- Naturopathie
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La naturopathie est une médecine non conventionnelle qui vise à équilibrer le fonctionnement de l'organisme par des moyens jugés « naturels » : régime alimentaire, hygiène de vie, phytothérapie, massages, exercices, etc. Elle fait partie des approches non conventionnelles qui se disent « holistiques » et qui visent à diminuer le recours à la chirurgie et aux médicaments conventionnels[réf. nécessaire].
La naturopathie est critiquée pour sa dépendance ou son association avec des traitements médicaux non prouvés, réfutés et controversés, ainsi que pour ses fondements qui reposent sur le vitalisme[1].
Sommaire
Terminologie
Le mot naturopathie est un barbarisme puisque étymologiquement, il devrait signifier la maladie de/par la nature, morphologie hybride du latin natura, "la nature, l'essence" et du Grec πάθος, pathos, "la maladie, le mal". Le mot aurait été inventé par John Scheel en 1885 et indiquerait en fait, selon certains promoteurs de cette pratique, le « chemin de la nature » (de l'anglais "nature" et "path", le "chemin")[réf. nécessaire] ou « le mal étudié en fonction de la nature »[2].
Devant l'étymologie confuse du terme naturopathie et la diversité des pratiques, certains praticiens ont choisi le terme de « naturothérapie »[réf. nécessaire] dont la signification est plus proche de « santé par la nature ».
Définition
Pour l'association de la Fédération Française de Naturopathie FENAHMAN[3] (Fédération Nationale des Associations d'Hygiène et Médecines Alternatives Naturelles), « La naturopathie est la science fondamentale englobant l’étude, la connaissance, l’enseignement et l’application des Lois de la vie afin de maintenir, retrouver et optimiser la santé par des moyens naturels »[4]. La naturopathie repose sur les 10 agents naturels de santé fondés sur le principe de l'énergie vitale de l'organisme. Fondée sur une vision dite holistique, elle affirme appréhender chaque individu en englobant les différents plans de l’être humain - physique, émotionnel, psychique, énergétique - et en le plaçant au sein d’une écologie socio-culturelle et environnementale.
Il existe d'autres définitions proposées par des auteurs naturopathes :
- Guy Bohémier (Président du Collège des naturopathes du Québec[5]) : "comme étant la philosophie, l'art et la science qui visent à apporter à l'être humain le plus haut degré de santé possible en lui apprenant à gérer correctement ses habitudes de vie."[réf. nécessaire]
- Philippe Dargere[6] (Président de la Fédération Européenne de Naturopathie FENAVI[7]) rappelle que le biologiste Pierre Valentin Marchesseau[8], père de la naturopathie contemporaine, a été le premier en 1935 à codifier et à synthétiser la Naturopathie dans son essence la plus pure, reposant sur le vitalisme et l'humorisme et des techniques au nombre de 10 : la bromatologie (diététique et nutrition), la biokinésie, l'hydrologie, la psychologie, la pneumologie, la chirologie (massages et manipulations), la réflexologie, l'actinologie, la phytologie et la magnétologie. Le cadre naturopathique s'établit sur ces 10 techniques, 3 cures (détoxination, revitalisation dynamique et stabilisation évolutive), 7 tempéraments et 4 corps énergétiques. L'enseignement de ce biologiste est très proche de l'hygiénisme du fait de l'absence de remède. Il considère qu'en naturopathie c'est le global qui auto-guérit le local, l'organe malade n'est pas le responsable, mais la victime[réf. nécessaire].
- André Louis Lafon[9] (Président de Naturopathes sans Frontières[10]) pose en 1995 les bases de la Naturopathie Rénovée destinée à adapter le concept de Marchesseau au monde moderne.
- Dominick Léaud-Zachoval co-fondateur de l'École Libre de Naturopathie ÆSCULAPE[11], auteur et consultant propose la definition suivante:Dans sa philosophie et sa pratique actuelles, la naturopathie reconnaît et intègre trois principes fondateurs. Elle est résolument causaliste en recherchant la cause première des dysfonctions organiques, dont les symptômes ne sont que les conséquences. Son approche vitaliste s’intéresse à la force de vie qui confère à l’être humain, comme à tout être vivant, sa capacité à recouvrer la santé. L’humorisme, legs d’Hippocrate, envisage la santé par l’équilibre et la qualité des humeurs. Les surcharges du milieu intérieur, sang, lymphe, liquide extra et intracellulaire, par les déchets du métabolisme et les toxiques issus de notre environnement et de notre alimentation; que la naturopathie désigne sous le terme de toxémie (définition hygiéniste du Dr John H. Tilden) provoquent un déséquilibre du terrain et par voie de conséquence, une altération de la santé.
- La « naturopathie rénovée » se focalise sur le désordre psycho-émotionnel en prenant en compte l'hérédité, le tempérament, la constitution et le terrain de l'individu à guérir[12].
