Cornelis Crul

Cornelis Crul
Cornelis Crul
Frontispice de la farce de Heynken de Luyere, par le rhétoricien anversois Cornelis Crul (vers 1500 - vers 1550), publiée à Anvers par Jan van Ghelen en 1582
Frontispice de la farce de Heynken de Luyere, par le rhétoricien anversois Cornelis Crul (vers 1500 - vers 1550), publiée à Anvers par Jan van Ghelen en 1582

Autres noms Cornelis Bouwens
Cornelis Cruls
Activités Dramaturge
Poète
Rhétoricien
Traducteur
Naissance vers 1500
Anvers ( ? )
Flag - Low Countries - XVth Century.png  Pays-Bas des Habsbourg
Décès avant 1551
Anvers ( ? )
Flag - Low Countries - XVth Century.png  Pays-Bas des Habsbourg
Langue d'écriture néerlandais
Mouvement Style des rhétoriciens
Renaissance
Genres Poésie
Théâtre
Traduction

Cornelis Crul ou Cruls né à Anvers vers 1500, et mort dans cette ville vers 1550, est un poète et rhétoricien des Pays-Bas méridionaux.

Sommaire

Biographie

De toute vraisemblance, Crul est natif de la ville d'Anvers. Son père s'appelait Jan et était connu en 1516 comme meerssenier ou marchand. En tant qu'agent représentant des marchands anversois, il entreprit des voyages en Angleterre en 1503 et en 1509[1].

Cornelis Crul lui-même a été identifié à un marchand, Cornelis Bouwens, qui apparaît dans des documents d'archives à Anvers entre 1523 et 1538[2]. En 1523, Cornelis était déjà marié avec Katlyne, fille d’un père riche, Thomas Petitpas. De leur mariage sont issus trois enfants : Jan, Katlijne et Lijsbet[1]. Crul est qualifié de coopman ou marchand dans une obligation passée par-devant les échevins en 1530, et il y a lieu de croire qu'il appartint, comme sa femme, à la bourgeoisie aisée[1]. En juin 1538, avec sa femme Katlyne Petitpas, il est mentionné comme propriétaire de maisons et de terres[2]. La date de sa mort ne peut être déterminée avec certitude, mais pourrait se situer entre 1538 et 1551[1], puisque des obligations, passées par-devant les échevins, de mars 1551, confirment que lui et son épouse étaient morts. La même année, de leurs trois enfants, deux atteignirent l'âge adulte, tandis que le troisième fut encore mineur en 1553[2].

Œuvre

Crul, figure de transition entre le Moyen Âge et la Renaissance, écrivit dans l'esprit des rhétoriciens. Sa devise était Niet meer also, Crul (Plus jamais, cela, Crul)[3].

Ce qu'on connaît de son œuvre est conservé dans des ouvrages imprimés, ainsi que dans quelques manuscrits, dont celui du British Museum qui contient des refrains (un genre s'apparentant à la ballade) de sa main, dont des paraphrases de psaumes et de prières, ainsi que quelques plaintes incohérentes construites sur des acrostiches ou des chronogrammes[4].

À partir des années 1540, tout au long du XVIe siècle et jusqu'au début du XVIIe siècle, des œuvres à lui sortirent des presses d'imprimeurs d'Anvers, de Delft[5], de Kampen et de Louvain[6].

Œuvres principales

Le chronogramme de 1533

Il composa une carnation ou chronogramme en souvenir de l'incendie, survenu le 6 octobre 1533[7], qui ravagea l'Église Notre-Dame d'Anvers[3].

L'abc spirituel

Een ghyestelick en(de) seer troestelick A.B.C. Ghetoegen wt den Psalmen des Koenincklicken Prophete(n) Davids de Cornelis Crul, publié à Kampen, par Peter I Warnerssen, s.a. [ 1551 ] ou plus tard

Den gheestelijcken A.B.C. (L'abc spirituel), une touchante confession réformée sous forme de ballades[3], constitue son ouvrage principal[4], vraisemblablement écrit en 1533[6], imprimé au moins deux fois en 1543 à Anvers[8],[9] et encore réimprimé en 1551 à Louvain[4]. Le poème a été réimprimé, entre autres en 1561 dans une version remaniée pour en faire un manuel d'école, et au moins deux fois en 1564. Toutefois, une des éditions de 1543 et une de celles de 1564 figuraient sur l'index de livres interdits de, respectivement, 1550 et 1570[10]. On en connaît encore quatre copies en manuscrit datant du XVIe et de la fin du XVIe siècle[10].

L'ouvrage initial comprenait plusieurs autres poèmes, mineurs : une carnation, quelques ballades et un poème en vers rétrogrades mis en rapport avec son nom par le biais d'un acrostiche. L’A.B.C, comprenant 25 strophes[4] et une conclusion[11] de treize vers, est construit sur le schéma de rimes ababbcbccdcdd[11], chaque strophe commençant par une lettre de l'alphabet. Cette longue prière, dans laquelle on trouve un écho du langage des psaumes, est suivie par un A.B.C court, dont chaque vers commence par une lettre de l'alphabet[4].

