Charles-Jean-François Hénault

Charles-Jean-François Hénault
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Charles J. F. Hénault
Le Président Hénault. D’après Gabriel-Jacques de Saint-Aubin. Château de Versailles.
Le Président Hénault. Daprès Gabriel-Jacques de Saint-Aubin. Château de Versailles.

Nom de naissance Charles-Jean-François Hénault dArmorezan
Autres noms Président Hénault
Activités mémorialiste, historien, dramaturge
Naissance 8 février 1685
Paris
Décès 24 novembre 1770
Paris
Langue d'écriture français
Mouvement Lumières
Genres Mémoires
Distinctions Académie française (1723)
Œuvres principales
  • Abrégé chronologique de lhistoire de France jusquà la mort de Louis XIV (1744)
  • Mémoires (posth. 1854)

Charles-Jean-François Hénault dArmorezan, dit « le président Hénault », le 8 février 1685 à Paris et mort le 24 novembre 1770 dans cette même ville, est un écrivain et historien français.

Sommaire

Biographie

Fils de René Jean Rémy Hénault de Cantobre (1648-1737), fermier général, et de sa femme, Françoise de Ponthon († 1738), Charles-Jean-François Hénault est élève chez les jésuites du collège Louis-le-Grand avant de faire sa philosophie au collège des Quatre-Nations. Frappé par les débuts éclatants de Massillon et ambitionnant une carrière de prédicateur, il entre dans la congrégation de l'Oratoire mais en sort au bout de deux ans pour faire son droit.

Grâce à la considérable fortune familiale, il devient conseiller au parlement de Paris en 1705, puis président de la Première chambre des Enquêtes en 1710, fonction quil conserve jusquen 1731. On lappelle dès lors le « président Hénault », et même tout simplement « le président » après la mort de Montesquieu. En 1719, avec la complicité de son amie Madame de Tencin, il ouvre pendant trois mois rue Quincampoix un comptoir dagio, la Financière Tencin-Hénault, qui lui permet daccroître rapidement sa fortune personnelle.

Il mène une vie mondaine active, surtout après avoir démissionné de sa charge. Il fréquente dabord la Société du Temple, il se lie avec Chaulieu, Fontenelle et Voltaire. Galant et spirituel, on le voit à Sceaux chez la duchesse du Maine, chez Madame de Lambert[1] ou à lhôtel de Sully chez Madame de Sully. Dans son domicile du 7 place Vendôme à Paris, il accueille tous les samedis, de cinq heures du soir à huit heures les dîners du club de lEntresol, fondé en 1720 par labbé Pierre-Joseph Alary et qui réunit une vingtaine de participants férus de lettres et de politique. Parmi les habitués, on note le marquis dArgenson, Montesquieu, le marquis de Balleroy, labbé de Saint-Pierre, labbé de Bragelonne, labbé de Pomponne, Marie du Deffand, Madame de Luxembourg, Madame de Pont de Veyle, Claude-Adrien Helvétius, Madame de Rochefort, Madame Bernin de Valentinay, marquise dUssé, Jeanne-Antoinette de Pompadour, Madame de Forcalquier, le chevalier de Ramsay et plusieurs gentilshommes comme le maréchal-duc de Coigny, le maréchal de Matignon, le marquis de Lassay, le duc de Noirmoutier, et Saint-Contest. Ces dîners finiront par être interdits par le roi en 1731. Il accueille son cousin Réaumur lors de son arrivée à Paris en 1703, et le présente au président de lAcadémie des sciences Jean-Paul Bignon.

Il plaît aux femmes par sa gentillesse. Il épouse en 1714 Catherine Henriette Marie Lebas de Montargis (1695-1728), petite-fille de larchitecte Jules Hardouin-Mansart et fille de Claude Lebas de Montargis, richissime trésorier général de lextraordinaire des guerres, et la trompe notamment avec la maréchale dEstrées. Veuf en 1728[2], il entame en 1731 une liaison de plus de dix ans avec Marie du Deffand dont il fréquente le salon littéraire : « elle était, disait-il, ce [quil avait] le plus aimé ». Mais, selon ses propres termes, cest Marguerite de Castelmoron qui sera « lobjet principal de [sa] vie ».