Principes
Cette méthode est fondée sur la théorie des humeurs, une ancienne théorie de la médecine en Grèce antique. D'après la doctrine hippocratique au Ve siècle av. J.‑C., la maladie est avant tout due à un encrassement des humeurs de l'organisme (sang, lymphe, bile, liquide céphalo-rachidien). Les symptômes pathologiques (toux, fièvre, éruptions, etc ...) sont des crises de purification humorale et d'élimination toxique[réf. souhaitée]. La naturopathie consiste à aider cette purification.
La naturopathie mise beaucoup sur l'auto-guérison, mais avec cette nuance que la force vitale de la personne doit être suffisante. Dans le cas contraire, c'est à la médecine (classique) de prendre en charge la personne[réf. nécessaire]. Le pôle d'action principal du naturopathe est le drainage, tant "psycho-émotionnel" que physiologique et humoral (les humeurs sont les liquides physiologiques circulants dans le corps : sérum, sang et lymphe). Mais le véritable champ d'action de la naturopathie est la prévention, par l'adoption d'un ensemble de techniques naturelles permettant de suivre une meilleure hygiène de vie, pour la personne qui s'y exerce, et de se maintenir à un tel niveau de santé que les dites "maladies" n'ont pas ou peu de prise sur sa personne. Ainsi, le naturopathe n'intervient-il pas dans les troubles ou maladies graves[réf. nécessaire].
Elle peut trouver ses limites dans certaines affections aigües qui se sont installées sur un terrain mal préparé. Dans ce cas précis, l’action naturopathique consistera à inverser ou modifier la nature du terrain. Le naturopathe effectuera un bilan vital, unique et personnel, respectant les caractéristiques physiques, physiologiques et psychologiques du patient qui sera pris en charge dans sa globalité, grâce au dialogue instauré par le thérapeute et à son conseil. Il complètera éventuellement le décryptage des déséquilibres en ayant recours à l’iridologie. La naturopathie est une démarche active qui implique directement le sujet et le considère comme l’acteur de sa santé. Elle ne se substitue pas à la médecine traditionnelle[réf. nécessaire].
Les 5 principes de la naturopathie, établis par Hippocrate, sont :
- d’abord ne pas nuire ("primum non nocere")
- la nature est guérisseuse ("vis medicatrix naturae")
- identifier et traiter la cause ("tolle causam")
- détoxifier et purifier l'organisme ("deinde purgare")
- la naturopathie enseigne ("docere")
Pratiques
Depuis 1898 (textes fondateurs de John Scheel et Benedict Lust) aux États-Unis et depuis 1935 en France, les 10 techniques sont classées comme suit :
- L’alimentation ou hygiène nutritionnelle (diététique, nutrition, cures saisonnières)
- La psychologie ou hygiène neuropsychique (relaxation, gestion du stress, hygiène relationnelle, relation d’aide, psychothérapies brèves, sophrologie)
- Les exercices physiques ou hygiène musculaire et émonctorielle (gymnastiques douces, culture physique, yoga, stretching, danse, arts martiaux, bicyclette, natation).
- Ces trois premières techniques, dites majeures, sont considérées ainsi comme nécessaires et suffisante à l’entretien de la santé.
- Dans la plupart des cas, la situation de santé implique toutefois d’avoir recours à d’autres outils hygiéniques ou thérapeutiques, à savoir les 7 techniques secondaires suivantes :
- L’hydrologie (utilisation de l’eau chaude, froide, tiède, alternée, locale, générale, interne, externe, douches, bains, thalassothérapie et thermalisme, argiles)
- Les techniques manuelles -jadis nommées chirologie- (massages non médicaux de type californien, coréen, Amma, onctions aromatiques)
- Les techniques réflexes ou réflexologie (appliquées au pied, à l’oreille, au nez, dos, … ; shiatsu, méthodes de Knap, Jarricault)
- Les techniques respiratoires, jadis nommées pneumologie, sont empruntées au yoga, aux arts martiaux, à la méthode de Plent[13] ou de Jacquier, ionisations)
- La phytologie utilise les plantes revitalisantes, drainantes, adaptogènes et les huiles essentielles)
- Les techniques énergétiques ont recours aux différentes formes de magnétisme, notamment grâce aux aimants.
- Et les techniques vibratoires, également nommées actinologie[14], utilisent des couleurs, des rayonnements solaires et lunaires, de la spectroscopie infrarouge ou d'une gamme musicale.
Réglementations
En mai 2006, ce métier n'est pas réglementé et son exercice est libre en France. En Australie, la naturopathie, est reconnue par l'État et a sa propre école[15] . Le diplôme s'obtient après trois années d'études. Médecins et naturopathes collaborent ensemble dans le traitement du patient. En Allemagne, le statut de Heilpraktiker praticien de santé est réglementé par la loi "Heilpraktikergesetz" (HPG) datant initialement de 1939. Environ 20000 Heilpraktikers sont dénombrés en Allemagne, dont les trois quart travaillent à temps partiel.
