- Marbre vert de Maurin
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La carrière de marbre vert de Maurin, sur la commune de Saint-Paul-sur-Ubaye (Basses-Alpes, Haute-Ubaye), au-dessus de Maljasset, à côté du hameau de Combe - Brémond, est une carrière abandonnée qui se situe près du hameau de Maurin, dans les Alpes de Hautes-Provence : gros filon de 200 m de long et 50 m de large : ce marbre fut exploité au XIXe siècle par la société Dervillé et C° (Stéphane Adolphe Dervillé), une centaine d'ouvriers y travaillant, dernier exploitant vers 1945/1950. 2000/2200 d'altitude[1].
Sommaire
Description
« Au hameau de Maurin, sur la frontière d'Italie, dans les Alpes, on rencontre un marbre de fragments vert, noirâtre, enveloppés par des veines vert-clair dont la nuance tire tantôt sur l'ivoire tantôt sur l'émeraude ; sa teinte générale rappelle celle du porphyre antique. Ce marbre est l'ophicalce[2] de Brongniart, traversée par des veines de chaux carbonatée spathique, qui sont tantôt blanches, tantôt pénétrées par une espèce d'amiante qui leur donne la couleur vert-clair. »[3].
Ce marbre fut prisé du Ve siècle siècle au XIXe siècle -XXe siècle : « Une tradition porte qu'on exploitait à Maurin, dans le cinquième siècle, deux mines : l'une de fer, à l'endroit où l'on exploite actuellement une carrière de marbre, sur la rive gauche de l'Ubaye, vis-à-vis l'église ; l'autre d'argent, à côté de la première. Ce lieu porte en effet le nom d'Usine, et offre encore beaucoup de mâchefer et de débris de métaux mis en fusion. » Le marbre de Maurin est du véritable vert-antique, porte le nom de vert Maurin, il est recherché pour sa beauté.
Marbre appelé « Vert de Maurin »[4] ou « Vert des Alpes » , « brêche de l'Alpet » , ophicalce riche en minéraux verts (chlorite et serpentinite[5] + amiante, séricite, talc) veiné de calcite : Ce marbre, « une brèche tectonique à éléments de serpentinite et à filons de calcite remplissant les espaces formés par la fragmentation de la roche »[6] est intercalé dans le calcaire à myrianites , de schiste, de quartz. Ces pierres vert foncé sont mates, ou brillent au soleil d'un beau vert brillant : elles se mêlent aux schistes lustrés[7]. D'autres carrières de marbre vert (appelées aussi marbre vert de mer) existent dans les Alpes, dans le Queyras près de Saint-Véran et Vallée du Cristillan[8],[9].
Exploitation de la carrière
Parmi les travailleurs de cette montagne, à 2 000 m et plus, s'activaient les carriers qui pendant une centaine d'années, par périodes continues, en ont extrait le marbre vert.
« L'histoire de l'exploitation des carrières de Maurin est compliquée . On peut dire, en résumé, que dès 1840, deux sites en plusieurs parcelles, sont cadastrés comme carrière de marbre : à l'Alpet, ce qui deviendra la carrière de Maurin, bien visible de l'église, et plus loin rive droite et rive gauche sur le chemin du Monget, la Blave et les prés du Longet, au pied du Rubren. Sur ces deux sites, la commune de Saint-Paul-sur-Ubaye deux propriétaires privés et plus tard la section de Maurin connurent 6 ou 7 concessionnaires exploitants et beaucoup de péripéties administratives et juridiques : baux dénoncés avant terme obligations non honorées, procès et contestations Les deux sites auraient été travaillé en même temps mais on abandonna plus tôt le Longet. L'extraction du marbre y était moins difficile qu'à l'Alpet . on y trouvait des blocs charriés et on n'avait pas à attaquer une masse rocheuse. Les blocs ébauchés sur place, c'est-à-dire équarris à la main, descendaient vers la scierie de Maljasset que MM Bellon, Falques et Signoret possédaient, dès 1840, sur le canal à côté du moulin de Maljasset. La force hydraulique permettait d'actionner les lames des scies en plaques sans doute pouvait on y réaliser aussi de petits objets que l'un des propriétaires vendaient alors, dit-on, à Lyon, durant l'hiver. Cette scierie a été démolie en 1882.
Mais entre la carrière et la scierie, la gageure était bien le transport de ces blocs. Que le promeneur et qui après le Parouard , gravit le chemin escapré à quelques mètres au dessus de l'Ubaye, bouillonnante et sauvage, à la Salcette, en charriot à 4 roues , un ou deux chevaux à l'arrière pour retenir la charrette, dans la pente et le ou les conducteurs maniant une barre de bois pour bloquer les roues dans les passages les plus difficiles.
Vers la fin du siècle, l'extraction fut abandonnée au Longet, mais la carrière de l'Alpet prospère de nombreuses années encore, d'autant qu'on y avait pu y apporter des améliorations techniques. Dans les années 1920 - 1930, les enfants les nuits d'été, s'émerveillaient de voir dans la montagne cette lumière encore inconnue dans les hameaux. L'eau du petit torrent de l'Alpet avait permis l'installation de turbines pour l'éclairage et quelques machines.
A l'aide d'explosifs on détachait les blocs du rocher, il fallait ensuite les remonter jusqu'à la plate-forme. Un gros cabestan, c'est-à-dire un travail puissant aidait à la manœuvre , parfois il fallait remuer le bloc avec des coins pour ne pas abîmer la roche fragile .
