René Dujarric de la Rivière

René Dujarric de la Rivière

René Dujarric de la Rivière (19 avril 1885 à Excideuil - 28 novembre 1969 à l'hôpital de Neuilly-sur-Seine) était un médecin et biologiste français pastorien, inventeur de la filtration du virus de la grippe et de l'antidote de l'amanite phalloïde.

Sommaire

Biographie

Etudes

René Dujarric est né au lieu dit La Rivière, écart de la commune d'Excideuil en Périgord, aux confins du Limousin. Après des études secondaires au lycée de Cahors puis à celui de Perpignan, René Dujarric poursuit des études de médecine à Bordeaux, puis à Lyon où il se lie d'amitié avec Alexandre Lacassagne.

En 1911, après son externat, commençé à Paris en 1905, durant lequel il rencontre André Chantemesse, il suit en tant qu'interne de l'Hôpital Pasteur le cours de microbiologie de l'Institut Pasteur. Durant les années 1912 et 1913, il passe à la pratique en participant, en tant qu'attaché au laboratoire de Louis Martin à l'Institut Pasteur, aux travaux de parasitologie que Raphaël Blanchard mène à la faculté de Médecine de Paris et soutient cette dernière année sa thèse de doctorat en médecine sur la méningite.

Découvertes en microbiologie

La guerre de 1914-1918 l'affecte comme médecin d'ambulance au 45e régiment d'infanterie de ligne puis comme médecin-chef de laboratoires cliniques au Armées et enfin au Laboratoire Central de l'Armée de la place de Calais. Son rôle est de procéder aux diagnostics biologiques et de conduire, dans un but de prévention et d'hygiène, des enquêtes épidémiologiques au sein des régiments. Il sera décoré de la Croix de Guerre.

L'épidémie de grippe espagnole, plus meutrière que la guerre elle même, lui donne l'occasion d'appronfondir son travail de recherche et de prévention au cours duquel, en 1918, il réussit à filtrer le virus de la grippe, confirmant par ces manipulations de microbiologie l'étiologie virale de la grippe (la première souche humaine ne sera isolée qu'en 1933 par Wilson Smith, C.-H. Andrewes et Patrick P. Laidlaw du National Institute for Medical Research (en) à Londres).

De 1923 à 1929, de nouvelles recherches sur l'amanite phalloïde au sein du laboratoire de Louis Lapicque à la Sorbonne l'amène à mettre au point un antidote aux empoisonnements par les champignons. Devenu en 1928 membre titulaire de la Société de Biologie (fondée en 1848), il soutient l'année suivante, une thèse de doctorat ès sciences sur l'amanite phalloïde.

Recherches en hygiène et en immunologie entre les deux guerres

Durant cette période, il collabore au Traité d'Hygiène, périodique de reférence que dirige son ancien professeur Louis Martin édité par Baillière. En 1927, il organise au Grand Palais avec Fernand Widal les Journées médicales de Paris, et ouvre dans le service qu'il dirige à l'Institut Pasteur un Centre d'Etude des Groupes Sanguins. Ce centre d'études conduit des recherches immunologiques en médecine vétérinaire dont les applications agronomiques rapprochent René Dujarric du monde rural. En 1930, il fonde, avec Jules Bordet, la Société Internationale de Microbiologie. Ensemble, ils organisent, à l'Institut Pasteur de Paris, le premier congrès international de microbiologie.

Pour prolonger dans le domaine civil son travail de diagnostic conduit pendant la guerre pour le compte de l'armée, il ouvre au sein de l'Institut Pasteur un Laboratoire d'Hygiène Expérimentale. Celui réalise les analyses biologiques pour le compte des hôpitaux, et au delà du simple diagnostic, conduit, dans une optique d'hygiène préventive, des analyses des eaux usées et de l'eau de l'alimentation de ces mêmes hôpitaux.

Parallèlement, il élabore un projet de centre hospitalier à Périgueux, proche de sa ville natale, projet qui sera réalisé après guerre puis prendra son nom. La raison de ce projet se trouve dans le souci très pastorien de concevoir un hôpital dans les règles de l'hygiène élaborées par la microbiologie à partir de l'expérience accumulée depuis 1900 à l'Hôpital Pasteur sur l'isolement des malades contagieux au cours de leur hospitalisation.

De 1928 à 1930, il fait édifier par son cousin, l'architecte Louis Faure-Dujarric, dans un style moderniste, un hôtel particulier au Parc des Princes, à Boulogne-Billancourt, comprenant une salle immense pouvant accueillir un orgue. Sa femme, Marcelle Friedmann, organiste, y tiendra un salon musical auquel participeront les maîtres les plus célèbres de l'époque, par Marcel Dupré, Louis Vierne, André Marchal. C'est là qu'il habitera jusqu'à sa mort.

