- Ethique de la vertu
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Éthique de la vertu
L'éthique de la vertu est une expression utilisée particulièrement en philosophie morale anglo-saxonne contemporaine, afin de la distinguer de deux autres courants majeurs de l'éthique normative, la morale déontologique, qui insiste sur le devoir moral propre à l'action, et le conséquentialisme, qui insiste sur les conséquences de l'action [1]. La philosophe Rosalind Hursthouse introduit ainsi la différence entre l'éthique de la vertu, l'éthique déontologique et le conséquentialisme : « Imaginons qu'il soit évident que quelqu'un qui a besoin d'aide devrait être aidé. Un utilitariste [i.e. conséquentialiste] soulignerait le fait que les conséquences d'une telle action maximiserait le bien-être; un déontologiste soulignerait le fait que, ce faisant, l'agent agira en accord avec une règle morale telle que Fais aux autres ce que tu voudrais que l'on te fasses; et un tenant d'une éthique de la vertu dirait que le fait d'aider cette personne serait charitable ou bienveillant. » [1]. Les philosophes adoptant ce point de vue insistent sur l'importance des traits caractéristiques d'une personne vertueuse, et peuvent ainsi prêter davantage attention à ce qu'on considère habituellement sous le nom de vertus (l'honnêteté, la prudence voire la phronesis grecque, ou encore la sagacité, la douceur, etc.) en tant qu'elles permettent la réalisation de soi ou l'accomplissement de soi. Trois des concepts centraux de ce type de philosophie sont ainsi la vertu, la sagesse pratique et l'eudémonisme [1].
Prédécesseurs
Ce courant réclame souvent comme ancêtres lointains l'éthique aristotélicienne ou platonicienne [1], voire des « racines » encore plus lointaines dans la philosophie chinoise [1]. Il critique la philosophie morale de l'âge classique, prétendant qu'elle n'aurait éclipsé les questions spécifiques d'une telle éthique (le Traité des passions de Descartes ou l' Ethique de Spinoza sont pourtant l'indice clair que telles préoccupations n'ont pas été complètement écartées). Quoi qu'il en soit, l'article d'Elizabeth Anscombe, "On Modern Moral Philosophy" (1958), qui critiquait d'une part le conséquentialisme, d'autre part ce qu'elle appelait « conception légaliste de la morale » (reliée à une théorie des lois divines), a été précurseur de l'émergence de ce nouveau type de questionnements [1].
Acteurs contemporains
Aujourd'hui, ce champ compte des penseurs comme Alasdair MacIntyre [1]. Il a conduit à un renouvellement pour l'intérêt des questions autour de la vertu et de l'accomplissement personnel chez les tenants même du conséquentialisme ou d'éthique déontologique, tandis qu'il a suscité des relectures de la Doctrine de la vertu de Kant, ainsi que de Martineau, Hume et Nietzsche [1], menant au développement de différents approches d'éthiques de la vertu (Michael Slote, 2001, tenant d'une éthique des soins et d'une position sentimentalisme par contraste avec le rationalisme moral, et Christine Swanton, 2003 [1]).
Une approche offensive des tenants de cette position prétend que la vertu est universelle, ce qui permettrait de dépasser les problèmes philosophiques tournant autour du relativisme culturel et du multiculturalisme (Martha Nussbaum, 1988 [2])
Références
- ↑ a , b , c , d , e , f , g , h et i Rosalind Hursthouse, Virtue Ethics, Stanford Encyclopedia of Philosophy, 2003 (révisé en 2007)
- ↑ Nussbaum, Martha (1988), "Non-relative virtues: An Aristotelian Approach", in French, Peter A., Theodore Uehling,Jr., and Howard Wettstein (eds.), 1988, Midwest Studies in Philosophy Vol. XIII Ethical Theory: Character and Virtue, Notre Dame, Indiana, University of Notre Dame Press, p.32-53. Cité par Hursthouse dans l'entrée Virtue Ethics de la Stanford Encyclopedia.
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