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Bataille de Coronel
La bataille de Coronel est une bataille navale de la Première Guerre mondiale qui eut lieu, le 1er novembre 1914, le long de la côte centrale du Chili. Au cours de cet affrontement, l'escadre des Indes occidentales de la Royal Navy commandée par le contre-amiral Christopher Cradock, rencontra et fut battue par les forces supérieures de l'escadre de croiseurs est-asiatique de la marine impériale allemande, aux ordres du vice-amiral Maximilian von Spee. Ce fut la première défaite subie par la Royal navy depuis 1812 et elle eut donc un retentissement énorme au début de la guerre.
Sommaire
Contexte et forces en présence
Depuis 1870, un escadron de croiseurs de la marine du Kaiser opérait dans le Pacifique. Il était basé depuis 1897 à Qingdao, depuis l'acquisition de la baie de Jiaozhou en Chine par l'empire allemand. À la déclaration de guerre, le 4 août 1914, il se composait des deux croiseurs cuirassés très modernes de la classe Scharnhorst, épaulés par trois croiseurs légers (SMS Nurnburg, SMS Leipzig et SMS Emden), le tout servi par d'excellents équipages et commandé par le vice-amiral Maximilian von Spee. Cette force importante, menant une guerre de course sur le théâtre du Pacifique, constituait une préoccupation majeure pour l'amirauté britannique.
La situation de Spee se détériore cependant brutalement, avec l'entrée en guerre du Japon aux cotés des Alliés, le 23 août. Craignant la flotte nippone, qui s'ajouterait à celles de l'Australie et de la Russie, il décide alors de changer de terrain de chasse, son choix se porte sur les côtes occidentales de l'Amérique du sud, où la présence de nombreux expatriés allemands lui garantit soutien et ravitaillement et potentiellement une région importante pour la navigation de commerce alliée. Il envoie l'Emden en chasseur solitaire sur l'océan Indien et part des îles Mariannes, le 14 août, avec ses trois autres navires vers île de Pâques, qu'il atteint le 12 octobre, après un raid sur Apia et un autre sur Tahiti. Là, il est rejoint par le croiseur léger Dresden, qui l'attendait sur la côte chilienne, après avoir été refoulé de l'Atlantique sud et le Leipzig arrivant de celle du Mexique.
Sa décision ne reste pas longtemps inconnue des Britanniques qui, grâce à une interception d'un message radio, apprennent sa destination, au début octobre. Parmi les forces déployées pour l'intercepter, le contre-amiral Cradock, à la tête de son escadron des Indes occidentales, qui a ordre de patrouiller au large du Chili. Même si, sur le papier, les forces semblent presque équilibrées, le Britannique n'est pas dupe, ses deux croiseurs cuirassés à lui, le HMS Good Hope et HMS Monmouth, sont de type plus ancien, beaucoup moins puissants et armés par des équipages de réserve, peu entraînés. De plus, il ne possède qu'un croiseur léger moderne, le Glasgow, l'autre est un paquebot armé à la va-vite, l'Otranto, sans réelle valeur au combat.
De toute façon, ses ordres ne l'obligent pas à engager Spee, mais comme lui a indiqué Winston Churchill, Premier Lord de l'Amirauté, le 28 octobre, de temporiser en attendant des renforts soit de la marine japonaise, soit britannique : deux nouveaux navires étant en route, le vieux cuirassé HMS Canopus et le croiseur cuirassé HMS Defence.
Mais le 31 octobre, suite encore à une interception radio, Cradock pense pouvoir piéger le Leipzig, apparemment isolé, il se porte donc au nord et rencontre Spee, sorti avec sa flotte le 18, à la suite d'un renseignement similaire à propos du Glasgow. Le Britannique pouvait encore éviter cette bataille fortuite et désavantageuse, en se repliant sur le Canopus à 300 milles marins au sud qui par son blindage, tiendrait tête à tout ce que Spee peut aligner. Mais vraisemblablement influencé par le sort du contre-amiral Ernest Troubridge, suite à l'affaire du SMS Goeben en août, il décide d'engager le combat malgré tout, peut-être pour éviter une accusation de lâcheté pour avoir laissé échapper une flotte ennemie sans l'engager. Son but n'est certainement pas une victoire sur Spee, mais il pense sûrement lui infliger des dégâts suffisants pour le laisser à la merci des renforts promis.
Déroulement
L'amiral allemand, bon tacticien, ne lui en laisse, cependant, pas la chance. Bien que les deux flottes soient en vue dès 16 h 20, il profite de l'avantage de vitesse qu'ont ses navires dans la mer très agitée pour refuser le combat jusqu'à environ 19 h 00, où il laisse la distance tomber à 11 000 mètres. Ce faisant, il annule l'avantage des navires qui, positionnés à l'ouest des siens, avaient le soleil dans leur dos, ce qui risquait d'éblouir ses directions de tir. Quand enfin il consent à se laisser approcher à distance de tir, la situation est inversée, le soleil couchant fait se découper les silhouettes des navires britanniques très nettement sur l'horizon, alors que ses croiseurs sont déjà dans la pénombre.
