Crémation

Crémation
Tour de crémation rituelle balinaise (Wadah) de Goesti Djilantik régent de Karangasem (Indonésie), en 1926.
Procession de crémation à Bali en Indonésie.

La crémation est une technique funéraire visant à brûler et réduire en cendres le corps dun être humain mort. Les cendres peuvent ensuite faire lobjet dun rituel, comme être conservées dans une urne ou dispersées dans un lieu, qui est parfois symbolique comme dans locéan pour des marins.

La crémation a été institutionnalisée en Asie par le bouddhisme et lhindouisme, étant avec lenterrement lune des techniques les plus communément utilisées par lHomme. Lembaumement ou la thanatopraxie sont plus rarement utilisés, mais peuvent parfois précéder une crémation.

Sommaire

Étymologie

Le terme que lon retrouve dans le Trésor de la langue française informatisé est crémation qui est laction de crémer, autrement dit de brûler un cadavre.

N.B. Le Petit Larousse indique le mot « cramer » : (ancien provençal cramar, brûler, du latin cremare, brûler) mais il paraît impossible dutiliser ce mot aujourdhui.

Le terme dincinération est à proscrire car il fait référence à la destruction de déchets. Crémer est un terme existant dans la langue française depuis le XIIe siècle[1] et crémation depuis le XIIIe siècle[2], mais ils sont peu usités jusquau XIXe siècle.

N.B. Incinération vient du substantif latin cinis, cineris qui veut dire cendre ; cest notre civilisation « moderne » qui a rattaché ce terme à « déchets ».

On retrouve dans divers documents des termes comme « crématoriser », « crématiser » et « crématiste », mais ils restent marginaux et sont à lheure actuelle des néologismes.

On peut cependant constater que, face à lutilisation courante mais fausse de lexpression « incinérer un corps », lintroduction dun de ces termes dans la langue française permettrait de faire une différenciation nette entre « incinération des ordures » et « crémation des corps ».

Crématoriums

Depuis quelques décennies en occident et dans les pays occidentalisés, la crémation se réalise dans un crématorium. Le corps est placé dans un cercueil et celui-ci dans un four chauffé à 850 °C. Cest la chaleur et non les flammes qui réduit en cendres le cercueil et le corps. La crémation dure environ 1 h 30.

En Israël, lusage des crématoriums est très mal vu car cela rappelle les fours des camps dextermination utilisés lors de la Shoah[3].

Position des différentes religions

Christianisme

LÉglise catholique romaine tolère la crémation depuis le 5 juillet 1963 mais la déconseille[4].

La logique des funérailles chrétiennes repose sur trois principes : le corps, limitation du Christ et le deuil.

La brutalité de la crémation met en cause le processus dacceptation progressive, nécessaire au deuil, rendu plus difficile en labsence de traces concrètes. Cest pour cela que lÉglise catholique romaine, si elle ne refuse pas la crémation, demande quelle soit précédée par la célébration des funérailles, avec le cercueil, à léglise[5].

Les Protestants ne voient aucune objection à caractère biblique contre la crémation, exception faite de certains qui y voient une forme dinsoumission au processus naturel de putréfaction voulu par Dieu.

Islam

La crémation n'est pas tolérée par lislam, cette religion possède ses propres rites funéraires.

Judaïsme

Traditionnellement, la crémation était interdite par le judaïsme. Cependant, vers la fin du XIXe siècle les carrés juifs dans les cimetières européens devinrent surchargés. Cest pourquoi la crémation commença à être utilisée par les Juifs libéraux. Les Juifs orthodoxes refusent le procédé de la crémation.

Cendres

Les cendres résultant de la crémation sont la partie calcaire des os. Dans la pratique, la crémation se déroule à une température de 850 °C dans un appareil soumis à un fort apport dair frais permettant la combustion. Le bois du cercueil, les vêtements, les chairs, tout est transformé en gaz ou en poussières évacués avec les fumées. Pour les adultes, ce que lon retrouve dans lappareil est constitué des restes calcinés des os qui se présentent sous forme de fragments plus ou moins importants mais reconnaissables : on peut ainsi bien distinguer les différents os. Ce sont ces derniers qui étaient disposés dans des urnes cinéraires dans la tradition grecque ou latine et même à lépoque moderne au début du XXe siècle.