Ses recherches sur les groupes sanguins lui valent d'être nommé, à côté de Gustave Roussy et Robert Debré entre autres, membre de la Commission des sérums du ministère de la Santé Publique quand celle-ci est créée en 1934 sous la présidence de son ancien professeur et directeur au sein de l'Institut Pasteur, Louis Martin.

Seconde guerre

La seconde guerre mondiale le mobilise de nouveau. Il sera jusqu'en 1945 l'adjoint d'Alexis Carrel au Service des recherches scientifiques et techniques de l'Armée. Parallélement, il est nommé secrétaire général de l'Institut Pasteur.

Son directeur Jacques Tréfouël le charge en 1941 de transférer en France non occupée la fabrication de vaccin contre le typhus exanthématique. Ce sera le château de Laroche-Beaulieu, près de son natal Périgueux, qu'il aménage un centre de production moderne et efficace.

A la Libération, en 1945, il est promu sous directeur de l'Institut Pasteur, poste qu'il occupera jusqu'en 1958, et est élu membre de l'Académie de médecine, section hygiène.

Les fonctions de direction après guerre

En 1948, le Laboratoire de la grippe, qu'il a créé dans son service de l'Institut Pasteur, isole la première souche française de virus grippal.

De 1953 à 1956, il préside la Société mycologique de France et en 1954 il est élu un seconde fois membre de l'Académie des sciences, section économie rurale.

En 1958, il abandonne son poste de de sous directeur de l'Institut Pasteur pour devenir sous-directeur honoraire et se consacrer à ses missions d'expertise auprès de l'OMS en qualité de délégué de la France.

Au sein de l'Institut de France, René Dujarric cultive les amitiés d'André Maurois et Charles Dufraisse. En 1968, il devient vice-président de l'l'Académie des sciences et l'année suivante, l'année de sa mort, président.

Il est enterré à Excideuil.

Publications

Les principaux travaux scientifiques de René Dujarric de la Rivière portent sur les virus de la grippe, les toxines des champignons, les groupes sanguins et l'hygiène de l'eau.

  • R. Djarric de la Rivière, Méningites à pseudo-méningocoques et méningites à paraméningocoques, Service des thèses de la Faculté de Médecine, Paris, 1913.
  • R. Djarric de la Rivière, Étude physiologique d'un extrait d'amanite phalloïde, Service des thèses de la Faculté des Sciences de la Sorbonne, Paris, 1929.
  • R. Dujarric de la Rivière, B. Kolochine-Erber & V. Sautter, Le traitement de la poliomyélite expérimentale du singe par le chlorate de potasse", Presse Médicale n°83-84, Paris, 1941.
  • R. Dujarric de la Rivière, Lavoisier économiste, Masson, Paris, 1949.
  • R. Dujarric de la Rivière, E. I. du Pont de Nemours, élève de Lavoisier, Librairie des Champs Elysées, Paris, 1954.
  • R. Dujarric de la Rivière & Madeleine Chabrier, La vie et l'œuvre de Lavoisier d'après ses écrits, Albin Michel, Paris, 1959.
  • R. Dujarric de La Rivière, Cuvier: sa vie, son œuvre, pages choisies de Georges Cuvier, coll. Les Maîtres de la biologie, J. Peyronnet, Paris, 1969.
  • R. Dujarric de la Riviere, Buffon: sa vie, ses œuvres, pages choisies, , coll. Les Maîtres de la biologie, J. Peyronnet, Paris, 1971.

Réné Dujarric de la Rivière a collaboré à un certains nombre de publications, avec G. Cateigne, J. Chevé, Ch. Dopter, Julien Dumas, A. Eyquem, L. Gallerand, Cl. Hannoun, S. Ishii, N. Kossovitch, A. Lafaille, P. Millot, L. Podliachouk, Et. Roux, M. Saint-Paul.

Bibliographie

  • R. Courrier, Funérailles de René Dujarric de la Rivière in Notices et discours de l'Académie des Sciences, p. 579 à 583, Gauthier Villars, Paris, 1972.
  • Fonds d'archives René Dujarric de la Rivière, réf. FR AIP DUJ A1 à A5, Service des Archives de l'Institut Pasteur, Paris, 1960.
  • Numéro 119, René Dujarric De La Rivière (1885-1969), p. 3 à 7, Annales de l'Institut Pasteur, Paris, 1970.
  • Synthèse biographique réalisée par le Service des Archives de l'Institut Pasteur, Paris, 2005, disponible en ligne (Repères chronologiques).
  • R. Dujarric de la Rivière, Titres et travaux scientifiques du Docteur René Dujarric de la Rivière, J.-B. Baillière & Fils, Paris, 1936.
  • Pasteur Mag n°4, Institut Pasteur, Paris, janvier 2008.

Liens externes


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