Bye Bye Belgium

Bye Bye Belgium

Bye Bye Belgium (nom de code : Tout ça (ne nous rendra pas la Belgique)), émission spéciale de la RTBF diffusée le 13 décembre 2006, était un faux documentaire de la chaîne de télévision généraliste publique belge francophone, La Une, considéré par la chaîne comme un docufiction, et qualifié de canular par une partie de la presse. Alors que les téléspectateurs, qui viennent de regarder le Journal télévisé, et sapprêtent à suivre deux reportages de lémission Questions à la Une à forte connotation communautaire et aux titres polémiques, Va-t-on supprimer les indemnités de chômage en Wallonie ? et Les Flamands sont-ils plus corrompus que les Wallons ?, une édition spéciale diffusée en direct à partir de 20 h 21 interrompt la programmation au début de laquelle le présentateur vedette du journal télévisé annonce la déclaration unilatérale dindépendance de la Flandre.

Sommaire

Principe de l'émission

Lobjectif annoncé était, dans le prolongement de la série démissions sur lhistoire du pays depuis lindépendance, intitulée « Moi, Belgique », de présenter une enquête sur lavenir de la Belgique, réalisée auprès de la population, et de susciter le débat[1].

Des reportages sur les premières conséquences de la sécession, dont la fuite du roi Albert II pour le Congo-Kinshasa ou le blocage des frontières entre les régions, sont diffusés, ainsi que des réactions à chaud dhommes politiques comme Herman De Croo, de personnalités médiatiques comme Axelle Red, Philippe Geluck, Jean-Luc Fonck ou de simples citoyens[2].

Lémission, dune durée denviron 1 heure 30, est en fait une fiction. Elle est suivie dun débat, réunissant des représentants des principales familles politiques francophones et néerlandophones, sur ce que cette fiction avait de vrai et envisageable.

Indices d'une fiction

La Dame au cochon / Pornocrates de Félicien Rops
  • le lancement de lémission spéciale contient de nombreuses approximations, rares de nos jours, même lors démissions spéciales ;
  • avant que ne commence lémission spéciale, la phrase : « Ceci nest peut-être pas une fiction »en référence au tableau La Trahison des images (« Ceci nest pas une pipe ») de René Magritteapparaît en blanc sur fond noir pendant quelques secondes. Le générique est ensuite lancé ;
  • un petit logo avec la silhouette de La Dame au cochon / Pornocrates de Félicien Rops est affiché dès les premières secondes démission : il sagit dun symbole populaire, notamment utilisé dans le générique de lémission Tout ça (ne nous rendra pas le Congo) ;
  • François de Brigode répond au téléphone en pleine émission alors que de nos jours les présentateurs utilisent l'oreillette à l'antenne.
  • le bandeau blanc en bas de lécran parle d’« émission spéciale » et non d’« édition spéciale » du journal télévisé ;
  • des messages en sous-titre, dont « ceci nest peut-être pas une fiction », sont diffusés au cours de lémission ; au bout dune demi-heure, le journaliste François de Brigode le spécifie également dans ses commentaires en utilisant régulièrement le mot « fiction » ;
  • un journaliste posté devant le palais royal annonce en direct la présence dune foule pro-Belgique en liesse, larrivée de voitures qui stationnent de façon anarchique : en arrière plan, on distingue quelques manifestants brandissant des drapeaux belges et le trafic routier paraît normal ;
  • des images, censées rendre compte dune réunion en catastrophe entre Albert II et Guy Verhofstadt au Palais Royal, montrent des arbres bien verts en plein mois de décembre ;
  • bien que le ton général adopté dans lémission soit très réaliste, de nombreux éléments dinformation peu vraisemblables, voire saugrenus, y ont été glissés : images dune immense foule en liesse à Anvers cinq minutes à peine après lannonce de la sécession ; le roi Albert II en fuite à Kinshasa ; le gouvernement de la région de Bruxelles-Capitale réfugié dans la dixième boule (inexistante) de lAtomium ; le tram bloqué à la nouvelle frontière et les policiers locaux envoyés la surveiller ; la présentation dun timbre-poste à leffigie dAstrid, reine de Flandre et enfin les images de leffondrement de la tour des télécommunications de la RTBF et de la VRT (allusion claire à la tour de Babel) ;
  • sur les autres chaînes, francophones et surtout néerlandophones, linformation nest pas relayée ;
  • au bout dune demi-heure de diffusion, submergée par les réactions, la RTBF fait afficher à lécran un bandeau « Ceci est une fiction » en continu, lequel aurait été demandé par Fadila Laanan, ministre de tutelle de la RTBF[3]. Mais, la chaîne publique précise que cétait à son initiative quelle avait décidé de mettre un bandeau « Ceci est une fiction », une demi-heure après le début de lémission[4].
  • le numéro de téléphone 070.22.20.22 donné en cours démission pour permettre aux téléspectateurs de réagir à linformation diffuse via un répondeur un message révélant la fiction.
  • quand on voit le drapeau belge sabaisser du palais royal, on distingue clairement la silhouette de Christophe Deborsu.

