Chiropratique

Chiropratique
Description des os du carpe dans un tableau du College of Chiropratic des États-Unis.

La chiropratique (du grec kheir, main, et praktikos, faire ; prononcer kiro-pratique) ou chiropraxie (termes non-officiels et impropres selon l'Académie Française et la WFC[réf. nécessaire]) est une médecine manuelle qui vise à la prévention, au diagnostic, au traitement des troubles de l’appareil locomoteur, de la colonne vertébrale, et de leurs effets néfastes sur la santé humaine. Les méthodes utilisées sont essentiellement manuelles[1]. Notez que l'Académie Française recommande officiellement les termes « chiropratique » et « chiropraticien ».[réf. nécessaire]

Sommaire

Histoire

Daniel David Palmer, fondateur de la chiropratique.
Buste de Marbel Heath Palmer

La chiropratique a été fondée en 1895, à Davenport, Iowa par Daniel David Palmer. Le premier ajustement chiropratique fut pratiqué sur le concierge de l'immeuble où Palmer travaillait, Harvey Lillard. Étant sourd, il lui aurait rendu l'audition par un ajustement chiropratique[2]. Il présenta d'abord cette méthode comme une expérience sous un éclairage religieux[3], afin d'échapper au harcèlement judiciaire des médecins et des ostéopathes[4]. La méthode fut déclarée officiellement en 1897 avec la fondation de la Palmer School of Chiropractic.

Son fils, Bartlett Joshua Palmer, colonel de réserve dans la Garde Nationale, a poursuivi son œuvre en la développant techniquement et en l'adaptant aux connaissances scientifiques de l'époque, souvent avec certains désaccords de son père. Il fonda une école de chiropratique près de Chicago en 1902 ; école qui resta ouverte (contrairement à 95 % des écoles de médecine) après les conclusions du Rapport Flexner de 1910, puisque conforme à la nouvelle norme moderne des écoles de santé aux États-Unis d'Amérique.

La Fédération Mondiale de Chiropratique (WFC) est membre de l'OMS depuis 1993[5]. La chiropratique est reconnue comme profession de santé complémentaire par le Comité international olympique depuis 1992[6],[7].

La chiropratique est officiellement la troisième profession de santé aux États-Unis[8] après la médecine générale et la chirurgie dentaire.

Principes généraux

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Définition de la Chiropratique (Association Française de Chiropratique AFC et Société Franco-Européenne de Chiropratique SOFEC) : l’art chiropratique consiste en la prévention, le diagnostic, et le traitement des pathologies mécaniques, réelles ou supposées, de l’appareil neuro-musculo-squelettique, en particulier du rachis, et de leurs conséquences. Les thérapeutiques sont conservatrices, principalement manuelles.

La colonne vertébrale et le bassin jouent un rôle fondamental dans la démarche diagnostique et thérapeutique.

Le chiropraticien est un praticien de premier contact. Les patients peuvent le consulter directement. Le diplôme de Docteur en Chiropratique (DC) lui confère la possibilité de procéder au diagnostic et au traitement des pathologies et des différentes atteintes qui relèvent de sa compétence. À ce titre, il n'hésitera pas à pratiquer des examens, à référer son patient pour avis ou pour traitement complémentaire vers un autre praticien selon les nécessités de l'état de santé du patient.

L’identification des perturbations fonctionnelles de l'unité fonctionnelle vertébrale est obtenue par différents moyens entrecroisés (liste non exhaustive) :

  • l’anamnèse ;
  • l’imagerie médicale ;
  • l’analyse de la posture et des déformations ;
  • la palpation statique des téguments, des muscles et des articulations ;
  • la palpation dynamique du mouvement ;
  • les tests musculaires (cotations) des mécanorécepteurs ;
  • les réflexes ostéo-tendineux ;
  • l’examen neurologique et orthopédique ;
  • les analyses biologiques complémentaires ;
  • la thermographie infrarouge ;
  • EMG de surface.

