- Dynastie de Méhémet Ali
-
Dynastie de Méhémet Ali Pays Égypte et Soudan Titres Wāli, auto-proclamé Khédive (1805-1867)
Khédive officiellement reconnu (1867-1914)
Sultan (1914-1922)
Roi (1922-1953)Fondateur Méhémet Ali Dernier souverain Fouad II Chef actuel Fouad II Fondation 1805 Déposition 1953 Ethnicité Égyptienne d'origine albanaise modifier La dynastie de Méhémet Ali (en arabe :أسرة محمد علي Ousrat Mouhammad 'Ali) ou, dans les textes officiels, dynastie des Alaouites[1] (« descendants d'Ali »), en arabe ,الأسرة العلوية al-Ousra-t-al-'Alawiyya est la dynastie qui a gouverné l'Égypte et le Soudan du début du XIXe siècle jusqu'au milieu du XXe siècle. Sur des périodes plus courtes, elle at également contrôlé une partie de la Libye, la Crète, le district d'Adana en Turquie[2], la Syrie, le Liban, la Palestine[2], le Hedjaz dans l'Ouest de l'Arabie saoudite, une partie du Yémen[2], et une partie de l'Éthiopie. Le nom de cette dynastie vient de son fondateur Méhémet Ali Pacha, considéré comme le père de l'Égypte moderne. La prononciation du nom de la dynastie, Mouhammad Ali (par les arabophones), ou Méhémet Ali, Mehmed Ali comme par les turcophones et albanophones a une signification politique. L'ethnie arabe, majoritaire en Égypte, a tendance de prononcer Mouhammad Ali et la voir comme une dynastie qui s'attache à la terre d'Égypte, celle qui l'a modernisée. La prononciation Méhémet Ali est souvent considérée comme indiquant que la dynastie est d'origine étrangère. D'autres prononciations du même mot arabe محمد علي comme Mohamed Ali sont employées par les gens selon leurs habitudes ou leurs choix.
Jusqu'en 1914, c'est une dynastie des gouverneurs de provinces de l'Empire ottoman, portant les titres de wali ou khédive qui sont de titres de l'administration ottomane. Ainsi, elle est aussi connue comme la dynastie des khédives ou la dynastie des vice-rois de l'Égypte et du Soudan. C'est sans doute la seule dynastie de gouverneurs qui règne sur plus de populations et plus de territoires que ses souverains, avec des juridictions sur trois continents.
Sommaire
Origine
Méhémet Ali, un général d'origine albanaise, est envoyé par le sultan ottoman pour reconquérir l'Égypte occupée par l'armée française de Bonaparte. Après la retraite de l'armée française, défaite par les Anglais, qui laisse l'Égypte aux mains des Ottomans, une guerre civile tripartite éclate entre l'armée turque ottomane, les Mamelouks (également d'origine turque) d'Égypte et les mercenaires albanais. Le général Méhémet Ali s'en sort victorieux et est reconnu par le sultan ottoman Selim III comme wali (gouverneur de province) d'Égypte en 1805.
Constatant l'affaiblissement des Ottomans, Mohamed Ali exprime ses ambitions : « Je sais très bien que l'Empire (ottoman) est à son déclin... Sur ses ruines je vais construire un vaste royaume... jusqu'aux fleuves Euphrate et Tigre. »
À l'apogée de leur puissance, Méhémet Ali et son fils Ibrahim Pacha semblent pouvoir mettre fin à l'Empire ottoman lors des deux guerres turco-égyptiennes ((1831-1833) et (1839-1841)). Mais les grandes puissances interviennent et empêchent les Égyptiens d'arriver jusqu'à Istanbul. Cependant, Méhémet Ali réussit à s'emparer du Soudan et ses successeurs ont pu y consolider et étendre leur territoire.
