Fantôme de Cock Lane

Fantôme de Cock Lane
Le dessin montre des femmes marchant entre des immeubles sur une rue faite de pierres taillées. À leur gauche se trouvent deux enfants qui semblent s'amuser ensemble. Également à la gauche des femmes se trouvent quelques magasins dont l'un porte le nom de King.
Illustration de Cock Lane datant du XIXe siècle. Les apparitions ont lieu dans le bâtiment à trois étages sur la droite. Dessin datant de 1852.

Lhistoire du fantôme de Cock Lane est une affaire dappartement hanté qui défraie la chronique londonienne en 1762 avant dêtre reconnue comme une imposture.

Cet événement, qui suscite une controverse entre les Églises méthodiste et anglicane lorsque le pasteur méthodiste John Moore prend le parti du fantôme, a lieu dans un appartement de Cock Lane, une petite allée à proximité du marché de Smithfield, à quelques minutes à pied de la cathédrale Saint-Paul de Londres.

Les protagonistes de cette histoire dappartement hanté sont William Kent, un usurier de Norfolk, Richard Parsons, un clerc de la paroisse, et la fille de ce clerc, Elizabeth. Après la mort en couches de la femme de Kent, nommée Elizabeth Lynes, il tombe amoureux de sa belle-sœur, Fanny. Le droit canon leur interdit de se marier, mais ils sinstallent à Londres, ils logent dans une propriété appartenant à Parsons. Ce dernier emprunte à son locataire une somme de vingt livres quil refuse ensuite de lui rembourser, en conséquence de quoi Kent fait arrêter Parsons.

Cest alors que naissent des rumeurs détranges bruits de coups et dapparitions fantomatiques. Lorsque Fanny tombe enceinte, le couple déménage, et les coups cessent, mais environ 18 mois plus tard, alors que Fanny est morte de la variole et que les tribunaux ont statué en faveur de Kent pour la restitution de son prêt par Parsons, ce dernier fait valoir que sa propriété est hantée par le fantôme de Fanny. Les apparitions semblent tourner autour dElizabeth, sa fille aînée, et de nombreuses séances de spiritisme sont organisées afin de déterminer les motifs de « Fanny la gratteuse ». Les rassemblements de la foule de spectateurs passionnés par laffaire obstruent alors souvent presque entièrement Cock Lane.

Le maire de Londres finit par nommer une commission, dont fait partie Samuel Johnson, qui étudie la question et finit par conclure à la nature frauduleuse de la prétendue apparition. Dautres enquêtes établissent que Parsons a contraint sa fille Elizabeth à commettre cette escroquerie. Les conspirateurs sont poursuivis, Parsons est mis au pilori et condamné à deux ans de prison.

Cette affaire est souvent mentionnée dans la littérature de lépoque. Charles Dickens est lun des auteurs de lépoque victorienne qui font allusion à cette histoire dans leur œuvre. Le peintre satirique William Hogarth y fait référence dans deux de ses gravures.

Sommaire

Historique

William Kent et Fanny Lynes

À la droite de la photo apparaît la façade d'un immeuble. La face avant comprend plusieurs fenêtres en ogive. Un arbre est à la gauche de l'église. À l'arrière de celle-ci, une tour de style gothique la surplombe.
Léglise Saint-Sepulchre-without-Newgate officiait Richard Parsons.

En 1756 ou 1757, William Kent, usurier à Norfolk[1], prend pour épouse Elizabeth Lynes, fille dun épicier de Lyneham. Leur relation est décrite comme « un grand amour, une harmonie, et une amitié ». Onze mois après le mariage, le couple sinstalle à Stoke Ferry, Kent tient une auberge et soccupe du bureau de poste. La sœur dElizabeth, Frances (ou « Fanny », selon le nom couramment usité), vient loger chez le couple pour tenir compagnie à sa sœur. Cependant, peu de temps après, Elizabeth meurt pendant son accouchement. Fanny prend soin du nouveau-, qui meurt peu de temps après, mais elle reste malgré tout à Stoke Ferry pour soccuper de la maison. Une liaison se noue bientôt entre William et Fanny, mais le droit canon semble leur interdire toute possibilité de mariage. Sétant rendu à Londres pour se renseigner sur la question, William Kent apprend que, Elizabeth lui ayant donné un fils vivant avant sa mort, toute union avec Fanny est impossible. En janvier 1759, William, abattu par ces mauvaises nouvelles, abandonne le bureau de poste, laisse Fanny à Stock Ferry, et repart à Londres avec la volonté « de trouver un emploi dans la fonction publique », et lespoir que «  les affaires effaceraient cette passion à laquelle il avait eu le malheur de sabandonner ». Pendant ce temps, Fanny part vivre chez lun de ses frères, à Lyneham[2].

Malgré la désapprobation de sa famille, Fanny entame une relation épistolaire avec William, qui finit par lautoriser à le rejoindre à Londres[3]. Le couple sinstalle dans un logement proche de la Mansion House, William prête 20 livres à son propriétaire (ce qui représente, selon lIPC britannique, environ 27 400 livres de 2010)[4]. Lorsque le propriétaire refuse de lui rembourser le prêt, son locataire le fait arrêter[nb 1]. Le couple quitte la maison, et, alors quil assiste à un office religieux dans léglise de St Sepulchre-without-Newgate, rencontre Richard Parsons, qui officie comme clerk. Richard Parsons, qui dispose de logements à louer, se montre conciliant envers le couple, et un accord est rapidement conclu. Le couple emménage alors dans la propriété des Parsons, qui se situe (en 1965) au 20 de la rue Cock Lane, au nord de léglise Saint-Sepulchre-without-Newgate. Cette étroite rue passante, semblable à la plupart de celles du centre de Londres, se situe dans un quartier jugé respectable, mais sur le déclin. La propriété en question est une maison à trois étages, avec une pièce à chaque étage, reliée chacune par un escalier en colimaçon[6].

Premières apparitions

La photo montre différents pièces métalliques de forme allongée. Chaque pièce possède un bout arrondi, alors que l'autre bout est en biseau avec une pointe carrée.
Un jeu de tranchets en cordonnerie peut générer des bruits de grattements et des frottements

Richard Parsons a une femme et deux filles ; la plus âgée des deux, qui sappelle Elizabeth est décrite comme une « petite rusée denviron onze ans »[7],[8]. Généralement considéré comme un homme respectable, Parsons a cependant une réputation divrogne dans son quartier, et il a du mal à nourrir sa famille. À peine M. et Mme Kentcomme ils se font désormais appelersont-ils installés, que William Kent accepte de lui prêter douze guinées, remboursables à raison dune guinée par mois[5].