Les perturbations fonctionnelles du système locomoteur axial sont appelées « subluxations. » Elles sont localisées en particulier au niveau de la colonne vertébrale et du bassin. Par ailleurs, il existe plusieurs techniques pour les soins des extrémités (membres supérieurs et inférieurs).

Selon les principes chiropratiques, ces interférences nerveuses, conséquences neurologiques des subluxations, entraînent des états douloureux ou des perturbations fonctionnelles, voire organiques, qui affectent globalement la vitalité et a fortiori l'état de santé général[9],[10].

Après avoir identifié les subluxations par une méthode diagnostique spécifique et l'analyse chiropratique, le chiropraticien entreprend alors la correction des subluxations (selon un protocole de soins) au moyen d'ajustements chiropratiques.

L'ajustement chiropratique consiste en l'application, avec la main, d'une pression ponctuelle modérée et non forcée, c’est-à-dire une impulsion précise, non traumatisante et codifiée, sur un segment ostéoarticulaire selon une technique dite HVLA : haute vélocité, faible amplitude. La différence entre l'ajustement chiropratique et d'autres formes de manipulations vertébrales est la très grande spécificité de la technique, c'est-à-dire que l'impulsion est appliquée sur un seul segment selon un vecteur donné. On dit alors qu'il s'agit d'une manipulation vertébrale à court bras de levier. La précision est sa première caractéristique.

La majorité des chiropraticiens a également recours à des instruments pour réaliser leurs ajustements (ex. de la technique Activator, ou de la technique Petitbon) ou à des tables de manipulation multi-articulées (technique Thompson ou Chiropractic Biophysics). Les chiropraticiens pratiquant une technique dite de Flexion/Distraction segmentaire (COX) utilise une table très spécialisée, afin de traiter particulièrement la pathologie discale.

Également, le Docteur en chiropratique peut utiliser des méthodes dites complémentaires comme les ultrasons, la cryothérapie, l'électrothérapie etc.

Dans de nombreux cas, le chiropraticien prescrira des exercices qui aideront à faciliter le retour du patient à ses activités de la vie quotidienne.

La prise en charge du chiropraticien, ne se résume pas qu'à la pathologie vertébrale commune, mais également s'intéresse aux pathologies dites « tissus mou » (ex : tendinopathie de l'épaule, épicondylite, myoaponévrosite plantaire, etc.).

Aussi, plusieurs chiropraticiens utilisent également des formes de thérapies myofasciales telles qu'« Active release technique » (A.R.T), « Graston technique », points gâchettes ou d'autres formes de massage profond, associées à des exercices de réadaptation.

Il est de la philosophie de la chiropratique d'éduquer son patient à une meilleure hygiène de vie, tant pour ce qui concerne son alimentation que son mode de vie, plus précisément ses habitudes de sommeil et son activité physique. Ainsi, le Docteur en chiropratique s'assure d'avoir un effet global sur la santé de chacun de ses patients, et un effet bénéfique sur la santé publique.

C'est donc, de par tous ces moyens que le chiropraticien permet d'optimiser la santé de ses patients et de prévenir les troubles neuro-musculo-squelettiques.

Certaines écoles sont spécialisées dans la chiropractie spécifique des cervicales supérieures.

Formation

Palmer College of Chiropratic à Davenport en Iowa.

Les études de chiropratique sont des études supérieures principalement en écoles privées de niveau universitaire, ou dans quelques universités, elles durent six années post bac, les élèves sont soumis à des contrôles constants[11]. Ces études sont basées sur une seule norme officielle internationale rigoureuse (adoptée officiellement par de nombreux pays développés) et sanctionnées par un doctorat en chiropratique mondialement agréé (États-Unis, Canada, Mexique, Australie, Japon, Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud, Israël, Jordanie, Royaume-Uni, Allemagne, Belgique, Suisse, Italie, Suède, Norvège, Finlande, Danemark...)[12]. Tout chiropraticien possède un diplôme de radiologie (théorique et pratique)[13]. Aux États-Unis, le doctorat en chiropratique est officiellement considéré de même niveau académique que le doctorat en médecine[14],[15].