Démentis

Les sites internet des principaux quotidiens francophones démentent linformation.

Les forums et chats mis en place sont envahis de milliers de réactions, et les sites internet de la RTBF surchargés[5],[6].

Le livre connexe Bye Bye Belgium

Le lendemain de lévénement sortait en librairie un livre intitulé Bye Bye Belgium aux Éditions Labor. Il relate le « making-of » de lémission et contient des suppléments documentaires sur lenquête qua menée Philippe Dutilleul pendant 2 ans pour mettre son émission sur pied.

Bien que théoriquement écrit « sous la direction de Philippe Dutilleul », le livre est bel et bien son œuvre et doit cette mention au fait que quelques articles duniversitaires complètent son exposé. Le 15 décembre, Dutilleul présentait louvrage en conférence de presse dans un lieu de culture francophone situé au cœur même des institutions flamandes à Bruxelles, au Théâtre des Martyrs, situé entre le parlement flamand et le siège du gouvernement flamand. À cette occasion, il présenta le livre comme un complément à lémission, un instrument pour prolonger le débat, et essuya de nouvelles critiques de la part de lAJP. Léditeur déclara souhaiter voir naître une version flamande de louvrage[7].

Contexte politique de l'émission

     Région flamande

La Belgique est un État fédéral composé de trois régions (Région flamande, Région wallonne et Région de Bruxelles-Capitale) et de trois communautés (Communauté flamande, Communauté française, et Communauté germanophone). Les compétences transférées aux entités fédérées (y compris sur la scène internationale : cas unique), correspondent à 51 % du total des budgets étatiques belges (État fédéral + entités fédérées). Les exigences des partis démocratiques flamands étaient déjà lors de lémission daugmenter ce pourcentage et daccentuer les aspects confédéralistes du fédéralisme belge[8]. Dautres partis politiques flamands, comme le Vlaams Belang, réclament même lindépendance de la Flandre. Des transferts se réalisant dans le budget de la Sécurité sociale du Nord au Sud, ceux-ci seraient perdus en cas de scission du pays et le tout apeure certains Wallons, soit quils soient attachés à la Belgique, soit quils redoutent que cette scission ipso facto des budgets sociaux ne provoque un appauvrissement (évalué parfois à 20 %) de leurs allocations sociales et/ou de leur standing de vie. Limpact de lémission sexplique par ces deux hantises, soit symbolique et affective, soit matérialiste et le contexte politique (une scène importante est supposée se dérouler au Parlement flamand et le président du Parlement wallon est interrogé), qui rendaient la fausse information plausible, dautant que la disparition du pays est sans cesse évoquée dans les médias : le 15 juin 2007 après les Élections législatives fédérales belges de 2007, Vincent de Correbyter déclare que Le sort de la Belgique est entre les mains de séparatistes[9].

