François-Auguste Mignet

François-Auguste Mignet
Francois-Auguste Mignet
Francois-Auguste Mignet.jpg
Activités Écrivain, historien, journaliste et conseiller d'État
Naissance 8 mai 1796
Aix-en-Provence (France)
Décès 24 mars 1884
Paris (France)

François-Auguste-Marie Mignet[1], né le 8 mai 1796 à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) et mort le 24 mars 1884 à Paris, est un écrivain, historien, journaliste et conseiller d'État français.

Sommaire

Biographie

Formation et carrière d'historien

François-Auguste Mignet naît le 8 mai 1796 à Aix-en-Provence dans une rue alors dénommée rue Bellegarde, mais qui prendra le nom de rue Mignet en 1885[2]. Il fait ses études primaires au collège d'Aix, alors situé à la chapelle des Andrettes, puis part au lycée d'Avignon à l'aide d'une bourse.

Il revient à Aix-en-Provence en 1815 pour y suivre des études de droit[3]. Il y fait la connaissance d'Adolphe Thiers avec qui il se lie d'amitié[2]. Il soutient une thèse en 1818 qui lui vaut les félicitations du jury et lui permet d'être reçu au barreau[4]. Pourtant, le droit ne l'attire pas, et c'est vers une carrière d'historien que le jeune diplômé veut se diriger. À 24 ans, il est lauréat de l'Académie des inscriptions et belles-lettres pour son De la féodalité, des institutions de saint Louis et de l'influence de l'institution de ce prince[3],[4].

Son œuvre majeure

Adolphe Thiers, ami intime de François Mignet, devient président de la République en 1871.

Il quitte Aix-en-Provence pour Paris en 1821, en même temps qu'Adolphe Thiers[4]. Mais il retourne tous les ans dans sa ville natale et c'est lors de ces séjours qu'il va composer son œuvre majeure, Histoire de la Révolution française de 1789 jusqu'en 1814, écrite et publiée en deux volumes en 1824[2] et traduite en vingt langues. Son écritures l'identifie au courant de l'histoire narrative, en vogue au XIXe siècle, et dont il est une des figures emblématiques, avec Augustin Thierry et Adolphe Thiers. Il se démarque de la vision de Jules Michelet et, plus encore du courant de l'histoire philosophique[5]. Il est le premier à donner une signification sociale à la Révolution française. Il distingue deux révolutions : la première (1789-1791), réalisée par les classes moyennes était rendue inévitable par la nécessité d'accorder les institutions politiques avec les réalités sociales du XIXe siècle (l'apparition de la bourgeoisie, capable de diriger l'État mais globalement écartée du pouvoir), et la seconde révolution, qui est une révolution défensive, rendue inévitable par la résistance des contre-révolutionnaires, et réalisée par le peuple auquel la classe moyenne a fait appel pour défendre sa révolution. Mais ce n'est pas à ses yeux une révolution constructive. Contrairement aux historiens antérieurs (madame de Staël, Augustin Thierry, Guizot, Sismondi), Mignet est le premier à distinguer deux blocs au sein du Tiers état. Selon Yvonne Knibiehler, Mignet « lève le complexe de culpabilité qui depuis la Terreur leur (les classes moyennes) faisait baisser la tête : les responsables de 89 s'étaient cru coupables de 93, ils savent désormais que la violence n'est plus leur faute mais celle de leurs adversaires : les privilégiés[6]. » L'ouvrage fondateur de Mignet, qui met en valeur les écueils que les révolutions libérales doivent éviter pour réussir (la guerre extérieure, l'appel au peuple) sera ainsi « le bréviaire des révolutions libérales » du XIXe siècle[6].

Mignet donne dans le même temps des cours à l'Athénée. Conseiller d’État, il est directeur des archives au ministère des Affaires étrangères sous Louis-Philippe[7]. Il œuvre notamment dans le journalisme, étant successivement ou simultanément rédacteur au Constitutionnel, au Courrier français, à la Revue des Deux Mondes, au Journal des savants, et est l'un des fondateurs du National[4]. Il figure parmi les signataires de la protestation contre la loi sur la presse. Il écrit des articles contre les Bourbons, ce qui fait de lui l'un des artisans des Trois Glorieuses (juillet 1830)[2].