Au Québec, les étudiants ont accès à un programme universitaire de Doctorat en Chiropratique délivré par l'UQTR. Voici une description tiré du site du programme : « La préparation à l'exercice de la chiropratique comporte trois axes d'apprentissage : une formation fondamentale en sciences biologiques et de la santé (anatomie, physiologie, histologie, sciences biochimiques et physiopathologiques, diagnostics clinique et radiologique, etc.), une formation spécialisée dans tous les aspects de la discipline chiropratique (études théoriques, pratique professionnelle, diagnostic et applications chiropratiques, etc.) et une formation clinique comprenant 1 530 heures de stages et d'internat. Le programme comprend 2 382 heures de formation théorique et 2 587 eures de formation pratique. Cette dernière fait appel aux laboratoires suivants : anatomie humaine, physiologie, histopathologie, diagnostic, radiologie, biomécanique et techniques chiropratiques. La formation clinique (stages et internat) s'effectue dans le cadre de la clinique universitaire installée dans le Pavillon de Chiropratique. »[16]

En France, il existe un unique établissement de formation accrédité selon les normes internationales, ce qui signifie que ses diplômés peuvent légalement exercer dans plus d'une quarantaine de pays[réf. nécessaire]. Cet établissement est situé à Ivry sur Seine près de Paris et possède une antenne à Toulouse[17].

Les docteurs en chiropratique (D.C.) peuvent, après leurs études, se spécialiser dans des techniques de soins chiropratiques (ex : Cox Flexion/Distraction[18] ou acquérir des compétences particulières comme l'electro-diagnostic, les manipulations sous anesthésie[19] ou dans de véritables spécialités comme la Fédération Internationale de Chiropratique du Sport[20](FICS), la Radiologie[21], l'Orthopédie Chiropratique[22], la chiropratique pédiatrique, la chiropratique animalière, la neurologie chiropratique[23]. Pour les premiers, ils obtiendront des certifications post-doctorales dans les techniques ou compétences choisies, les seconds obtiendront des certificats de spécialisation post-doctorale dans les spécialités choisies.

Les établissements dispensant la formation chiropratique sont accrédités par des organismes d'accréditations regroupés (The Councils on Chiropractic Education International http://www.cceintl.org/).

Aux États-Unis il s'agit du Council on Chiropractic Education reconnu depuis 1972 par The U.S. Commissioner of Education, Department of Health, Education and Welfare.

Au Canada http://www.chirofed.ca/french/

En Australie et Asie http://www.ccea.com.au/

En Europe le ECCE http://www.cce-europe.com/about_us.php est membre du ENQA (the European Association for Quality Assurance in Higher Education) http://www.enqa.eu/projectitem.lasso?id=307&cont=ProjDetail

Statut de la profession

Il existe, aux États-Unis, en Angleterre, Suède, Japon, Australie, Afrique du Sud, Canada, etc. une vingtaine d'universités formant au titre de docteur en chiropratique. Ces diplômes sont reconnus officiellement dans la majorité des grands pays industrialisés comme les États-Unis, le Canada, la Suisse[24], le Royaume-Uni[25], le Danemark, l'Australie, la Nouvelle-Zélande. La chiropratique est aussi partenaire officiel de l'Organisation mondiale de la santé par le biais de la Fédération Mondiale de Chiropratique[26]. Par ailleurs, l'OMS a fait paraître ses « Directives pour l'enseignement et la sécurité en chiropratique »[27]. Il existe aujourd'hui de véritables spécialités au sein de la profession chiropratique comme la radiologie (doctorat en chiropratique + 3 ans d'internat)[28], l'orthopédie, la neurologie[29] ou la chiropratique du sport[30].

Au Québec

Pendant très longtemps, de nombreux chiropraticiens ont fait des démarches répétées pour obtenir une loi québécoise établissant les conditions requises pour exercer la chiropratique. En 1973, la Loi sur la chiropratique (L.Q. 1973, ch. 56) fut adoptée par l’Assemblée nationale du Québec.

