- Obscenite
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Obscénité
L'obscénité est ce qui blesse ouvertement la pudeur, le bon goût. Il peut s'agir de paroles, d'actions, d'images, d'objets . Ce terme est fréquemment employé pour désigner ce qui porte atteinte à la pudeur dans le domaine de la sexualité, bien que ce ne soit pas son seul champ d'utilisation. Cette notion de morale varie considérablement selon les cultures et l'Histoire.
Sommaire
Un mot à l'usage propre et figuré
Dans les dictionnaires actuels, le mot est pourvu de deux sens. Dans Le Trésor de la langue française, le premier sens se rapporte à la sexualité ; le second à la morale sociale ; dans la neuvième édition (en cours) du Dictionnaire de l’Académie française, le premier est propre ; le second figuré. Est obscène, selon les auteurs du Trésor de la langue française(1971-94), "ce qui offense ouvertement la pudeur dans le domaine de la sexualité". Les synonymes en sont : "cochon, dégoûtant, dégueulasse, graveleux, sale". Le second sens tient de la morale sociale : "qui offense le bon goût, qui est choquant par son caractère inconvenant, son manque de pudeur, sa trivialité, sa crudité". Les synonymes sont : "cru, immoral, impudique, indécent, licencieux, ordurier, trivial". Les académiciens distinguent un sens propre ("qui blesse ouvertement la pudeur", sans préciser s’il s’agit ou non de sexualité) d’un sens figuré : "qui offense ostensiblement le sens esthétique ou moral". Les exemples cités : "tenir des propos obscènes, déplacés, de mauvais goût".
Le sens théâtral premier d'obscène est absent des dictionnaires.
Obscénité et pornographie
L’obscénité et la pornographie ont progressivement été constituées comme objets de sciences sociales à part entière -bien qu’encore marginaux.
Une telle approche ne doit cependant pas conduire à évacuer des réflexions sur l’obscénité et la pornographie la question de la censure. L’obscénité renvoie en effet à la qualification (morale, religieuse, juridique, littéraire...) qui en est faite par les acteurs sociaux d’une époque, d’un pays. L’enjeu de cette qualification est le plus souvent d’établir le bien fondé de leur libre circulation ou au contraire la nécessité de l’encadrement de leur production et de leur diffusion. La censure, sous ses différentes formes, est donc un des critères mêmes de définition de l’obscénité.
Qui se mobilise pour qualifier une œuvre d’obscène? Et de quelles manières ? Inversement, quels sont les groupes ou les catégories qui vont contester la pertinence de ces catégories, de leur application ou des modalités de leur mise en œuvre ? Les entrepreneurs de cause en la matière sont nombreux et porteurs de revendications et de positions souvent diverses (ligues de moralité, experts de sciences sociales et médicales, acteurs politiques, mouvements féministes, producteurs et diffuseurs -notamment les éditeurs).
Pour Emilie Danchin, l’obscénité nous fait indiciblement communiquer avec quelque chose d’innommable, d’irreprésentable en-deçà ou au-delà d’un catalogue convenu d’obscénités. Elle a à voir avec la représentation intuitive de notre propre mortalité. Elle transforme notre angoisse en « inquiétante étrangeté » indiquant « en réalité rien de nouveau ou d’étranger mais quelque chose qui est pour la vie psychique familier de tout temps, et qui ne lui est devenu étranger que par le processus de refoulement ». La relation à la mort assimilable à la menace de disparaître, de tout perdre ou d’être soi-même anéanti est nécessairement terrifiante quoique fondatrice de ce que nous sommes. Les images de l’obscénité ne peuvent donc pas aller de soi. Elles ne surgissent que par rupture, provoquant un retour du refoulé.Il s’agit de se mettre en contact avec quelque chose qui nous dépasse, nous fait peur. Elle nous capte comme la chaussure capture le fétichiste. Elle indique une double-réalité à la fois d’effraction et spectrale. Elle manifeste quelque chose de l’ordre du fantasme inconscient. Cela lui confère presque une puissance animiste.
Obscénité et guerre
Ainsi, dans les années 60, les étudiants nord-américains de l’université de Berkeley ont qualifié d’« obscène » la guerre du Vietnam.
Références
- Définition d'Obscénité dans "Les Trésors de la Langue française"
- "Obscène" dans "La Nouvelle langue Française"
- Les mises en scène de la sexualité et leur (dis)qualification. Obscénité, pornographie et censure (XIXe-XXIe siècles)
- Emilie Danchin : "L’Obscénité ou une redéfinition de l’Amour"
Articles connexes
Voir aussi
- Code Hays
- Le Code criminel du Canada : violence et obscénité
- "Obscénité de l'image et abjection", par Balbino Bautista
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Catégorie : Morale
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