Pour faciliter la dispersion, la réglementation française prévoit maintenant le broyage des os. Il ne se justifie pas lorsque lon pratique linhumation des cendres ou le dépôt en cases de columbarium. Elle est même pénalisante pour les populations issues du Sud-est asiatique qui souhaitent pouvoir garder certains os intacts.

La calcination des os aboutit non pas à du calcaire (carbonate de calcium) mais à un mélange de phosphates de calcium.

En France

Lusage de la crémation en France est autorisé depuis la loi du 15 novembre 1887 (parue au Journal officiel le 18 novembre, le décret dapplication étant publié le 27 avril 1889) sur la liberté des funérailles :

« Tout majeur ou mineur émancipé, en état de tester, de régler les conditions de ses funérailles, notamment en ce qui concerne le caractère civil ou religieux à leur donner et le mode de sa sépulture . »

— Article 3 de la moi sur la liberté des funérailles


Depuis les années 1990, la crémation est de plus en plus pratiquée. En 1980, cette technique nétait utilisée que pour 0,9 % des obsèques, en 1994 pour 10,5 % et en 2004 pour 24,95 % selon les crématistes.
En 2010 selon lAssociation française dinformation funéraire (AFIF), la France et les DOM TOM comptent 141 crématoriums. Le taux de crémation approcherait 30%.

En 2005, une crémation coûte environ 400 €, hors des différentes prestations supplémentaires (urne, personnel, convoietc.). Au total, des obsèques avec crémation sont facturées de 1 400 € à 2 200 €, soit 30 à 40 % moins cher quune inhumation. Ceci sans compter les frais liés à la conservation des restes de la personne disparue (concession dans le cimetière, tombe, case de columbariumetc.).

Les cendres résultant dune crémation sont remises à la famille. Avant avril 2007, la famille pouvait en faire presque ce que bon lui semblait, comme les inhumer, les disperser, les répartir ou les conserver au domicile. La dispersion des cendres a cependant quelques limites : interdiction de les mettre sur la voie publique, dans une rivière, ou dans la mer lorsque lon est à moins de 300 mètres du rivage. Selon lAFIF, 21 % des urnes sont placées dans un columbarium ou dans un caveau familial, 8 % sont dispersés dans un Jardin du souvenir et 71 % sont remis à la famille. Depuis décembre 2008, la législation nautorise plus la conservation dans le temps dune urne cinéraire au domicile dun particulier. Dans le cas dune dispersion ou dimmersion de cendres, hors un cimetière, une déclaration de dispersion doit être envoyée à la mairie du lieu de naissance et à la mairie du lieu de dispersion ou de celle du port dattache du bateau (pour des raisons de traçabilité). Certaines de ces urnes auraient été retrouvées dans des endroits insolites : « Lurne est dabord déposée sur la cheminée du salon, puis on déménage, on divorce ou on décède sans héritier. On la retrouverait alors à la braderie, dans des consignes de gare, parfois même dans le métro… » déclare Xavier Labbée, avocat et professeur déthique à lUniversité de Lille II.

Statut juridique des cendres en France

Des décrets de 1976 autorisent la dispersion des cendres dans lenceinte du cimetière (caveaux de famille, columbariums, cavurnes, jardins du souvenir, rosiers, caveaux collectifs de cendres mais également en pleine nature, à lexclusion des voies publiques), tandis que lurne peut être conservée dans une propriété privée[6].

La personne habilitée pour les obsèques doit faire une demande dautorisation de crémation à la mairie du lieu de décès ou de crémation.
Loi du 19 décembre 2008 : cette loi a listé de façon exhaustive les lieux de destination des cendres (Art. L. 2223-18-2 CGCT modifié:

  • soit dans leur urne, inhumée dans une sépulture de famille, ou scellée sur celle-ci, ou déposée dans une case de columbarium ;
  • soit dispersées dans un espace aménagé à cet effet dun cimetière ou dun site cinéraire ;
  • soit dispersées en pleine nature (sauf sur les voies publiques) en déclarant en mairie lidentité du défunt, la date et le lieu de dispersion (art. L.2223-18-3 du CGCT modifié).