De plus, lémission survient au moment a lieu une polémique sur une éventuelle implication du prince Laurent dans une affaire de corruption[10].

Implication des personnalités politiques

Des personnalités politiques importantes ont participé à ce faux documentaire, en voici une liste non exhaustive :

Dautres, bien que ny ayant pas participé, étaient au courant de lémission avant sa diffusion. Cest le cas par exemple des deux ministres-présidents wallons et flamands, Elio Di Rupo et Yves Leterme[12].

Précédents

En mai 1998, le cinéaste belge Alain Berliner, l'auteur de Ma vie en rose, sortait Le mur, un film surréaliste sur la scission brutale de la Belgique la nuit de la Saint-Sylvestre de l'an 2000. Le fritkot d'Albert fut coupé en deux et un mur fut construit en une nuit le long de la frontière linguistique. Les anciens belges n'avaient plus que quelques heures pour retourner définitivement dans leurs régions d'origine[13].

Le 23 novembre 2005, lémission Questions à la Une avait réalisé une enquête sur le thème : La Wallonie et Bruxelles peuvent-elles sen sortir seules, sans la Flandre ? Les différents reportages sattachaient à montrer de manière concrète quelles seraient les conséquences dune scission du pays, notamment en allant enquêter en Tchéquie et en Slovaquie. Lémission avait causé quelques remous, mais bien moindres que ceux provoqués par celle du 13 décembre 2006.

Réactions

La population

De très nombreux télespectateurs ne perçoivent pas le caractère fictif de linformation, ce qui sera confirmé par le sondage informel par SMS réalisé au cours du débat. Parmi les personnes ayant envoyé un SMS, six pour cent déclarent y avoir cru jusquau bout, malgré le bandeau Ceci est une fiction placé après la première demi-heure. Très rapidement le centre dappel téléphonique et le site Internet de la RTBF sont saturés (voir : section chiffres). Les forums des principaux journaux de presse écrite reçoivent un afflux inhabituel de messages. Les premières réactions vont de la panique à lindignation et à la colère à la découverte de la supercherie.

Ce nest quà partir du lendemain matin quune proportion plus importante de messages dapprobation et de soutien est exprimée. Selon un sondage réalisé par linstitut de sondages Ipsos, 53 % des francophones estiment que ce documentaire-fiction est une « mauvaise idée »[14]. Néanmoins, avec le temps, cette tendance sest inversée : un sondage, réalisé du 13 au 15 décembre par le bureau détude ANT Research et publié dans Le Soir Magazine du 20 décembre, indique que 61,8 % des personnes interrogées approuvent la RTBF pour avoir produit cette émission.

Une mini-manifestation de protestation a rassemblé, le 17 décembre à côté du Palais royal, quelque 300 personnes sous la houlette du conseiller communal libéral bruxellois Geoffroy Coomans de Brachène, membre de lassociation belgicaine Pro Belgica, pour affirmer leur attachement à une Belgique unie[15],[16].

Durant les semaines qui ont suivi, lémission a fait lobjet de nombreux messages sur les forums de discussion dont ceux des principaux journaux. En réaction aux demandes de sanctions à lencontre des auteurs, exigées par différentes personnalités politiques, une pétition de soutien à la RTBF a été mise en ligne et a en une seule semaine réuni plus de 60 000 signatures électroniques[17]. Elle a été ensuite transmise à la ministre de tutelle, Fadila Laanan qui a de toute manière déclaré sopposer au principe de sanctions adressées à des personnes. Bien que napprouvant pas tous la forme de lémission, les signataires approuvent la liberté dexpression de la RTBF et la nécessité du débat.

