- Deuxième combat du Rocher de La Plochais
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Bataille du Rocher de La Piochais
La Bataille du Rocher de La Piochais (ou Rocher de La Plochais) fut une embuscade tendue aux Républicains par les Chouans le 21 décembre 1795, pendant les guerres de la Chouannerie. Ce fut la bataille la plus meurtrière pour les Républicains en Ille-et-Vilaine depuis la Virée de Galerne.
Sommaire
Prélude
A la fin du mois de décembre 1795, les chouans décidèrent de prendre Saint-Georges-de-Reintembault. Cette commune était une des rares du district acquise aux patriotes et était particulièrement bien fortifiée, si bien que les chouans ne pouvaient espérer la prendre sans artillerie. En plus de soldats réguliers, elle disposait également d'une forte garnison de 300 à 400 habitants armés. La mort de plusieurs chouans lors des raids de cette garnison sur les communes chouannes, décida Aimé Picquet du Boisguy à prendre Saint-Georges-de-Reintembault. Pour se faire, il réunit 2 000 de ses hommes, il tenta tout d'abord de provoquer les patriotes afin de les pousser à faire une sortie, mais sans succès. Boisguy pensa alors que la forte concentration d'hommes à Saint-Georges devait donner des difficultés à la commune pour se ravitailler, il décida donc de faire le blocus de la ville et d'y mettre le siège, espérant que la faim pousserait les républicains à se rendre. Auguste Hay de Bonteville fut chargé de surveiller Fougères avec ses 1 200 soldats. Une colonne de 300 hommes partie de Fougères tenta en effet de renforcer la garnison de Saint-Georges, mais fut repoussée par les troupes de Bonteville. Finalement, après 7 jours de siège, les patriotes entamèrent des pourparlers avec les chouans. Boisguy exigea d'eux la remise des armes et des munitions, la promesse de ne plus combattre et la reconduite des soldats réguliers, sans armes, pour Fougères. Au terme des négociations, les conditions de Boisguy avaient de bonne chances d'être acceptées, mais pendant la nuit qui suivit, une colonne de soldats républicains, commandée paraît-il, par un général de brigade, et arrivée à Fougères la veille, se dirigeait vers Saint-Georges dans le but de briser le blocus. Bonteville préféra se replier et fit envoyer une dépêche à Boisguy pour l'avertir. Face à cette offensive, Boisguy décida de lever le siège et donna l'ordre à Bonteville de se porter sur Landéan. A l'aube, tous les chouans étaient rassemblés et embusqués au Rocher de La Piochais. Hay de Bonteville commandait le centre, Saint-Gilles, dit Du Guesclin, commandait le flanc gauche et Dauguet, dit Fleur-de-Rose, dirigeait le flanc droit. Boisguy, secondé par Larchers-Louvières et François Poirier dit Sans-Chagrin, prit la tête d'une troupe de 400 hommes chargée de prendre les républicains à revers. La troupe républicaine était commandée par un général de brigade dont le nom n'est pas connu et secondé par le commandant Joré, la plupart de ces soldats venaient du front de l'Est et n'avaient jamais combattu les chouans.
Forces en présence
Selon les républicains, leurs troupes étaient fortes de 500 hommes et les chouans étaient au nombre de 6 000 à 8 000, cette dernière estimation est certainement surrévaluée, il est impossible que Boisguy ait pu avoir de troupes aussi nombreuses. De son côté le colonel chouan Pontbriand écrivit que les chouans étaient 2 800 et les républicains 1 800.
La bataille
Les troupes républicaines parurent au matin, mais ils repérèrent l'embuscade et ne tombèrent pas dans le piège. Ils se mirent en formation de combat en lançant des railleries et des insultes aux chouans, qu'on leur avait présenté comme des bandes de paysans sans discipline. Les républicains se mirent en marche la baïonnette au canon. Les chouans les laissèrent s'approcher jusqu'à une distance de 30 mètres, puis firent feu. La décharge fut très meurtrière et le général ordonna la retraite, les républicains subirent des pertes très lourde en devant refaire le chemin inverse en bon ordre sous le feu des chouans, ils n'avaient à ce moment toujours pas tiré un seul coup de feu. Mais au même moment l'arrière-garde fut enfoncée par Boisguy et ses 400 hommes, qui se saisirent des voitures de vivres et de pains destinés à ravitailler Saint-Georges. Les républicains étaient alors encerclés, les marais sur leurs flancs les empêchaient de se replier. A l'avant-garde, le général mit sa troupe en formation au carré, Joré fit de même à l'arrière-garde après avoir rallié les fuyards. Les soldats républicains, à découvert, étaient constamment sous le feu des chouans, protégés par les marais et postés à couvert derrière des fossés et des haies. Bonteville, Saint-Gilles et Dauguet lancèrent alors la charge sur le carré de l'avant-garde, les chouans en nette supériorité numérique, l'écrasèrent très rapidement. Le carré de Joré et de ses carabiniers résista plus longtemps, les chouans pénétrèrent dans le carré, puis en furent délogés, mais leur deuxième attaque fut décisive, les Républicains furent écrasés et déroutèrent vers Fougères, ils subirent ce jour là leur plus lourde défaite face aux chouans en Ille-et-Vilaine.
