Medecine orthomoleculaire

Medecine orthomoleculaire

Médecine orthomoléculaire

La médecine orthomoléculaire se propose de soigner les personnes par l'apport optimal de substances naturellement connues de l'organisme, par opposition à l'approche dite allopathique qui s'oriente plutôt vers les effets thérapeutiques de molécules créées par l'homme.

Sommaire

Historique

Le terme « orthomoléculaire », créé en 1968 par le professeur Linus Pauling (prix Nobel de chimie en 1954 et prix Nobel de la paix en 1962), signifie « molécule correcte » au sens « qui n'est pas étrangère au corps humain, qui est biologiquement correcte », les autres molécules (les principes actifs de la plupart des médicaments) étant vus comme biologiquement incorrects, leur ressemblance chimique à des substances légitimes leur permet d'interagir avec les molécules du corps, mais comme elles ne sont pas identiques aux molécules qu'elles imitent, elles provoquent des dysfonctionnements (les effets secondaires) et leurs effets recherchés relèvent plus de la tricherie chimique que de la suppression des causes de la maladie.

La médecine orthomoléculaire se propose de traiter par la modification des concentrations des substances naturellement connues du corps humain et supposées bénéfiques, par opposition des pratiques chimiothérapiques de la médecine conventionnelle utilisant des substances créées de novo et supposées inconnues du corps humain, et donc décrites comme potentiellement toxiques. Les différences génétiques peuvent faire en sorte que certaines substances (enzymes, protéines) soient produites en quantités inadéquates par le corps, créant par là des déséquilibres chimiques, qui pourront éventuellement être palliées par l'apport supplémentaire d'un des termes du déséquilibre.

Le Docteur Matthias Rath a proposé une distinction entre la médecine allopathique qui traite du bon fonctionnement des organes du corps humain, et la médecine orthomoléculaire ou médecine cellulaire qui traite du bon fonctionnement des cellules du corps humain.

La vitamine C, illustration de l'approche orthomoléculaire

Article détaillé : Vitamine C.

La vitamine C a été popularisée par le double prix Nobel Linus Pauling.

Par exemple, le gorille des montagnes (pesant de 120 à 160 kg) ingère quotidiennement entre 2 000 et 4 000 mg d'ascorbates (vitamine C) et parfois bien plus[1]. L'homme occidental moyen ne prenant pas de suppléments en consomme quelques dizaines de milligrammes, et les apports journaliers recommandés de vitamine C sont de 60mg.

À noter que la majorité des mammifères synthétisent leur propre vitamine C dans des quantités variables en fonction des stress subis qui équivaudraient, en tenant compte de la masse corporelle, à 10 000-20 000 mg par jour pour un humain adulte de corpulence moyenne.

La médecine orthomoléculaire se base sur le principe que tous les animaux anthropomorphes, y compris les humains, souffrent d'une erreur génétique les empêchant de synthétiser l'enzyme L-gulonolactone oxydase. Cette enzyme interviendrait dans la dernière étape d'une chaîne de réactions permettant de convertir le glucose en acide ascorbique. Cette mutation génétique serait intervenue il y a environ 25 millions d'années.

Parmi les autres mammifères ne pouvant synthétiser la vitamine C se trouvent les cochons d'Inde et une espèce indienne de chauve-souris frugivore (Pteropus medius).

La médecine orthomoléculaire propose de corriger ce déficit par l'apport de quantités comparables à celles synthétisées par les autres mammifères, à savoir plusieurs grammes par jour (quantité normalisée suivant la masse corporelle). L'extraction d'acide ascorbique dans de telles quantités à partir de sources naturelles serait fort coûteuse. L'adoption d'un mode de nutrition similaire à celle de ces primates ne semble pas compatible avec la civilisation. Il convient donc d'utiliser de l'acide ascorbique de synthèse.

Bénéfices cliniques et seuil d'efficacité

La médecine orthomoléculaire établit le bénéfice de doses variables et suffisantes d'acide ascorbique dans de nombreuses situations médicales, particulièrement lors d'infections (les phagocytes utilisent de l'acide ascorbique prélevée dans le sang comme antioxydant pour se protéger alors qu'ils attaquent les intrus à l'aide d'oxydants comme le peroxyde d'hydrogène[2]) ou lors de convalescence suite à des brûlures (l'acide ascorbique est aussi nécessaire à la production de collagène[3]).

La rigueur scientifique exige toutefois des essais cliniques en double-aveugle. La dose nécessaire à l'amélioration peut être très variable. Si quelques dizaines de milligrammes empêchent le scorbut aigu, la guérison d'une infection virale peut demander plusieurs dizaines de grammes par jour.

Pour l'homme, la vitamine C n'étant pas supposée synthétisée, il est avancé que le corps l'alloue en priorité aux tâches les plus importantes.

Controverse

La dynamique de la vitamine C dans le corps n'est pas totalement élucidée. Longtemps considérée comme un micronutriment, sa consommation à des doses supérieures de plusieurs ordres de grandeur aux autres vitamines et à la quantité minimale prévenant le scorbut aigu peut paraître absurde. Les essais cliniques inconcluants menés avec des doses insuffisantes ont sans doute semé la confusion. On ne peut pas non plus nier que, n'étant pas brevetée et peu profitable, elle ait pu être volontairement négligée par les groupes pharmaceutiques, préférant mettre l'accent sur des thérapies brevetables, plus coûteuses et donc plus rentables.