Dans le monde

La crémation est très pratiquée au Japon (99,8 % des décès) ainsi quà Hong Kong (86 %). Aux États-Unis, la proportion est de 32 %.

Dans plusieurs pays européens, le taux est très élevé :

  • Suisse (78,8 % en 2005, 89 % en 2010).
  • Royaume Uni (70% en 2010).
  • République tchèque (78,4 %).
  • Danemark (73,8 %).

Dans les pays catholiques, elle est plus rare :

  • Italie (8,5 %).
  • Espagne (19,3 %)
  • mais elle gagne du terrain en Belgique (42,2 %).

Dans les pays confessionnellement partagés, elle oscille autour de 50 % (Pays-Bas 51,7 %). En Norvège, ce taux est de 34 % et en Finlande de 33,7 %[7]. Dans les villes, ce taux est plus élevé que dans les campagnes (50% à Paris, 70% à Bruxelles, 95% à Copenhague)[8].

Historique

Antiquité

La plus ancienne crémation connue semble être celle, vieille de plus de 22.000 ans, de la Dame de Mungo, en Australie. On a trouvé "les restes d'une jeune femme partiellement incinérée dont les os, brisés, ont été ensuite mis en terre avec les résidus du foyer utilisé pour sa crémation" [9].

"Les plus anciennes sépultures attestées avec certitude datent du Paléolithique moyen (de 275.000 à 35.000 av. J.-C.), localisées au Proche-Orient. Le traitement des morts gagne en complexité au Mésolithique (de 10.000 à 6500 en Europe: à côté des inhumations individuelles ou simultanées apparaissent plusieurs nouveautés : les crémations, attestées dès 9000 av. J.-C., les sépultures collectives" [10].

La crémation apparaît en Asie dès le IV° millénaire av. J.-C.

En Inde, la première crémation connue date de 1900 av. J.-C. "La pratique hindoue de la crémation des veuves sur le bûcher funéraire de leur mari est attestée depuis le IV° s. av. J.-C. par les témoignages des historiographes d'Alexandre le Grand" [11].

Les Grecs n'ont commencé à pratiquer la crémation que vers le XII° s. av. J.-C.

Période moderne

Premier four crématoire à Paris en 1873, à Milan en 1876, à Zürich en 1889

Sous l'Ancien régime, les nobles se faisaient enterrer dans la chapelle de leurs châteaux et manoirs, les pauvres étant mis à la fosse commune. À la Révolution française, le principe d'égalité soutenu fait émerger l'idée de cimetières pour tous ou de la crémation, cette dernière technique funéraire étant défendue au XVIIIe siècle par la franc-maçonnerie et les Protestants. L'Europe au XIXe siècle connaît de grandes épidémies mortelles de typhus et choléra. Le manque de cimetières et de salubrité incitent les municipalités, sous l'influence du mouvement hygiéniste qui donne alors ses recommandations lors de rencontres scientifiques internationales, à développer toute une réglementation au sujet de l'inhumation (cimetières urbains déplacés à la périphérie mais cimetières ruraux restant au sein du village, épaisseur minimum du cercueil, profondeur d'enterrement) ou favoriser la création de Sociétés de crémation[8].

En France,la première crémation (un enfant de 11 ans, fils d'un médecin) eut lieu à Paris, le 30 janvier 1889, au crématoire du Père-Lachaise récemment inauguré, quelques mois avant que paraisse enfin le décret d'application de la loi votée deux ans plus tôt qui, historiquement, autorisait la crémation dans notre pays. Les crématoriums suivants apparaissent à Rouen en 1899, Reims en 1903, Marseille en 1907, Lyon en 1913, Strasbourg en 1922, puis seulement Cornebarrieu en 1972[12].

Aspects socio-psychologiques

LHomme contemporain, plus technicisé, mobile et à la famille plus éclatée, pourrait trouver dans la quasi élimination physique du corps mort que permet la crémation (des cendres et fragments dos sont les seuls restes visibles) une solution psychiquement plus satisfaisante, que de vivre avec la présence durable et fixée dans un cimetière dun proche défunt. Outre quil nest plus nécessaire dentretenir une tombe et une concession, lurne peut être facilement transportée.
Pour ceux qui le souhaitent, des cérémonies de dispersion des cendres (dans le vent, dans la mer, et peut-être bientôt dans lespace circumterrestre, moyennant finances) éliminent toute trace physique du mort, ce qui semble une autre manière den faire le deuil.