La Loi sur la chiropratique établit les règles concernant l’exercice de la chiropratique au Québec, en décrit l’exercice et en précise les conditions. Elle institue aussi la création de l’Ordre des chiropraticiens du Québec[31].

Dans l’intérêt de la société, l’Ordre, régi par le Code des professions, édicte des normes de qualification et voit au contrôle de l’acte professionnel. Tout chiropraticien exerçant légalement au Québec est obligatoirement membre de l’Ordre des chiropraticiens du Québec.

En France

En France, les actes accomplis par les chiropraticiens ne sont pas conventionnés par l’Assurance Maladie, et à ce titre, ne sont donc pas remboursés par la Sécurité Sociale. L’intégralité des frais de consultations et de soins sont à la charge du patient. De plus en plus de mutuelles de santé complémentaires acceptent cependant une prise en charge partielle des traitements prodigués, selon leurs conditions contractuelles préalablement établies. Les honoraires sont totalement libres et variables selon les praticiens : de 35 à 70 euros par séance en moyenne, très rarement à plus de 100 euros selon la notoriété du praticien, la nature de l’acte accompli, et le nombre de séances de soins envisagées.[réf. nécessaire]

L'activité de chiropraticien a été régulée par la loi Kouchner de mars 2002 (art. 75)[32], en même temps que celle d'ostéopathe, le décret d'application a été signé le 7 janvier[33] (décret no 2011-32 du 7 janvier 2011 relatif aux actes et aux conditions d’exercice de la chiropraxie)

Au Royaume-Uni

Le titre est protégé depuis the chiropractic act de 1994[34]. La formation est universitaire[35]. Il existe la possibilité de prescrire des examens d'imagerie médicale et de posséder le matériel radiographique pour la réalisation des clichés radiographiques standards. Les chiropraticiens sont en voie d'intégration dans le parcours de soins pour la prise en charge des pathologies ostéoarticulaires.

En Suisse

Le titre est protégé depuis 1974[36],[37]. La formation est universitaire de type médical[38]. Les chiropraticiens sont désormais officiellement reconnus comme une profession de type médical universitaire équivalent français du « livre I du code de la santé publique » au même titre que les médecins, dentistes et sage femmes[39]. Cette loi définit par la même occasion les collèges et universités reconnus susceptibles de former les chiropraticiens. L’institut Franco-Européen de Chiropratique (IFEC[17]) fait partie de ces institutions. Comme toute autre profession médicale, les chiropraticiens suisses sont habilités à poser un diagnostic, à recourir aux investigations de laboratoire, d’imagerie, voir à posséder leur propre installation radiologique. Les prises en charge sont remboursées par l’assurance maladie, y compris pour les prescriptions de certaines médications à visées antalgiques et de contrôle de la douleur.

Il existe la possibilité de prescrire et d'effectuer les examens d’imagerie. Les chiropraticiens bénéficient de l'ensemble de la panoplie des traitements conservateurs y compris les médicaments pour lutter contre la douleur. La prise en charge s'effectue par l'assurance-maladie.

En Belgique

  • le titre est reconnu[40] ;
  • la formation s'effectue à l'étranger dans les écoles reconnues sur le plan international ;
  • il existe une possibilité de prescription ;
  • les soins sont pris en charge par les organismes privés.

En Italie

La profession est reconnue depuis le 21 décembre 2007 comme profession de Santé de premier contact

En Suède

  • la profession de chiropraticiens est reconnue et le titre est protégé depuis 1989[40] ;
  • les soins sont pris en charge par l'assurance-maladie ;
  • les praticiens travaillent en première intention et posent un diagnostic.

En Finlande

  • le titre est protégé et reconnu depuis 1994[41],[42],[43] ;
  • la prise en charge est partielle par l'assurance-maladie et par les assurances privées ;
  • la prescription d'imagerie est possible mais n'est pas remboursée.

Aux Pays-Bas

  • il existe une possibilité d'exercice[réf. nécessaire] ;
  • il n'y a pas de protection du titre ;
  • l'intégration n'est pas faite dans le système de santé nationale.

