- Matthijs de Castelein
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Matthijs de Castelein Portrait gravé de Matthijs de Castelein du frontispice de la réimpression rotterdamoise de 1612 de l'Historye van Pyramus ende Thisbe,Activités Dramaturge
Linguiste
Notaire apostolique
Poète
Prêtre
RhétoricienNaissance 1485/1486
Pamele
Flandre
Pays-Bas des HabsbourgDécès 1550
Pamele
Flandre
Pays-Bas des HabsbourgLangue d'écriture néerlandais Mouvement Rhétoriciens Genres Drame
Linguistique
PoésieMatthijs de Castelein, né à Pamele près d'Audenarde en 1485/1486 et décédé à Pamele en avril 1550, est un prêtre, notaire apostolique, rhétoricien et poète des Pays-Bas méridionaux
Sommaire
Biographie
Matthijs, le fils d'Arend Jacobszoon, devint prêtre en 1508 et notaire apostolique à Audenarde en 1530. En outre, il était un diacre de l'église paroissiale de Pamele et chapelain de la guilde de sainte Barbe et de celle du Saint-Sacrement[1].
Ce rhétoricien éminent porta la devise, avec une allusion à la phrase latine « respice finem » (=songez au résultat)[2], « Wacht wel tslot, Castelein », et fut facteur (ou poète en titre) des chambres de rhétorique Pax Vobis et de Kersauwe[3].
Régulièrement, le magistrat de sa ville natale usait de ses services dans les processions et les célébrations nécessitant un encadrement artistique, mais sa renommée et son influence en tant que poète et professeur de poésie s'étendaient sur tous les Pays-Bas, même longtemps après sa mort[1].
Le recueil de poèmes lyriques Diversche liedekens comprend des chansons amoureuses qui, malgré leur caractère stéréotypé et conventionnel, ne sont pas entièrement dissociées du fait biographique que De Castelein devint, vers 1520, père d'un fils bâtard, Abraham[3]. En 1547, lorsque ce fils aura atteint l'âge de 28 ans, il lui achète une rente viagère[4] ; plus tard, ce fils, qui mettra en vers l'épitaphe de son père[5], sera également impliqué dans l'édition des œuvres de celui-ci[4].
En outre, son érudition, qui lui valut dans son temps le nom d'« excellent poète moderne », est reflétée dans son œuvre majeure : De const van rhetoriken (achevée en 1548, imprimée en 1555, dans laquelle De Castelein a besoin de 239 vers pour expliquer et illustrer aux débutants et amateurs (ancommers ende beminders) de l'art de la rhétorique, par des exemples puisés dans ses propres œuvres, les techniques et les couplets poétiques les plus usités[3].
Le portrait gravé sur bois de Castelein figure en tant que vignette sur certains des pages de titre des éditions ultérieures, sorties des presses rotterdamoises : il y est représenté en costume laïque avec une barbe, une moustache et une couronne de laurier autour de la tête. Sur les pages de titre de ses œuvres, on l'appelle un prêtre et un excellent poète moderne[1].
Œuvre
Attributions douteuses et œuvres perdues
De Castelein déclare lui-même avoir écrit un grand nombre d'œuvres dramatiques comprenant 36 « esbattements » (genre de farces), 38 jeux de table, 12 moralités et 30 jeux de char (voir Const van rhetoriken, str. 13 et 212)[3].
Seulement deux pièces conservées peuvent être attribuées à De Castelein. La première est l'histoire de Pyrame et Thisbé (Historye van Pyramus ende Thisbe) ; l'autre est la moralité d'Audenarde composée pour la fête des rhétoriciens à Gand en 1539[3]. Cette dernière pièce, représentée par la chambre Pax Vobis, fut publiée dans le recueil Spelen van sinne, qui contient les moralités représentées lors de ce concours. Il n'est pas exclu qu'il soit l'auteur de la pièce, mais cette supposition est généralement fondée sur l'argument insoutenable qu'un tel jeu aurait dû être écrit par le facteur de la chambre[1].
Les trois refrains – genre qui s'apparente à la ballade – composés pour la compétition de Gand en 1539 sont, de toute vraisemblance, de la main de De Castelein[3] (bien qu'il ne s'agisse pas là de la preuve absolue que le morceau soit de sa main[1] ; le refrain comique ou in 't zot est inclus comme exemple dans son Const), tout comme un refrain op die Dronckaerts (sur les ivrognes)[3].
De nombreuses chansons auraient été imprimées déjà de son vivant au moins partiellement, puisque, dans sa théorie (Const 174), il recommande à ses élèves la lecture de ses propres « liedekins boucxkin »[4].