Le Palais royal

Le Palais royal émet un communiqué de presse : « Ce nest pas le rôle du Palais de commenter ou de condamner des programmes TV ou des initiatives de presse. Nous constatons simplement quaux yeux de nombreux observateurs, ce programme avait les caractéristiques dun canular de mauvais goût », indique le porte-parole du Palais en réaction à la diffusion de lémission-fiction de la RTBF sur lindépendance de la Flandre. Ce constat du Palais porte sur lensemble de lémission et non pas uniquement sur la manière dont la famille royale a été mise en scène, a précisé le porte-parole, ajoutant également que le Palais navait pas « détat dâme particulier, ni sur le fond ni sur la forme de lémission ».

Les personnalités médiatiques

Lartiste belge Philippe Geluck explique, avec humour, sa vision des choses dans le cas dun hypothétique rattachement à la France : « Ça va nous permettre denfin procéder au rattachement. Au rattachement, mais comme moi je le vois depuis longtemps, cest-à-dire non pas un rattachement de la Wallonie à la France, mais plutôt de la France à la Wallonie, pour former une grande république wallonne. »

Le monde politique belge

Les réactions du monde politique sont globalement négatives. Linitiative est fustigée car elle est susceptible de nuire à la Belgique en inquiétant, voire paniquant, ses citoyens et en envoyant à létranger des signes négatifs quant à la stabilité politique du pays. Le tout loin des missions de la RTBF en tant que service public.

Le Premier ministre belge Guy Verhofstadt évoque une émission irresponsable et la présidente du sénat Anne-Marie Lizin annonce que « dans les capitales étrangères, lémoi est très grand »[18].

Fadila Laanan, Ministre de lAudiovisuel de la Communauté française de Belgique, qui assure la tutelle sur la télévision de service public, a convoqué Jean-Paul Philippot, ladministrateur-général de la RTBF. Une enquête sera ouverte sur « ce procédé douteux », selon la ministre qui « se pose des questions déontologiques concernant les journalistes qui ont participé à cette émission »[19]. Il présente ses excuses le 14 décembre, après sa rencontre avec Fadila Laanan, « à titre personnel, par rapport à la surémotivité quon a pu déclencher »[20].

La présidente du sénat belge Anne-Marie Lizin a déclaré que « les ambassadeurs et les ambassades étaient inquiets de ce quils devaient signaler à leur capitale respective » en évoquant les contacts pris par les ambassades auprès des autorités belges pendant la diffusion du reportage.

Pour le Mouvement réformateur, des sanctions fortes devraient être prises à légard de la chaîne. Par la voix de son président Didier Reynders, il estime que si le gouvernement de la communauté française protège la RTBF, cela signifierait pour le MR quon puisse désormais tout permettre et que le discours politique serait vidé de son sens[21].

Quant aux différents mouvements nationalistes flamands, ils ont par contre apprécié de voir ainsi organisée une mise en scène de leurs propres souhaits en matière dévolution institutionnelle de la Belgique. Par ailleurs, le fait que Filip Dewinter, chef du groupe Vlaams Belang (en français Intérêt Flamand) au Parlement, ait participé à lémission est considéré par certains politiciens comme un non respect du cordon sanitaire[22]. Cette question de lindépendance de la Flandre est devenue le fonds de commerce du parti du Vlaams Belang, une formation politique dextrême droite opposée au multiculturalisme de la population et qui considère la Wallonie comme un parasite profitant du système[23]. Il déclare : « Grâce à ce reportage, on peut désormais parler librement de lindépendance de la Flandre et de la Wallonie »[24]. José Happart, interrogé au Parlement wallon fait mine de ne pas sétonner et regrette que les Wallons naient pas pris linitiative de la scission.

Le monde politique étranger

Jean-Claude Juncker, le Premier ministre luxembourgeois, a déclaré à son arrivée au sommet européen de Bruxelles : « Jai trouvé le programme tout à fait à côté de la plaque ». Il a souligné quon ne blaguait pas avec ce genre de choses qui font « du tort à la Belgique à létranger »[25].