Pertes et conséquences
Il est certain que cette bataille se termina par une victoire écrasante des chouans. Les républicains avouèrent avoir perdu la moitié de leurs troupes dans la bataille, soit 250 hommes. Les chouans affirmèrent avoir eu 39 tués et 40 bléssés mais portèrent le nombre des tués républicains à 1 200 (selon Pontbriand) ou 1 300 (selon Marzan).
Cette défaite fut en tout cas vécue comme une véritable catastrophe par les républicains de la région. Le général de brigade Jean Humbert dut arriver en urgence à Fougères depuis Vitré avec 800 hommes en renfort. Le commissaire provisoire de Fougères fit à l'administration du département ce rapport qui témoigne de la panique des patriotes :
« Hier, le commandant de l'arrondissement profita de l'arrivée d'une colonne destinée pour Avranches et forte de trois cents hommes, pour mener à Louvigné-du-Désert des farines, des bœufs et des cartouches. Il joignit à cette colonne la faible garnison de Fougères, de manière que l'escorte était de plus de cinq cents hommes. Elle était en même temps chargée de protéger l'évacuation du cantonnement de Saint-Georges dénué de munitions et de pain. Les chouans embusqués sur quatre colonnes, l'une en uniforme gris, l'autre en uniforme rouge, l'autre en uniforme bleu et l'autre en habit de paysans, ont attaqué le convoi à hauteur du rocher de La Plochaye. L'escorte a fait une vigoureuse résistance, mais les chouans dont on porte le nombre à six ou huit mille, avaient pris une position si avantageuse que de tous côtés les républicains ont été cernés. Le convoi a été pris, également que les deux caissons qui portaient les munitions de guerre et de bouche et l'escorte a perdu au moins la moitié des soldats qui la composaient. La majeure partie de ceux qui sont parvenus à faire jour au travers de l'ennemi est rentrée dans nos murs, les uns sans fusils, les autres sans sacs, sans chapeaux, sans souliers et même sans habits. Qu'allons-nous devenir, citoyens, après un désastre aussi continuel ? Le découragement se jette dans la troupe et dans le cœur des patriotes qui ne peuvent, malgré leurs réclamations, obtenir la protection qu'ils méritent. Les chouans, renforcés par une affluence considérable d'émigrés et de vendéens, sont absolument maîtres du pays. Ils ne marchent plus qu'en masse et cette masse devient presque incalculable par la réunion qui se fait sans obstacles des brigands de la ci-devant Normandie, de Laval, de Vitré et d'Ernée, avec ceux de notre pays. Si l'on en croit le rapport d'un officier qui a échappé au feu des scélérats, le drapeau arboré par eux était le même que celui qu'il avait déjà vu dans une précédente affaire. Nous avons pour ennemis sur notre territoire, les chouans du Maine, de la Haute et Basse-Bretagne, de la Normandie, des Vendéens et d'une foule d'émigrés. Notre pays est donc celui sur lequel on devrait le plus ouvrir les yeux et celui qu'on néglige le plus. Nous tremblons à chaque instant d'apprendre que Saint-Georges est au pouvoir des brigands ; nous tremblons pour son cantonnement; nous tremblons que les autres n'éprouvent de suite le même sort... Si l'oubli cruel où l'on nous laisse continue, la perte de nos campagnes et même l'invasion du chef-lieu en seront la suite. Comment en effet pouvoir alimenter les habitants et la garnison ? Les chouans qui n'auront plus de cantonnements à attaquer se tourneront sur Fougères, intercepteront les communications et finiront par nous affamer... Il nous reste, citoyens, qu'un espoir, celui d'obtenir par vos soins et vos instances auprès des généraux qui commandent à Rennes, un envoi provisoire de troupes qui puisse au moins nous mettre dans le cas d'attendre les forces que pourra nous envoyer le général en chef des côtes de Cherbourg. Il n'y a pas un instant à perdre. Les chouans vont employer les fusils que leur a procurés l'affaire d'hier, à faire de nouvelles levées et si le remède n'est point prompt, vous apprendrez peut-être sous peu notre perte et celle de tous les patriotes de Fougères, qui, comme nous, feraient le sacrifice de leur vie plutôt que de trahir la cause de la liberté. »Carte
Bibliographie
- Christian Le Boutellier, La Révolution dans le Pays de Fougères, Société archéologique et historique de l'arrondissement de Fougères, 1989, p.477-483.
- Toussaint Du Breil de Pontbriand, Mémoire du colonel de Pontbriand, 1897, p.250-254.
- Théodore Lemas, Le district de Fougères pendant les Guerres de l'Ouest et de la Chouannerie 1793-1800, Rue des Scribes Editions, 1894, p.229-230.
Note
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