Autres vitamines et minéraux

La médecine orthomoléculaire propose des apports de certains minéraux, vitamines, huiles ou autres nutriments en quantités supérieures à celles que préconisent les apports journaliers recommandés.

La combinaison de magnésium (plusieurs centaines de mg par jour) et de vitamine B6 (de cent à deux mille mg par jour) peut être indiquée pour traiter le syndrome du canal carpien ou encore le syndrome prémenstruel. Son efficacité en double aveugle contre placebo a été démontrée dans le traitement de l'autisme[4].

La niacine (vitamine PP ou vitamine B3) est utilisée en médecine conventionnelle pour son effet hypocholestérolémiant. La nicotinamide est une autre forme de cette vitamine proposée en médecine orthomoléculaire ayant vocation à soulager l'ostéoarthrite, la dépression et les troubles schizophréniques ou s'y rapportant. L'effet vasodilatateur de la niacine est supposé soulager les migraines.

Le zinc est proposé contre les infections.

La méta-analyse JAMA 2007

Une équipe danoise et serbe à publié en février 2007 une méta-analyse[5], réactualisée en 2008[6], d'un nombre limité d'essais randomisés utilisant des antioxydants en prévention primaire et secondaire.

Sur 748 études chez les adultes comparant le Bêta-carotène, la vitamine A, la vitamine C, la vitamine E ou le sélénium, soit de manière isolée ou combinée à un placebo ou à l´absence d´intervention cette analyse en a conservé soixante huit portant sur 232 606 participants.

Les résultats de cette méta-analyse ne montre pas d'effet significatif des suppléments anti-oxydants sur la mortalité (RR = 1.02, IC 95 % 0.98-1.06). Les analyses en méta-régression multivariée ont montré que les études ayant de faibles biais et le sélénium (RR = 0.998, IC 95 % 0.997-0.9995) étaient significativement associées à la mortalité. Dans quarante sept des études à faible biais portant sur 180 938 participants, les suppléments par antioxydants augmentaient de façon significative la mortalité (RR = 1.05, IC 95 % 1.02-1.08). Après exclusion des essais portant sur le sélénium, le Bêta-carotène (RR = 1.07, IC 1.02-1.11), la vitamine A (RR = 1.16, IC 1.10-1.24) et la vitamine E (RR = 1.04, IC 1.01-1.07) de façon isolée ou combinée augmentaient de façon significative la mortalité.

Les auteurs concluent donc que:

  • Les suppléments en anti-oxydants n'avaient pas d'effet significatif sur la mortalité
  • Une supplémentation avec le Bêta-carotène, la vitamine A et la vitamine E augmentait la mortalité.
  • Les effets de la vitamine C et du sélénium sur la mortalité ne pouvaient être déterminés par l'étude et nécessitaient des investigations complémentaires.

Références

  1. Micronutrient intakes of wild primates: are humans different? Milton K Comp Biochem Physiol A Mol Integr Physiol 2003 (136) 1; p. 47-59 PMID : 14527629
  2. Nutranews Décembre 2003 - Des nutriments pour renforcer le système immunitaire et faire échec aux infections de l’hiver
  3. Pharmacorama - L'acide ascorbique ou vitamine C (paragraphe Hydroxylation)
  4. Improvement of neurobehavioral disorders in children supplemented with magnesium-vitamin B6. II. Pervasive developmental disorder-autism. Mousain-Bosc M. et al. Magnes Res. 2006 Mar;19(1):53-62.
  5. Mortality in randomized trials of antioxidant supplements for primary and secondary prevention: systematic review and meta-analysis. Bjelakovic G, Nikolova D, Gluud LL, Simonetti RG, Gluud C. The Cochrane Hepato-Biliary Group, Copenhagen Trial Unit, Center for Clinical Intervention Research, Copenhagen University Hospital, Rigshospitalet, Copenhagen, Denmark. goranb@junis.ni.ac.yu. JAMA. 2007 Feb 28;297(8):842-57.
  6. Bjelakovic G, Nikolova D, Gluud LL, Simonetti RG, Gluud C, Antioxidant supplements for prevention of mortality in healthy participants and patients with various diseases, Cochrane Database of Systematic Reviews, 2008;2 DOI: 10.1002/14651858.CD007176

Annexes

Bibliographie

  • Vitamin C and the Common Cold. Linus Carl Pauling. Buccaneer Books, 1995 (réédition).
  • How to Live Longer and Feel Better. Linus Carl Pauling. W.H. Freeman & Co, 1986.
  • The Healing Factor. Irwin Stone. 1972. ISBN 0-448-11693-6
  • Ascorbate, the science of vitamin C. Steve Hickley, Hilary Roberts. ISBN 1-4116-0724-4
  • New evidence for antioxidant properties of vitamin C. Vojdani A, Bazargan M, Vojdani E, Wright J. Cancer Detect Prev. 2000;24(6):508-23.
  • The effects of iron and vitamin C co-supplementation on oxidative damage to DNA in healthy volunteers. Biochem Biophys Res Commun. 1998 May 8;246(1):293-8. Pubmed ID 9600109
  • Vitamin C prevents DNA mutation induced by oxidative stress. J Biol Chem. 2002 May 10;277(19):16895-9. Pubmed ID 11884413

Articles connexes

Ressources externes

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