- Francis Rawdon-Hastings
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Francis Rawdon-Hastings (9 décembre 1754 – 28 novembre 1826), est un homme politique et un militaire britannique qui a été Gouverneur général des Indes de 1813 à 1823. Il fut connu dans les derniers temps de sa vie sous le nom de marquis d'Hastings. Il était de l'ancienne famille de Rawdon.
Biographie
Fils du premier comte de Moira et de sa troisième femme Elisabeth Hastings, il naquit en Irlande et reçut une brillante éducation. Il fit ensuite un voyage sur le continent, entra dans l'armée en devint lieutenant en 1773, puis s'embarqua pour l'Amérique, où les hostilités contre les États-Unis avaient commencé.
Il combattit en qualité de lieutenant de grenadiers à la fameuse Bataille de Bunker Hill, et y reçut deux coups de feu à son bonnet. Sa bravoure dans cette occasion lui mérita les plus grands éloges de la part du général Burgoyne. Il devint, en 1775, capitaine et aide-de-camp de sir Henry Clinton.
Il se trouva aux batailles de Brooklyn et de White-Plains, à l'assaut donné au fort Washington, à celui de Clinton, et s'y comporta avec courage, ainsi que dans plusieurs autres affaires, ce qui lui valut un avancement extrêmement rapide ; car en 1778, n'ayant pas encore vingt-quatre ans, il était adjudant général avec le rang de lieutenant. Lord Rawdon (c'était le nom qu'il portait alors), rendit de grands services à l'armée dans sa retraite à travers les Jerseys de Philadelphie à New York et dans l'action qui eut lieu à Monmouth. Il s'embarqua ensuite avec ses troupes pour Charlestown, et assista au siège de cette place.
Malgré sa jeunesse, il reçut le commandement d'un corps séparé dans la Caroline méridionale. Ce corps, dit des volontaires irlandais, était formé des nombreux Irlandais qui désertaient les rangs des Américains pour grossir ceux des Britanniques ; mais qui étaient fort enclins à déserter de nouveau et à retourner à l'autre parti. Rawdon déploya contre cet esprit de trahison une sévérité sans miséricorde et très expéditive. C'est pourtant avec ce corps qu'il contribua en 1780 au succès de la bataille de Camden, où moitié des siens furent mis hors de combat.
Après cette affaire, lord Cornwallis le laissa dans la Caroline méridionale, pour tenir tête aux généraux américains Marion et Cumpter ; mais tout à coup il eut affaire à Green, qui, après la bataille de Guildford, ayant tourné la gauche de Cornwallis, se trouva en face de lord Rawdon, mal défendu par quelques redoutes à Camden. Lord Rawdon ne s'en tira qu'en prenant l'initiative et en tombant sur les Américains avec une intrépidité et une vigueur qui les forcèrent à la fuite devant Hobkirk-Hill (1781).
Les affaires des Britanniques n'en commençaient pas moins à décliner, et lord Rawdon avait été chargé de diriger la retraite de leur armée, obligée d'évacuer Camden pour revenir à Charlestown. Ce fut pendant son séjour dans cette place qu'il fit traduire devant une cour d'enquêtes le nommé Isaac Haynes, Américain, qui fut condamné à mort et exécuté, pour avoir cherché à soulever des milices à la solde du Royaume-Uni. Les attaques les plus virulents furent lancées contre lui à cette occasion ; on l'accusa presque d'avoir commis un assassinat et le duc de Richmond en parla avec beaucoup d'aigreur à la chambre des pairs.
À son retour au Royaume-Uni, lord Rawdon eut une vive explication avec lui, et il l'obligea de se justifier de ce qu'il avait imprudemment avancé. Avant de quitter l'Amérique, lord Rawdon, quoique malade, dirigea de sa voiture la retraite des troupes qui étaient sous ses ordres. Mais, son mal empirant, il fut forcé de s'embarquer pour le Royaume-Uni. Le vaisseau qu'il montait ayant été pris par la frégate française la Glorieuse, il fut conduit à Brest. Il recouvra bientôt sa liberté et arriva au Royaume-Uni, où le roi le créa pair du Royaume-Uni et le nomma son aide de camp. Il avait été promu au grade de colonel en 1782. A la mort de son oncle, le comte d'Huntingdon, il hérita de tous ses biens et obtint du roi la permission de prendre le nom et les armes de cette illustre maison.
