Criminalité organisée

Criminalité organisée

Crime organisé

Le crime organisé est une structure assez stable (donc se distinguant d'une bande) de plusieurs personnes respectant les ordres d'un chef ou d'un comité de direction pour faire des profits illicites par des méthodes et des domaines prohibés.

Ils sont des ennemis de l'État qui le plus souvent dispose d'une législation inversant le fardeau de la preuve. Interpol coordonne cette répression au niveau international.

Sommaire

Le crime organisé à travers le monde

Suivant leur origine, les organisations criminelles portent différents noms :

La plupart des ces organisations peuvent opérer en dehors de leur région d'origine. C'est ainsi que la mafia s'est durablement installée aux États-Unis durant les années 1920.

L'économie criminelle

Des entreprises presque comme les autres

Les organisations criminelles fonctionnent désormais comme des entreprises tournées vers le profit.[réf. nécessaire] Il y a là une nette évolution, puisque, jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, la mafia sicilienne privilégiait le contrôle de la société et du territoire. Le parrain est désormais un boss, ce qui va de pair avec une violence accrue[1].

Qu'il s'agisse de trafic de stupéfiants, d'armes, de fausse monnaie, d'êtres humains (enfants, immigration clandestine, prostitution, etc.) ou d'espèces protégées, les organisations criminelles tirent profit de l'illégalité même de leurs trafics, qui leur permet d'organiser la rareté, d'asseoir leur monopole par la violence ou d'autres moyens sur un marché soustrait au droit, tout en laissant de simples sous-fifres assumer les risques.[réf. nécessaire] La majorité des fraudes aux subventions de l'Union européenne (estimée parfois à plus de 8 milliards d'euros par an) est également le fait du crime organisé, comme le détournement de l'aide au développement ou de l'aide humanitaire[réf. nécessaire]. Dans le Mezzogiorno italien, les mafias ont décuplé leurs profits dans les années 1970 grâce aux détournements de subventions de l'État italien.

L'interpénétration des deux économies

Les organisations criminelles ont suivi le mouvement de mondialisation. Tout en tirant profit des frontières qui ralentissent encore les enquêtes et protégent des poursuites, l'économie criminelle prospère grâce à la déréglementation et au relâchement des contrôles (libéralisme ; absence du contrôle de l'État dans le tiers monde et l'ex-Union soviétique). L'économie de régions et de pays entiers se voit contrôlée par des organisations criminelles, qui se sont substituées à l'État, ou l'ont pénétré. Des organisations révolutionnaires glissent de la guérilla à la criminalité organisée. Les capitaux issus de l'économie illégale circulent sans entrave, tandis que les banquiers s'abritent derrière le secret bancaire.[réf. nécessaire] Elles mêlent sans difficulté les filières illicites à des activités légales, en particulier les marchés financiers, note Jean de Maillard[2]. Blanchiment et trafics ne sauraient d'ailleurs se dérouler sans un minimum de complicité, consciente ou non, de la part des acteurs de l'économie légale. Il faut bien affréter les navires qui transportent les clandestins ou encore les avions qui transportent la drogue entre la Colombie et le nord du Mexique. Les Colombiens, rappelle Jean-François Boyer[3], ont ainsi acheté à La Rochelle des dizaines de catamarans. L'industriel, écrit Maillard[2], l'avocat, le banquier, l'assureur, le policier, le fonctionnaire qui mettent leur savoir, leur pratique ou leur pouvoir au service des mafias sont des « criminels à temps partiel ». C'est au travers de leur exercice professionnel qu'ils basculent dans la délinquance, et non pas en s'en écartant. Le chiffre d'affaires du crime rémunère toutes ces prestations indispensables. Ainsi se développe une culture de corruption qui fait vaciller toute une société[2].

