et arrestation

Le 13 janvier 1941, il repart avec un poste émetteur en Zone non occupée pour tenter de coordonner les premiers résistants sous l'autorité du général de Gaulle. Il reprend contact avec les socialistes marseillais et contribue au développement de ce mouvement dans le Sud de la France. Le 5 juillet 1941 il organise une importante réunion de coordination avec Eugène Thomas, délégué du Comité d'action socialiste, le CAS[6].

Il reprend langue avec ses contacts à Vichy, jusqu'aux hommes des Menées anti-nationales.

Le 25 août, il contacta l'amiral Laborde, commandant en chef de la flotte de Toulon, pour tenter de le rallier à la cause gaulliste, lui donnant son nom réel et son grade de Capitaine. Mis à la porte, son nom fut transmis aux autorités de Vichy, et le 28 août 1941 il fut arrêté avec le lieutenant Warin, "Wybot", par la sureté du territoire à la Gare Saint-Charles à Marseille[7].

Il est transféré à Clermont-Ferrand le 2 septembre, il passe près de 11 mois entre prisons et hôpitaux. Il parvient à s'évader le 10 août 1942. Le 1er septembre, après une très longue fuite, il parvient à quitter la France depuis le port de Cassis, puis rejoint les Baléares et Gibraltar. Avec Henri Frenay et Emmanuel d'Astier il s'envole pour Londres.

Commandant du 1er BIA

Fin 1942, il est nommé à la tête du 1er Bataillon d'Infanterie de l'Air (1er BIA), qui est stationné et s'entraine dans le Nord de l'Angleterre.

Les maquis de Savoie

En novembre 43, il est rappelé à Londres pour repartir en mission en France afin de coordonner les maquis de Savoie.

Le 8 février 1944, il est déposé dans le Jura. il est dirige la mission interalliée "Union", chargée de coordonner les maquis en R1 (la région de Lyon)[8]. Le 19 mai 1944, il est arrêté à Albertville par les nazis et est grièvement blessé de deux balles par un officier allemand aux ordres de Klaus Barbie en tentant de s'évader. Il réussit à s'évader de la prison de Chambéry le 6 août 1944. Il retourne à Londres le 28 août 1944 en avion.

Il rentre définitivement dans la France libérée le 17 septembre 1944.

Un officier du SDECE

Jusqu'à sa retraite en 1956, Pierre Fourcaud sera l'un des cadres importants des services secrets français DGSS, DGER puis SDECE.

Création du SDECE

Le 1er juin 1945, il devient colonel. Il est l'adjoint de Dewavrin, directeur de la DGER.

Le 28 décembre 1945, la DGSS devient le Service de Documentation Extérieure et de Contre Espionnage (S.D.E.C.E.) et s'installe boulevard Mortier.

Le 21 janvier 1946, le Général de Gaulle quitte le pouvoir et moins d'un mois plus tard, le 26 février, le nouveau président du conseil, Félix Gouin, que connait bien Fourcaud depuis 1940, nomme Henri Ribière à la place de Dewavrin, pour diriger les services. Ribière conserve Pierre Fourcaud comme adjoint.

Numéro deux du SDECE

La guerre d'Indochine

retraite des services actifs

En 1958, il quitte le SDECE.

Il meurt à Paris en 1998. Il reçoit des obsèques officielles militaires à Saint-Louis des Invalides avant d'être inhumé au Lavandou dans le Var.

Décorations

Pierre Fourcaud était notamment Grand Officier de la Légion d'Honneur et Compagnon de la Libération,(décret du 25 mai 1943).

  • Croix de Guerre 14/18 (4 citations)
  • Croix de Guerre 39/45 (5 citations)
  • Médaille de la Résistance avec rosette
  • Croix du Combattant 14/18
  • Croix du Combattant Volontaire 14/18
  • Médaille Commémorative 14/18
  • Médaille Interalliée 14/18
  • Médaille des Evadés

Il reçut aussi de très nombreuses décorations étrangères.

  • Croix de Saint-Georges (Russie)
  • Distinguished Service Order (GB)
  • Officer of the British Empire (GB)
  • Distinguished Service Cross (USA)
  • Commandeur Orange et Nassau (NL)
  • Officier de l'Ordre de Léopold (Belgique)
  • Croix de Guerre avec palme (Belgique)

Notes et références

Notes

  1. ce dont témoignera l'autre adjoint d'André Dewavrin, Maurice Duclos
  2. Jean-Louis Crémieux-Brilhac, La France Libre de l'appel du 18 Juin à la Libération, Paris, Gallimard, 1996, p. 726-733. « La légende calomnieuse d'un Passy « cagoulard » et d'un BCRA fasciste a été une invention d'André Labarthe ; elle est sans fondement ; le clan antigaulliste l'aura néanmoins propagée assidûment pendant quatre ans. Il n'y eut d'ex-cagoulard avéré au BCRA que Duclos, alias Saint-Jacques, l'autre « suspect », Pierre Fourcaud, dont la culture politique était proche des socialistes, ayant contre lui d'avoir été un familier du 2e Bureau de l'entre-deux-guerres et d'y avoir conservé des relations. »
  3. voir Comité d'action socialiste

Références

  1. Albertelli, p. 45
  2. S Albertelli, p.29
  3. Dico de la Résistance, p.418
  4. Dico de la résistance, p.418
  5. dictionnaire de la résistance, note sur le réseau Alliance, p.143
  6. Note sur le réseau Brutus, dictionnaire de la Résistance, Bouquins, p.145
  7. dictionnaire de la Résistance, notice bio, p.418
  8. note bio., dictionnaire de la Résistance, p.418

Annexes

Liens et documents externes


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Pierre Fourcaud de Wikipédia en français (auteurs)

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