Lorsque William doit assister, un peu plus tard, à un mariage en province, il demande à Elizabeth de tenir compagnie à Fanny, en partageant son lit. Toutes deux déclarent avoir entendu des bruits de grattement et de coups, que Mme Parsons attribue à un cordonnier du quartier. Mais Fanny, alors enceinte de six mois, y voit un sombre présage, interprétant ces bruits comme autant de signes annonçant sa mort prochaine[9]. James Franzen, le tenancier du pub Wheat Sheaf situé à proximité de lappartement, sest rendu chez les Parsons, et déclare avoir lui aussi entendu les bruits de coups. Il ajoute avoir vu une créature fantomatique blanche monter lescalier. Terrifié, il serait alors rentré chez lui, rapidement rejoint par Richard Parsons, qui affirme également avoir vu le fantôme[10],[11].

Mort de Fanny Lynes

La photo montre le côté face (à la gauche) et le côté face (à la droite) d'une pièce de monnaie en or.
Guinée George III ayant cours de 1760 à 1820.

La grossesse de sa femme a amené William Kent à prendre des dispositions pour sinstaller à Bartlets Court, à Clerkenwell, mais, à son retour en janvier 1760, la maison quil souhaite acquérir nest pas prête. Bien que Fanny soit alors enceinte de huit mois, le couple emménage dans un appartement de transition « incommode », mais très proche de leur ancien appartement, ils comptent ne rester que peu de temps. Ce changement entraîne une détérioration des relations entre William Kent et Richard Parsons, qui doit alors environ trois guinées à William, et qui ne la toujours pas remboursé. Lusurier charge alors son avocat dattaquer son propriétaire en justice pour se faire rembourser les trois guinées[12],[13].

Fanny tombe malade le 25 janvier 1760, et le médecin traitant diagnostique que le mal nest pas le fait de la grossesse, mais quelle subit les premiers stades dune fièvre éruptive. Le docteur s'entend avec William Kent sur le fait quà ce stade avancé de la grossesse, lappartement est inadapté. Fanny est transportée en carrosse à Bartlets Court. Le lendemain, le médecin retourne voir Fanny, et sentretient avec son apothicaire. Tous deux conviennent que les symptômes de Fanny sont ceux de la variole. Après avoir entendu le diagnostic, Fanny, qui avait dressé un testament quelques mois plus tôt, fait appeler un avocat pour faire en sorte que tout ce quil lui appartient revienne à William Kent. Le 2 février 1760[14], elle meurt, non sans que le révérend Stephen Aldrich de léglise St John Clerkenwell, qui la assistée en ses derniers moments, leût assurée que ses péchés lui seraient pardonnés.

En tant quexécuteur testamentaire de Fanny, William commande un cercueil, mais, par crainte de poursuites au cas la nature de sa relation avec Fanny serait révélée, il demande à ce quil reste anonyme. Obligé de lui donner un nom, lors de la déclaration de la sépulture, il donne le nom de Fanny Kent. La famille de la défunte est informée, et lune des sœurs de Fanny, Ann, assiste aux obsèques, qui ont lieu à léglise Saint Johns. Quand Ann apprend les dispositions du testament de Fanny, qui lui lègue une demi-couronne chacun à elle et à ses frères et sœurs - et tout le reste à Kent -, elle tente en vain de faire bloquer lapplication du testament à DoctorsCommons, sans succès[15]. William reçoit en plus la part de succession de feu le frère de Fanny, Thomas, dont lhéritage est compris dans celui de Fanny, et qui sélève à 150 livres. Le testament inclut enfin des terres vendues à Thomas par son frère John Lynes. William reçoit ainsi ces terres, auxquelles prétend la famille de la défunte. Des problèmes juridiques liés à la vente font que les héritiers de Thomas doivent payer 45 livres de compensation, mais William Kent sy refuse, arguant quil a déjà dépensé cette somme pour couvrir les dettes contractées par Fanny. En octobre 1761, le frère de Fanny, John, entame une procédure contre William Kent devant la Court of Chancery. William, qui a alors trouvé un poste dagent de change, se remarie en 1761[16].

Maison hantée

Les fantômes des sœurs Lynes

Les fenêtres permettent la diffusion de la lumière. Une cheminée entourée de diverses armoires et récipients domine la pièce. Du plâtre manque au plafond. Le sol parait constitué de planches de bois.
Illustration monochrome de la maison hantée à Cock Lane.

En janvier 1762, alors que William Kent a réussi à recouvrer la dette que lui doit Richard Parsons, les bruits mystérieux de Cock Lane, qui avaient cessé après le déménagement de William et Fanny, reprennent avec une fréquence accrue[7]. La locataire, à cette date, est Catherine Friend, qui a emménagé dans lappartement peu de temps après le départ du couple Kent. Lorsquelle découvre quil est impossible de faire cesser les bruits, elle choisit de quitter le logement. La fille du couple Parsons, Elizabeth, autour de qui paraissent émaner les bruits, est prise de convulsions, et la maison est régulièrement perturbée par des bruits inexpliqués, comparés à lépoque au grattement dun chat sur une chaise[7]. Soi-disant déterminé à en découvrir lorigine, Parsons fait enlever par un menuisier les lambris autour du lit dElizabeth, mais ne trouve rien[17]. Il sadresse alors au méthodiste John Moore, prédicateur adjoint à léglise Saint-Sepulchre-without-Newgate depuis 1754, et recteur depuis juin 1761 de l'église St Bartholomew-the-Great, située dans la partie ouest de Smithfield. Tous deux concluent que le fantôme que Parsons et Franzen ont vu alors que Fanny se mourait devait être celui de la première femme de Kent, Elizabeth, et que lesprit qui hante actuellement la maison des Parsons est celui de Fanny Lynes. Lagitation apparente des deux esprits leur semble être un signe évident que chacune delles doit avoir dimportantes informations à communiquer[18].