Autre désavantage pour Cradock, son artillerie secondaire disposée sur deux niveaux sur les flancs de ses deux navires principaux ne peut être utilisée complètement, les pièces les plus basses étant constamment inondées par les paquets de mer. L'issue de la bataille est rapidement décidée, le tir allemand est précis et dévastateur, la réponse décousue. La troisième salve du Scharnhorst détruit la tourelle avant du Good Hope, celle du Gneisenau met l'arrière du Monmouth en feu, une trentaine d'obus vont les toucher par la suite, le Good Hope et le Monmouth sont très rapidement mis en feu et leurs canons se taisent l'un après l'autre.
Cradock, comprenant sa situation désespérée, tente de casser la distance, en infléchissant sa course en direction des Allemands, pour utiliser ses nombreux canons de 152 mm à une meilleure portée. Mais, là encore, Spee ne laisse rien au hasard et se déroute pour se maintenir plus loin et profiter de la meilleure allonge de ses pièces modernes à tir rapide. À 19 h 50, sur le Good Hope, une explosion se produit entre la cheminée et le mât arrière et, quelques minutes plus tard, il sombre, avec tout son équipage et son amiral. Le Monmouth n'est lui plus qu'une épave flottante, sa tourelle avant a explosé, en proie aux flammes et gîtant sur la gauche. Le Glasgow n'ayant reçu que cinq impacts suite à son duel avec le Leipzig, se propose pour prendre le Monmouth désemparé en remorque ; sans réponse du bâtiment, il décide de fuir, ce qu'il fait après avoir retrouvé l'Otranto, qui, lui, a fui dès le début de la bataille, surclassé par le Dresden. Les deux navires survivants partent, cap au sud, rejoindre le Canopus, puis vers les îles Malouines.
Spee a fait cesser le tir à 19 h 26, l'obscurité ayant rendu le tir trop imprécis, et il envoie ses croiseurs légers, dont le Nürnberg qui vient de se joindre à la curée. Dans le noir, ce dernier, finit par localiser à 20 h 58, le Monmouth, qu'il achève de 75 obus de 105 mm, tirés à bout portant. Ce dernier coule, lui aussi, sans aucun survivant, à 21 h 18.
Conséquences
La flotte de Spee retourne à Valparaiso, où elle reçoit un accueil triomphal de la population allemande. Au Royaume-Uni, l'annonce de cette défaite provoque l'indignation de la presse et de la population. Le mythe de l'invincibilité de la Royal Navy, dont les escadres étaient invaincues depuis la bataille de Chesapeake en 1781, s'effondre. L'amirauté, pour venger l'affront, décide de rassembler et envoyer une force sous le commandement de l'amiral Sir Sturdee en urgence, comprenant entre autres deux des tous nouveaux croiseurs de bataille. Cette force finira par surprendre et anéantir la flotte de Spee, lors de l'affrontement des Falklands, un mois plus tard, rétablissant l'honneur de la Royal Navy, et mettant fin à tout espoir des Allemands de pratiquer la guerre de course, ou uniquement par des raiders isolés, ou la guerre sous-marine.
Il est intéressant de rapprocher les décisions diamétralement opposées de Christopher Cradock et de Ernest Troubridge, qui furent prises dans des circonstances relativement semblables. Le premier par sa décision de courir à une mort certaine sans résultats, avec ses 1 654 hommes, en dépit des ordres, ne fut pas vraiment critiqué et fut même considéré comme un héros par ses pairs. Alors que le second, qui avait pris l'option plus avisée et conforme à ses instructions de ne pas engager des forces supérieures, échappa de peu à la cour martiale, où il fut acquitté en novembre, mais ne retrouva plus jamais de commandement et subit un ostracisme des autres officiers.
Winston Churchill déclara à propos de Cradock et de son action :
« L'amiral allemand était loin d'un port de réparation. Qu'il vienne à subir quelques dommages, en admettant même qu'il en infligea de plus graves, sa valeur militaire pouvait s'effondrer d'un seul coup. Il demeurerait en grand danger aussi longtemps que son escadre resterait inefficace et, si l'amiral Cradock jugeait que son sacrifice et celui de ses hommes était justifié pour peu qu'il pût atteindre la puissance de cette ennemi, pas un homme au monde ne pourrait contester qu'il avait fait preuve du courage le plus sublime. Nous ne saurons jamais ce que furent ses pensées lorsqu'il devint évident que le succès était impossible. Il repose avec ses braves camarades, loin de leurs foyers en Angleterre. Ils ont pourtant leur récompense car ils occupent une grande place dans le martyrologe des héros de la mer. »Articles connexes
Liens externes
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