En Norvège

  • la profession chiropratique bénéficie d'un statut d’une profession de type médical et protégé http://www.behandler.no/helsepersonell.php#48 ;
  • les chiropraticiens sont des praticiens de premier contact et posent leur diagnostic ;
  • ils ont un droit de prescription d'examens complémentaires, d'imagerie (radiographies, I.R.M., scanners, échographie et Doppler) ;
  • les chiropraticiens ont la possibilité de prescrire des arrêts de travail de moins de huit semaines ;
  • ils ont la possibilité de référer à un spécialiste dans le cadre du parcours de soins dont la prise en charge est assurée par l'assurance-maladie ;
  • ils ont la possibilité de prescrire des actes de kinésithérapie.

Au Danemark

  • le statut est celui d'une profession médicale dont le titre est protégé depuis 1991[réf. nécessaire] ;
  • l'association des chiropraticiens a vocation ordinale et disciplinaire ;
  • les soins chiropratiques sont pris en charge par l'assurance-maladie ;
  • les chiropraticiens sont intégrés dans le système de santé national ;
  • les chiropraticiens sont habilités à faire des radiographies et à posséder leur propre matériel ;
  • ils travaillent aussi bien à l'hôpital qu'à l'université ;
  • ils ont la possibilité de référer vers un spécialiste dans le cadre du parcours des soins avec une prise en charge par l'assurance-maladie ;
  • la formation est universitaire.

Critiques et controverses à propos de la chiropratique

Critiques des principes théoriques

La théorie de la subluxation, fondement historique de la chiropratique est rarement évoquée avec les patients. Les patients réguliers des chiropraticiens ne connaîtraient souvent pas ses bases historiques[44],[45]. Pour ses détracteurs, il s'agit donc d'une théorie peu étayée qui ne correspond en rien aux critères scientifiques existants. Il est vrai que les moyens d'investigation scientifiques ont évolué depuis le début du XXème siècle. Suivant ce raisonnement, l'Académie de médecine française ne reconnaît pas la chiropratique et met en 2006 en garde contre une pratique non contrôlée et que n'importe qui pourrait exercer. Dans ce rapport, l’Académie souligne que les méthodes manuelles à visée diagnostiques et thérapeutiques prônées par l’ostéopathie et la chiropraxie s’appuient, comme beaucoup d’autres d’ailleurs, sur des a priori conceptuels dénués de tout fondement scientifique. L’Académie sait très bien que ces méthodes sont, depuis toujours, pratiquées. Mais elle ne saurait les cautionner. Le président de la commission chargée de la rédaction de ce rapport déclare lors d'un entretien : « Attention ! Les chiropracteurs utilisent aussi des techniques de manipulation mais ils veulent garder leur autonomie professionnelle par rapport à la médecine de soins et surtout vis-à-vis de l’ostéopathie. Ils se limitent à l’appareil locomoteur, à la lombalgie commune et à la cervicalgie courante. Leur souci majeur est d’éviter les accidents de manipulation et avant tout d’identifier les contre-indications possibles. Est-ce possible sans connaissances médicales et sans contact avec les médecins traitants ? Encore peu nombreux en France (450) ils sont très organisés aux États-Unis et surtout en Europe du Nord. Ils acceptent cependant de collaborer dans la recherche clinique et technique avec des médecins de médecine physique, des rhumatologues et des chirurgiens orthopédistes »[46]. Le rapport entraîna des protestations officielles tant du Doyen Ludes[47], citation p22 du rapport sur la formation des ostéopathes et chiropraticiens remis au gouvernement français par le Pr Ludes, que des autorités chiropratiques françaises et une réponse scientifique de la SOFEC[48]  ».

Selon les détracteurs de la chiropratique[49], une minorité de praticiens est critique envers la théorie de la subluxation et travaille selon des méthodes s'éloignant d'une conception « mystique » de la chiropratique[50].

