- Evguéni Zamiatine
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Ievgueni Zamiatine
Ievgueni Ivanovitch Zamiatine (russe : Евгений Иванович Замятин), né le 1er février 1884 à Lebedian, oblast de Lipetsk (Russie), mort le 10 mars 1937 à Paris, (France), parfois appelé en français Eugène Zamiatine ou Evgueni Zamiatine, est un auteur russe, également ingénieur naval et professeur.
Ievgueni Zamiatine connaissait bien les œuvres de H.G. Wells. Son œuvre est constamment animée par une volonté hérétique qui lui vaudra les foudres de la censure des gouvernements tsariste puis communiste.
Son roman le plus connu, Nous autres, exprime sa déception à l'égard de la révolution d'Octobre. Ce roman de science-fiction est une « dystopie », ou contre-utopie; il est souvent présenté comme la source d'inspiration du Meilleur des mondes (1932) d'Aldous Huxley, de 1984 (1949) de George Orwell et d’Un bonheur insoutenable (1970) d'Ira Levin[1].
Sommaire
Biographie
Né d'un père prêtre orthodoxe, maître d'école et d'une mère musicienne, il fait ses études au lycée de Voronej puis étudie la construction navale à l’Institut polytechnique de Saint-Pétersbourg de 1902 à 1908 et rejoint rapidement les Bolcheviks.
Il participe à la tentative de révolution de 1905, pendant laquelle il rencontre sa femme, Lioudmila Oussova (avec laquelle il se marie en 1908), mais est arrêté, puis assigné à résidence. Il tente de rentrer clandestinement à Saint-Pétersbourg mais doit se réfugier en Finlande. Ses écrits et actions politiques lui valent un nouvel exil en 1911. Ces épisodes d'éloignement lui inspirent Province. À peine rentré à Saint-Pétersbourg après l'amnistie de 1913, la publication d'Au Diable vauvert lui vaut les foudres de la censure tsariste et un nouvel exil.
Muni de son diplôme d'ingénieur naval, il est en Angleterre en 1916 pour superviser la construction de navires brise-glace.
Apprenant les prémisses de la Révolution d'Octobre, il rentre d'Angleterre en septembre 1917 et participe avec enthousiasme au foisonnement littéraire, se réclamant du néo-réalisme.
D'abord bolchevique, Zamiatine s'est trouvé beaucoup plus critique à l'égard de la dictature totalitaire soviétique et quitte le Parti en 1917.
En 1920 paraît La Caverne, un recueil de nouvelles. Son roman Nous autres, écrit en 1920-1921 et publié quatre ans plus tard en langue anglaise[1], lui apporte la notoriété, même s'il est interdit en URSS.
Professeur à la « Maison des Arts » de Saint-Pétersbourg, aux côtés de Iouri Tynianov et Kornei Chukovsky, il inspire les « Frères Serapion », un groupe de jeunes écrivains.
Inquiété par le Guépéou dès 1922, son nom figure la même année sur une liste d'intellectuels que le gouvernement se prépare à expulser. Des amis étant intervenus, contre son gré, il est obligé de rester en Russie. Interdit de publication en 1924, accusé d'antisoviétisme lors d'une violente campagne de presse après la parution de Nous autres à l'étranger[2], il écrit en 1929, comme Mikhaïl Boulgakov, à Staline, mais uniquement pour obtenir l'autorisation de quitter l'URSS (au contraire de son ami, qui finit par accepter un emploi au Théâtre d'art). Requête acceptée grâce à l'appui de Maxime Gorki.
Il quitte l'URSS en 1931 et s'installe à Paris, où il vit jusqu'à sa mort le 10 mars 1937. Il est enterré au cimetière de Thiais.
