- Freres Schlumpf
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Frères Schlumpf
Hans Schlumpf (1904-1989) et Fritz Schlumpf (1906-1992) surnommés les frères Schlumpf sont deux industriels alsaciens du XXe siècle qui, après avoir fondé un empire du textile entre 1935 et 1976 à Mulhouse en Alsace, ont assemblé une des plus importantes collections privées du monde de voitures de luxe et de sport pionnières de l'automobile européenne et en particulier de Bugatti. Leur collection de 560 automobiles est aujourd'hui exposée au public à la Cité de l'automobile de Mulhouse - Collection Schlumpf devenu le plus grand musée d'automobiles du monde.
Sommaire
Biographie
En 1904 et 1906 naissent respectivement Hans et Fritz Schlumpf près de Milan en Italie, fils d'un négociant en textile suisse décédé en 1919. Veuve, leur mère Jeanne Schlumpf revient à Mulhouse en Alsace d'où elle est originaire et où elle élève ses deux fils.
Les deux frères se lancent dans la finance. Fritz Schlumpf est le meneur et son frère aîné Hans le suit en tout. Ils sont experts et habiles spéculateurs et font fortune. À la fin de la crise économique de 1929, ils font partie de l’élite de la finance française.
En 1935 les frères Schlumpf investissent leur fortune dans le textile alsacien. Ils fondent une filature à Malmerspach à 30 km au nord-ouest de Mulhouse puis un empire textile en rachetant systématiquement des filatures et industrie lainière autour de Mulhouse, dont le textile est une des spécialités avant la grande crise textile des années 1970. Les affaires sont prospères et leur empire ne cesse de croître. Ils étendent leur empire dans des domaines viticoles de vin de Champagne et dans l'immobilier.
Après la Seconde Guerre mondiale, les rachats se succèdent jusqu’en 1971 faisant d’eux les maîtres incontestés de l’industrie textile et lainière en Alsace.
Constitution de la collection par Fritz et Hans Schlumpf
Au début des années 1960 Fritz se lance dans la passion de sa vie. Les voitures de collection pionnières de l'automobile. Il a personnellement côtoyé Ettore Bugatti vers 1930 et se lie avec des pilotes comme Maurice Trintignant ou même des constructeurs comme Mercedes, afin de mettre la main sur des voitures " à palmarès ". En l’espace de 6 ans, de 1961 à 1967, il accumule une collection de 560 voitures soit près de 100 par an. Fritz est particulièrement passionné par Bugatti. Il achète toutes les Bugatti qu’il peut, faisant revenir dans la région qui les ont vu naître des modèles achetés aux États-Unis. A partir de 1967, Fritz n'achète quasiment plus de voitures, mais s'attache à faire restaurer celles qu'il a acquises. Les Bugatti de sa collection ont été restaurées dans les usines Bugatti à Molsheim, au nord de l'Alsace. Fritz supervisait tout, cherchant à retrouver les teintes, les matériaux et les pièces d'origines. Il bénéficiait d'un accord avec les usines Bugatti, qui au vu le nombre de voitures restaurées chaque mois, lui faisaient des tarifs très réduits. En 1963, Bugatti est revendu au constructeur français Hispano Suiza. Fritz acquiert alors certains documents de la marque, quelques machines de l'usine, quelques voitures et prototypes, des pièces automobiles, ainsi que la Bugatti Royale personnelle d'Ettore Bugatti à la famille Bugatti.
En 1964, Fritz achète l'ensemble de la " collection américaine Shakespeare ". Trente Bugatti, dont un autre exemplaire des six Bugatti Royale. Dorénavant, Fritz et Hans Schlumpf possèdent la plus grande collection de Bugatti au monde. Ils rangent leur importante collection dans trois anciennes filatures de Mulhouse (dont l'une deviendra le musée d'aujourd'hui) séparant les Rolls-Royce, les Bugatti et les autres marques. Ils emploient à plein temps une trentaine d'ouvriers spécialisés (carrossiers, mécaniciens, ébénistes, maroquiniers, etc.) pour restaurer à neuf les pièces de la collection dont certaines sont des épaves. Le musée est éclairé par 500 luxueuses reproductions de candélabres du pont Alexandre-III de Paris.
Mais à partir de 1971, la crise textile touche toutes les entreprises de la région. Déjà beaucoup d'entreprises du secteur sont gravement touchées. Celles des Schlumpf, malgré leur gestion exemplaire, ne feront pas exception longtemps. Les frères Schlumpf, très attachés à leur personnel, se refusent à licencier, bien que le contexte l'exigerait.