Critiques de l'efficacité et de l'innocuité de la chiropratique

Quelques études mentionnent la chiropratique comme efficace, mais sans déterminer plus précisément son efficacité[51], ou concluent par ailleurs à l'inefficacité du type de manipulation vertébrale effectuée par des physiothérapeutes ou autres praticiens[52]. Des études indépendantes (par des assurances, des mutuelles, des chercheurs et des professeurs d'économie de la santé[53]) mais que certains détracteurs estiment impulsées par le lobby chiropratique[54] ont conclu que la chiropratique avait un effet au moins égal mais généralement supérieur aux traitements médicaux dans le cas de lombalgies chroniques ou aiguës[55], et que le rapport coût/efficacité était nettement et incontestablement (pour cette pathologie et pour les troubles musculo-tendineux en général) en faveur de la chiropratique[56],[57]. D'autres études démontrent l'intérêt de la chiropratique pour d'autres troubles de santé, notamment idiopathiques[58],[59],[60],[61],[62],[63].

On recense plusieurs cas d'accidents de manipulation dans le monde[64],[65], ayant pu nécessiter des interventions chirurgicales pour libérer la moelle dorsale ou le cône terminal ou une racine du sciatique comprimés par une hernie discale post-manipulatoire. Néanmoins, selon une étude publiée par le chercheur chiropraticien et expert australien Alan Terrett (Professeur Associé à l’Université des Sciences de la Santé et expert près des tribunaux), ces accidents de manipulations sont le plus souvent attribués abusivement aux chiropraticiens alors qu'ils sont finalement, après enquête, déterminés comme étant le fait de divers manipulateurs (non-chiropraticiens) peu ou mal formés[66], constat et étude confirmés par Wenban en 2006[67].

Offensive de l'AMA (1962-1987)

En novembre 1962, le docteur Robert Throckmorton, secrétaire de l'Iowa Medical Society présente son plan pour « contrôler et éliminer » les chiropraticiens de l'Iowa[68].

L'American Medical Association nomme Throckmorton conseiller spécial de l'AMA en septembre 1963 pour mettre son plan en action au niveau national et lui annonce que « la chambre des délégués » et la commission juridique de l'A.M.A ont décidé que « leur objectif était, principalement, l'élimination complète de la chiropratique »[69].

Le 2 novembre 1963, le Comité sur la chiropratique est rebaptisé « comité sur le charlatanisme » pour « éviter de donner une quelconque légitimité à la chiropratique ». Il effectuera des actions d'« information » jusqu'en 1968, mais le Congrès revient sur cette décision en 1972.

En 1968, chaque médecin est invité à placer dans sa salle d’attente un exemplaire de la brochure d'informationde l’AMA « chiropractic, the unscientific cult » (chiropratique, la secte non scientifique). Plus de 10 000 brochures sont distribuées dans les lycées pour « informer » les futurs étudiants en chiropratique et leurs futurs clients. En 1969, un journaliste publie en partenariat avec l’A.M.A un livre : « À vos risques et périls ! ».

En 1971, ce « comité sur le charlatanisme » passe un accord avec la commission d’accréditation des hôpitaux afin de faire perdre leurs privilèges hospitaliers aux médecins « profitant du cadre de l'hôpital pour mettre en avant des pratiques charlatanesques », dont la chiropratique.

En 1975, un chiropraticien, Chester Wilk DC, et quatre de ses confrères de Chicago, portent plainte devant la cour fédérale, pour violation de la Loi anti-trust. Après un premier procès en 1981 la cour d’appel ordonne un second procès qui débute en juin 1987.

En septembre 1987, le juge Getzendanner déclare l’AMA, l’American college of radiology, l’American college of surgeons et l’American college of orthopedic surgeons coupables de conspiration illégale en vue de « contenir et d'éliminer la profession chiropratique, en désorganisant l’éducation chiropratique, le remboursement par les assurances, les relations avec les médias et le gouvernement, les relations interprofessionnelles, et d’autres activités de boycott en violation du Sherman Antitrust Act, jugement définitivement confirmé par la cour suprême des États-Unis en 1990[70].

Le jugement de 1987 a considéré que l’AMA n’avait pas respecté les critères (b) ou (d) de la défense fondée sur les soins aux patients » Wilk et al. V. American medical Association (1987) Judgement (Northern district of Illinois, Eastern division No.76 C3777.)[71].

