- Du Pont de Nemours
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Pierre Samuel du Pont de Nemours
Pour les articles homonymes, voir Dupont ou Dupond (homonymie).Pierre Samuel du Pont de Nemours, né le 14 septembre 1739 à Paris[1] et mort le 7 août 1817 à Eleutherian Mills (Delaware, États-Unis), était un entrepreneur et économiste d'origine française et un diplomate américain. Huguenot, il est à l'origine de l'une des plus riches et grandes familles américaines.
Sommaire
Biographie
Fils d'un horloger de Paris, Du Pont de Nemours commença par étudier la médecine, qu'il abandonna ensuite pour s'intéresser aux problèmes économiques. En 1766, Du Pont de Nemours épousa Charlotte Marie Louise le Dée de Rencourt qui devait lui donner deux fils. Dans le cercle des physiocrates, il s'attacha à François Quesnay, duquel il réédita plusieurs textes, de Physiocratie (1768), dans De l'origine et des progrès d'une science nouvelle, en 1768 également. Il remplaça officiellement l'abbé Nicolas Baudeau à la tête des Éphémérides du citoyen, de 1769 à 1772.
Il se lia avec Turgot, qui l'appela près de lui en 1774 pendant qu'il était Contrôleur général des finances, partagea sa disgrâce (exilé en Gâtinais). Gustave III, roi de Suède, le fit chevalier de l'ordre purement agricole de Vasa, ce qui lui permet de faire partie de la Société d'agriculture en 1784. Puis il partit en Pologne, d'où il fut rappelé aux affaires par Vergennes, comme expert économique dans le gouvernement de Calonne. Calonne le fit entrer au Conseil d'État et le nomma commissaire général du Commerce[2].
Il fut l'un des rédacteurs du Traité de Versailles de 1783, qui mit fin à la guerre d'indépendance des États-Unis d'Amérique. C'est à cette occasion qu'il fit la connaissance de Thomas Jefferson, qui devait l'aider lors de son installation aux États-Unis. En remerciement de son action, le roi Louis XVI lui accorda une patente de noblesse, exceptionnelle puisqu’il était protestant, et l'autorisa à accoler de Nemours à son nom d'origine du Pont.
Député en 1789 aux États généraux pour le bailliage de Nemours, il fut d'abord partisan de la Révolution française, et servit en 1790 comme président de l’Assemblée nationale constituante. Il vota les réformes les plus importantes mais encourut la colère du peuple pour avoir combattu la création des assignats et s'être montré fidèle à Louis XVI.
Lui et son fils Éleuthère furent de ceux qui défendirent physiquement Louis XVI et Marie Antoinette d’une foule assiégeant le palais des Tuileries à Paris pendant l’insurrection du 10 août 1792. Il fut condamné à la guillotine lors de la Terreur, mais son exécution n'ayant pas encore eu lieu lorsque Robespierre tomba le 9 Thermidor, il fut épargné. Il épousa Françoise Robin le 5 Vendémiaire an IV (27 septembre 1795). Sous le Directoire, il fut membre du Conseil des Cinq-Cents.
Après que sa maison fut pillée en l’an V (1797), pendant les événements du 18 Fructidor, lui et sa famille émigrèrent aux États-Unis en l’an VII (1799), sous le Directoire. Ils arrivèrent au Rhode Island le 1er janvier 1800.
Pierre du Pont de Nemours développa aux États-Unis des liens forts avec l’industrie et le gouvernement, en particulier avec Thomas Jefferson. En 1802, il s’engagea dans la diplomatie entre la France et les États-Unis sous Napoléon Bonaparte, alors Premier Consul : il fut à l’origine de l’achat de la Louisiane par les États-Unis en 1803, négociant pour les États-Unis un compromis destiné à éviter des conflits entre les populations françaises et américaines sur place, alors que les réfugiés français de Saint-Domingue en Amérique commençaient à affluer, mais, surtout, à redonner à Napoléon les moyens de reconstruire une flotte et de contrer l'Angleterre en Europe. En 1814, il fut nommé secrétaire du gouvernement provisoire. Ayant été favorable au bannissement de Napoléon à l'île d'Elbe en 1814, il repartit à nouveau aux États-Unis pendant les Cent-Jours, lors du rétablissement de Napoléon.
Son fils, Éleuthère Irénée, fonda une fabrique de poudre qui allait devenir l’une des plus grandes entreprises au monde, la E. I. du Pont de Nemours and Company.
Un second fils, Victor-Marie Dupont (Victor Marie du Pont) (1767 - 1827), mena une carrière diplomatique et fut, entre autres, nommé consul de France aux États-Unis.
Publications
Dupont de Nemours a laissé une grande quantité d'ouvrages sur l'économie, la politique, la physiologie, l'histoire naturelle, la physique générale.
Outre De l'origine et des progrès d'une science nouvelle (1768), il y a :
- la Philosophie du bonheur, où il fonde la morale sur une seule loi, aimer ;
- de curieux Mémoires sur les animaux, où il prête aux brutes un langage ;
- une traduction en vers du Roland furieux ;
- d'intéressants mémoires sur Turgot.
- Rapport fait sur le droit de marque des cuirs [en août 1788], Paris, 1788 ; Paris : Impr. de la Ve Goujon fils, 1804, in-8°, VII-296 p.
- Rapport fait, au nom du comité des finances, à l'Assemblée nationale, par M. Du Pont, député de Nemours. Le 14 août 1790, sur la répartition de la contribution en remplacement des grandes gabelles, des petites gabelles, des gabelles locales & des droits de marque des cuirs, de marque des fers, de fabrication sur les amidons, de fabrication & de transport dans l'intérieur du royaume sur les huiles & savons [Imprimé par ordre de l'Assemblée nationale], Paris, 1790, in-8°, 80 p.
- Troisième rapport fait, au nom du comité des finances, par M. Dupont, député de Nemours, sur le remplacement de la gabelle & des droits sur les cuirs, les fers, les huiles, les savons & les amidons, Paris : chez Baudouin, oct. 1790, in-8°, 23 p.
Il fut rédacteur en chef du Journal d'agriculture, du commerce et des finances, de septembre 1765 à novembre 176. Il avait été nommé membre de l'Institut de France dès sa fondation en 1795.
Citations
- Définition du rôle du roi: « Vous verrez comme est simple et facile l'exercice de vos fonctions sacrées, qui consistent principalement à ne pas empêcher le bien qui se fait tout seul et à punir, par le ministère des magistrats, le petit nombre de ceux qui portent atteinte à la propriété d'autrui. »
- « Point de propriété, sans liberté ; point de liberté, sans sûreté », De l'origine et des progrès d'une science nouvelle (1768)
Sources partielles
- Louis-Gabriel Michaud, Bibliographie universelle, ancienne et moderne, 1843, t. 12, p. 32-36
- « Pierre Samuel du Pont de Nemours », dans Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang [sous la dir. de], Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, 1878 [détail des éditions] (Wikisource)
- Florian Reynaud, Les bêtes à cornes (ou l'élevage bovin) dans la littérature agronomique de 1700 à 1850, Caen, thèse de doctorat en histoire, 2009, annexe 2 (publications)
Notes et références
- ↑ D'autres sources donnent la date du 14 ou du 18 décembre 1739, ainsi Louis-Gabriel Michaud, Bibliographie universelle, ancienne et moderne, 1843, t. 12, p. 32
- ↑ Louis-Gabriel Michaud, Bibliographie universelle, ancienne et moderne, 1843, t. 12, p. 33-34
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