Accusations contre William Kent

Richard Parsons et John Moore inventent une méthode de communication avec lesprit : un coup pour oui, deux coups pour non. Grâce à ce système de communication, lesprit révèle que Fanny a été assassinée. Le fantôme, qui est apparu alors que Fanny agonisait, était, conjecturent-ils, celui dElizabeth Lynes, venue avertir sa sœur du sort quelle était sur le point de subir. Cette accusation à lencontre de William Kent, sur le fait quil ait pu tuer sa femme, nest jamais directement portée, mais déduite suite à une série de questions à lesprit ; il est ainsi « deviné » que Fanny a succombé non à la variole, mais quelle a été empoisonnée à larsenic. Kent aurait administré le poison mortel environ deux heures avant la mort, et maintenant lesprit dElisabeth, supposent-ils, demande justice. Ayant entendu Richard Parsons lui raconter la façon dont William Kent lavait poursuivi pour une modique somme dargent, John Moore a des raisons de soupçonner un acte criminel. Il avait également entendu Ann, la sœur de Fanny, se plaindre du cercueil au couvercle vissé qui la empêchée de voir le cadavre de sa sœur. Pour John Moore, ceci constitue la preuve que William aurait voulu dissimuler que Fanny navait aucun signe visible de la variole, afin de camoufler son empoisonnement[19]. Le journal The Public Ledger ayant commencé à publier des détails sur le phénomène, lopinion publique commence à soupçonner William Kent de meurtre[20].

Communication avec lesprit

Le dessin montre un lit à la gauche. Un fantôme brandit un marteau au dessus de deux enfants dormant dans le lit. Un ecclésiastique regarde sous le lit avec une bougie. À la gauche du lit se trouvent des gens échangeant des commentaires qui apparaissent dans des phylactères. À la droite du lit, plusieurs femmes sont en prières.
Illustration de 1762 intitulée « English Credulity or the Invisible Ghost ». Lartiste est inconnu, mais il pourrait sagir d'Oliver Goldsmith[21].

Après avoir lu les accusations à peine voilées émises à son encontre par la presse (par crainte de litiges, celle-ci le cite souvent sous le nom de K— —)[22], William résout de laver son nom de tout soupçon, et se rend, accompagné dun témoin, chez John Moore. Le pasteur méthodiste montre à William la liste des questions que lui et Richard Parsons a préparée pour le fantôme. Lune de ces questions concerne le statut matrimonial de William et de Fanny. William reconnaît quils nont jamais été mariés. John Moore indique ensuite à William quil ne croit pas quil a assassiné Fanny, mais que la présence dun esprit indique « quil y a derrière cette histoire quelque chose de plus sombre que tout le reste, et que sil veut se rendre chez les Parsons, il peut être témoin de la même chose et ainsi se convaincre de sa réalité ». William fait appel, le 12 janvier, aux deux médecins qui ont assisté Fanny dans ses derniers jours, et ils se rendent à Cock Lane avec le pasteur méthodiste Thomas Broughton. Au premier étage de la maison, on déshabille Elizabeth Parsons devant tout le monde avant de la mettre au lit avec sa sœur cadette. Les protagonistes sassoient autour du lit, situé au milieu de la pièce, et la séance de spiritisme commence. Mary Frazer, une parente de Parsons[7], court autour de la pièce en criant en vain : « Fanny, Fanny, pourquoi ne viens-tu pas ? Viens Fanny, viens ; chère Fanny, viens ! » Le groupe est accusé dempêcher le fantôme de venir en faisant trop de bruit. John Moore leur demande alors de sortir, afin de pouvoir tenter de contacter le fantôme en tapant du pied. Les invités sexécutent, et une dizaine de minutes plus tard, on les avertit que le fantôme a commencé à frapper, et quils peuvent revenir dans la chambre. John Moore commence alors à parcourir la liste des questions quil a préparée avec Parsons[23] :

Êtes-vous la femme de M. Kent ? — Deux coups.
Êtes-vous morte de mort naturelle ? — Deux coups.
Par empoisonnement ? — Un coup.
Est-ce quune autre personne que M. Kent vous la administré ? — Deux coups.

Lune des personnes présentes dans la pièce dit : « Kent, demande à ce fantôme si tu seras pendu ». Un seul coup répond à la question. William sexclame : « Tu es un esprit menteur, tu nes pas lesprit de ma Fanny. Jamais elle naurait dit une chose pareille ». Deux jours plus tard, la fille des Parsons, Elizabeth, est emmenée chez un certain M. Bray, , en présence de deux invités, les coups continuent[23]. On fait alors revenir la fillette à Cock Lane, et le 18 janvier, William assiste à une nouvelle séance de spiritisme, avec lapothicaire et le pasteur Stephen Aldrich, le curé de la paroisse qui est titulaire de St John Clerkenwell[24].

De nouvelles questions sont posées au fantôme, qui « refuse » de répondre lorsque un pasteur regarde sous le lit à laide dune bougie. Mary Frazer explique alors que le fantôme « naime pas la lumière ». Quelques minutes plus tard, les coups reprennent. Mary Frazer refuse de demander au fantôme sil se présentera au tribunal en cas de procès. Une personne demande alors « si tu es réellement un esprit, frappe la colonne de ce lit ». En réponse, des grattements se font entendre[25].

Du temps de leur séjour à Cock Lane, William et Fanny ont employé une femme de chambre, du nom dEsther « Carrots » Carlisle. Celle-ci, qui a depuis pris un nouvel emploi, ignore tout des apparitions à Cock Lane. Richard Parsons et John Moore exigeant la preuve de lempoisonnement de Fanny, Moore va questionner la servante. Celle-ci ayant appris à John Moore que Fanny ne pouvait plus parler les jours précédant sa mort, lhomme de religion linvite à une séance de spiritisme. Quand elle arrive à Cock Lane, on lui demande si elle peut confirmer que Fanny a été empoisonnée, mais « Carrots » reste catégorique : Fanny ne lui a rien dit, et rappelle à lassistance que William et Fanny ont été « très amoureux, et quils ont vécu très heureux ensemble ». William arrive plus tard ce soir-, accompagné cette fois de James Franzen et des révérends William Dodd et Thomas Broughton. Mary Frazer débute la séance avec son introduction habituelle avant que John Moore ne lui demande de sortir ; puis, il demande aux vingt personnes présentes de quitter la pièce, avant de les rappeler au bout de quelques minutes[26]. Cette fois, les questions se portent sur « Carrots », qui demande si elle peut sadresser au fantôme :

Êtes-vous ma maîtresse ? — Un coup, suivi de grattements, lui répond.
Êtes-vous fâchée contre moi, Madame? — Un coup lui répond.
Ce dont je suis sûre, Madame, cest que vous devez avoir honte de vous-même, car je ne vous ai jamais fait de mal de ma vie.