En France, le sénateur UMP Christian Quinta, salue « “la liberté de ton et limpertinence de laudiovisuel public belge impossible en France”, dit-il, regrettant malgré tout la confusion information-fiction, mais estimant salutaire lélectrochoc qui rend les citoyens conscients du politique. “On qualifie souvent les services publics de sclérosés, dit le sénateur, en Belgique, pays du surréalisme, vous avez prouvé que le service public est même capable dun grain de folie.”[26] »

La presse

Le monde journalistique belge est très mitigé face à lémission, y compris au sein de la RTBF la majorité admet cependant que limpact émotionnel suscité avait été mal évalué. Une moitié des journalistes estimant que la sensibilisation de la population à ce débat essentiel nécessitait des moyens exceptionnels, lautre considérant que lusage des décors et présentateurs du journal télévisé constitue une erreur et provoque la confusion au risque de perdre la confiance du public[27].

La technique du poisson d'avril utilisée par la chaîne de télévision belge pose de sérieuses questions quant à la crédibilité de linformation et lindispensable confiance du public à légard du travail journalistique, selon lAssociation des Journalistes professionnels (AJP). Martine Simonis, la secrétaire nationale de lassociation, exprime son souhait de voir la création dun conseil de déontologie, à limage de ce qui existe déjà en Communauté flamande[28].

Dautres soulignent par contre la formidable leçon dindépendance et desprit critique donnée par le service public et la presse (bien que lAssociation des journalistes professionnels critique linitiative[29]), ce restant par ailleurs dans le cadre de la tradition démocratique et frondeuse du pays. La rédaction de la RTBF elle-même défend son indépendance journalistique[30]. Il sagit par ailleurs sans doute dune première version télévisée de la mystification dont Orson Welles avait été linstigateur dans sa transmission radio de la Guerre des mondes en 1938.

Bénédicte Vaes, journaliste du journal Le Soir écrit dans son éditorial du 14 décembre : « cette émission est un choc salutaire ! ». Le 15 décembre, Béatrice Delvaux, rédactrice en chef du même journal, écrit quant à elle, «  …il est devenu impératif dexplorer des voies nouvelles pour capter lattention. Cest à ce titre que le JT-fiction de la RTBF, ovni médiatique, mérite une mention spéciale  »[31].

Lémission a fait la Une de la presse francophone et néerlandophone le lendemain.

  • diverses réactions, parfois de panique, de la part du public.
  • diverses réactions au niveau national et international, contre notamment un type démission parfois jugée dun goût douteux et dangereuse pour la sérénité du débat démocratique en Belgique[32]. En effet plusieurs médias étrangers ont fait écho de cette référence, la BBC, le Herald Tribune et la chaîne ABC[33].
  • Au Canada, la nouvelle a même été présentée en ouverture de lédition principale du Téléjournal de Radio-Canada à 22:00 le jeudi 14 décembre (04:00 le vendredi 15 décembre en Belgique). Le correspondant à Paris pour la télévision, Luc Chartrand, a même été dépêché à Bruxelles[34].
  • En France, le journal de 13:00 sur France 2 sest ouvert sur le sujet avec lhumoriste belge Philippe Geluck comme invité.

En Flandre, le quotidien De Standaard, le surlendemain a consacré lentièreté de sa première page à une comparaison en tableau entre ce qui était annoncé comme des exigences par certains partis démocratiques flamands en matière de nouveaux transferts de compétences et ce qui était dit dans lémission. Cette comparaison tendait à démonter que les vœux de la Flandre sont radicalement différents de ce qui était annoncé dans lémission, en tout particulier la volonté dune séparation violente et dure davec la Wallonie. Il est vrai que si la Flandre désire par exemple assumer de nouvelles compétences comme lentièreté de la politique familiale et lentièreté de la politique de lemploi, le SPA (socialistes) et le CD&V ne désirent nullement (par exemple) scinder le financement national de la Sécurité sociale. Plusieurs Flamands ont été en particulier très choqués quétaient mis en évidence dans lémission des séparatistes flamands dextrême-droite, alors que les Flamands nationalistes les plus radicaux (NVA, conservateur, et Spirit, progressistes alliés aux socialistes du SPA), même sils veulent aller plus loin encore, désirent y parvenir par la négociation avec les Wallons et les Bruxellois. Ce qui a sans doute le plus heurté la sensibilité flamande, cest le fait quait été suggérée une sorte dassimilation de la Flandre avec le Vlaams Belang.

