Confédération des syndicats nationaux

Confédération des syndicats nationaux
Logo de la CSN. Les trois anneaux représentent les fédérations, les conseils centraux et les syndicats affiliés.

La Confédération des syndicats nationaux (CSN) est une centrale syndicale canadienne fondée en 1921. Son siège social est situé à Montréal, au Québec. En 2010, la confédération compte environ 300 000 membres répartis à peu près également entre hommes et femmes ainsi qu'entre le secteur privé et le secteur public dans approximativement 1 700 syndicats représentant quelque 4 400 lieux de travail. Elle est ainsi la deuxième plus grande centrale syndicale du Québec par le nombre de ses membres.

La CSN est divisée en 8 fédérations. Elle comporte également 13 conseils centraux, divisés à peu près en fonction des régions administratives du Québec. La CSN est membre de la Confédération syndicale internationale (CSI).

Le président de la CSN est Louis Roy.

Sommaire

Structure

La CSN est caractérisée par une administration décentralisée : les syndicats locaux s'affilient à une fédération par secteur d'activité ainsi qu'à un conseil central, sur une base régionale. Les syndicats CSN sont autonomes, c'est-à-dire que chaque syndicat CSN détient son propre certificat d'accréditation et peut se désaffilier de la centrale, selon un processus démocratique.

En 2010, la confédération compte environ 300 000 membres répartis à peu près également entre hommes et femmes ainsi qu'entre le secteur privé et le secteur public dans approximativement 1 700 syndicats représentant quelque 4 400 lieux de travail[1]. La CSN est ainsi la deuxième plus grande centrale syndicale du Québec par le nombre de ses membres.

Exécutif de la CSN

Louis Roy, président de la CSN.
  • Président : Louis Roy
  • Premier vice-président : Jacques Létourneau
  • Deuxième vice-président : Jean Lacharité
  • Troisième vice-présidente : Denise Boucher
  • Secrétaire général : Jean Lortie
  • Trésorier : Pierre Patry

Anciens présidents

Fédérations

La CSN est composée de huit fédérations. Ces dernières sont :

Aldo Miguel Paolinelli, président de la CSN-Construction.

Conseils centraux

Engelbert Cottenoir, président du Conseil central du Saguenay-Lac-Saint-Jean.

La CSN est composée treize conseil centraux. Ces derniers sont:

  • Conseil central de l'Abitibi–Témiscamingue–Nord-du-Québec
  • Conseil central du Bas-Saint-Laurent
  • Conseil central du Coeur-du-Québec
  • Conseil central de l'Estrie
  • Conseil central de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine
  • Conseil central de Lanaudière
  • Conseil central des Laurentides
  • Conseil central de la Montérégie
  • Conseil central du Montréal métropolitain
  • Conseil central de la Côte-Nord
  • Conseil central de l'Outaouais
  • Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches
  • Conseil central du Saguenay–Lac-Saint-Jean

Historique

Émergence du mouvement syndical catholique au Québec

Article détaillé : Syndicalisme au Québec.

Les agitations ouvrières, notamment américaines, de la fin du XIXe siècle et début du XXe siècle et l'influence marquée des syndicats internationaux provenant des États-Unis (notamment à Montréal) amènent le clergé catholique à s'intéresser à la situation ouvrière[3], prônant une vision syndicale de conciliation « entre catholiques ». Ce mouvement est fortement inspiré par l'encyclique Rerum Novarum adopté en 1891 sous le règne du pape Léon XIII[3].

Le syndicalisme catholique canadien émerge dans plusieurs régions. Ainsi, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, des travailleurs de la Pulperie de Chicoutimi, aidés du frère Eugène Lapointe, réussissent à former le premier syndicat de ce type au Québec[3]. Cette région verra également l'apparition du premier regroupement de syndicats de ce genre, la Fédération ouvrière mutuelle du nord, qui compte près de 3 000 membres. D'autres régions suivront par la suite[3].

À cette époque, les mouvements locaux pensent s'organiser nationalement. Il s'y joint les vestiges des Chevaliers du travail[4].