C.J.F. Hénault 2.jpg

Il compose de nombreuses chansons, dont certaines ont un grand succès, et des poèmes qui lui valent un prix de lAcadémie des Jeux floraux (1708). Il remporte également le prix déloquence de lAcadémie française (1707[3]). Il ne manque pas de talent pour tourner une épigramme ou un madrigal, et sa poésie légère est très appréciée dans les dîners et les salons. Il est également lauteur de deux tragédies (Cornélie vestale, Marius à Cirthe) qui nont pas de succès. Il est admis à lAcadémie française en 1723 alors quil a encore très peu publié. Il sy montre disciple de Fontenelle, ami de Voltaire et adversaire de DAlembert. On prétend que cest lui qui sauve, au prix de ses manchettes brûlées, la Henriade du feu , à la suite de quelques critiques, Voltaire lavait jetée dans un moment de dépit.

Il publie alors des œuvres à caractère moral ou historique, et notamment son Abrégé chronologique de lhistoire de France jusquà la mort de Louis XIV qui connaît une première édition en 1744 sans que son nom apparaisse. La formule est neuve, et sera très souvent imitée par la suite. Les éditions suivantes[4] vont connaître un immense succès et le livre est traduit dans de très nombreuses langues, y compris en chinois. Voltaire dit du président quil est « le seul homme qui ait appris aux Français leur histoire ». Louvrage vaut à lauteur dêtre élu en 1755 comme membre honoraire de lAcadémie des inscriptions et belles-lettres.

Lecteur de William Shakespeare, le président Hénault a lidée dun théâtre national développant des sujets de lhistoire de France et met lui-même sa théorie en pratique dans un drame, François II (1747), peu abouti mais dont la préface est digne dintérêt. Il donne également plusieurs comédies qui ne manquent pas d'esprit (la Petite Maison, le Jaloux de lui-même, le Réveil dÉpiménide).

De 1753 à 1768, il exerce la charge de surintendant de la Maison de la Reine Marie Leszczyńska[5], qui a pour lui une particulière amitié et contribue à le tourner vers la religion dont une grave maladie, contractée vers 1735, lavait déjà rapproché. Linfluence de Marguerite de Castelmoron contribue également à ce retour à la pratique chrétienne. Il se convertit en 1765 et fait une confession générale, déclarant : « On nest jamais si riche que quand on déménage. » Sa dévotion lui vaut des traits satiriques de Marie du Deffand et de Voltaire qui lui reproche sa passion de plaire à tout le monde, dans laquelle il voit la cause de ses palinodies, et le juge désormais « lesprit faible et le cœur dur ». Il meurt le 24 novembre 1770.

Il a laissé des Mémoires qui ont été publiés en 1854 par son petit-neveu, le baron de Vigan : ils sont pleins danecdotes piquantes et écrits avec goût, et se lisent encore volontiers aujourdhui.

Postérité littéraire

Le marquis dArgenson juge le président Hénault en ces termes : « Ses vers sont doux et spirituels ; sa prose est coulante et facile ; son éloquence nest point mâle ni dans le grand genre, quoiquil ait remporté des prix à lAcadémie française. Il nest jamais ni fort, ni élevé, ni fade, ni plat... On ma assuré quau palais il était bon juge sans avoir une parfaite connaissance des lois, parce quil a lesprit droit et le jugement bon. Il na jamais eu la morgue de la magistrature, ni le mauvais ton des robins. Il ne se pique ni de naissance ni de titres illustres, mais il est assez riche pour navoir besoin de personne, et dans cette heureuse situation, naffichant aucune prétention, il se place sagement au-dessous de linsolence et au-dessus de la bassesse. »

Quant à Voltaire, avant de se moquer de lui, il lavait loué dans ces vers badins :

Les femmes lont pris fort souvent
Pour un ignorant agréable,
Les gens en us pour un savant,
Et le dieu joufflu de la table
Pour un connaisseur très gourmand.