Crise du textile et faillite
Du fait de cette crise textile, mais aussi des prélèvements de leurs actionnaires, les entreprises Schlumpf commencent à avoir des difficultés de trésorerie. En octobre 1976, l'usine textile de Malmerspach licencie à la surprise générale. Un grave conflit social éclate, mené par des syndicalistes. Les frères Schlumpf sont séquestrés pendant trois jours dans leur villa. Ils fuient sous la protection de la police et des autorités, et vont se réfugier à Bâle en Suisse, leur pays d'origine. Ils abandonnent, momentanément pensent-ils, leurs usines et la collection de voitures.
Le 7 mars 1977, des syndicalistes et quelques ouvriers des frères Schlumpf forment un commando et pénètrent sans autorisation dans le musée. Ils y découvrent le trésor stupéfiant. Le syndicat CFDT baptise le musée « musée des Travailleurs », et les employés occupent le site pendant deux ans. Ils réclament de vendre la collection mulhousienne pour combler le déficit de leur employeur. Le procès de la faillite est interminable. « L'affaire Schlumpf » fait la une des médias mondiaux. Fritz Schlumpf devra subir un procès pour abus de biens sociaux notamment, lequel mènera à la confiscation de l'extraordinaire collection de voitures.
Jean Panhard fonde L'Association du Musée national de l'automobile avec la ville de Mulhouse, le département du Haut-Rhin, la région Alsace, la chambre de commerce Sud Alsace, la société Panhard et l'Automobile Club de France pour sauver cet exceptionnel patrimoine national et le maintenir en Alsace. 422 modèles sur 560 de la collection sont inscrits aux Monuments historiques. La longue procédure judiciaire impose à l'État français de payer 40 millions de francs au syndic de la liquidation Schlumpf pour se porter acquéreur de la collection des frères Schlumpf de Mulhouse (une fraction de la valeur réelle de la collection qui fut estimée parfois jusqu'à 325 millions de francs).
En 1978 le Conseil d'État classe la collection de Mulhouse monument historique puis la vend pour 44 millions de francs en 1981 à l'Association du musée national de l'Automobile qui acquiert collections, terrains et bâtiments. En 1982, l'association aménage le musée de Mulhouse et l'ouvre au public. Le musée est baptisé Musée National de l'Automobile - Collection Schlumpf puis "Cité de l'automobile" - Collection Schlumpf.
Hans Schlumpf décède en 1989 sans être retourné en Alsace, où il risquait l'arrestation, et Fritz meurt en 1992 en Suisse après avoir effectué en 1990 une ultime visite à la collection.
Après la mort de Fritz, sa veuve Arlette Schlumpf s'attache à restaurer la mémoire de son mari et continue la bataille juridique. Elle décède en mai 2008 et ses Mémoires posthumes sont éditées en mai 2009 (Pour l'amour de Fritz. Auto-biographie).
Donation particulière
Jusqu'en 1988, un groupe d'élèves de l'Ecole Nationale Supérieure des Arts et Industries de Strasbourg (l'actuel INSA de Strasbourg) a développé un véhicule électro-solaire monoplace.
Grâce au soutien et au financement de PME et PMI françaises ainsi que de l'Agence Nationale de Valorisation de la Recherche (ANVAR), ils ont pu réaliser ce prototype. Ils ont du mettre ne oeuvre des techniques novatrices (matériaux composites, électronique de puissance, moteurs électriques, batteries, etc.) afin de pouvoir la construction. Une bonne dose d'astuce et d'acharnement de la part des élèves-ingénieurs n'aura pas été de trop pour concevoir cette magnifique invention.
Le véhicule est propulsé par des moteurs électriques. Ceux-ci sont alimentés par des batteries qui permettent une autonomie de deux heures. La voiture peut attendre une vitesse de pointe de 70 km/h. Lorsque le véhicule est en fonctionnement, les batteries sont rechargées par un panneau de cellules photovoltaïques, et ce en permanence.
En 1988, la voiture a participé à une série de compétitions qui s'est tenue dans les environs de Colmar (Haut-Rhin), et a été présentée à la presse audiovisuelle nationale à Paris et sur le circuit d'essais de Montlhéry (Essonne).
Elle a été offerte au musée de l'automobile de Mulhouse (Haut-Rhin) où elle est exposée, à coté des nombreuses voitures mythiques.
Voir aussi
- L'Affaire Schlumpf, de Francis Laffon et Elisabeth Lambert, Editions La Nuée Bleue, Strasbourg.
- Pour l'amour de Fritz. Auto-biographie, d'Arlette Schlumpf, avec Bernard Reumaux, Editions La Nuée Bleue, Strasbourg.
- Le livre d'Arlette Schlumpf
- "L'affaire Schlumpf revisitée"
- L'association Collection Schlumpf
- Interview d'Arlette Schlumpf
Liens externes
- Site de la Cité de l'automobile
- Collection Schlumpf sur www.culture.gouv.fr
- Fritz Schlumpf, l’homme qui aimait trop les Bugatti
- Galerie Photo auto.sport.free.fr
- Archive de l'émission Turbo de M6
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