Dès le milieu du procès, l’American Hospital Association affirmait « L’American Hospital Association désavoue spécifiquement tout effort illégal d’un quelconque groupe privé, concurrent pour « contenir », « éliminer » ou bien saper la confiance du public dans la profession chiropratique »[72].

Cependant, cette page de l'histoire semble être tournée, en effet avec le développement de la chiropratique universitaire, les chiropraticiens ont une place de plus en plus importante parmi les experts scientifiques de la pathologie vertébrale commune. Récemment dans le cadre de la Joint and Bone decade (2000-2010), les chiropraticiens ont participé en nombre, mais aussi dirigé la Neck Pain Task Force[73].

Article dans The Guardian

Le 19 avril 2008, Simon Singh publie un article dans le quotidien britannique The Guardian critiquant la chiropratique[74],[75]. En réponse, l'association britannique de chiropratique (British Chiropractic Association) l'attaque en justice pour diffamation. À cette annonce, le Guardian décide de le soutenir et de prendre à sa charge les frais de conseil juridique ainsi que de payer les frais légaux du BCA dans le cas où Singh choisirait de régler l'affaire à l'amiable[76].

L'enquête préliminaire a eu lieu le jeudi 7 mai 2009 devant le juge Sir David Eady. Le juge a déclaré que l'expression « happily promotes bogus treatments » dans l'article de M. Singh a été écrite pour dire que le BCA a délibérément menti dans la promotion de leurs activités[76]. Cette décision par le juge a donné peu de chance pour que M. Singh gagne le procès. Simon Singh a donc demandé le droit de faire appel à cette déclaration par le juge Eady. Le juge John Laws lui a accordé ce droit de faire appel le 14 octobre 2009 [77]. Le 1er avril 2010, la cour d'appel a declaré que le juge Eady a commis une erreur dans son jugement et que les expressions écrites par Singh dans son article tombaient sous la définition légale de « fair comment »[78]. Le 15 avril 2010, le BCA a retiré leur procès contre Singh[79]. Simon Singh s'appuie sur les travaux du Pr Ernst qui a publié de nombreux articles pourfendant les médecines alternatives. L'analyse des articles publiés sur la chiropratique semble démontrer une absence de rigueur scientifique de la part du Pr Ernst A case study of misrepresentation of the scientific literature: recent reviews of chiropractic. qui a été écarté par l'Université d'Exeter.