Sur ce, la séance prend fin. Frazer et Franzen restent seuls dans la pièce, le second trop effrayé pour faire un geste. Mary Frazer, qui lui a demandé sil souhaite prier, sirrite de len voir apparemment incapable. La séance reprend, et Franzen retourne ensuite chez lui. Il indique quune fois arrivé, il aurait été tourmenté par les coups répétés du fantôme[27].

Enquête

La photo montre une allée pavée de pierres taillées et qui est entourée d'immeubles.
La rue Cock Lane aujourdhui.

Une autre séance a lieu le 20 janvier, cette fois chez un certain M. Bruin, au coin de Hosier Lane, non loin de Cock Lane. Parmi les participants, se trouve un homme « particulièrement désireux de déceler la fraude, et de jeter toute la lumière sur cette mystérieuse affaire », qui a par la suite donné un compte-rendu de lévènement nocturne dans le London Chronicle. Il arrive accompagné du révérend James Penn de léglise St Anne and St Agnes à Aldersgate. À lintérieur, un membre du groupe sassoit contre le lit, mais un partisan du fantôme lui demande de se déplacer. Le premier ayant refusé, les partisans du fantôme sen vont, après une brève dispute. Lhomme demande ensuite à Richard Parsons sil permettrait quon emmène sa fille dans une chambre dans sa propre demeure, et essuie un refus. Le fantôme ne fait aucun bruit pendant le restant de la nuit. Extrêmement agitée suite à cette discussion, Elizabeth Parsons montre des signes de convulsions. Après avoir été questionnée, elle confirme quelle a vu le fantôme, mais sans en avoir été effrayée. La plupart des invités quittent alors la demeure, mais, à sept heures du matin, les coups commencent. Suite aux questions usuelles sur les raisons de la mort de Fanny, et sur le responsable, linterrogatoire se portent sur le cadavre de la défunte, qui repose dans la crypte de léglise Saint Johns[28].

On demande alors à Richard Parsons la permission demmener sa fille, le 22 janvier, chez le pasteur Aldrich, en vue dune nouvelle épreuve. Il donne son accord. Entre-temps, il sentretient avec des amis, et sinquiète apparemment du fait que William mène sa propre enquête. Dans le même temps, une enquête est aussi menée à lencontre de William, et la preuve de ces investigations est une lettre qui apparaît dans un journal londonien en février 1962, signé « J. A. L. », qui fait un rapport détaillé sur la façon dont Fanny est arrivée à Londres, et dont William a manipulé la volonté testamentaire de Fanny en sa faveur. Il naccuse pas directement William de meurtre, mais lauteur fait observer que les actions de William ont « leffet désiré »[nb 2]. Lorsque, au matin du 22 janvier, M. Penn vient, accompagné dun homme de « véracité et de fortune », chercher Elizabeth. Richard Parsons répond quelle nest pas chez lui, et refuse de révéler elle se trouve[29].

En réalité, Richard Parsons a autorisé le transport dElizabeth au St Bartholomew's Hospital, a lieu une nouvelle séance de spiritisme. Rien ne se passe jusquà six heures du matin, heure à laquelle trois grattements se font entendre, alors que la fillette parait endormie. Lauditoire composé dune vingtaine de personnes commence à crier à la supercherie. Elizabeth se réveille, commence à pleurer, et une fois rassurée sur sa sécurité, reconnaît quelle a peur pour son père, « qui serait ruiné et mis à mal, si leur affaire venait à être reconnue comme une imposture ». Elle avoue également quelle faisait semblant de dormir et quelle a entendu toute la conversation autour delle[30].

Le 23 janvier, léchevin Gosling, John Moore et Richard Parsons vont trouver Samuel Fludyer, le maire de Londres, qui a déjà reçu plusieurs demandes dintercession, et lui font part de leurs expériences. Le maire, qui garde en mémoire la récente imposture de la fraudeuse Elizabeth Canning, se refuse à faire arrêter William Kent ou Richard Parsons (le premier pour meurtre ou le second pour complot). Dans un contexte dhystérie collective causée par la couverture sans relâche de laffaire dans les médias, Fludyer ordonne quElizabeth soit « mise à lépreuve » chez le pasteur Aldrich. Entre-temps, elle fait de nouveau lobjet dune étude, lors de deux séances de spiritisme les 23 et 24 janvier[31].

Informé de la décision du maire, Richard Parsons donne son assentiment, tout en demandant à ce que « certaines personnes en relation avec la fillette puissent être autorisées à être , pour la distraire dans la journée ». Sa requête est refusée, ainsi que deux demandes similaires, émanant dAldrich et de Penn (les deux personnes qui doivent garder Elizabeth durant la nuit du 22 janvier), et le maire insiste sur le fait quil naccepte autour de la fillette « quune ou plusieurs personnes à la réputation et à lintégrité strictes, parmi les gouvernantes ». Richard Parsons acquiesce, tandis quAldrich et Penn font un compte-rendu des négociations tentées auprès du maire. Clairement déstabilisé par la tournure des évènements, Richard Parsons défend sa position dans le journal The Public Ledger :

« Attendu que plusieurs annonces ont paru concernant ma réputation, et que je suis le père de lenfant autour duquel portent toutes les discussions de la ville ; je déclare publiquement, par la présente, que jai toujours consenti et que je suis prêt à remettre mon enfant entre les mains de tout homme sincère et honnête, nexigeant « dautre sécurité » pour mon enfant quun traitement juste et doux quaucun père ou homme de valeur ne saurait refuser[32]. »

La peinture montre un homme debout et vêtu de vêtements d'apparat. Son bras droit repose sur le dossier d'une chaise, alors que sa main gauche pointe quelque chose qui n'apparaît pas dans la peinture.
Portrait du prince Edward, duc dYork et dAlbany, par Pompeo Batoni, 1764.

Cette prise de position lui attire cette réplique lourde de sous-entendus publiée par Aldrich et Penn dans le Lloyds Evening Post :

« Nous sommes fort surpris dapprendre que M. Parsons affirme quil a toujours été prêt à remettre lenfant, alors quil la refusé à un gentilhomme le mercredi du 20 courant au soir. Que faut-il entendre par cette demande de sécurité[32] ? »

Lhistoire est alors connue de tout Londres et, dès la mi-janvier, la foule assemblée devant limmeuble est telle que Cock Lane est devenue impraticable. Richard Parsons fait payer lentrée aux visiteurs, qui pourront « parler » au fantôme ; ce dernier, dit-on, ne peut pas décevoir[33],[34]. Le St. James's Chronicle et le London Chronicle publient tous deux des rapports détaillés du phénomène, le second se montrant plus sarcastique dans ses conclusions que le premier[20].

