Gaspard Eberle

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Gaspard Eberlé

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Gaspard Eberlé
Naissance 11 juin 1764
Sélestat (Bas-Rhin), France
Décès 16 février 1837 72 ans)
Nice (Alpes-Maritimes), France
Origine France France
Grade Général de brigade
Service 1781 - 1816
Conflits Guerres de la Révolution
Guerres napoléonniennes
Faits d’armes Armée des Pyrénées orientales
Armée d'Italie
Armée d'Orient
Distinctions Commandeur de la Légion d'honneur
Baron d'Empire
Autres fonctions Gouverneur de Nice, Commandant supérieur de la place de Briançon

Gaspard Eberlé (Sélestat en Alsace, 11 juin 1764 - Nice [période sarde], 16 février 1837), 1er baron Eberlé, est un militaire français de la Révolution française et du Premier Empire, général et gouverneur de Nice et de Briançon

Sommaire

Ancien Régime

Fils de François Joseph Eberlé (soldat au régiment suisse de Waldner de Freundstein) et de Catherine Gohlinger.

Il entra le 27 septembre 1781 dans le régiment du Maine (28e d'infanterie) comme simple soldat, sous le nom de guerre de « Gaspard ». Caporal le 1er mai 1787, sergent le 16 mars 1792, il devint sergent-major le 7 novembre suivant.

Guerres de la Révolution

Il fait les campagnes de 1792, 1793 et de l'an II, à l'armée d'Italie. Le 28 vendémiaire an II, à l'attaque de Gillette (Alpes-Maritimes), son capitaine fut mis hors de combat ; Éberlé prit aussitôt le commandement de la compagnie, il tua un soldat piémontais et lui enleva une capote d'officier qu'il portait avec lui. Après s'en être revêtu, il s'avança vers une redoute occupée par 300 hommes et somma le commandant ennemi de faire mettre bas les armes à sa troupe. Celui-ci trompé par le costume, s'imagina qu'il avait affaire à un officier d'un grade élevé suivi par des forces considérables et il se rendit à discrétion avec ses 300 hommes. Sur le rapport que fit de cette action le général en chef Dugommier, Éberlé fut nommé adjudant-général chef de bataillon le 13 brumaire, et adjudant-général chef de brigade le 1er frimaire suivant. Le 25 du même mois à la prise de la redoute anglaise, pendant le siège de Toulon, il s'élança un des premiers à l'assaut, son exemple entraîna les chasseurs d’avant-garde et contribua puissamment au succès de cette entreprise. Passé à l'Armée des Pyrénées orientales, il se distingue au siège de Collioure et de Port-Vendres.

Le 14 floréal an II, avec cinq compagnies de chasseurs et une de grenadiers du 28e régiment d'infanterie, il sauve, pendant la nuit, la première batterie dirigée sur le fort Saint-Elme, et force par sa résistance opiniâtre une forte division ennemie à battre en retraite. Le 22 du même mois, à l'escalade de ce fort, il aida à placer les échelles, s'empara de la porte du fort pour y attacher le pétard, et fut grièvement blessé d'un coup de feu qui lui traversa le genou droit. Le 5 brumaire an III (26 octobre 1794), il fut blessé d'un coup de feu à l'épaule droite en chargeant la cavalerie espagnole sur la grande route de Figuières. Le 30 du même mois, avec 300 chasseurs à pied et la compagnie de grenadiers du 28e, il enleva à la baïonnette la redoute de Nostra-Signora del Roure et s'empara de vive force du pont des Moulins.

Passé en l'an IV à l'armée d'Italie, il commandait l'avant-garde de la division Masséna, lorsque le 24 vendémiaire il s'empara, avec une seule compagnie d'éclaireurs, de la redoute et du camp de Roc-Barbenne où il fit 400 prisonniers. Nommé le 13 brumaire suivant, chef de brigade de la 56e demi-brigade de ligne, devenue 85e, Éberlé, à la tête d'une colonne de 700 éclaireurs, enleva plusieurs redoutes, perça la ligne de l'armée ennemie et fit 2 000 prisonniers. Le 29 germinal de la même année (18 avril 1796) il commandait l'avant-garde de la division Serrurier à l'attaque de Mondovi. Atteint de trois coups de feu, dont un lui traversa la jambe droite, il continua de diriger les troupes sous ses ordres jusqu'à la fin du combat. Le 1er frimaire an V, à la reprise de Rivoli, il marcha à la tête de son corps formé en colonne serrée contre l'ennemi qui avait déjà battu deux demi-brigades de la division Joubert et qui s'avançait pour s'emparer de l'ancienne redoute espagnole; il parvint à couper sa ligne, culbuta 400 hommes dans l'Adige et fit 1 500 prisonniers.

Dans le courant de la même année, à l'expédition du Tyrol, il prit sa part de gloire dans tous les avantages obtenus par le général Joubert. À la tête d'une seule compagnie de grenadiers de la 85e demi-brigade, il força le passage d'un pont dans des gorges très-difficiles, fit 500 prisonniers et s'empara de l'artillerie et des équipages de l'ennemi. La 85e demi-brigade fut désignée pour faire partie de l'expédition d’Égypte. Son chef Éberlé se signala de nouveau à la descente du Gizo (île de Malte), ainsi qu'à la bataille des Pyramides. À son retour, en l'an VII, le navire qui le transportait avec 22 Français convalescents comme lui, fut forcé, par les vents contraires, de relâcher sur les côtes de Calabre dans le port de Crotone. À peine venait-il d'y entrer que le port se trouva cerné par des corsaires barbaresques. L'équipage et les passagers furent obligés de se réfugier dans la citadelle, mais bientôt ils y furent assaillis par les insurgés qui le sommèrent de se rendre à discrétion. Éberlé, qui avait pris le commandement de la petite troupe, l'excita, par son exemple, à faire une vigoureuse résistance, et ce fut à la fermeté qu'il déploya dans cette circonstance qu'il dut d'obtenir une capitulation honorable pour ses compagnons et pour lui.