CTCC

La Confédération des travailleurs catholiques du Canada (CTCC) est fondée à la fin du mois de septembre 1921 à Hull[5]. À l’époque, le clergé catholique exerce une influence considérable au Québec. La CTCC se démarque du courant syndical nord-américain en faisant la promotion d’un syndicalisme national et catholique. Elle se base sur la Doctrine sociale de l'Église et prône le corporatisme jusqu'aux années 1940.

La CTCC soutien plusieurs luttes ouvrières et adopte des résolutions visant à améliorer les conditions d'emploi de ses membres, notamment concernant la santé et la sécurité au travail[6].

En 1924, quelque 275 allumettières travaillant pour E. B. Eddy Matches à Hull se retrouvent en lock-out suite à leur refus d'abandonner leur syndicat et de signer des contrats individuels. Après deux mois, elles retourneront au travail, ayant gagné leur point[7]. La même année, suite à des pressions de la CTCC, le gouvernement adopte la Loi des syndicats professionnels, assurant une reconnaissance juridique aux syndicats[8]. En 1937, la CTCC supporte une grève des 3 000 ouvriers des chantiers navals et des fonderies de Sorel.

À son congrès de 1939, la CTCC adopte la résolution n° 93, où elle demande au gouvernement d'établir, pour les travailleurs qui n'ont pas de convention collective, un salaire minimum adapté au coût de la vie et ne devant jamais être inférieur à 0,30 dollars canadiens de l'heure[9]. En 1940, l'organisation réclame une loi contre les briseurs de grève. En 1947, elle revendique que le gouvernement établisse un régime d’assurance automobile, participant à établir les bases idéologiques de ce qui deviendra par la suite la Société de l'assurance automobile du Québec.

En 1949, la CTCC appuie les quelque 5 000 ouvriers de l’amiante à Asbestos et Thetford Mines lors de la Grève de l'amiante[10]. Ce conflit difficile ainsi que d'autres au début des années 1950 amèneront la CTCC à créer un Fonds de défense professionnel (FDP)[11].

Chronologie

1958 : grève des journalistes de La Presse pour obtenir la libération syndicale du nouveau président de la CTCC, Roger Mathieu.

19581959 : grève des réalisateurs de Radio-Canada pour obtenir le droit de se syndiquer.

Logo de la CSN adopté en 1961.

1960 : Le 29 septembre 1960, lors de son 39e congrès, la CTCC se déconfessionnalise et change son nom qui devient la Confédération des syndicats nationaux[12]. Tout le Québec est en ébullition ; il sort de la période de la Grande Noirceur. Pour la toute jeune CSN, l’action syndicale doit transformer tous les aspects de la vie au travail : d’abord les salaires, mais aussi les conditions dangereuses, les discriminations de toutes sortes, la hiérarchie, les cadences exténuantes, l’arbitraire, l’appropriation de la connaissance, tout ce qui atteint les travailleuses et les travailleurs dans leur dignité. 

1963 : au Saguenay–Lac-Saint-Jean, la CSN part en guerre contre les compagnies de finance et les prêts usuraires.

1966 : grève de trois semaines de 32 500 employé(e)s d’hôpitaux du Québec. Signature de la première convention collective nationale dans ce secteur. Le Syndicat des professeurs de l’État du Québec réussit, après cinq ans d’efforts et trois semaines de grève, à arracher une première convention collective comprenant la majorité de leurs demandes. 

19691970 : grève des travailleurs de la CSN–Construction. La fédération obtient la parité salariale pour tous les travailleurs.

1970 : la loi sur l’assurance maladie est adoptée.

19711972 : la CSN fait front commun dans les secteurs public et parapublic avec deux autres centrales syndicales, la Centrale de l'enseignement du Québec (CEQ) et la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ). Une grève générale est entamée. Les présidents des trois centrales ainsi qu’une cinquantaine de militantes et de militants sont emprisonnés. Parmi les revendications syndicales, l’objectif d’un salaire minimum de 100 $ par semaine est atteint.