Œuvres
Romans
- Les Insulaires (satire des moeurs anglaises), 1917 - Stalker Editeur, 2008
- Seul, 1908 - traduction française éditions Rivages, 1990 ISBN 2-86930-325-4
- Province, 1913 - traduction française éditions L'Âge d'homme, 1983
- Au Diable vauvert, 1914 - traduction française aux éditions Verdier, 2006 ISBN 2-86432-458-X
- Alatyr, 1915 - traduction française aux éditions Verdier, 2006 ISBN 2-86432-458-X
- Le Nord, 1918
- Nous autres (dystopie), 1920 - traduit par B. Cauvet-Duhamel, L'Imaginaire Gallimard, 1979 ISBN 2-07-028648-7
- La Caverne, 1920 - traduction française aux éditions L'Age d'Homme, 1990 ISBN 2-8251-2105-3
- Mamaï, 1920
- La chambre d'enfant, 1920
- L'Inondation, 1929 - traduction française éditions Solin, 2005 ISBN 2-7427-5524-1
- Une Rencontre, 1935
- Le Pêcheur d'hommes - traduction française éditions Rivages, 1990 ISBN 2-86930-337-8
- Le Récit du plus important (étrange court récit à la frontière de la science fiction) - traduction française éditions L'Âge d'homme, 1989
- Le Fléau de Dieu (long récit consacré à la jeunesse d'Attila) - traduction française éditions L'Age d'Homme (1975) ISBN 2-8251-2107-X
- Russie, - traduction française éditions Solin, 1990 ISBN 2-908024-04-7
Théâtre
Dans les années 1920, Zamiatine écrit de nombreuses pièces de théâtre qui lui paraissent moins risquées.
- La société des honorables sonneurs, 1925
- La puce
- Les feux de la Saint-Dominique
Opéra
Zamiatine contribue au livret de l'opéra Le Nez de Dimitri Chostakovitch d'après Nicolas Gogol (créé en 1930).
Scénario
- Il écrit le scénario de Bas-fonds pour Jean Renoir (1936).
Adaptations
- Sa nouvelle L'Inondation sert de trame au film du même nom d'Igor Minayev, avec notamment Isabelle Huppert, sorti en salle en 1994.
- La nouvelle de Zamiatine La Cave (1922) inspira à Friedrich Ermler son film La maison dans la neige (Дом в сугробах) (1927).
- Nous Autres inspira à George Orwell le contexte de 1984.
Citations
Dans Nous Autres 1920 « Le monde se développe uniquement en fonction des hérésies, en fonction de ce qui rejette le présent, apparemment inébranlable et infaillible. Seuls les hérétiques découvrent des éléments nouveaux dans les sciences, l'art, la vie sociale. Seuls les hérétiques sont l'éternel ferment de la vie.»
Dans son article J'ai peur de 1921 il dit ceci: « J'ai peur qu'il n'y ait pas en Russie de véritable littérature, tant que l'on continuera d'y considérer le "démos" russe comme un enfant dont il faut préserver l'innocence... Mais si cette maladie s'avère incurable, j'ai peur que la littérature russe n'ait qu'un seul avenir: son passé! »
Dans sa lettre à Staline: « Pour moi, en tant qu’écrivain, être privé de la possibilité d’écrire équivaut à une condamnation à mort. Les choses ont atteint un point où il m’est devenu impossible d’exercer ma profession, car l’activité de création est impensable si l’on est obligé de travailler dans une atmosphère de persécution systématique qui s’aggrave chaque année »
Notes et références
- ↑ a et b Paskine Sagnes, Laurent viala, « Nous autres d'Eugène Zamiatine ou la pensée critique d'un humanisme technique », in Michel Prat, Alain Sebbah, Eidôlon, n°73: Fictions d'anticipation politique, novembre 2006, Presses universitaires de Bordeaux, 2006, 362 pages, p. 95-114 (ISBN 2903440735).
- ↑ Luba Jurgenson, « Zamiatine », in Jean-Claude Polet (dir.), Auteurs européens du premier XXe siècle: De la drôle de paix à la drôle de guerre, 1923-1939, De Boeck Université, 2003, 868 pages, p. 660-661 (ISBN 2804135802).
Voir aussi
Bibliographie
- Leonid Heller (éd.), Autour de Zamiatine, actes du colloque, université de Lausanne, juin 1987. Suivi de Écrits oubliés, faculté de lettres de l'université de Lausanne, Âge d'homme, 1989, 210 pages
Lien externe
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