Les instances de la RTBF

Jean-Paul Philippot, administrateur général de la chaîne après avoir présenté ses excuses aux personnes choquées déclare assumer la diffusion de lémission : « Nous navions pas lintention de créer une telle émotion mais plutôt daborder une vraie question, qui préoccupe les citoyens dans leur attachement à la Belgique. »

Le chef de linformation et de léthique, Yves Thiran a justifié cette émission par la nécessité de lancer un débat dans lopinion publique à propos dun des thèmes majeurs des prochaines négociations institutionnelles, lavenir de la Belgique, déclarant que « la déontologie nest pas une science exacte ».

Alain Gerlache, directeur général de la télévision qui a pris part en direct à lémission, déclare que la RTBF avait voulu poser un acte pédagogique et profiter de la puissance de la fiction pour expliquer des choses importantes : « Il faut parfois prendre des risques pour prendre ses responsabilités ».

Philippe Dutilleul, concepteur de lémission, indique que son objectif était avant tout de provoquer le débat et secouer les gens[35]. Philippe Dutilleul a par ailleurs publié un livre intitulé Bye Bye Belgium, compte rendu des différents contacts noués durant la phase de préparation de lémission.

Conséquences et suites

  • Le 9 janvier 2007, la Communauté française de Belgique, administratrice de la chaîne publique, adopte une motion qui demande notamment la mise sur pied effective dun comité de déontologie et déthique de linformation au sein de la RTBF et lévaluation des processus de contrôle interne et de décision dans le domaine de linformation[36].
  • En mars 2007, la Une organise une série de 3 rencontres-débats sur les rapports entre Flamands et Francophones dans laquelle certains Flamands refusent de parler français à lantenne[37].
  • En juillet 2007, le Collège dAutorisation et de Contrôle (CAC) du Conseil Supérieur de lAudiovisuel (CSA) a adressé à la RTBF un avertissement, assorti de lobligation de publier un communiqué[38],[39].
  • Un an plus tard, au soir du 12 décembre 2007, a lieu une émission de Questions à la Une commémorant ce docu-fiction. Jean-Claude Defossé et son équipe relatent les événements de la soirée du 13 décembre 2006 et ses conséquences au travers de deux questions : « Docu-fiction : la RTBF a-t-elle perdu la tête ? » et « Avons-nous eu tort davoir raison trop tôt ? ».

Chiffres

La docu-fiction en tant que telle a duré de 20 h 22 à 22 heures avec une audience (12+ Sud) moyenne de 504 588 téléspectateurs et une part de marché de près de 27 %. Pour le débat, les audiences sont légèrement moins importantes : 302 670 téléspectateurs (24,2 % de part de marché). Sur lensemble de la soirée, 1 317 963 francophones et 221 018 néerlandophones sont passés à un moment de la soirée par La Une. Une pointe a été enregistrée à 20 h 53 avec 674 275 téléspectateurs (35,57 % de parts de marché et un taux de 18,3 % sur les 12+). Selon le quotidien belge La Libre Belgique, 31 368 appels ont été enregistrés au centre dappel créé pour loccasion, et 21 338 SMS ont été reçus par la chaîne.