Le soir du 26 janvier, Elizabeth est amenée au domicile de Jane Armstrong, et dort dans un hamac. La reprise des bruits conforte la conviction des partisans du fantôme. Horace Walpole annonce quil va visiter la maison hantée le 30 janvier, accompagné du duc dYork, de Lady Mary Coke et du Lord Hertford. Ils se frayent péniblement leur chemin à travers la foule de visiteurs intéressés pour rien, et le Public Advertiser, journal local, fait observer que « le bruit est maintenant généralement différé jusquà sept heures du matin, car il faut modifier les horaires pour mieux permettre à la supercherie de seffectuer[35] ».

Révélation de l'imposture

Conclusions de lenquête

Lord Dartmouth et Aldrich commencent à rassembler les personnes qui participeront à cette enquête. Ils choisissent la directrice de la maternité locale comme première dame dhonneur, le théologien critique et polémiste John Douglas et le docteur George Macaulay. Un certain capitaine Wilkinson, qui a déjà assisté, armé dun pistolet et dun bâtonle pistolet pour tirer sur la source des bruits de coups, et le bâton pour provoquer la fuite du fantômeà une séance au cours de laquelle le fantôme est resté silencieux, fait également partie du comité denquête, ainsi que James Penn et John Moore. Enfin, le membre le plus éminent de cette commission denquête est le docteur Samuel Johnson[36], qui rédige les résultats de la séance de spiritisme, tenue le 1er février 1762 :

Portrait d'un homme vu de face.
Le docteur Samuel Johnson conclut que la soi-disant histoire de fantôme est une imposture. Portrait réalisé par Joshua Reynolds en 1772.

« Dans la nuit du 1er février, nombre de gentlemen distingués par leur rang et leur intégrité se sont réunis, à linvitation du révérend M. Aldrich, à Clerkenwell, à son domicile, afin dexaminer les bruits prétendument provoqués par un esprit défunt, pour découvrir quelque crime grave. Vers dix heures du soir, les gentlemen se sont rencontrés dans la chambre dans laquelle la fillette, censée être dérangée par un esprit, a, avec les précautions convenables, été mise au lit par plusieurs femmes. Ils sont restés assis une bonne heure, et, nayant rien entendu, sont descendus interroger le père de la fille, qui a nié, dans les termes les plus marqués, avoir connaissance ou conviction dune imposture. Le soi-disant esprit avait auparavant promis publiquement, par un coup affirmatif, quil suivrait lun des gentlemen dans la crypte sous léglise Saint John de Clerkenwell, repose la dépouille, et quil y donnerait un signe de sa présence, par un coup sur son cercueil ; il a donc été décidé den faire le moyen de vérifier lexistence ou la véracité de lesprit. Alors quils étaient en train de poser des questions et de délibérer, quelques dames qui étaient près de son lit, et qui avaient entendu des coups et des frottements, les ont appelés dans la chambre de la fillette. Quand les gentlemen sont entrés, la fillette a déclaré quelle ressentait lesprit comme une souris dans son dos, et on lui a demandé de lever les mains en dehors de son lit. À partir de ce moment, bien que lesprit ait été très solennellement invité à manifester son existence en dévoilant son apparence, par impression sur la main ou le corps de nimporte quel invité, par des frottements, des coups, ou nimporte quel autre signe de sa part, aucune manifestation de pouvoir surnaturel na eu lieu. Lesprit a alors été très sérieusement averti que la personne à qui la promesse avait été faite de frapper sur le cercueil était sur le point de se rendre à la chapelle, et que la promesse devait être tenue. À une heure du matin, le groupe sest rendu à léglise, et le gentilhomme à qui la promesse avait été faite est descendu avec un autre dans le caveau. On a solennellement demandé à lesprit de tenir sa promesse, mais seul le silence leur a répondu : la personne censée être accusée par le fantôme est descendue à son tour, mais aucun son ne sest fait entendre. Ils sen sont alors retourné examiner la fillette, mais nont pu obtenir aucune confession de sa part. Entre deux et trois heures du matin, elle a reçu, à sa demande, lautorisation de rentrer chez son père. Par suite, lopinion de lassemblée, à lunanimité, a été que lenfant avait le don de faire ou de contrefaire des bruits particuliers, et quil ny avait aucune raison de soupçonner lintervention dune entité supérieure[37]. »

Le pasteur méthodiste John Moore avait déjà dit à William Kent quil ne le croyait pas coupable de la mort de Fanny ; déçu de voir que le fantôme ne sest pas dévoilé, il lui dit quil tient désormais pour la thèse selon laquelle le fantôme nest pas Fanny, mais un imposteur. Lorsque William lui demande dadmettre la vérité, et de rédiger un affidavit sur ce quil sait, John Moore refuse, lui indiquant quil croit toujours en lœuvre dun esprit, dont la présence est le rappel de ses péchés. Beaucoup de personnes étaient de cet avis, dont Mme Parsons, qui croyait que le soi-disant fantôme dElizabeth Kent désapprouvait la nouvelle relation de sa sœur[38]. Le 3 février, une nouvelle séance de spiritisme a lieu, et les coups reprennent[39]. Kent réussit néanmoins à faire rédiger un affidavit, signé par le docteur de Fanny et son apothicaire le 8 février[40].

Mise en cause des imposteurs

Illustration d'une pièce de bois et d'un plan.
La pièce de bois utilisée par Elizabeth Parsons, et un plan de la chambre hantée, selon une illustration datée de 1762.

Richard Parsons se trouve désormais dans une situation très difficile. Afin de prouver que le fantôme nest pas une imposture, il laisse sa fille subir de nouvelles épreuves. Du 7 au 10 février, elle est examinée chaque jour dans une maison du Strand. Le 14 février, on la transfère dans une maison de Covent Garden, on lexamine de plusieurs manières, notamment pendant quon la balance dans un hamac, pieds et mains tendus. Les bruits commencent mais cessent immédiatement dès quon lui demande de sortir les mains du lit. Le fantôme étant resté silencieux pendant deux nuits, Elizabeth est informée que si aucun bruit nouveau ne se fait entendre avant le samedi 21 février, elle sera envoyée avec son père à la prison de Newgate. Cest alors que des femmes de chambre voient Elizabeth dissimuler un petit morceau de bois de 150 x 100 mm, et en informent les enquêteurs. On entend de nouveaux bruits de frottements, mais les observateurs concluent que Richard Parsons sest servi de sa fille pour créer un fantôme imaginaire, et quElizabeth a produit les bruits, contrainte et forcée par son père[39],[41].