Son père étant mort le 20 juin 1793, il lui succéda dans le titre de comte de Moira. Vers la fin de cette même année, il fut chargé de commander un corps composé en partie d'émigrés français, destiné à secourir les Vendéens. Il partit le 1er décembre de Portsmouth et se dirigea vers les côtes de France ; mais les royalistes ayant manqué leur attaque sur Granville, et ses premières communications avec eux étant tombées entre les mains des républicains, il ne put débarquer, tint encore quelque temps la mer et rentra à Portsmouth, lorsqu'il apprit que l'entreprise des Vendéens avait complètement échoué.
Il quitta ensuite le commandement de cette armée des émigrés, au grand regret des royalistes émigrés, auxquels il montra toujours beaucoup de zèle et d'intérêt. Le 14 février 1794, il parut à la chambre des pairs et, dans un discours, justifia la conduite qu'il avait tenue, et réfuta plusieurs inculpations qu'on s'était permises contre lui. Dans le mois de juin, il reçut un commandement dans les Pays-Bas, sous les ordres du duc d'York, mais il ne le conversa pas longtemps, ayant été remplacé par le général Abercrombie. Il retourna au Royaume-Uni et resta sans activité, quoique pourvu du commandement de Southampton, jusqu'au milieu de 1795, qu'il fut chargé de soutenir l'expédition entreprise par un corps d'émigrés français, sous la conduite du comte de Puisaye, expédition qui se termina lors de l'expédition de Quiberon. L'avis de lord Moira était entièrement opposé à cette entreprise, mais ses avis malheureusement ne furent point accueillis.
Il parla ensuite très vivement contre la réunion de l'Irlande et du Royaume-Uni, proposée en 1799, et se montra constamment opposé au ministère. Dans la séance de la chambre des pairs du 20 juin 1803, il s'éleva contre le plan de défense adopté par les ministres, et proposa de le changer dans toutes ses parties. Il fut cependant nommé à cette époque commandant en chef des forces britanniques en Écosse, et constable de la Tour. En 1805, il obtint l'emploi de lord-lieutenant d'Irlande, à la suite de la réconciliation du roi avec le prince de Galles, à laquelle il avait beaucoup contribué. Après la mort de Pitt, il eut en 1806 sous le ministère de Fox la place de grand maître de l'artillerie. Le 11 juillet de la même année, il parla en faveur du bill d'exercice, dit qu'on en avait mal interprété le sens, fit valoir les avantages de cette mesure et en vota l'adoption.
L'année suivante, il éleva la voix en faveur de l'abolition de la traite des noirs et de l'émancipation des catholiques. Le 11 avril 1808, il exprima de nouveau sa conviction de la justice des demandes de ces derniers, en observant qu'il croyait convenable d'ajourner la discussion de cet objet ; néanmoins, le 27 mai suivant, il proposa de renvoyer à un comité d'examen la pétition des catholiques d'Irlande, dont il appuya les conclusions. Le 7 avril 1810, il prit, comme gouverneur de la Tour, les mesures nécessaires pour protéger cet édifice contre la fureur de la populace, irritée des ordres donnés pour l'arrestation de sir Francis Burdett. Dans le mois de février, il censura vivement la conduite de Wellesley Pôle dans ses fonctions de secrétaire du gouvernement d'Irlande. Il lui reprocha des actes arbitraires, et le 21 avril 1812, la question de l'émancipation des catholiques avant encore été présentée, il défendit leurs droits avec chaleur.