1973 : grève de 20 mois chez Canadian Gypsum de Joliette pour obtenir la formule Rand (déduction de la cotisation syndicale à la source).

1974 : après huit mois de grève, les travailleurs de Price Brothers and Company à Alma, Jonquière et Kénogami établissent un nouveau modèle d'horaires de travail dans l'industrie des pâtes et papiers.

1975 : grève des travailleurs de l’amiante à Thetford Mines. 

1977 : grève dans les minoteries de Montréal contre la loi fédérale imposant le gel des salaires. En juillet, des fiers-à-bras ouvrent le feu sur des manifestants à la Robin Hood.  Le Syndicat des ouvriers du fer et du titane CSN occupe l’usine et en expulse les contremaîtres afin d’obtenir des conditions de travail respectant leur santé et leur sécurité.

1978 : Cadbury annonce la fermeture de son usine de Montréal et le transfert de la production en Ontario. La CSN lance une campagne de boycottage des produits Cadbury.

1979: nouvelle ronde de négociations dans le secteur public entamée par le Front commun des employé-es de l’État. Les négociations aboutissent sur des augmentations salariales et sur le congé de maternité, désormais payé à 100 % du salaire pendant une période de 20 semaines.

1980 : les syndicats du personnel du soutien scolaire et du soutien cégep font la grève (18 et 30 jours). Ils obtiennent, entre autres, « le plan d’effectifs » qui définit les besoins en personnel pour l’année qui suit. La CSN entreprend une vaste campagne de syndicalisation des travailleuses en garderie et revendique un régime universel et gratuit de garderies contrôlées par les usagers et les travailleuses.

1981 : la Grande Corvée vient en aide aux travailleurs forestiers en grève depuis 12 mois.

1983, 1984, 1985 : conflits chez Expro à Valleyfield et à Marine Industrie à Tracy pour travailler sans danger et réduire la semaine de travail.

1989 : les travailleurs de la Société de transport de la Rive-Sud de Montréal entreprennent une grève de 22 mois où ils obtiennent la semaine de quatre jours. Les syndicats du secteur public de la CSN déclenchent la grève générale le 12 septembre, elle dure cinq jours. La loi 160 s’applique dans presque tous les établissements de la santé et des services sociaux : confiscation de jours de paye, perte d’ancienneté et interruption de la perception à la source de la cotisation syndicale.

1993 : après 15 mois de conflit, les cols blancs de la municipalité de Marieville obtiennent l’équité salariale.

1996 : La CSN salue l'adoption de la Loi québécoise sur l’équité salariale et la création de la Commission de l’équité salariale.

1997 : après une lutte de 43 mois, les employé-es du Holiday Inn Crowne Plaza Centre-Ville à Montréal font échec à la sous-traitance.

1998 : après sept ans de lutte, les travailleuses et les travailleurs de Metro-Richelieu à Montréal obtiennent justice et retrouvent leurs emplois que l’employeur voulait confier à la sous-traitance. L’employeur doit verser plusieurs dizaines de milliers de dollars aux travailleurs lésés.

2001 : les 6000 agentes et agents correctionnels du Canada adhèrent à la CSN et fondent, après plusieurs mois de lutte pour le faire reconnaître, le syndicat Union of Canadian Correctional Officers - Syndicat des agents correctionnels du Canada - CSN (UCCO–SACC–CSN).

2002 : la Fédération nationale des enseignants et enseignantes du Québec (FNEEQ) négocie une structure salariale comportant une rémunération additionnelle pour les détenteurs d’une maîtrise. L’enseignement collégial fait maintenant partie de l’enseignement supérieur. Elle négocie également une échelle salariale unique. 

2003 :

  • Après un lock-out de plus de trois ans, les syndiqués des élévateurs à grain de Cargill, à Baie-Comeau, retournent au travail. Les clauses discriminatoires à l’endroit des jeunes ont été éliminées.
  • À l’automne et à l’hiver 2003, le gouvernement Charest adopte une série de mesures antisociales et antisyndicales. La CSN lance la campagne Stoppons la démolition !.