Elizabeth est autorisée à rentrer chez elle le 22 février. Le lendemain, un pamphlet nommé « The Mystery Revealed » (« Le Mystère révélé »), probablement à la plume dOliver Goldsmith[42], parait, qui prend fait et cause pour William Kent. Deux jours plus tard, ce dernier, qui tente toujours de prouver son innocence, se rend à la crypte de léglise Saint Johns, avec le révérend Aldrich, le croquemort, un clerc et le sacristain de la paroisse, pour mettre un terme à un récent reportage selon lequel la raison de labsence de coups sur le cercueil par le fantôme est due à lenlèvement du cadavre de Fanny du caveau[43]. Cen est trop pour John Moore, qui, craignant dêtre mis en cause dans un procès, et suite à cette ultime démonstration de linnocence de William, fait paraître sa rétractation :

« Afin de rendre justice à la personne dont la réputation a été attaquée de la façon la plus grossière par le soi-disant fantôme de Cock Lane ; pour contenir la crédulité des faibles ; pour vaincre les tentatives du malin, et pour éviter à lavenir toute nouvelle tromperie, du fait de ce phénomène absurde, je certifie par la présente que bien que lors des nombreuses séances tenues, je naie pas été en mesure de déterminer comment, et par quelle manière, ces coups et ces frottements, censés provenir du fantôme, ont pu être feints, produits et poursuivis, cependant, je suis convaincu que ces coups et ces frottements sont les résultats dun artifice retors et malfaisant ; et cest pourquoi, bien quà lépoque convaincu de lexistence du fantôme, jai assisté avec beaucoup de personnes de haut rang et de grande renommée, chez le révérend Aldrich, à Clerkenwell, afin dexaminer cette tromperie inique du public. Depuis ce jour, je nai ni vu lenfant ni réentendu les bruits ; et je pense quil est de mon devoir dajouter que le comportement de la personne préjudiciée (lorsquil est pour entendre le soi-disant fantôme laccuser) na pas donné la moindre prise à la suspicion, mais quil a conservé cette fermeté comme il faut que, jen suis persuadé, seule linnocence peut inspirer[44]. »

Cette déclaration ne protègera pas John Moore des autorités judiciaires, qui, avec le couple Parsons, Mary Frazer et Richard James, un homme d'affaires à lorigine de la plupart des reportages diffamatoires à lencontre de William Kent, est accusé de complot[45].

Procès et jugement

Déroulement du procès

Vue de face d'un homme en habits officiels.
Le Lord Chief Justice of England and Wales William Murray, qui a présidé au procès.

Le procès des cinq accusés commence le 10 juillet 1762 à 10 h 00, au Guildhall. Le juge qui préside au procès est William Murray, Lord Chief Justice of England and Wales. La salle est bondée de spectateurs, qui regardent William Kent témoigner contre les accusés. Ce dernier évoque devant la cour sa relation avec Fanny et sa résurrection sous la forme de « Fanny la gratteuse » (surnom aux grattements produits par le « fantôme »)[7]. Vient le tour de James Franzen, dont la version sera corroborée par Esther « Carrots » Carlisle, la servante de Fanny. Le docteur Cooper, qui a assisté Fanny lors de ses derniers moments, répète ce quil a écrit dans son affidavit, et son apothicaire James Jones appuie son témoignage. Plusieurs autres témoins de laccusation révèlent comment le « fantôme » a été découvert, et comment Richard James est responsable des accusations les plus diffamatoires parues dans le Public Ledger[46].

Au nombre des témoins de la défense, certaines femmes de chambre qui se sont occupées dElizabeth Parsons et qui, apparemment, croient toujours en lexistence du fantôme. Parmi les autres témoins, le menuisier qui a ôté les lambris du lit de la fillette chez les Parsons, et Catherine Friend, qui a déménagé de la maison pour échapper aux bruits du fantôme. Sont également appelés à la barre le révérend Thomas Broughton, ainsi que le révérend Ross, qui a posé plusieurs des questions soumises au fantôme. Lord Mansfield lui demande s« il pense quil a mystifié le fantôme, ou si cest le fantôme qui la mystifié. » John Moore est soutenu par plusieurs gentilshommes très estimés, et présente à Lord Mansfield une lettre de larchevêque de Cantorbéry, Thomas Secker, qui tente dintercéder en sa faveur. Lord Mansfield met la lettre dans sa poche sans louvrir et indique « quil est impossible quelle touche au procès en question ». Richard James et Richard Parsons sont également soutenus par plusieurs témoins, dont certains reconnaissent lors de laudience que bien que lalcoolisme de Parsons soit notoire, ils ne peuvent croire en sa culpabilité[46].

Peines prononcées

Le procès se termine à 21 h 30. Le juge passe 90 minutes à résumer les tenants et aboutissants de laffaire, et le jury rend son verdict au bout dun quart dheure : tous les accusés sont déclarés coupables. Le lundi suivant, cest au tour de deux journalistes jugés responsables de diffamation envers William Kent dêtre condamnés à verser une amende de cinquante livres chacun. Les conspirateurs sont ramenés, le 22 novembre, pour entendre leur peine, mais le rendu de la sentence finale est retardé, dans lespoir que les coupables trouvent un accord à lamiable pour dédommager William Kent. Revenus, le 27 janvier 1763, sans avoir pu se mettre daccord, ils sont emprisonnés à la prison de King's Bench jusquau 11 février. John Moore et Richard James sont admonestés avant dêtre relâchés. Le lendemain, les autres sont condamnés[47] :

« La Cour jugeant que M. Kent, auquel les évènements ont causé un grave préjudice, doit recevoir une dédommagement par la punition des contrevenants, a différé le jugement final de sept à huit mois, dans lespoir que toutes les parties pourront se réconcilier entre-temps. »

Par conséquent, le religieux et lhomme daffaires (qui a rédigé les articles diffamatoires) ont accepté de payer une somme déterminée entre 500 et 600 livres pour acheter leur pardon, avant de recevoir leur congé du tribunal après une sévère réprimande. Le père est condamné à être pilorié à trois reprisesdont une fois au bout de Cock Laneen un mois, les 16 mars, 28 mars et 7 avril 1763[48] ; la femme de Richard Parsons est condamnée à un an de prison ; Mary Frazer est condamnée à six mois de travaux forcés à Bridewell. Richard Parsons paraissant avoir perdu la tête le jour lors de son premier passage au pilori, lexécution de cette partie de sa peine est reportée à un autre jour, pendant lequel, ainsi que lautre jour de supplice, la foule se prend dune telle compassion pour le condamné, quelle se cotise généreusement en sa faveur[49].