Le comte de Moira était du nombre des favoris du prince de Galles ; il avait été le second du prince dans son duel avec le lieutenant-colonel Lennox, et il avait pris une part très vive à la discussion du premier bill sur la régence (1789). Devenu enfin régent, ce prince lui en témoigna sa reconnaissance, en le nommant gouverneur général des possessions britanniques dans les Indes orientales (janvier 1814). Ce poste était très désire de lord Moira, qui y déploya en même temps son goût pour le faste et ses talents militaires, il commença à faire célébrer à Calcutta en juin l'anniversaire de la naissance du roi, avec des fêtes plus magnifiques qu'on n'en avait vu dans l'Inde depuis les temps du grand Mogol, prétendant que, pour maintenir la considération du nom britannique parmi ces innombrables nations, gouvernées par une poignée d'Européens, il convient de frapper leurs yeux de toute la pompe d'une cour royale.
Aussi ne paraissait-il en public que précédé d'un chambellan, d'un capitaine de ses gardes, de plusieurs aides de camp, écuyers, etc. Les dépenses de sa maison étaient immenses. Ayant entrepris en 1815 un voyage à travers l'Hindoustan jusqu'à la rivière de Setledje, pour s'assurer des dispositions des habitants de ces vastes provinces, il ne tarda pas à reconnaître qu'elles étaient généralement hostiles. En effet, les peuples du Népal se soulevèrent bientôt ; mais les talents militaires du gouverneur britannique, joints à la discipline de ses troupes, triomphèrent des indigènes après une vigoureuse résistance.
Cette guerre fut suivie de celle qu'il fallut soutenir contre plusieurs princes de la confédération mahratte. Lord Moira fit avec son activité ordinaire les préparatifs nécessaires et déclara dans une proclamation,
« Que l'épée ne rentrerait point dans son fourreau que la compagnie n'eût été indemnisée ;des frais de la guerre »
, promesse qui fut plus qu'accomplie comme on va le voir plus loin. Dans le mois dé décembre, par un ordre du jour daté du fort William, lord Moira proclama le major général William Grant-Heir, commandant des forces britanniques à l'île de Java et dépendances. On sait que depuis cette colonie a été remise entré les mains du gouvernement hollandais. En juillet lord Moira fit connaître aux ministres dans ses dépêches, que Sindiah était à Gwalior avec son armée ; que le radjah du Bérar y était aussi avec la sienne ; que l'armée de Madras, forte de hommes, était à Elichpour dans le Decan, et que les troupes auxiliaires du Nizam et du Pei-shwa se trouvaient à Jaulna. Il annonçait en même temps que l'armée de Bombay était près d'agir, et que la famille captive du roi de Candi, venant de Colombo, avait été débarquée à Madras et envoyée à Vellor.
La guerre contre les Mahrattes peu d'accord entre eux et dont les forces considérables étaient paralysées par les secrètes jalousies de leurs princes, eut le même résultat que celle du Népal, c'est-à-dire qu'elle ajouta aux immenses, possessions du Royaume-Uni dans cette partie du monde.
Lord Moira avait épousé, pendant son séjour en Écosse, Flora Campbell, fille unique du feu comte de Loudounr. Ses services furent récompensés dès 1816 par les titres de vicomte de Loudoun, comte de Rawdon, et marquis d'Hastings. Ayant demandé sa retraite, vu l'affaiblissement de sa santé en ce climat si chaud, il fut remplacé par lord Amberst, et revint à Londres en 1822, d'où en 1824 il fut envoyé comme gouverneur général à Malte. Il n'y fit parler de lui que comme déployant toujours un faste de prince et souvent aux prises avec des embarras pécuniaires. Une chute de cheval, qu'il fit en 1829, lui causa une hernie dont il souffrit beaucoup, et le 28 novembre, il expira sur un vaisseau britannique dans la baie de Naples.
On a de lui en anglais :
- Discours sur l'état terrible et alarmant de l'Irlande, 1797, in-8° ;
- Lettres au colonel Mac-Mahon sur le changement dit ministère, 1798, in-8°.
Source
« Francis Rawdon-Hastings », dans Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne : histoire par ordre alphabétique de la vie publique et privée de tous les hommes avec la collaboration de plus de 300 savants et littérateurs français ou étrangers, 2e édition, 1843-1865 [détail de l’édition]
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