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François Goullus
Le baron François Goullus, général de brigade, né le 4 novembre 1758 à Lyon (Rhône), entra au service comme soldat le 28 octobre 1776 dans le régiment de la Couronne (45e d'infanterie), et y fut successivement nommé caporal. le 1er décembre 1778, sergent le 28 novembre 1779, sergent-major le 22 juin 1787, et adjudant le 24 décembre 1789.
Devenu sous-lieutenant le 15 septembre 1791, il fut fait lieutenant le même jour et obtint le grade de capitaine le 26 septembre 1792. Il fit la campagne de cette année et celle de 1793 à l'armée du Nord, et en Champagne, sous Rochambeau, Dumouriez, Dampierre, etc. La fermeté avec laquelle il défendit le passage de la Suippe, que les émigrés tentaient de forcer, attira sur lui l'attention du général en chef qui le fit nommer lieutenant-colonel, par les représentants du peuple, 30 octobre 1792.
À Jemmapes, le 6 novembre suivant, il commandait le 2e bataillon du 45e, presque tout composé de recrues, et il le fit manœuvrer sous les yeux du général Harville avec autant de sang-froid et de précision que si c'eût été sur un champ d'exercice. Après le siège de Namur, auquel il avait coopéré, Goullus eut le commandement de cette ville et de son château, par arrêté du général Harville du 15 décembre de la même année, tout en conservant celui de son bataillon, dans lequel il sut maintenir la plus exacte discipline.
À la retraite de l'armée, il se rendit à marches forcées avec une forte colonne à Maubeuge, dont il prit le commandement le 1er mars 1793. Nommé chef de brigade provisoire, par le général en chef Dampierre, le 12 avril suivant, il se distingua dans plusieurs affaires de l'évacuation du camp de Famars sur Cambrai, il fut choisi, le 31 juillet, parmi tous les chefs de brigade de l'armée pour aller prendre le commandement supérieur du Quesnoy, où il arriva le 1er août. Ce même jour, Valenciennes se rendit aux Autrichiens, et, le 17, la place du Quesnoy se trouva complètement bloquée.
Le chef de brigade Goullus fit aussitôt sortir la garnison, alla harceler et battre l'ennemi vers Villereau et Jolimet ; mais numériquement trop faible pour tenir la campagne, il fut obligé de rentrer en ville. Pendant neuf jours qui s'écoulèrent sans que l'ennemi entreprît les travaux du siège, la garnison fit avec succès trois sorties. Enfin, la tranchée fut ouverte dans la nuit du 26 au 27, et dès lors la place fit un feu continuel sur l'ennemi. Le 2 septembre, à onze heures du matin, le général Clairfait envoya un parlementaire, porteur d'une sommation au commandant français, d'avoir à rendre la place, le déclarant responsable de tous les maux qu'entraînerait son opiniâtreté. Goullus lui fit la réponse suivante : « Monsieur, mon devoir et l'honneur de ma patrie me prescrivent de n'écouter aucune proposition tendant à la reddition de la place dont la défense m'est confiée ; il n'est aucun sacrifice que je ne sois en état de faire pour le soutien du glorieux nom français. Vous estimeriez bien peu mes troupes, ainsi que moi, si je souscrivais à votre sommation. J'espère néanmoins, Monsieur, que nous mériterons par notre défense, et votre considération et celle de nos concitoyens, et que vous ne pourrez vous empêcher de rendre justice à notre bravoure. »
Par suite de ce refus formellement exprimé, l'ennemi démasqua, à cinq heures du soir, de nombreuses batteries lors qui ne cessèrent pas de tirer nuit et jour sur la ville. Le feu terrible de 110 pièces de divers calibres, qui ne lancèrent pas moins de 29 000 boulets, 22 000 obus et 11 000 bombes pendant les dix jours de tranchée ouverte, détruisit la majeure partie des habitations ainsi que les magasins et établissements militaires. L'arsenal était réduit en cendres, les trois quarts de la garnison hors de combat.
Goullus, toujours présent là où le danger était le plus grand, stimulait l'ardeur et l'activité des combattants, C'est pendant qu'il était sur le rempart qu'il fut atteint, le 5, par un éclat d'obus au pied gauche et à la jambe droite. Quoique grièvement blessé, il n'en continua pas moins à donner la direction de toutes les opérations défensives.