Clamant toujours son innocence, Richard Parsons est ensuite condamné à deux ans de prison[47].

Conséquences de laffaire

Controverses religieuses

Croyances méthodistes

Scène se déroulant dans un tribunal d'époque. En plus des personnes sur place, une sorcière et un démon sont représentés. En haut d'une chaire se tient un prêcheur, alors qu'en bas de l'image un homme est étendu par terre.
Dans lillustration de William Hogarth Crédulité, superstition, et fanatisme, le fantôme de Cock Lane est représenté tout en haut du thermomètre, en train de frapper pour la fillette dans le lit. On voit un prêcheur méthodiste glisser une icône du fantôme dans le corset dune jeune femme[50].

Le fantôme de Cock Lane a été, à lépoque, un foyer de controverses religieuses entre méthodistes et les anglicans orthodoxes. La plupart des religions, et particulièrement le christianisme, demandent de croire en une vie après la mort, et à chaque fois quun soi-disant « esprit » sest prétendument manifesté dans le monde réel, cet évènement a été célébré comme laffirmation de ces croyances[51].

Dans sa jeunesse, John Wesley avait été considérablement influencé par une « apparition » dans sa maison familiale. Il a transmis ses expériences par le biais du méthodisme, religion quil a fondée et qui a été régulièrement critiquée pour sa position sur la sorcellerie et la magie ; bien que présentant de nombreuses variantes, le méthodisme est généralement synonyme de croyance aux entités surnaturelles[52]. Certains des adeptes de cette religion ont donc donné plus de crédit à la réalité du fantôme de Cock Lane, que ceux de lÉglise anglicane qui voyait en ces croyances des restes du passé catholique du pays. Cette controverse prend tout son sens dans lhistoire du fantôme de Cock Lane, puisque le pasteur John Moore est méthodiste (et défend la thèse fantomatique), tandis que le révérend Stephen Aldrich est anglican (et lutte contre cette superstition)[53]. Dans ses mémoires publiés en 1845, Horace Walpole, qui a assisté à une séance de spiritisme, accuse les méthodistes dœuvrer activement à instaurer la croyance aux fantômes. Il y décrit notamment la présence constante du clergé méthodiste aux côtés dElizabeth Parsons, et laisse entendre que les méthodistes récompenseraient son père pour sa peine[54].

Impacts sur Samuel Johnson

Samuel Johnson, qui était connu pour la force de sa foi chrétienne, partageait les vues de lauteur Joseph Glanvill, qui, dans son ouvrage de 1681 intitulé Saducismus Triumphatus, a fait part de sa préoccupation concernant les progrès de lathéisme et du scepticisme, contre la religion et la croyance en la sorcellerie. Johnson, pour qui lidée de néant était une idée effroyable, croyait en la survie de lesprit après la mort ainsi que dans le fait que ces esprits peuvent protéger ou conseiller les vivants. Bien que lauteur garde ses distances avec les méthodistes, plus crédules, il reconnaît que la preuve dune vie après la mort est nécessaire au christianisme[55]. Il déclare, dans ses discussions avec son biographe James Boswell :

« Monsieur, je fais une distinction entre ce quun homme peut éprouver par la seule force de son imagination, et ce quil est impossible à limagination de produire. Ainsi, supposons que je pense que jai vu une forme, et que jai entendu une voix crier : « Johnson, vous êtes un homme très méchant, et à moins que vous ne vous repentiez, vous serez certainement puni » ; ma propre indignité est si profondément imprimée dans mon esprit que je pourrais mimaginer que cest ce que jai vu et entendu, et donc je ne devrais pas croire quune communication externe ma été faite. Mais si une forme devait apparaître, et une voix me dire que tel homme est mort en un lieu déterminé, et à une heure déterminée, fait dont je navais aucune crainte, ni aucun moyen de savoir reconnaît les tenants et aboutissants, et que, avec toutes ces circonstances, le fait soit ensuite prouvé sans aucun doute, alors, je devrais, dans ce cas, être persuadé quune intelligence surnaturelle a bien communiqué avec moi[56]. »

Le rôle majeur de Johnson dans la révélation de la fraude du fantôme de Cock Lane nempêcha pas le satiriste Charles Churchill de se moquer de son apparente crédulité, dans son ouvrage de 1762 intitulé Le Fantôme[57]. Charles Churchill, à qui le manque denthousiasme de Johnson pour ses écrits le blessait beaucoup, a utilisé la satire pour mettre en lumière une « tendance superstitieuse » chez Johnson par le biais du personnage de Pomposo, décrit comme les plus crédules des chercheurs de fantômes. Johnson na guère prêté attention à ces critiques, mais aurait par contre été contrarié lorsque Churchill se moqua à nouveau de lui en 1765 lors du retard pris par la sortie des Plays of William Shakespeare (1765)[58]. Plus globalement, la superstition devient lobjet de toutes les critiques.

Critiques de la superstition dans les arts et la littérature

Au début, la plupart des éditeurs ont beaucoup hésité à attaquer les personnes impliquées dans laffaire du fantôme de Cock Lane, mais la satire de Churchill a été au nombre de celles dun certain nombre de publications qui, après la révélation de la supercherie de Richard Parsons, ont marqué laffaire de leur mépris. Les journalistes ont aussi cherché des preuves dimpostures passées et ils ont référencé danciennes publications comme le Discoverie of Witchcraft, publié par Reginald Scot en 1584[59]. Dès 1762, le fantôme est mentionné dans une œuvre anonyme intitulée Anti-Canidia: or, Superstition Detected and Exposed (1762, Anti-Canidie, ou la superstition décelée et découverte), qui cherchait à ridiculiser la crédulité des protagonistes de laffaire du fantôme de Cock Lane. Lauteur a décrit son œuvre comme « une saillie de lindignation suite au méprisable « miracle » de Cock Lane »[60]. Oliver Goldsmith, qui a publié, en février 1762, Le Mystère révélé, pourrait aussi être lauteur dune illustration satirique baptisée La Crédulité anglaise ou le fantôme invisible (1762). Dautres œuvres sur la superstition telles que The Orators (1762) de Samuel Foote sont rapidement publiées[22],[61]. Des poèmes satiriques comme Cock-lane Humbug (La Fumisterie de Cock Lane) voient le jour, ainsi que des pièces de théâtres : les plus connues sont intitulées The Drummer (Le Batteur) et The Haunted House (La Maison hantée)[62].