L'équarrissage était l'œuvre d'un gros fil d'acier à quatre toraons, mu d'un mouvement circulaire deux châssis. Du sable humidifié ,très fn, était entraîné par le fil qui entaillait ainsi le marbre. un ouvrier surveillait attentivement la manœuvre, qui pouvait durer une semaine selon le bloc à travailler,
Venait ensuite le transport et le chemin de l'Alpet moins périlleux que celui de la Salcette, n'ayant cependant rien d 'un boulevard ! Jusque vers 1910, montaient des charrettes à deux roues, des haquets, des charriots à quatre roue qui circulaient de la carrière à Barcelonnette. Grincement , crissements au choc de bandes de fer épaisses contre la pierre dure, ordres et jurons du voituriers encourageant le limonier, un fort percheron, et le bruit des grelots aux larges colliers des chevaux, annonçait le passage du charroi qui mettait la journée pour atteindre Barcelonette ,et la plateforme de décharge,, à l'emplacement actuel des magasins « Lion ».
Autour de 1920 arrivèrent les camions : c'étaient des camions des domaines qui avaient servi pendant la guerre, de gros Berliet aux roues en bois avec cardages decaoutchouc encastrés; une plate-forme, faite de pont roulant, installée derrière l'église de Maurin, permettait de soulever le marbre avec des plans pour les disposer sur les plateaux et les camions. On peut donc supposer que des charrettes continuèrent quelque temps à descendre les lacs de l'Alpet à l'église. Tout le système de levage du pont roulant fut renversé et détruit par une avalanche de neige poudreuse au souffle puissant. Jusqu'en 1960 environ, l'exploitation de la carrière se poursuivit mais on se contenta les dernières années d'extraire et de transporter des blocs bruts destinés au concassage.
On ne peut pas parler des carrières de Maurin sans évoquer le courage qu'il fallut à tous ces hommes en majorité des travailleurs italiens, pour arracher cette belle pierre à la montagne. Presque une centaine à une certaine époque, ils habitaient un baraquement construit sur place au moins à partir de 1880. Tous les jours, ( y compris le dimanche matin) et toutes les nuits, ils travaillaient , les 4 ou 5 mois de la plus belle saison , le climat n'en permettant guère plus. On a gardé à Maurin le souvenir d'un accident qui se produisit à la suite d'un tir de mines. Les registres mortuaires, portent, en effet, quelques mentions d'accident : une plaque tombale gravée dans le beau marbre vert de la carrière, rappelle au cimetière, le souvenir de deux ouvriers de l'Alpet, morts dans le baraquement. L'un y mourut le 13 juin 1891 . Il avait 56 ans. Quatre ans plus tard le 26 août 1889 y mourut son frère, âgé de 67 ans.
Mais le plus dur était le travail et plus intense les quelques moments de fête. Ainsi, le 15 août régnant à Maurin une grande animation : c'était la seule journée entière de repos de la saison ! Les ouvriers avaient déjà engrangé une partie de leur gain et l'automne approchait qui verrait leur retour au pays. Aussi, de Barcelonnette montaient les marchands de vêtements qui dressaient leurs étalages et les affaires allaient bon train toute cette activité est maintenant éteinte, et pourtant le marbre vert de Maurin est toujours aussi beau ... » [10]Utilisation
Ces pierres, travaillées et polies, se retrouvent à Paris, aux Invalides, à l'Opéra comme à Lyon, et même aux Amériques.
Ce marbre décoratif jadis très recherché (cheminées, pendules, vases, dessus de guéridon, socles en marbre de Maurin) comme le marbre vert de mer qui s'exploite aux environs de Gènes, était moins dur et moins difficile à travailler dans de grandes dimensions, vendu à un prix abordable à Marseille et importé jusqu'aux États-Unis. Il servit à Paris pour, entre autres, le soubassement de l'autel du tombeau de Napoléon Ier aux Invalides, pour la décoration de l'Opéra Garnier, et les médaillons des piédestaux des statues de la Place de la Concorde.
Notes et références
- [1] Description géologique très détaillée : Histoire des progrès de la géologie de 1834 à [1859]. Tome 6 : formation jurassique / par le vicomte d'Archiac ; publiée par la Société géologique de France, sous les auspices de M. le comte de Salvandy, page 588. Numérisation UPMC Jussieu. p. 549 à 599
- Vert de Mer
- Rapport sur les marbres et les machines à travailler le marbre (1879). Adolphe Violet, Société des ingénieurs civils de France, Société des ingénieurs civils , Société des ingénieurs civils Editeur ; E. Lacroix.
- Nom donné par extension à d'autres marbres vert , en Italie.
- BRGM -Photographie N°2. Serpentines des Alpes :
- brèche de l'Alpet
- [2] Notes sur la haute vallée de l'Ubaye. — Structure, altitudes moyennes, tracé du réseau hydrographique Jean Demangeot Revue de géographie alpine Année 1943 Volume 31 Numéro 31-4 pp. 535-574 Sur les schistes lustrés
- Ophiolites des Alpes franco-italiennes et Marbres verts du Val d'Aoste
- [3]
- Texte issu de : Maurin et son marbre vert, 1840-1960, Association pour la sauvegarde de l'Église de Maurin Lou Mourinec, Mai 1990, Numéro 8..
Annexes
Articles connexes
- Ophicalce
- Marbre
- Hameau de Maurin
Situation géographique
Liens externes
- Refuge de Maljasset (excursion vers la carrière de marbre)
- Géologie de la Vallée
- Bulletin de la Société geologique de France Très belle description géologique du filon de Maurin , séance du 15 février 1855, page 220-221/
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