- Georges Albertini
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Georges Albertini, (13 mai 1911 - 30 mars 1983), homme politique d'extrême droite, collaborateur et militant anticommuniste français.
Sommaire
Avant-guerre
Né d'un père cheminot d'origine corse et d'une mère femme de ménage, normalien, il devient professeur d'histoire et géographie et militant de la SFIO avant guerre. Munichois, il s'oppose à ce sujet au futur chef résistant Pierre Brossolette. Durant les années 1930, il collabore à la revue les Nouveaux cahiers dès 1937, où l'on tente de remédier à la crise par un rapprochement du patronat et des syndicats ouvriers en augmentant le rôle de l'élite technicienne et en mettant sur pied une politique pour favoriser les rapports économiques franco-allemands.
Il fut également membre des Jeunesses socialistes.
La collaboration
Il est le second de Marcel Déat (secrétaire administratif) et organisateur du RNP (Rassemblement national populaire), acquis à la collaboration avec l'Allemagne nazie pendant l'Occupation. Il s’illustre notamment par son zèle de sergent recruteur contre la Résistance. Également par un anticommunisme et un antisémitisme particulièrement violents. Deux haines pour lui indissociables, comme le confirme le titre d’un de ses éditoriaux à « National populaire » en juin 1942 : « Le communisme, entreprise juive »...[réf. nécessaire] Il est également recruteur pour la Légion des volontaires français contre le bolchevisme (LVF)[1]. Il est arrêté à la Libération.
À son procès, il déclara qu'il n'avait fait que suivre la voie tracée par Philippe Pétain et qu'il n'avait commis qu'une erreur de jugement, certes « infiniment lourde », en croyant que l'Allemagne gagnerait la guerre. Bien que reconnu coupable d'intelligence avec l'ennemi, il sauva sa tête, à la différence de collaborateurs moins éminents que lui, au bénéfice des circonstances atténuantes. Il ne devait passer en prison que quatre des cinq années de sa condamnation. En février 1948, une grâce présidentielle lui permit de sortir de prison. Il a, selon Patrick Pesnot, bénéficié d'une « clémence assez incompréhensible », peut-être du au fait que son fils de 16 mois est mort lors de sa détention suite aux maltraitances subies à l'Assistance Publique et que sa femme ait été torturée lors de sa détention[2].
L'anticommunisme, et l'après guerre
Le réseau d'amitiés et d'intérêts noué avant, pendant et après la guerre par Georges Albertini lui permet non seulement de survivre, mais d'exercer longtemps son influence. Il entre à la banque Worms, comme « conseiller » à la direction générale. Simultanément, il monte une entreprise de « documentation politique », axée sur la lutte contre le communisme. Rapidement, l’activité du centre se diversifie, en particulier avec la sortie de la revue « Est-Ouest », que René Andrieu qualifie d'officine dans le quotidien communiste L'Humanité. Elle s’étend à l’Amérique du Sud (création en 1961 de la revue « Este y Oeste »), à l’Italie (avec « Documenti sul communismo ») et plusieurs pays d’Afrique.
Il se reconvertit à la propagande anticommuniste pendant la guerre froide et devient un conseiller influent sous la IVe et Ve République. Dans sa croisade contre le communisme, il fut servi par le mélange de peur et d'aveuglement qui régnait pendant la guerre froide, peur de la menace soviétique, d'un côté, aveuglement de ceux qui refusaient de voir les errements du système stalinien, de l'autre. Avec le soutien, financier notamment, des réseaux de la droite, et grâce à la réceptivité qu'il trouvait auprès des diverses sensibilités anticommunistes, il parvint à tisser sa toile. Sa technique policière de documentation, sa propension à démasquer le dessous des choses ou à dénoncer l'ennemi intérieur (par exemple, Le Monde, présenté, dans les années 1950, comme un agent du Kremlin !) convenaient au climat de l'époque. Il devient également un conseiller très écouté de Georges Pompidou, alors Premier ministre de De Gaulle, et, lorsque Pompidou sera élu président de la République, Albertini conserve encore une grande influence sur ses deux conseillers Marie-France Garaud et Pierre Juillet. Il collabore également avec ces derniers lorsqu'ils sont dans l'entourage de Jacques Chirac. Le monde politique sollicite ses conseils, jusqu'en 1981. Les grands patrons subventionnent ses activités. Détournant des jeunes loups de l'extrême droite « tentés par l'action violente » grâce à l'argent de la formation professionnelle, à travers l'ALEPS, via l'Institut supérieur du travail, outil de propagande du patronat, il fut également le mentor – via Claude Harmel, pseudonyme de l'ancien collabo Guy Lemonnier – de, entre autres, Alain Madelin, Patrick Devedjian, Gérard Longuet et Hervé Novelli.
Notes et références
- Albert Camus, Combat, 30 août 1945.
- Philippe Bourdrel, l'Epuration Sauvage, Perrin, 1991
Bibliographie
- La Politique de Richelieu, Editions du RNP, 1943, préface de Marcel Déat.
- sous le pseudonyme Claude Varennes, Le destin de Marcel Déat : un témoignage de première main sur l'histoire de 4 années terribles, Paris, Janmaray, 254 pages, 1948.
- Cent ans de Boulevard Haussmann, Worms & Cie, 1978.
- Sur Georges Albertini :
- L'Homme de l'ombre. Georges Albertini. 1911-1993. Laurent Lemire. Éd. Balland 1989.
- Le Dossier Georges Albertini. Une intelligence avec l'ennemi. Jean Lévy. Éd. L'Harmattan - Le Pavillon 1992.
- Histoire secrète du patronat : de 1945 à nos jours. Sous la direction de Benoît Collombat et David Servenay ; avec Frédéric Charpier, Martine Orange et Erwan Seznec. La Découverte, 2009.
Emission de radio
- France Inter, Patrick Pesnot, Rendez-vous avec X, émissions du 27 mars et du 3 avril 2010.
Liens internes
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