Le dessin montre une scène se déroulant à l'extérieur près de bâtiments. À la gauche apparaît ce qui semble un tribunal, lequel se tient dans des gradins. Au milieu de l'image, une statue trône au milieu de ce qui semble un jardin de ville. À la gauche de l'image, deux personnes sont au pilori et à leurs pieds se tiennent différentes personnes. En arrière-plan, une église est dessinée.
Illustration de William Hogarth représentant larchevêque de Cantorbéry Thomas Secker derrière deux personnages au pilori : le fantôme de Cock Lane et John Wilkes[63].

Le dramaturge David Garrick a dédicacé sa pièce The Farmers Return, couronnée dun énorme succès, à lartiste satirique William Hogarth, révélé au public par laffaire du fantôme. Lhistoire est celle dun agriculteur qui, lors dun voyage à Londres pour assister au couronnement du roi, amuse sa famille avec le récit de son entretien avec Mlle Fanny (ce nom reprenant celui de « Fanny la Gratteuse »). La comédie inverse les rôles traditionnels, avec un agriculteur sceptique se moquant de la crédulité des citadins[62],[64].

William Hogarth sest livré à ses observations sur le scandale en incluant des références au fantôme de Cock Lane, dans Credulity, Superstition and Fanaticism (La Crédulité, la superstition et le fanatisme, 1762). Lillustration ne manque pas dattaquer les pasteurs méthodistes, lun dentre eux étant montré en train de glisser un « fantôme » phallique dans le corsage d'une jeune femme. Hogarth a attaqué à nouveau les méthodistes dans The Times, Plate 2 (1762-1763), en plaçant une illustration de Thomas Secker (qui avait tenté dintercéder en faveur des méthodistes) derrière le fantôme de Cock Lane au pilori, ce même pilori étant partagé par le politicien radical John Wilkes. Cette représentation a une double cible et sous-entend un lien entre la démagogie inhérente aux méthodistes et les partisans politiques de William Pitt l'Ancien[65],[66]. Limage a provoqué lire de lévêque William Warburton qui, bien que critique virulent du méthodisme, a déclaré lors dune allocution :

« Jai vu la gravure du « fantôme » dHogarth. Cest un horrible mélange dobscénité lubrique et dimpiété blasphématoire, qui me font détester lartiste et perdre toute estime pour lhomme. Laspect positif est que le public a de grandes chances de ne pas comprendre les pires idées que veut faire passer cette illustration[64]. »

Plus tard, au XIXe siècle, lécrivain Charles Dickens, dont la nourrice Mary Weller lui a fait partager sa fascination pour les fantômes[67],[nb 3], fait référence au fantôme de Cock Lane dans plusieurs de ses ouvrages. Ainsi dans Nicholas Nickleby, lun des principaux personnages est Mme Nickleby (qui tient le rôle comique du roman), qui prétend que son grand-père « est allé à lécole avec le fantôme de Cock Lane » et dit : « Je sais que le directeur de cette école qui est un Dissident, ce qui entre pour beaucoup dans le comportement fort abusif du fantôme de Cock Lane envers le clergé pendant son enfance »[69]. Dickens fait aussi brièvement mention du fantôme de Cock Lane dans deux de ses nouvelles, A Tale of Two Cities[70] et Dombey et fils[71].

Aux XXe et XXIe siècles, certains ouvrages continuent de citer lhistoire du fantôme londonien comme une référence en matière de superstition populaire[72],[73].

Notes et références

Notes

  1. Dans Grant 1965, l'auteur émet la théorie que le propriétaire a connaissance de la désapprobation de la famille de Fanny concernant sa relation amoureuse, et que cest pour exprimer son mépris vis-à-vis de cette situation quil refuse de rembourser le prêt[5].
  2. William Kent comprend plus tard que lauteur de ces accusations est un membre de la famille Lynes. La lettre est destinée à le mettre en difficulté.
  3. Bien quen 1983, Slater ait émis la théorie que Mary Weller na pas raconté dhistoires de fantômes à Dickens pendant son enfance[68].

Références

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  2. Grant 1965, p. 67
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  7. a, b, c, d et e Elizabeth Parsons (17491807), Oxford University Press, 2004. Consulté le 15 septembre 2010
  8. Grant 1965, p. 6
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  18. Grant 1965, p. 2021
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  25. Grant 1965, p. 3032
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  27. Grant 1965, p. 3436
  28. Grant 1965, p. 3841
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  30. Grant 1965, p. 4144
  31. Grant 1965, p. 4445, 5152
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  33. MacKay 1852, p. 232
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  46. a et b Grant 1965, p. 110112
  47. a et b Grant 1965, p. 113114
  48. Boucé 1988, p. 159
  49. Walpole et Le Marchant 1845, p. 148
  50. Cody 2005, p. 143144
  51. Grant 1965, p. 60
  52. Davies 1999, p. 1214
  53. Chambers 2006, p. 4754, 87
  54. Walpole et Le Marchant 1845, p. 146147
  55. Grant 1965, p. 6063
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  58. Bate 1977, p. 352353
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  60. (en) , Anti-Canidia: or, Superstition Detected and Exposed, Londres, Imprimé par R. et J. Dodsley à Pall-mall ; et vendu par J. Hinman à Pater-noster-Row, 1762 
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Annexes

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Bibliographie

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  • Paul-Gabriel Boucé, La Contraintes et libertés dans la Grande-Bretagne du XVIIIe siècle, La Sorbonne, 1988 (ISBN 2859441609) [lire en ligne (page consultée le 21 septembre 2010)] 
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  • Bernard Dompnier, La Superstition à lâge des Lumières, H.Champion, 1998 (ISBN 2852038501) [lire en ligne (page consultée le 20 septembre 2010)] 
  • Marie Capdecomme, La Vie des morts: enquête sur les fantômes dhier et daujourdhui, Imago, 1997 (ISBN 2911416023) [lire en ligne (page consultée le 20 septembre 2010)] 

Lectures complémentaires conseillées

  • , The Ghost, Londres, imprimé par lauteur et vendu par William Flexney, 1762 [lire en ligne] .

Liens externes

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