Les organisations criminelles ne se contentent pas de mettre en œuvre des activités de façade. Elles intègrent activités illégales et légales. Comme au Japon, où vingt-quatre mille affaires seraient sous contrôle yakuza[réf. nécessaire], les membres des organisations criminelles mettent leurs méthodes au service de leurs activités légales : Pino Arlacchi[1] explique qu'ils découragent la concurrence par la violence, compriment les salaires. Leurs ressources financières occultes leur confèrent également un avantage décisif sur les concurrents.[réf. nécessaire] En Russie, 55 % du capital des entreprises privatisées appartiendraient aux membres d'une organisation criminelle.[réf. nécessaire]

Activité financière

Contrairement à la criminalité individuelle ou aux simples gangs, les réseaux criminels sécrètent une forte accumulation de capitaux qui ne peuvent plus être absorbées par la seule économie criminelle. Le blanchiment de l'argent ne sert d'ailleurs pas tant à le réintégrer dans l'économie légale qu'à le soustraire aux investigations.[réf. nécessaire] Isabelle Sommier[4] considère que cette nouvelle stratégie se dessine à la charnière des années 1970 et 1980. Entre 1977 et 1998, ce sont plus de mille huit cents milliards de dollars qui ont disparu des comptabilités nationales.[réf. nécessaire] L'économie légale dépend désormais de ces capitaux.[réf. nécessaire] Le système financier est en effet en quête permanente de capitaux nomades : les narco-dollars ont en quelque sorte pris la place des pétrodollars.[réf. nécessaire] Comme le montrent le cas des paradis fiscaux et des zones franches des pays industrialisés, la question criminelle et la question financière sont désormais indiscernables. Maillard[2] pointe le cas du Japon. En refusant toute perte financière et en bloquant le recouvrement des créances, les yakuzas ont conduit à leur chute la grande maison de titres Nomura et la banque Dai Ichi.

Il est difficile d'estimer le chiffre d'affaires d'une activité criminelle, et donc occulte, ou encore le produit criminel brut mondial. Le FMI propose pour estimer le chiffre d'affaires annuel des activités criminelles dans le monde une fourchette de 700 à 1.000 milliards de dollars, soit trois fois le budget de la France en 1996. Maillard[2] estime le seul chiffre d'affaires de la drogue à 400 milliards de dollars, dont 180 servent à rémunérer les trafiquants et les professionnels de la sphère légale. Restent 220 milliards qui représentent le profit net des organisations criminelles.
L'estimation est plus difficile en ce qui concerne les autres activités criminelles. Il estime néanmoins que 320 milliards de dollars de profits constitue un chiffre minimum, auquel il faut encore ajouter 160 milliards encaissés par les complices de la société légale. En outre, les revenus du crime organisé provenant de la sphère légale ne font qu'augmenter.[réf. nécessaire] Pino Arlacchi[1] estime à 1 milliard de dollars par jour le montant des profits criminels injectés dans les marchés financiers du monde entier.

Notes et références

  1. a , b  et c Pino Arlacchi, Les Hommes du déshonneur, Albin Michel, 1998
  2. a , b , c , d  et e Jean de Maillard, Un Monde sans loi. La criminalité financière en images, Stock, 1998.
  3. Jean-François Boyer, La Guerre perdue contre la drogue, La Découverte, 2001.
  4. Isabelle Sommier, Les Mafias, Montchrestien, 1998.

Voir aussi

Bibliographie

  • Xavier Raufer,La Mafia albanaise (2000) et Le Crime organisé (2000-2003), deux ouvrages parus au PUF
  • Isabelle Sommier, Les Mafias, Montchrestien, 1998.
  • Paul-Loup Sulitzer, Cartel, Livre de poche, 2003.
  • Jean Ziegler, Les Seigneurs du crime : les nouvelles mafias contre la démocratie, Seuil, 1998.
  • Raoul Muhm , Gian Carlo Caselli, Die Rolle des Staatsanwaltes - Erfahrungen in Europa ; Il ruolo del Pubblico Ministero - Esperienze in Europa ; Le role du Magistrat du Parquet - Expériences en Europe ; The role of the Public Prosecutor - Experiences in Europe, Vecchiarelli Editore Manziana, Rome, 2005 (ISBN 88-8247-156-X)

Filmographie

Liens externes

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