Malgré ces exploits, Méhémet Ali et ses successeurs ne sont considérés que comme des walis (gouverneurs de province) puis khédive (seigneur) de l'Empire ottoman. Ce n'est qu'en 1914, sous la tutelle du Royaume-Uni, qu'un membre de cette dynastie se proclame sultan, affirmant ainsi son indépendance vis-à-vis de l'Empire ottoman.
Lignées et règles de succession
Selon la loi turque, le successeur doit être l'homme le plus âgé parmi les frères, fils et petits-fils du défunt. En 1866 Ismaïl Pacha, par ses riches présents à la cour ottomane, réussit à obtenir une dérogation pour l'Égypte, et depuis lors le fils aîné y devient l'héritier prioritaire. Ismaïl Pacha étant le fils d'Ibrahim Pacha, lui-même fils adoptif de Méhémet Ali, ce changement marque la fin de la descendance de Méhémet Ali Pacha en lignée patriarcale à la tête du pays.
Khédivat et occupation anglaise
Méhémet Ali et ses successeurs se proclament Khédive au lieu de wāli, mais ce titre n'est reconnu qu'à partir de 1867 avec le sultan ottoman Abdul-Aziz Ier. C'est Ismaïl Pacha qui ouvre l'ère des khédives reconnus. À la différence de son grand-père et son père qui menaient une politique de guerre contre la Sublime Porte, Ismaïl Pacha renforce la position de sa dynastie par une combinaison de flatterie et de corruption. Néanmoins, il l'affaiblit par le poids des dettes, et en 1879, le sultan ottoman Abdülhamid II avec l'aide des grandes puissances, le dépose et le remplace par son fils Tawfiq. En 1882, le Royaume-Uni envoie ses troupes occuper l'Égypte et le Soudan, au motif d'aider le khédive Tawfiq contre le gouvernement nationaliste d'Ahmed Arabi. Par la suite, le véritable pouvoir de l'Égypte et du Soudan est tenu par les Britannniques, mais la dynastie est maintenue, et les territoires restent nominalement des provinces ottomanes.
Sultanat et royaume
En 1914, le khédive Abbas II entre dans la Première Guerre mondiale aux côtés de l'Empire ottoman et des Empires centraux. Les Anglais le déposent rapidement, en le remplaçant par son oncle Hussein Kamal. Pour marquer sa rupture avec les Ottomans, Hussein Kamal adopte le titre de sultan. Les Anglais par la même occasion transforment l'Égypte et le Soudan en protectorat. Ce fait provoque une montée du nationalisme des autochtones, et les Anglais doivent bientôt reculer, reconnaissant l'indépendance de l'Égypte en 1922. Avec la nouvelle situation, le nouveau chef d'État égyptien Fouad Ier abandonne le titre de sultan pour celui du « roi d'Égypte et de Soudan », avec comme supplément le titre de « souverain de Nubie, de Kordofan et de Darfour ». Les territoires égyptiens et soudanais restent fortement contrôlés par les Anglais, qui cherchaient aussi par plusieurs manières à séparer le Soudan de l'Égypte. C'est en réagissant aux manoeuvres anglaises que Fouad Ier et son fils Farouk Ier (1936 - 1952) maintiennent ces titres.
Dissolution
Le règne de Farouk Ier est caractérisé par un mécontentement nationaliste croissant en raison du contrôle britannique, la corruption et l'incompétence royale, et la défaite de la guerre israélo-arabe de 1948-1949. La combinaison de tous ces facteurs affaiblit la position du roi et mène à la révolution égyptienne de 1952 (en). Farouk est forcé d'abdiquer en faveur de son fils nouveau-né Ahmed-Fouad qui devient Fouad II, alors que l'administration du pays passe dans les mains du Mouvement des officiers libres dirigé par Mohammed Naguib et Gamal Abdel Nasser. Moins d'un an plus tard, le 18 juin 1953, la monarchie est abolie par les révolutionnaires qui proclament la république. Ainsi prend fin la dynastie fondée par Méhémet Ali.