Cétait avant tout un mondain, type accompli de lhomme de salon, beaucoup plus quun écrivain. « Toutes les qualités du président Hénault, note Marie du Deffand, et même tous ses défauts, étaient à lavantage de la société. »

Louvrage qui a établi sa réputation, lAbrégé chronologique de lhistoire de France jusquà la mort de Louis XIV, inlassablement réédité de son temps et jusquà la fin du XVIIIe siècle, est agréable et ingénieux, mais dépourvu de toute originalité. Ce sont les notes des leçons dhistoire reçues par lauteur au collège Louis-le-Grand, dont le fond provient de Mézeray et du père Daniel, mises bout à bout en forme de questions-réponses, selon le modèle donné par labbé Le Ragois, et complétées à partir de Dubos et de Boulainvilliers avec laide de labbé Boudot, mais piquées de résumés alertes et clairs et de réflexions morales ou critiques, toujours brèves et bienvenues, et enrichies de tableaux chronologiques très clairs.

Œuvres

  • Cornélie vestale, tragédie, représentée en 1713 sous le nom de Louis Fuzelier, publiée en 1769 (texte intégral sur la base Gallica)
  • Marius à Cirthe, tragédie, représentée pour la première fois le 15 novembre 1715 (publiée en 1716 sous le nom de Gilles de Caux de Montlebert, qui y a collaboré)
  • Abrégé chronologique de lhistoire de France jusquà la mort de Louis XIV, 1744
  • Nouveau théâtre français : François II, roi de France, tragédie en 5 actes et en prose, 1747
  • Le Réveil dÉpiménide, comédie en prose, 1755
  • Le Temple des chimères, divertissement en un acte en vers libres, musique du duc de Nivernais, 1758
  • Abrégé chronologique de lhistoire dEspagne et du Portugal, avec Jacques Lacombe et Philippe Macquer, 1759
  • Le Jaloux de lui-même, comédie en 3 actes, 1769
  • La Petite Maison, comédie en 3 actes, 1769
  • Le Revenant, ou les Préparatifs inutiles, divertissement en 1 acte et en prose, 1788 (attribué au président Hénault par Barbier)
  • Histoire critique de létablissement des Français dans les Gaules, 1801
  • Mémoires, 1854

Éditions collectives et modernes

Le Théâtre du président Hénault a été publié en recueil par ses soins en 1770 sous le titre Pièces de théâtre en vers et en prose. Des Œuvres inédites ont été publiées en 1806.

Ses œuvres poétiques (épîtres, stances, madrigaux) ont été réunies en un mince volume posthume par M. de Sirieys.

Ses Mémoires, publiés pour la première fois à Paris en 1854, ont fait lobjet dune nouvelle édition, complétée, corrigée et annotée par François Rousseau (Paris, Hachette, 1911) et ont été réimprimés à Genève, Slatkine reprints, en 1971.

Résidences

Références

Liens externes

Sources

  • Maurice Allem, Anthologie poétique française, XVIIIe siècle, Paris, Garnier Frères, 1919
  • Cardinal Georges Grente (dir.), Dictionnaire des lettres françaises. Le XVIIIe siècle, nlle. édition revue et mise à jour sous la direction de François Moureau, Paris, Fayard, 1995
  • « Charles-Jean-François Hénault », dans Gustave Vapereau, Dictionnaire universel des littératures, Paris, Hachette, 1876, 2 volumes [détail de lédition](Wikisource)
  • Jean de Viguerie, Histoire et dictionnaire du temps des Lumières. 1715-1789, Paris, Robert Laffont, coll. Bouquins, 2003 - ISBN 2221048105

Bibliographie

  • Henri Lion, Un Magistrat homme de lettres au XVIIIe siècle, le président Hénault, Paris, Plon-Nourrit, 1903
  • Lucien Perey [Luce Herpin], Le Président Hénault et Marie du Deffand, la cour du Régent, la cour de Louis XV et de Marie Leczinska, Paris, Calmann-Lévy, 1893

Notes

  1. , dira-t-il, « je dogmatisais le matin et je chantais le soir »
  2. et sans enfant
  3. le sujet du concours était : « Quil ne peut y avoir de véritable bonheur pour lhomme que dans la pratique des vertus chrétiennes ».
  4. huit du vivant de lauteur
  5. Il succède à Samuel-Jacques Bernard (1686-1753).


Précédé par
Guillaume Dubois
Fauteuil 28 de lAcadémie française
1723-1770
Suivi par
Charles Juste de Beauvau-Craon

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Charles-Jean-François Hénault de Wikipédia en français (auteurs)

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