Il est membre de l'Académie des sciences morales et politiques dès sa reconstitution en 1832, et en devient secrétaire perpétuel en 1836. Il fréquente avec Thiers la goguette des Frileux[8]. Soutenu par Thiers, il est élu à l'Académie française, le 29 décembre 1836, et y siège près de 48 ans[9]. En 1846, il charge le jeune normalien Jules Bonnet de recueillir les lettres inédites de Calvin.

Dernières années de sa vie

Église de la Madeleine d'Aix-en-Provence où sont célébrées les obsèques de Mignet.

Il va nouer de solides amitiés, notamment avec le poète allemand Heinrich Heine. Mignet est présent à son inhumation au cimetière de Montmartre le 20 février 1856. Heine est un grand admirateur de l'œuvre de Mignet. Il a lu et relu l'Histoire de la Révolution[10].

Mignet meurt le 24 mars 1884 au 12, rue d’Aumale (Paris). Une plaque commémorative y a été apposée. Elle contient les mots : « François Mignet, historien, né à Aix-en-Provence le 8 mai 1796, est mort dans cette maison le 24 mars 1884[11]. » Ses obsèques ont lieu en l’église de la Madeleine, à Aix-en-Provence. Il est inhumé au cimetière Saint-Pierre[2].

Œuvres et distinctions

  • Un éloge de Charles VII, prix de l'académie de Nîmes ;
  • L'Absence, prix de l'académie d'Aix ;
  • Essai sur les institutions de Saint-Louis, prix de l'académie des inscriptions et belles-lettres ;
  • Histoire de la Révolution française, 1824.

Annexes

Notes et références

  1. Conformément à l’usage de cette époque, il n’utilisait dans sa vie publique que le nom de « Mignet » sans prénom. Certaines de ses œuvres sont rééditées de nos jours sous le nom de « François-Auguste Mignet » ou « F. A. M. Mignet ». Le Grand Larousse du XXe siècle l’appelle « Auguste Mignet », tandis que d’autres sources l’appellent « François Mignet ».
  2. a, b, c, d et e « François-Auguste Mignet », Jean Bonnoit, in Deux siècles d'Aix-en-Provence. 1808-2008, Académie d'Aix éditions, Aix-en-Provence, 2008, (ISBN 9782953151008), p. 137.
  3. a et b (en) « François Mignet », Encyclopaedia britannica online.
  4. a, b, c et d Histoire des quarante fauteuils de l'académie française, Tyrtée Tastet, Lacroix-Comon éd., Paris, 1855, p. 409-417.
  5. Victor Hugo. Quatrevingt-treize, Thanh-Vân Ton-That, coll. « Connaissance d'une œuvre », éd. Bréal, 2002, p. 13.
  6. a et b Yvonne Knibiehler (université de Provence), Une révolution « nécessaire » : Thiers, Mignet et l'école fataliste, in revue Romantisme (Société des études romantiques et dix-neuvièmistes), 1980, volume 10, n°28-29, pages 279-288
  7. Notice biographique sur le site de l’Académie française.
  8. Émile de Labédollière, Le Nouveau Paris, Gustave Barba Libraire-Éditeur, Paris 1860, page 222.
  9. Concernant son engagement à l'Académie française, l'historien d'Aix-en-Provence, Ambroise Roux-Alphéran rapporte des propos que l'on disait sur Mignet à Paris : « Qu'il serait difficile de décider si l'Académie était faite pour lui, ou s'il était fait pour l'Académie. » (Les Rues d'Aix, vol. I, Aix-en-Provence, 1846, p. 501.)
  10. Le Soleil de la liberté. Henri Heine (1797-1856), l'Allemagne, la France et les révolutions, Lucien Calvié, Presses universitaires de Paris-Sorbonne, Paris, 2006, p. 16, 17.
  11. Sur les murs de Paris : guide des plaques commémoratives, Alain Dautriat, L'Inventaire et Jazz éditions, Paris, 1999, p. 93.

Lien externe

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