Membres régnants de la dynastie (1805 - 1953)
Walis, auto-proclamés khédives (1805 - 1867)
- Méhémet Ali (9 juillet 1805 - 1er septembre 1848)
- Ibrahim (règne comme Wali pendant l'incapacité de son père) (1er septembre 1848 - 10 novembre 1848)
- Abbas Ier (10 novembre 1848 - 13 juillet 1854)
- Saïd Ier (13 juillet 1854 - 18 janvier 1863)
- Ismaïl Ier (18 janvier 1863 - 8 juin 1867)
Khédives (1867 - 1914)
- Ismaïl Ier (8 juin 1867 - 26 juin 1879)
- Tawfiq Ier (26 juin 1879 - 7 janvier 1892)
- Abbas II (8 janvier 1892 - 19 décembre 1914)
Sultans (1914 - 1922)
Rois (1922 - 1953)
- Fouad Ier (16 mars 1922 - 28 avril 1936)
- Farouk Ier (28 avril 1936 - 26 juillet 1952)
- Fouad II (26 juillet 1952 - 18 juin 1953)
Quelques membres non régnants célèbres
- Dramali Pacha (v1780-1822), vizir de l'empire ottoman.
- Prince Moustafa Fazl Pacha (en) (1830-1875)
- Prince Mouhammad Ali Tawfiq (en) (1875-1955)
- Sultane et reine Nazli Sabri (1894-1978)
- Prince Mouhammad Abdel Moneim (en) (1899-1979)
- Princesse Fawzia d'Égypte, reine d'Iran (Née en 1921)
- Narriman Sadek (en) (1933-2005), dernière reine d'Égypte
- Mohamed Ali Farouk, prince du Saïd, héritier actuel du trône d'Égypte (Né en 1979)
Généalogie simplifiée
Mariage Enfant Monarque Emina de Nosratli
1.
Méhémet Ali
Wāli
(1805-48)Ayn al-Hayat Bamba Kadin Toussoune Pacha
2.
Ibrahim Pacha
Wāli
(1848)Hoshiar
4.
Saïd Ier
Wāli
(1854-63)Mahivech
3.
Abbas Ier
Wāli
(1848-54)Chafak Nour
5.
Ismaïl Ier
Wali puis khédive
(1863-79)Nour Felek Ferial Ibrahim Ilhamy Concubine Emina Ilhamy
6.
Tawfiq Ier
Khédive
(1879-92)
8.
Hussein Ier
Sultan
(1914-17)
9.
Fouad Ier
Sultan puis roi
(1917-36)Nazli Sabri Ikbal
7.
Abbas II
Khédive
(1892-1914)Prince Mohammed Ali Tawfiq
Régent du roi Farouk Ier
(1936-37)Narriman Sadek
10.
Farouk Ier
Roi
(1936-52)Prince Mohammed Abdel Moneim
Régent du roi Fouad II
(1952-53)
11.
Fouad II
Roi
(1952-53)Prince Mohammed Ali
Prince du Saïd
(1952-53)Notes
- dynastie alaouite du Maroc (régnant depuis 1666), sans lien de parenté. Elle est à distinguer de la
- Égypte - L'envers du décor, p. 30.
- Georges Douin, éd., Une Mission militaire française auprès de Mohamed Aly, correspondance des Généraux Belliard et Boyer, Cairo, Société Royale de Géographie d'Égypte, 1923, p.50
Voir aussi
Bibliographie
- Égypte - L'envers du décor. Sophie Pommier, Éditions La Découverte, Paris 2008. ISBN 978-2-7071-4568-0.
Articles connexes
- Égypte sous les Alaouites
- Soudan sous les Alaouites
Liens externes
- Page web de la reine Narriman
- The Royal Order of the Crown of Egypt
- Family tree of the House of Mohammed Aly. Consulté le 2008-11-28
- The Royal Order of the Crown of Egypt. Consulté le 2008-08-19
- Royal Ark
Wikimedia Foundation. 2010.