Notes et références

  1. Site de l'Association Française de Chiropratique (AFC)
  2. ­ source Palmer D.D., The Science, Art and Philosophy of Chiropractic. Portland, Oregon: Portland Printing House Company, 1910.
  3. La religion de la chiropractie
  4. « Threatened with prosecution for the unlicensed treatment of disease, Palmer's magnetic manipulation became non-therapeutic adjusting to remove "causes." Scorned in the osteopathic literature for his supposed "theft" of A.T. Still's theories, Palmer sought to differentiate the two professions, and eventually abandoned his earlier concern for circulatory obstructions. Defeated and imprisoned in 1906 for unlicensed practice, Palmer embellished his spiritual explanations of life (Innate) into a religious justification for chiropractic, and eventually sought "authority" for his views and practice methods in the realm of spiritual inspiration. », [PDF] The Evolution of Palmer's Metaphors and Hypotheses
  5. Sur le site de l'APHA
  6. http://www.fics-sport.org/portal/index.php?option=com_content&task=view&id=14&Itemid=28 Site de la Fédération Internationale de Chiropratique du Sport (FICS)
  7. Sponsors de la FICS
  8. National Institute of Health
  9. Effects of spinal manipulation
  10. http://www.chiroandosteo.com/content/16/1/5
  11. (en) site du National Board of Chiropractic Examiners
  12. (en) Anglo European College of Chiropractic
  13. La formation chiropratique sur le site de l'Association chiropratique canadienne
  14. (en) « Medical Education : Despite some differences, chiropractic and medical education have a lot in common » sur le site Agency for Healthcare Research and Qaulitu (AHRQ)
  15. First professional degree - Wikipedia, the free encyclopedia
  16. https://oraprdnt.uqtr.uquebec.ca/pls/public/pgmw001d?owa_cd_pgm=7025#ACTV
  17. a et b Site de l'IFEC
  18. Cox Flexion/Distraction
  19. « NYCC Post-Graduate Seminar Listings » sur le site New York Chiropractic College
  20. http://www.fics-online.org [site officiel du FICS]
  21. (en)Site de American Chiropractic Board of Radiology
  22. (en) Site de American Board of Chiropractic Orthopedics (ABCO)
  23. carrickinstitute.org
  24. diplôme de chiropratique en Suisse
  25. Regulation of chiropractic
  26. Liste des ONG en relations officielles avec l'OMS
  27. (novembre 2005) source wfc. (ISBN 978-92-4-159371-7). [PDF] « L’Organisation mondiale de la santé appuie la chiropratique »
  28. ACCR
  29. American Chiropractic Neurology Board
  30. FICS - Siège Mondial / Headquarters
  31. L'ordre des chiropraticiens du Québec
  32. En France : selon la loi 2002 - 303, Titre III, chapitre III, article 75 sur legifrance.gouv.fr « pour les personnes titulaires d'un diplôme sanctionnant une formation spécifique à l'ostéopathie ou à la chiropraxie délivrée par un établissement de formation agréé par le ministre chargé de la santé (…) Ces praticiens ne peuvent exercer leur profession que s'ils sont inscrits sur une liste dressée par le directeur général de l'agence régionale de santé de leur résidence professionnelle, qui enregistre leurs diplômes, certificats, titres ou autorisations  »
  33. Liens vers l'extrait du décret no 2011-32 du 7 janvier 2011 relatif aux actes et aux conditions d’exercice de la chiropraxie
  34. http://www.gcc-uk.org/page.cfm
  35. http://www.glam.ac.uk/coursedetails/686/130
  36. Site officiel
  37. http://www.crus.ch/information-programmes/reconnaissance-swiss-enic/professions-reglementees/domaine-de-la-sante.html?L=1#chiro
  38. RS 811.11 Art. 2 Professions médicales universitaires (Loi fédérale sur les professions médicales universitaires*)
  39. http://www.oaq.ch/pub/fr/documents/MedBG_fr.pdf
  40. a et b Lois européennes sur les médecines non conventionnelles sur le site de la Haute Autorité de la Santé
  41. Valvira.fi: Etuliite "koulutettu" poistuu kiropraktikon, naprapaatin ja osteopaatin ammattinimikkeestä
  42. Terveydenhuollon oikeusturvakeskus
  43. Laki terveydenhuollon ammattihenkilöistä
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  69. élimination de la chiropratique par l'AMA
  70. Archives du New York Times
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  75. Comment is Free, The Guardian
  76. a et b Science writer accused of libel may take fight to European court, The Guardian (UK), Thursday 14 May 2009. Consulté le 2009-05-19
  77. Simon Singh vs the British Chiropractic Association, a new development, Nature, Friday 16 October 2009. Consulté le 2010-09-27
  78. Science writer wins "fair comment" libel appeal, Reuters, Thursday 1 April 2010. Consulté le 2010-09-27
  79. Science writer Simon Singh wins bitter libel battle, TheTimes, Friday 16 April 2010. Consulté le 2010-09-27

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Jacques Blanchard, En santé avec la chiropratique, Éditions Whiteson, 2002
  • Roger Besançon-Matil, La Chiropractie, Éditions Équilibres Aujourd'hui
  • Pierre-Louis Gaucher-Peslherbe et Sylvain Parny, La Chiropratique et vos vertèbres, Éditions Encre, 1985
  • Benoit Rouy, La Chiropratique Histoire d'un combat, Éditions Multifidus
  • Jean-Philippe Monvoisin, Soignez-vous par la Chiropraxie, Éditions Marabout, 1992

Liens externes

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