Selon Eugène Peru[13] « lappartenance à lassociation est une volonté généreuse et humaniste pour garder la Terre aux vivants », « garder la terre au vivant », est-ce la refuser aux morts, ou une autre manière de refuser la mort ?…[14] la mort que la technique médicale na pas pu repousser autant quon laurait souhaitéComme sil fallait refuser le cycle immémorial du Vivant qui passe naturellement par la décomposition de la nécromasse, comme dailleurs on refuse de voir mourir le bétail, les chevaux, les volailles ou les arbres de leur mort naturelle. Cest encore un lieu et des outils techniques (abattoir, sylviculture…) qui ici devancent la mort. Il semble que la société technique et commerciale veuille cacher le cadavre, quelle vit comme un aveu déchec face à la mort et au vieillissement. Après avoir éloigné et parfois caché les personnes âgées dans les maisons de retraite, les vivants voudraient en faire disparaître les cadavres.

Les services funéraires ont une utilité sociale incontestable, mais la publicité commerciale qui cible la préparation à la mort montre que des aspects commerciaux sont également en jeu. Le traditionnel croque-mort cède la place à des entreprises commerciales opérant parfois sur plusieurs régions et pays.

Dans les cultures la crémation est traditionnelle, elle est parfois un moyen denvoyer le mort au ciel (littéralement et symboliquement).

Certaines tribus amérindiennes mangeaient les cendres du mort, ce qui semblait être un moyen de réintégrer lesprit et les qualités du mort ou trouver une source de calcium dans un environnement en manquant.

Des cendres au diamant

Du carbone purifié peut être extrait du carbone résiduel des cendres humaines (ou animales). Une première entreprise a proposé de transformer ce carbone en diamants synthétiques. Plusieurs entreprises offrent (avril 2006) ce service. Le diamant est symbole de pureté, de dureté et de durabilité extrêmes. Il appelle aussi lidée dune grande valeur pécuniaire.

Comme le diamant fascine, lidée fascine ; les nombreux articles qui ont suivi lannonce de ce nouveau service en témoignent. Faut-il voir un nouveau moyen (payant) de se fabriquer une éternité illusoire mais parfaitement maîtrisée ? Est-ce un nouveau refus (technicisé) de la mort naturelle (celle qui passe par une décomposition (gratuite) et spontanée (cest-à-dire non maîtrisée) des corps) ?…

Lentreprise propose de produire à partir des cendres du mort un diamant bleu et unique, par une « machine extrêmement puissante qui exerce une pression allant de 50 000 à 70 000 bars et des températures montant de 1 500 à 1 700 degrés ».

Disposer des cendres

Mort d'un bébé

Lors de la crémation dun bébé, les cendres, sil y en a, ne sont pas les siennes, car son corps est alors composé à plus de 90% deau, la calcification nest pas complète, il ny a donc pas de résidus. Les cendres peuvent alors être celles du cercueil.

Lieu de recueillement

Sépulture au pied dun arbre dans le cimetière municipal de Pankow, un quartier de Berlin.

Se rendre sur la tombe dun défunt pour sy recueillir semble une tradition moins répandue de nos jours, elle reste néanmoins très suivie, certaines personnes éprouvant le besoin, pour faire leur deuil, dassocier un endroit précis à la mémoire de la personne disparue. Aussi, labsence de lieu de recueillement quimplique la crémation quand les cendres sont dispersées est-elle parfois psychologiquement mal supportée.
Avec laugmentation du nombre des crémations en France ces dernières années, les cimetières ont faire face à une augmentation brutale des demandes daccueil durnes cinéraires et construire de nouveaux columbariums.
Depuis, de nouveaux types de sépultures, adaptés à la pratique de la crémation, ont vu le jour.
Outre les columbariums, les cimetières possèdent parfois des jardins du souvenir les cendres sont dispersées. Une entreprise propose également lenterrement des cendres dans un jardin de mémoire lon plante un arbre en souvenir du défunt, le cimetière devenant ici une forêt. En Allemagne, cette idée a été développée depuis 1993 et le nom de Friedwald (forêt de paix) constitue une marque déposée.