En outre, il mentionne trois jeux de sa main : Pieters legende (Légende de Pierre) et Bloedsturtijnghe (Versement de sang), joués dans la période de Pâques en 1524 par la chambre Pax Vobis avec subsides de la ville d'Audenarde, et ’t Vonnesse van Paris van Trooyen (Le jugement de Pâris de Troie)[4].
Sans aucun doute, De Castelein avait repris plusieurs petits morceaux de son cru dans les exemples qu'il donne dans son Const van Rhetoriken de différentes formes de poésie ; entre autres, le Sermoen van Sente Reinhuut, un sermon parodique sur le saint des buveurs[6].
De Castelein est un personnage typique du début du XVIe siècle, un clerc mondain, mais avant tout un artiste. Lorsqu'il chante les joies et les tristesses du bar et de l'amour, il puise dans ses propres souvenirs. En plus, en tant que poète officiel, il chante les victoires de Charles Quint et la naissance du futur roi Philippe II[4].
Histoire de Pyrame et de Thisbé
Si l'Historye van Pyramus en Thisbe, une dramatisation romantique et sentimentale d'un récit qui trouve son origine dans les Métamorphoses d'Ovide mais qui a été adapté ici de la Bible des Poètes (première édition anonyme vers 1540)[3], est conclue par une interprétation spirituelle, elle n'appartient, dans son entièreté, tout de même pas à la poésie dévotionnelle[4].
Ballades de Tournai
Après la conquête de Tournai, ville arrachée à la couronne française par Charles Quint le 30 novembre 1521, De Castelein écrivit les Ballades de Tournai (Baladen van Doornijcke), dont l'édition la plus ancienne date de 1571. Tout d'abord, l'auteur donne l'histoire de la ville, glorifiant la victoire de Charles et exhortant le roi français de, pacifiquement, se résigner à sa défaite, alors qu'il noircit les Tournaisiens dans la deuxième partie de son ouvrage, qui n'apparaît pas dans toutes les éditions. Il utilise de nombreux exemples et motifs classiques, mythologiques, bibliques et astrologiques[3].
L'art de la rhétorique
Le plus caractéristique pour l'esprit de l'époque et pour ses propres capacités est De Const van Rhetoriken, son œuvre majeure qu'il écrivit ou acheva en 1548, dans laquelle il chante la dignité de la poésie et par laquelle il fixe les règles de la pratique de celle-ci, dans une langue fine qui, toutefois, se fait difficilement apprécier de nos jours et qui est même souvent difficile à comprendre. C'est en tant que poète éminent, possédant une longue expérience en la matière, et, certainement aussi, comme homme d'éducation classique, qu'il se voyait appelé à écrire un poème didactique et de louange aussi large. Ces règles comprennent principalement des exigences de forme, de beauté et d'éloquence, en particulier de la rime. Après « l'art pour la vérité » de Jan van Boendale, de Const van Rhetoriken prêche clairement « l'art pour l'art » ou du moins celui de la « belle forme »[4].
À part de se faire influencer par la tradition rhétoricienne des Pays-Bas méridionaux[3], dans ses considérations sur la technique de mise en rime, Castelein s'est surtout laissé guider par L'art de Rhétorique (entre 1482 et 1492) de Jean Molinet[3], mais, non seulement, son traitement de ces sujets est plus élaboré que celui de Molinet, mais il traite souvent, et de façon plus critique, une problématique plus actuelle, comme celle du purisme linguistique. Un bien plus large éventail d'exemples est offert afin d'illustrer les différentes formes et strophes. Pour la plus grande partie, les sujets empruntent à la Bible, la mythologie et l'histoire ; c'est-à-dire, à la fiction, ou, comme on l'appelait à l'époque, la « poetrie »[7].
En outre, ses conceptions sur la rhétorique sont pour une bonne partie redevable aux classiques, notamment Quintilien, mais aussi Cicéron et Horace[3]. En effet, il crut connaître les classiques ; dans la rhétorique de son époque, il vit la continuation directe de la rhétorique et de la poésie ancienne. Il appelle les poètes et orateurs romains chaque fois des prédécesseurs et des maîtres ; à quelques reprises, il a traduit du latin, aussi écrivit-il lui-même des vers latins ; il connut les mètres classiques et tenta à les clarifier à ses élèves par des exemples en néerlandais[4]. Les passages de Quintilien sont extraits du livre VIII sur l'éloquence, le livre XI sur la prononciation, et les livres I, II et XII sur l'éducation et la personnalité de l'orateur, tandis que les passages de De oratore de Cicéron sont empruntés aux livres II et III sur les mêmes sujets. À l’Ars poetica d'Horace, il emprunte principalement des passages sur le travail que le poète met dans ses œuvres, ainsi que quelques réflexions sur la question du décorum[8].