Le 27 pluviôse an VIII (15 février 1800), il fut appelé au commandement de la première demi-brigade provisoire de l'armée d'Orient (composée des 3e bataillons, des 9e, 13e et 85e demi-brigades de ligne). C'est à la tête de ce corps qu'il prit part, sous les ordres immédiats du général Delmas, aux opérations de l'armée d'Italie. Le 5 nivôse an IX (26 décembre 1800), il montra la plus éclatante bravoure au passage du Mincio ; gravement blessé, il eut le bras droit emporté par un obus et fut amputé sur le champ de bataille.

Le Premier Consul lui décerna, le 25 germinal an IX (15 juin 1801), un sabre d'honneur à titre de récompense nationale. Le 12 germinal an X (3 avril 1802), il fut nommé général de brigade et employé comme commandant d'armes de Nice et gouverneur du département des Alpes-Maritimes. Il sut s'attirer la sympathie des Niçois qui le surnommèrent « Lou General sensa bra ».

Guerres de l’Empire

Classé comme membre de droit dans la 5e cohorte de la Légion d'honneur, il en fut nommé commandant le 25 prairial an XII, et lorsque l'Empereur institua cette noblesse dont les titres se trouvaient inscrits en caractères sanglants sur tous les champs de bataille de l'Europe, le général Éberlé fut créé chevalier de l'Empire. En 1814, il commandait encore à Nice, et les habitants de cette cité conserveront toujours le souvenir des services qu'il leur rendit, notamment dans la nuit du 14 au 15 mai de cette même année, où, par sa conduite ferme et dévouée, il préserva la ville de l'incendie et du pillage par les troupes croates alliées aux austro-piémontais. Le 20 du même mois, il rentra en France, emmenant avec lui, des magasins de Nice, dans la place d'Antibes, 3 bouches à feu et 6 caissons approvisionnés, malgré tous les obstacles que lui opposèrent les armées ennemies auxquelles il sut imposer par sa contenance. Il conserva le commandement de l'armée française établie à Antibes.

En non-activité le 1er septembre 1814, l'Empereur, à son retour de l'île d'Elbe, le nomma commandant supérieur de la place de Briançon et gouverneur du département des Hautes-Alpes, par décret du 26 avril 1815. Il empêcha pendant plusieurs mois les Alliés d'entrer dans aucune des places fortes de son commandement, dans lesquelles se trouvaient des magasins immenses et plus de 50 millions de matériel, malgré l’abdication de Napoléon Ier. Le rapport détaillé des opérations et de la conduite du général Éberlé dans cette circonstance fut soumis au ministre de la guerre le 15 novembre 1815 ; mais les services qu'il venait de rendre au pays n'étaient pas de la nature de ceux qui pouvaient obtenir les bonnes grâces du gouvernement de cette époque : aussi le général, maréchal de camp, fut-il mis à la retraite par ordonnance royale du 5 juin 1816. Il se retira à Nice où, à la demande de la population, qui lui était reconnaissance d'avoir évité le pillage de la ville en 1814, il obtint du roi de Piémont-Sardaigne l'autorisation de s'y établir. Il y décéda le 16 février 1837 et fut inhumé dans le cimetière du château.

Le Général Eberlé était donataire (rente de 4'000 francs) sur Rome (6 janvier 1812), chevalier, baron de l'Empire par lettres patentes du 1er janvier 1813. Il avait épousé en 1814, religieusement à Nice avec l'autorisation de Mgr Colonna d'Istria (évêque concordataire du diocèse de Nice), puis civilement à Antibes, Marie Julie Bermon (née à Nice le 14 avril 1787 et décédée à Nice le 27 février 1854), dont il avait eu 5 enfants.

Postérité

Honorant son souvenir, une voie de Nice, située près du port et permettant l'accès à la colline du château, porte le nom de « Montée Eberlé ».

Une plaque commémorative a été scellée sur les murs en ruine du château de Gilette (Alpes-Maritimes) en mai 1986 ; elle évoque le souvenir du 28ème de Ligne du Sergent Eberlé.

Un tableau, commandé par Louis-Philippe Ier en 1835 au peintre Adolphe Roehn (1799-1864), exposé dans la galerie des batailles du Château de Versailles, commémore l'affronttement qui eut lieu à Gilette (Alpes Maritimes), en 1793, entre les soldats austro-sardes et les troupes françaises commandées par le général Dugommier. Au premier plan à gauche, l'artiste a figuré Gaspard Eberlé qui revient du lieu de ses exploits après avoir pris un drapeau à l'ennemi autrichien (le Sergent Eberlé porte l'uniforme blanc qu'il a pris à un autrichien après l'avoir tué et qui lui a permis de tromper la vigilance des ennemis en même temps que ses propos en allemand) ; le groupe emmené par le Sergent Eberlé avançant en chantant, fier de l'exploit de son chef [1].

Sources

  • « Gaspard Eberlé », dans Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, 1852 [détail de l’édition] (Wikisource)
  • « Les barons d'Empire de Sélestat, le général Gaspard Eberlé, gouverneur de Nice », Amis de la Bibliothèque Humaniste de Sélestat (1980)
  • « Le Mariage à Antibes du Général Gaspard Eberlé », BCGA 146 (Strasbourg, 2004)
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