Crémation et environnement

Les crématoriums sont souvent présentés comme des solutions écologiques en ce sens quils permettent déconomiser de la place, et limiteraient les problèmes de pathogènes, ou de contamination de nappes ou doccupation de lespaceCes arguments sont recevables, mais le crématisme pose encore quelques problèmes importants :

  • la crémation consomme des quantités non négligeables de carburant (gaz naturel, fuel, ou bois dans les pays le bois est utilisé), ce qui contribue à une production de dioxyde de carbone et dautres gaz ou particules dont les impacts nont pas été mesurés. Le dioxyde de carbone est un gaz à effet de serre moins puissant, mais bien plus durable que le méthane issu de la décomposition naturelle des corps.
  • certains cercueils peuvent être traités avec des produits toxiques (vernis, teintures, peintures biocides, plomb…). Quadvient-il de ces toxiques lorsquils brûlent ?

Les sédiments des Grands Lacs en Amérique du Nord contiennent du mercure sous forme déthyl-mercure, particulièrement toxique et bioassimilable, dont une bonne part proviendrait de la crémation des morts et de leurs dents « plombées » en particulier.

En France, un rapport[15] présenté par le sénateur Gérard Miquel a porté sur plomb/cadmium/mercure, insistant sur le problème des plombages, mais sans évoquer le fait que via la crémation, ils pouvaient continuer à polluer longtemps après la mort. En effet le mercure est sublimé à relativement basse température, et les crématoriums ne sont pas équipés de filtres appropriés au mercure très volatil ni dailleurs au plomb ou à certains autres toxiques potentiellement présents dans les vapeurs (⇒ volatilisation dans latmosphère, pollution des pluies et de lair, retombées au sol et concentration dans les sédiments et la chaîne alimentaire). Début 2009, en France, sur 140 incinérateurs crémateurs ; 135 nétaient toujours pas pas aux normes en termes déquipements pour filtrer le mercure issu damalgame dentaire (5 à 10 par personne incinérée), dautres métaux toxiques ou les dioxines et furanes qui peuvent se former par combinaison des molécules de chlore issues des sels (chlorure de sodium, chlorure de magnésium, acide chlorhydrique de la bile naturellement contenus dans nos corps)[16]etc.

Un certain nombre de personnes ont été exposées durant leur vie au plomb (de lessence, des usines type Metaleurop). Elles sont souvent victimes dun saturnisme chronique discret. Autour des sites très pollués par le plomb, il est probable que la totalité de la population résidente ait des quantités significatives de plomb stocké dans les os, en particulier les hommes qui en accumulent plus que les femmes (un rapport rédigé pour le ministère de Brice Lalonde estimait que les os dun Français des années 1980 contiennent environ 80 fois plus de plomb que ceux des hommes préhistoriques). 80 % du plomb absorbé et stocké dans le corps lest dans les os, et le reste essentiellement dans le foie et les reins. Lorsquil est chauffé à 900 °C, ce plomb passe directement dans lair en vapeur de plomb. Les teneurs en plomb et autres métaux (les victimes les plus graves de Tchernobyl ont été enterrés dans des cercueils plombés et sous un béton spécial enrichi en plomb en raison du fait que les radionucléides bioaccumulés pourraient repartir dans lair).

En cas de nécessité, les techniques danalyse isotopique permettent de qualifier et tracer lorigine de certains polluants comme le plomb (ex pour faire la différence entre le plomb de chasse et issu des batteries ou des carburants), mais pas utilisée à ce jour pour le mercure issu des plombages. (Il y a quelques années, le Français moyen, au moment de sa mort avait plus de 7 plombages dans la bouche, il semble que ce chiffre soit en augmentation, à vérifier avec un médecin légiste).

Certains appareils de radiographie ou scanners peuvent être programmés pour mesurer la teneur en plomb des os. Ils peuvent être utilisés sur des morts en nécessitant un temps dexposition plus long. Des analyses faites lors des autopsies permettraient de tracer un profil moyen de la population et destimer les risques liés au plomb dans les os à lheure de la mort.