Il condamna lui-même les nombreux trucs poétiques et le bricolage littéraire dont il a souvent était accusé, comme des subtilités sans importance. Si, pour énumérer et expliquer les différentes possibilités en versification, il s'appuya principalement sur l'ouvrage précité, en prose et sur le même sujet, de Jean Molinet, il diffère du jugement de son modèle français ; de ses prises de positions les plus notables, beaucoup n'ont certainement pas été empruntées à celui-ci ; ainsi, l'importante déclaration sur la longueur des vers ne correspond pas avec la déclaration de Vives et est également fondée sur une observation des classiques, bien qu'elle soit appliquée de façon erronée[4].
Surtout sa connaissance des classiques a fait accorder à son manuel une grande autorité et pour une période d'une longue durée, dont témoignent six réimpressions entre 1571 et 1616[3].
Différentes chansons
Les Diversche liedekens, ou Différentes Chansons, dont la première édition connue date de 1573, comprennent, hormis six chansons historiques et une chanson sur les Sept Douleurs de la Sainte Vierge Marie, surtout de textes amoureux (24)[3]. Le poète aurait inventé lui-même la plupart des mélodies de ce recueil, comme elles n'apparaissent dans aucune autre source de mélodies de cette période : elles se caractérisent par une certaine uniformité de style musical et plusieurs d'entre elles invoquent des associations polyphoniques, surtout dans les cadences[9].
Influence
Aussi aux Pays-Bas septentrionaux, l'influence des dispositions de Castelein devint très sensible, et non seulement dans les chambres de rhétoriques évoluées vers des sociétés villageoises, mais aussi au XVIe siècle chez ceux qui ont été considérés comme initiateurs de cette floraison[4], en particulier Coornhert et l'écrivain du Twe-spraack van de Nederduitsche Letterkunst (1584), vraisemblablement Spiegel[2].
Dans sa qualité de leur modèle souvent mal compris, De Castelein partagea dans le mépris croissant pour les rhétoriciens paysans, et il devint également un objet de dérision. Son influence fit encore surface dans la poésie des régions rurales du XVIIe siècle et du XVIIIe siècle, apparaissant dans des vers de circonstance, des inscriptions ou des invitations rimées de taverniers. Il est remarquable que quelques-uns des exemples du Const ont trouvé, sous leurs noms d'origine, Ricquerakque et Kokorullen, une place dans le célèbre recueil Koddige en ernstige Opschriften, incorporés dans l'édition de 1731, p. 126 et suivantes[2].
Œuvres
- (nl)(Historye van) Pyramus ende Thisbe, écrite vers 1515, publiée en 1573 à Gand ;
- (nl)De Baladen van Doornijcke, écrites en 1521-1522, publiées en 1571 à Gand ;
- (nl)De Const van Rhetoriken, 1548 ; première publication, posthume, connue de 1555 à Gand ;
- (nl)Diversche liedekens, publiées en 1573-1574 à Gand auprès de Ghileyn Manilius
Lien externe
- (nl)Biographies et bibliographie sur le site Web de la Bibliothèque numérique des Lettres néerlandaises
Sources
- (nl)D. Coigneau, in : G.J. van Bork & P.J. Verkruijsse (réd.), De Nederlandse en Vlaamse auteurs van middeleeuwen tot heden met inbegrip van de Friese auteurs. De Haan, Weesp, 1985, p. 132
- (nl)Louis Peter Grijp, Van Druyven-Tros tot Gedenck-clanck. Muzikale aspecten van de rederijkerij, in : Conformisten en rebellen: Rederijkerscultuur in de Nederlanden (1400-1650), Amsterdam University Press, 2003, p. 271-286
- (nl)Kossmann, Castelein, Matthijs de, in : P.C. Molhuysen & P.J. Blok (réd.), Nieuw Nederlandsch biografisch woordenboek. Deel 6, A.W. Sijthoff, Leyde, 1924, p. 275-277
- (en)Marijke Spies, Developments in sixteenth-century Dutch poetics. From “rhetoric” to “renaissance”, in : Renaissance-Rhetorik, Hrsg. von Heinrich F. Plett, Berlin, 1993, p. 72-91
- (nl)Jan te Winkel, De ontwikkelingsgang der Nederlandsche Letterkunde II. Geschiedenis der Nederlandsche letterkunde van Middeleeuwen en Rederijkerstijd (2), De erven F. Bohn, Haarlem, 1922, seconde impression
Références
Catégories :- Décès en 1550
- Dramaturge flamand
- Écrivain flamand (avant 1830)
- Naissance à Audenarde
- Naissance en 1488
- Notaire néerlandais
- Poète néerlandais
- Prêtre néerlandais
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