Philosophie morale

Philosophie morale

La philosophie morale est, au sens strict et contemporain, la branche de la philosophie et plus précisément de la philosophie pratique qui a pour objet les questions éthiques. Il faut la distinguer de l'éthique qui n'est pas une discipline spécifiquement philosophique mais relève également de l'éthique appliquée et théologique. Au sens classique, la philosophie morale incluait la sociologie, la politique, et autres ancêtres des sciences humaines, par contraste avec la philosophie naturelle.

Young Girl Reading de Otto Scholderer, en 1883.
Maria, ou, les injustices subies par la femme, roman de Mary Wollstonecraft paru à titre posthume, critique le discours de la « sensibilité », une philosophie morale et esthétique qui est en vogue à la fin du XVIIIe siècle.


Sommaire

Histoire de philosophie morale

Article détaillé : Histoire de l'éthique.

Même si le terme philosophie morale n'apparaît qu'à partir d'Aristote dans l'Éthique à Nicomaque les questions éthiques ont été au centre de la philosophie depuis les présocratiques.

Problèmes fondamentaux de la philosophie morale

La philosophie morale porte principalement sur la finalité de l'action et cherche à résoudre les questions qui peuvent se poser dans la délibération et la prise de décision :

  • Que dois-je faire ?
  • Qu'aurais-je dû faire ?
  • Y a-t-il des limites à mes actions ?

Les philosophes divisent la morale en trois domaines dont les limites ne sont pas toujours parfaitement fixées :

  • Méta-éthique : entendue comme la recherche des origines et du sens de nos concepts moraux ;
  • Morale ou éthique normative, qui concerne les critères de nos comportements (habitudes, devoirs, conséquences de nos actes) ;
  • Morale ou éthique appliquée, application des deux premières à des problèmes spécifiques et controversés (par exemple, avortement, environnement, droits des animaux, etc.).

Les conceptions fondamentales de la philosophie morale

Éthique téléologique

Morales conséquentialistes

Dans nos actions, nous prenons souvent en compte les conséquences de nos actes. Ces conséquences peuvent donc être considérées comme des critères possibles de notre comportement, ce qui fait de ce type de morale, un type normatif. Pour une morale de ce genre, une conduite est morale si les conséquences d'un acte sont plutôt bénéfiques que défavorables. L'évaluation de la moralité d'une conduite se fait donc sur la base de ce qui est observable, plutôt que sur l'intention qui a un caractère privé et difficile à appréhender.

Plusieurs types de conséquentialisme peuvent être distingués, selon le critère que l'on choisit pour déterminer ce qui est bénéfique et ce qui est nuisible :

  • l'altruisme : les conséquences de l'action favorables à quiconque excepté l'agent déterminent ce qui est bien et ce qui est mal
  • l'égoïsme : les conséquences de l'action favorables à l'agent et à lui seul déterminent ce qui est bien et ce qui est mal ;
  • l'utilitarisme : les conséquences de l'action favorables à tous déterminent ce qui est bien et ce qui est mal. Jeremy Bentham est l'un des premiers philosophes utilitaristes. Il propose d'une part de considérer les conséquences de nos actions, et, d'autre part, de mesurer le plaisir et la peine qui en résultent, d'où le nom d'hédonisme utilitariste de cette doctrine.


Éthique de la perfection

Cette morale définit le bien désirable comme perfection ; cette perfection n'est pas subjective, mais peut se décrire objectivement. Par exemple le savoir, la réussite, etc. Ce bien est conçu comme le fondement du bonheur, mais sans impliquer la satisfaction subjective. Ce bien représente souvent la réalisation optimale de la nature humaine, et se trouve être de ce fait inégalitaire. Il définit en effet une hiérarchie des perfections à atteindre, hiérarchie d'où découle le mérite des individus.

« Toutes les actions de notre âme qui nous acquièrent quelque perfection sont vertueuses, et tout notre contentement ne consiste qu'au témoignage intérieur que nous avons d'avoir quelque perfection. » (Descartes, Lettre à Elisabeth)

Éthique déontologique

Les morales du devoir fondent le caractère moral de nos actions par le concept d'obligation. Ce type de morale se conçoit indépendamment de toute conséquence qui pourrait résulter de nos actions. Par exemple, selon Kant, on ne doit pas mentir pour éviter un meurtre, car l'obligation de dire la vérité est absolue et ne tolère aucune condition particulière.

Il existe plusieurs théories des devoirs :

  • Samuel von Pufendorf distingue trois types de devoirs :
    • devoirs envers Dieu (dévotion interne et externe) ;
    • devoirs envers soi-même (devoirs envers l'âme : par exemple développer ses talents, et devoirs envers le corps -ne pas se tuer, ne pas se nuire-) ;
    • devoirs envers autrui (devoirs absolus : ne pas nuire, etc. et devoirs conditionnels : tenir sa parole, etc.).
  • théorie des droits (par exemple Locke), dans laquelle :
    • les droits sont naturels (par exemple, vivre, être libre, rechercher le bonheur) ;
    • ils sont universels ;
    • ils sont les mêmes pour tous ;
    • ils sont inaliénables.

Il faut souligner que tout droit appelle un devoir.

  • l'impératif catégorique : c'est la théorie kantienne de la morale. Kant distingue plusieurs types d'impératifs :
    • l'impératif hypothétique nous dit que si nous voulons ceci, nous devons faire telle ou telle chose ;
    • l'impératif catégorique nous dit seulement que nous devons faire telle chose, quoi que nous voulions ou désirions.

Les théories du devoir n'exposent pas seulement le ou les principes qui rendent morale une action, mais s'efforcent également de résoudre les conflits qui résultent de nos devoirs eux-mêmes.


Le problème du fondement de la morale

D'une manière très générale, il existe deux types de conception des fondements de la morale :

  • une conception objectiviste ou hétéronome, qui affirme que les lois morales ne dépendent pas de l'homme, mais :
    • sont des lois naturelles (philosophie grecque en général) ;
    • sont des commandements divins (christianisme, Saint Thomas d'Aquin) ;
    • sont des lois de la raison, auxquelles tout être raisonnable (donc l'homme) doit obéir (par exemple les « lois naturelles » sur lesquelles les hommes se mettent d'accord et les instituent en tant que « lois civiles », leur donnant ainsi force de loi, chez Hobbes).
  • une conception relativiste ou autonome, pour laquelle les valeurs morales ont une origine humaine :
    • parce qu'elles sont imposées par la société ou par un groupe quelconque ;
    • parce qu'il appartient à l'individu en tant que tel de les définir.

Dans la conception objectiviste (ou réaliste), les valeurs morales sont éternelles et universelles, ou, au moins, absolues ; on ne peut donc les changer ni les détruire. Au contraire, dans la seconde conception, les valeurs morales varient d'une société, d'un groupe voire d'un individu à un autre.

Bibliographie indicative

Notions élémentaires de la morale Spaemann


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Philosophie morale de Wikipédia en français (auteurs)

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