En Inde, on estime à 8,5 millions le nombre de crémations par an ce qui libérerait 8 millions de tonnes de CO2 par an.

Solutions et alternatives à la crémation

Pour reduire le problème écologique générés par la crémation :

  • il conviendrait idéalement dinciter les testamentaires et les familles à demander lors de lembaumement ou de la préparation des corps que lon ôte les plombages (que les dentistes ne doivent plus jeter à la poubelle), et/ou que les crématoriums soient équipés de filtres adaptés, performants et entretenus. En effet, un nombre croissant de gens meurent lorganisme fortement chargé de médicaments, ayant des propriétés toxiques ou antibiotiques éventuellement susceptibles de poser problème pour lenvironnement et la santé humaine (soit via les fumées et vapeur, soit via la décomposition des corps ou la contribution de résistances aux antibiotiques ;
  • les bois de cercueils ne devraient pas être traités par des vernis ou pesticides ou produits dangereux pour lenvironnement. Il existe par ailleurs des cercueils écologiques réalisés à partir de papier, carton, fibres multicouche recyclés, des couches résistant à leau ainsi que des couches de renforcement.

Remarque : étant donné les tabous liés à la mort, ces questions ne sont que rarement abordées, y compris par le législateur.

Pour pallier les problèmes écologiques, deux nouveaux procédés existent :

  • la promession, le corps est congelé dans de lazote liquide, puis réduit en poudre et les restes sont enterrés dans des urnes biodégradables ;
  • l' Aquamation (ou hydrolyse alcaline), le corps est dissout dans un bain, et produit un liquide riche en éléments organiques utilisables comme fertilisant, et des résidus osseux réduits en poudre remise au défunts comme des cendres.

Recherche et Développement (R&D)

2007. La société Mokshda Green Cremation (MGC) propose des bûchers de crémation ayant une consommation de bois divisée par quatre (voir environnement). Ce procédé réduirait les émissions de 60 % par an.

Notes et références

  1. (fr) Trésor de la langue française informatisé, « Crémer - Trésor de la langue française », Centre national de ressources textuelles et lexicales. Consulté le 16 avril 2009.
  2. (fr) Trésor de la langue française informatisé, « Crémation - Trésor de la langue française », Centre national de ressources textuelles et lexicales. Consulté le 16 avril 2009.
  3. (en) Israels first crematorium opens, BBC, 9 juin 2005. Consulté le 22 décembre 2007.
  4. Église catholique et crémation
  5. (fr) Que ferons-nous des cendres ?, Service National de la Pastorale Liturgique et Sacramentelle. Consulté le 22 décembre 2007.
  6. Destinées des urnes et des cendres cinéraires
  7. Chiffres 2005 publiés sur le site de lUnion Suisse de Crémation.
  8. a et b Arnaud Esquerre, Les os : les cendres et lÉtat, Fayard, 2011, 328 p. (ISBN 978221366227) 
  9. André Leroi-Gourhan, Dictionnaire de la préhistoire, PUF, 1988, p. 726
  10. Marie-Amélie Carpio, « Il y a 11.000 ans apparaissent les crémations », in Les Cahiers de Science et Vie, août-septembre 2011
  11. Dictionnaire de la mort, Larousse, 2010, p. 275
  12. La crémation : quels lieux pour les cendres ?
  13. Délégué régional de lAssociation des crématistes du Pas-de-Calais
  14. interview par le journal la Voix du Nord (mardi 27 mars 2001).
  15. (fr) Effet des métaux lourds sur lenvironnement et la santé, rapport parlementaire français sur les effets négatifs du plomb, du mercure et du cadmium.
  16. Source : le toxicologue André Picot, sexprimant lors de lémission de radio « Terre à terre » sur France-Culture, intitulée « Fuyant métal lourd », le 4 avril 2009 [1].

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  • Cremation — Cre*ma tion (kr? m? sh?n), n. [L. crematio.] A burning; esp., the act or practice of cremating the dead. [1913 Webster] Without cremation . . . of their bodies. Sir T. Browne. [1913 Webster] …   The Collaborative International Dictionary of English

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  • Cremation — A Hindu Cremation in India P …   Wikipedia

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