Bibliographie

  • Philippe Dutilleul (dir.), Bye-bye Belgium, Éditions Labor, Loverval, 2006 (ISBN 978-2-80402-475-8)
  • Philippe Dutilleul, Chronique dune imposture assuméeLémission choc du 13 décembre 2006, Éditions Racine, Bruxelles, 2008 (ISBN 978-2-87386-543-6)

Notes et références

  1. Lenquête Moi, Belgique, RTBF
  2. La RTBF fait mourir la Belgique, Le Soir, 13 décembre 2006
  3. Fadila Laanan va convoquer Jean-Paul Philippot 7sur7, 13 décembre 2006
  4. Pour ladministrateur de la RTBF, le fond doit primer sur la forme, 7sur7, 14 décembre 2006
  5. Forum du Soir : La RTBF simule la fin de la Belgique, Le Soir
  6. Forum de La Libre Belgique, La Libre Belgique
  7. Conférence de presse de Philippe Dutilleul du 15 décembre 2006 au Théâtre des Martyrs
  8. Ces aspects ont tendance à se multiplier écrit Charles-Etienne Lagasse, in Les nouvelles institutions politiques de la Belgique et de lEurope, Erasme, Namur, 2003, p. 28. Les Flamands veulent les approfondir [1], ce qui a pu être proposé également par certaines personnalités wallonnes, voir Robert Deschamps, Michel Quévit, Robert Tollet, Vers une réforme de type confédéral de lÉtat belge dans le cadre du maintien de lunion monétaire, in Wallonie 84, no 2, p. 95-111.
  9. Hebdomadaire Le Vif/L'Express du 15 juin 2007, p. 18-19
  10. Laurent, témoin ? Pas sûr du tout !, La Libre Belgique, 15 décembre 2006
  11. De Croo : "un peu involontairement guidé", La Dernière Heure - Les Sports, 14 décembre 2006
  12. Quels présidents au courant ?, Le Soir, 15 décembre 2006
  13. Jean-Michel Vlaeminck, « Le Mur d'Alain Berliner », dans Cinergie.be, Webzine, no 17, 1er mai 1998 [texte intégral (page consultée le 28/08/2011)] 
  14. La fiction de la RTBF était une « mauvaise idée » pour 53% des francophones, 7sur7, 15 décembre 2006
  15. Rassemblement au Palais royal, RTBF, 17 décembre 2007
  16. Site officiel de Pro Belgica
  17. Plus de 60.000 signatures de soutien à la RTBF en une semaine, 7sur7, 21 décembre 2007
  18. Des réactions indignées, des capitales inquiètes, Le Soir
  19. La (fausse) sécession de la Flandre panique la Belgique, Le Figaro
  20. Jean-Paul Philippot présente ses excuses et assume Le Soir
  21. RTL.be 16-12-2006 16:34
  22. Déclarations de Laurette Onkelinx et de Didier Reynders interviewés par la RTBF à la sortie dune réunion ministérielle le 14/12/2006
  23. La sécession de la Flandre, un canular de la RTBF - Le Nouvel Observateur
  24. Dewinter se félicite de lémission de la RTBF - 7sur7
  25. Belgique - Juncker déplore le canular de la RTBF in Tageblatt
  26. La RTBF fait la une à létranger, Source:Info radio - 15 déc 2006 08:44
  27. La Société des journalistes mitigée, Le Soir
  28. LAssociation des Journalistes critique la démarche de la RTBF, site de RTL-TVi
  29. LAssociation des Journalistes critique la démarche de la RTBF - RTL-TVi
  30. Alain Gerlache : « Prendre des risques pour prendre ses responsabilités » sur Tuner.be
  31. Audace, oui crédibilité, oui esprit critique, oui Le Soir
  32. La fiction de la RTBF inquiète, site officiel de la RTBF
  33. Lémission de la RTBF a suscité lintérêt des médias étrangers - Trends
  34. Téléjournal du 14 décembre 2006
  35. Le journaliste Philippe Dutilleul (RTBF: "Pas un canular, un documentaire-fiction" Le Monde
  36. Vote de la motion « douce » de la majorité, article de La Libre Belgique.
  37. La Wallonie, cest létranger, article du Soir du 7 mars 2007.
  38. Article du Soir.be du jeudi 05 juillet 2007
  39. Article de la Libre Belgique du vendredi 06 juillet 2007

Voir aussi

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