Depuis la Résolution Européenne (Collins & Lannoye) du 29 mai 1997, la naturopathie fait partie des médecines non conventionnelles pour lesquelles les états membres sont invités à s'accorder en termes d'évaluation, enseignement et réglementation des professionnels. La naturopathie est dite "médecine traditionnelle occidentale" pour l'OMS.
Critiques
La naturopathie est considérée avec scepticisme pour sa dépendance ou son association avec des traitements médicaux alternatifs non prouvés, réfutés et controversés, ainsi que pour ses fondements qui reposent sur le vitalisme[1].
Il existe un risque que les maladies qui ne peuvent être diagnostiquées par des naturopathes ne soient pas traitées pendant que le patient essaye le programme conçu par leur naturopathe. Certaines « spécialités » de la naturopathie, comme l'homéopathie et l'iridologie, sont considérées par une grande partie de la communauté scientifique et les épistémologues, comme des pseudo-sciences, car ne reposant pas sur une démarche scientifique de nature hypothético-déductive mais sur une approche analogique, voire du charlatanisme[16],[17],[18]. Les méthodes ou produits naturels ne sont pas forcément plus sûrs ou plus efficaces que ceux qui sont artificiels ou synthétiques, tout traitement capable de susciter un effet peut aussi avoir des effets secondaires délétères[19],[20],[21],[22].
Pour Stephen Barrett (Quackwatch, National Council Against Health Fraud), la philosophie de la naturopathie est simpliste et ses pratiques sont truffées de charlatanisme[19].
KC Atwood écrit, dans la revue Medscape General Medicine, que les médecins naturopathes ont maintenant la prétention d'être des médecins de premier soin, compétents à la fois dans la pratique conventionnelle et naturelle ; cependant leur formation ne contient qu'une petit fraction de celle de la médecine conventionnelle. Un examen de leur littérature révèle que celle-ci regorge de pratiques pseudo-scientifiques, inefficaces, contraires à l'éthique et potentiellement dangereuses[23].
Selon Arnold S. Relman, le Textbook of Natural Medicine est insuffisant comme outil d'enseignement car il omet de mentionner ou de traiter en détail de nombreuses affections courantes, il met l'accent sur des traitements qui ne seraient probablement pas efficaces au détriment de ceux qui sont reconnus et il fait la promotion de remèdes non prouvés à base de plantes médicinales, au détriment des produits pharmaceutiques. Il conclut que les risques encourus pour de nombreux malades sollicitant des soins d'un naturopathe ne l'emportent largement pas sur les éventuels avantages[24].
D'après D. Léaud-Zachoval, s'agissant d'une approche de terrain, le naturopathe n'est pas censé administrer des traitements curatifs. Il renforce par l'hygiène de vie et l'alimentation, les défenses naturelles de l'organisme, favorise l'élimination des surcharges humorales et participe par son action à améliorer le terrain du patient. La naturopathie ne se substitue pas au traitement médical, elle le complète par une approche qui n'est pas symptomatique.
Références
- Naturopathy's main article of faith cannot be validated: Reliance on vital forces leaves its practises based on beliefs without scientific backing
- http://www.filmsdocumentaires.com/portail/film_naturopathie.html
- http://fenahman.free.fr/
- FENAHMAN, Fédération Française de Naturopathie, Charte, art. 1
- http://www.masantenaturelle.com/chroniques/collaborationgb/archives_collaborationgb.php
- http://www.ecoledargere.fr/
- http://www.fenavi.net
- http://www.marchesseau.fr/
- http://www.cnrandrelafon.fr/site/
- http://nsf.apinc.org/
- http://www.ecole-naturopathie.fr/fondateurs.html
- http://www.naturopathie-renovee.fr/naturopathe_iridologue_13/la_naturopathie.html
- déblocage thoracique par la méthode de Plent
- Science de l'action biologique exercée par certaines radiations.
- Naturopathic Education in Australia
- Science and engineering indicators
- A quackery with a difference—new medical pluralism and the problem of 'dangerous practitioners' in the United Kingdom
- Iridology is nonsense
- A close look at naturopathy
- Naturopathic medicine
- The Skeptic's Dictionary : Natural
- NCAHF Position Paper on Over the Counter Herbal Remedies (1995)
- Naturopathy: a critical appraisal, volume 5, issue 4, pages 39, pmid 14745386, 2003. Atwood KC,
- Textbook of Natural Medicine
Articles connexes
Voir aussi
Bibliographie
- Astrig Heratchian, "ABC de la naturopathie", Éditions Grancher, Collection Santé 2008, 316 pages.
- André Louis Lafon : Cours complet de Naturopathie rénovée destiné aux élèves naturopathes ( CNR International)[réf. nécessaire]
- Dominick Léaud-Zachoval, La naturopathie aux quotidien, Quintessence, 2002-2005-2008 (ISBN 2913281206)
- Daniel Kieffer, "La naturopathie, c'est quoi ?", Éditions Jouvence, collection Clin d'œil, 2009, 10 pages.
- Pierre Valentin Marchesseau, Collection de 80 ouvrages "Bible de la naturopathie" auprès de Spirvie-natura
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