2004 : après plus de vingt mois de grève, le Syndicat de Radio Nord Communications obtient une nouvelle convention collective comprenant de nombreux gains, entre autres au plan régional. 

2005 :

  • Les 3800 membres du syndicat de magasins et de bureaux de la Société des alcools du Québec (SAQ), en grève depuis novembre 2004, joignent la CSN qui entreprend une campagne de solidarité. Une entente intervient le 4 février, permettant des gains entre autres au chapitre de la sécurité d’emploi et des horaires de travail.
  • À l’automne, les membres du secteur public de la CSN et de la FTQ font la grève pour appuyer leurs revendications. Le 15 décembre, le gouvernement Charest adopte le projet de loi 142 (loi 43), mettant fin aux négociations et imposant les conditions salariales et une partie des conditions de travail. Adopté sous le bâillon et dans la contestation, le décret comporte aussi de dures mesures répressives qui empêchent l’expression de toute contestation. Le 29 mars 2007, le Bureau international du travail (BIT) rend une décision qui condamne cette loi.

2006 :

  • En mai, conclusion du programme d’équité salariale dans le secteur public québécois.
  • Le 29 septembre, les 2200 membres du Syndicat des agents de la paix en service correctionnel du Québec adhèrent à la CSN. Ils reçoivent son appui dans leur lutte pour la revalorisation de leur métier.

2007 : l’Alliance syndicale dans la construction, dont est membre la CSN–Construction, obtient la signature d’une entente touchant les 140 000 travailleurs de cette industrie. La nouvelle convention collective prévoit plusieurs gains importants, entre autres au plan salarial.


Idéologies

Malgré son passé "catholique", la CSN prend une tangente différente lors de la révolution tranquille. En effet, sous l'impact de la "libéralisation" des idéologies au Québec après la chute du conservatisme que Maurice Duplessis incarnait, la CSN s'est progressivement radicalisée pour adopter une posture syndicale de combat, voire révolutionnaire, en intégrant, par exemple, la lutte des classes au sein de son programme. De nombreux documents publiés par la centrale en font foi et l'influence du socialisme comme projet de société semble teinter la vision syndicale de la CSN (certains diront que cette vision est principalement celle de "l'élite" intellectuelle dirigeante de la CSN, et non de celle des membres de la base). Cette tangente atteint son paroxysme lors du Front commun de 1972 qui a mené à une importante scission et à la création de la CSD, réputée plus conciliante avec le patronat. Avec l'essoufflement des grandes grèves et les nombreux assauts envers les syndicats durant les années 80, la centrale s'est progressivement "déradicalisée" vers la deuxième moitié de la décennie 1980, abandonnant la lutte des classes comme option sociale et politique. Toutefois, encore aujourd'hui, la CSN est réputée pour se trouver plus à gauche sur le spectre politique et syndical québécois[13].

Notes et références

  1. La CSN en chiffres, Confédération des syndicats nationaux, 2010. Consulté le 12 janvier 2010.
  2. Site de la Fédération des professionnèles
  3. a, b, c et d Pepin et Rioux 1991, p. 9
  4. Pepin et Rioux 1991, p. 11-12
  5. Pepin et Rioux 1991, p. 7
  6. Pepin et Rioux 1991, p. 28-30
  7. Pepin et Rioux 1991, p. 25-26
  8. Pepin et Rioux 1991, p. 26
  9. Pepin et Rioux 1991, p. 16
  10. Pepin et Rioux 1991, p. 17
  11. Pepin et Rioux 1991, p. 39
  12. Changement de nom de la Confédération des travailleurs catholiques du Canada sur bilan.usherbrooke.ca, Université de Sherbrooke. Consulté le 16 août 2009.
  13. Jacques Rouillard, Histoire du syndicalisme québécois, 1989

Voir aussi

Articles connexes

Sources bibliographiques

  • Marcel Pepin et Michel Rioux, La CSN au cœur du Québec, Confédération des syndicats nationaux, 1991, 87 p. (ISBN 2-920658-39-5) 

Liens externes


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Confédération des syndicats nationaux de Wikipédia en français (auteurs)

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