Enfin, après une lutte des plus désespérées et lorsque toutes ses ressources et ses moyens de défense eurent été complètement épuisés, il se résigna à capituler. La convention fut signée le 11 septembre, à dix heures du soir. La garnison prisonnière de guerre, ainsi que son commandant, fut envoyée en Hongrie, et l'ennemi prit possession de la place le 12.
Rentré en France après deux ans de captivité, le ministre de la guerre, Aubert-Dubayet, lui adressa, le 30 nivôse an IV, une lettre flatteuse par laquelle il lui annonçait que le gouvernement appréciait la valeur de ses services. Autorisé à se rendre auprès du général en chef Jourdan, en attendant qu'il y eût une vacance dans son grade, il fut employé comme commandant temporaire dans le département du Forèz. Confirmé dans son grade de chef de brigade par arrêté du Directoire, le 6 ventôse suivant, il continua de servir à l'armée de Sambre-et-Meuse, et fut élevé au grade général de brigade le 29 pluviôse an V.
Après le passage du Rhin à Neuwied, par le général en chef Hoche, Goullus fut détaché pour repousser l'ennemi dans le fort d'Ehrenbreitstein. Il attaqua un corps ennemi qui occupait Vesselich et Pfaffendorf, et le rejeta dans cette forteresse, qu'il investit aussitôt. C'est à ses soins que fut confié ce blocus, et il en conserva le commandement jusqu'au moment où la place était sur le point de capituler. Le gouvernement le rappela alors pour faire la nouvelle campagne qui allait s'ouvrir sous les ordres de Jourdan, commandant en chef l'armée du Danube.
Chargé après l'affaire d'Ostrach de soutenir la retraite d'une partie de l'armée sur Pfullendorf, le général Goullus s'acquitta de cette mission délicate avec tout le succès désirable. Le 11 floréal an VIII, il réussit à effectuer un passage secondaire à Paradies, malgré la supériorité de l'ennemi, qui tenta vainement d'y mettre obstacle. Avec quelques barques et 2 bataillons de la 10e demi-brigade d'infanterie légère, il trouva le Rhin et prit et reprit plusieurs fois à la baïonnette le village de Buzengen. Il se distingua le 3 mai 1800 à la bataille de Stockach, le 5 à la bataille de Moeskirch et le 10 au combat de Memmingen, où il fut blessé d'un coup de feu qui lui traversa la joue droite. Employé au commandement de l'arrondissement de Leoben, en Styrie, il rentra en France après la paix, fut mis en disponibilité le 1er vendémiaire an X, et appelé au commandement du département de la Haute-Garonne (10e division militaire), le 29 messidor suivant.
Créé membre et commandeur de la par Légion d'honneur les 19 frimaire et 25 prairial an XII, il fut ensuite désigné l'Empereur pour faire partie du collége électoral du département du Rhône, et de fit les campagnes de l'an XIV et de 1806, avec la 4e division de l'armée d'Italie et de Naples. Rentré en France avec un congé au mois d'avril 1807, il fut employé de nouveau dans la 10e division militaire, le 29 mai suivant, et passa le 30 janvier 1808, dans la division des Pyrénées-Orientales, puis à l'armée de Catalogne, avec laquelle il fit les campagnes de 1808, 1809 et partie de 1810. Le 30 juin 1808, il battit et mit en déroute un rassemblement considérable, d'insurgés qui s'étaient retranchés derrière le Llobregat. Au mois de juillet suivant, le général Goullus, avec sa brigade, se rendant au siège de Girone, s'empara en passant de la ville d'Hostalrich et enleva un convoi dont l'escorte fut entièrement sabrée. Le 26 novembre de la même année, dans l'attaque générale faite par les généraux espagnols Vives et Reding contre les lignes françaises devant Barcelone, le général Goullus fut blessé d'un coup de feu à l'épaule gauche.
Créé baron de l'Empire en 1809, il rentra en France par congé le 15 mai 1810, et fut nommé commandant d'armes à Amsterdam le 2 janvier 1811. Au mois de juin de cette dernière année, il sollicita son admission dans l'ordre des Trois-Toisons-d'Or, et sa demande, favorablement accueillie, fut renvoyée au grand chancelier.
Admis à la retraite par décision du 24 février 1814, le général Goullus fut nommé chevalier de Saint-Louis le 20 août suivant, et mourut à Brie (Ariège) le 7 septembre de la même année.
Source
« François Goullus », dans Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, 1852 [détail de l’édition] (Wikisource)
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