Bien que, dans sa forme, Den geestelijcken A.B.C. ne soit pas unique dans la poésie des rhétoriciens, il n'est pas exclu que le poème, entièrement inspiré par la Bible, et par les psaumes en particulier, a également été influencé par le modèle de ce qu'on appelle les poèmes alphabétiques de l'Ancien Testament ; en particulier les psaumes 25, 34 et 145[11].

Chaque strophe, à quelques exceptions près, se conclut par une ligne proverbiale, un procédé qu'il emploie aussi dans Heynken de Luyere et Mont toe, Borse toe. Pour formuler ses pensées, le poète a utilisé des images et des expressions bibliques presque dans chaque vers. Si les moyens qu'il emploie pour arriver à s'exprimer peuvent paraître peu originales, Crul en est pourtant arrivé à composer un poème dans lequel les sentiments se dirigent vers un point culminant et dans lequel la forme revêt une expérience très personnelle, de telle façon que le lecteur ne peut rester insensible pour la passion que le poète visait à formuler[12].

Bouche fermée, bourse fermée

Il écrivit une satire de tendance réformatrice, Mont toe, Borse toe (Bouche fermée, bourse fermée)[3], dans laquelle il réduit la morale à une sagesse née du désir d'auto-préservation. Celui qui souhaite la paix et la tranquillité et ne veut pas avoir à subir une perte pécuniaire, doit apprendre à tenir sa langue[13].

Dialogue du riche avare

Le satirique Tweesprake van den rijcken ghierighen, een Schoone ende gheneuchlike historie of cluchte van Heynken de Luyere (Dialogue du riche avare ; une belle et amusante histoire ou farce de Heynken de Luyere) est une représentation spirituelle des aventures d'un joyeux luron anversois[3]. La farce de Heynken de Luyere fut publiée à Anvers en 1582 chez Jan van Ghelen. Le contenu de l'histoire était difficilement conciliable avec les interdictions, promulguées entre 1540 et 1560 par les autorités supérieures, sur la divulgation de la littérature des rhétoriciens traitant, de manière profanatrice, de sujets tels que les matières religieuses ou ecclésiastiques. Le poème religieux De gheestelijcken A.B.C. est repris sur les index des livres interdits, comme ceux établis en 1546, 1550 et 1570, mais, par contre, l’Historie van Heynken de Luyere n'y figure pas. Ce n'est qu'à partir de la conclusion de la paix religieuse en 1578 et la calvinisation progressive du gouvernement de la ville d'Anvers que de nouvelles perspectives s'annoncèrent pour les imprimeurs[14].

Dans cette farce, les avantages de la richesse sont décrits en détail, alors que les riches ne rencontrent aucune sympathie. Bien au contraire : sur eux et sur les représentants des autorités séculières et spirituelles qui tournent un regard si respectueux vers les classes possédantes, de fortes vérités sont proclamées. Face à ceux qui défendent la richesse, Crul pose un non moins éloquent avocat de la pauvreté qui tire ses arguments de l'exemple et des paroles du Christ qui, lui, avait choisi la pauvreté « pour le meilleur destin » (« voer tbeste lot »). Le Christ ayant le dernier mot, le poète se met du côté des pauvres et veut punir celui qui se croit assuré de sa place au paradis en raison de son argent. En outre, le clergé est réprimandé pour avoir permis aux détenteurs de l'argent d'obtenir des avantages injustifiés, par ailleurs refusés aux démunis. Typiquement érasmien est l'attitude qu'il prend en juxtaposant deux opinions contradictoires[15].

Les Colloques d'Érasme

Il traduisit quatre Colloques d'Érasme, publiés sous le titre Sommighe schoone Colloquien oft tsamensprekinghen uut Erasmo Roterodamo (Quelques beaux colloques ou entretiens d'Érasme de Rotterdam)[3].

La farce d'un ivrogne

La pièce Cluchte van eenen dronckaert (Farce d'un ivrogne) est le monologue dramatique d'un homme dont la conscience avait été tellement élevée par la boisson, qu'il crut observer le monde du haut du ciel, avec tous ses maux et stupidités[3]. Dans son texte, les dieux, accompagnés de Stultitia (la folie) et embrouillés par le nectar, dirigent leur regard vers le bas, sur les innombrables masses de l'humanité : un prétexte pour aborder un ensemble de torts. Un ivrogne est parti pour le ciel, où la meilleure bière est censée être servie. Tout en trébuchant, en tombant et en se heurtant, il rencontre des personnages fantastiques, ce qui créé de délicieux effets dramatiques lorsqu'il leur reproche leur comportement incivique. En cours de route, il s'attarde sur un nuage et se rend compte de tous les torts qu'il peut voir se dérouler en bas. Il a un penchant pour les clercs, critiquant le commerce des bénéfices ecclésiastiques, ainsi que d'autres cibles préférées d'Érasme, auteur qu'il traduisit. Il s'exprime sur les actes de violence et, en particulier, de guerre, attirant l'attention sur le pillage et les soldats meurtriers. Toutefois, le personnage haranguant ne représente rien de plus qu'un ivrogne risible, comme le fou et autres butors qu'on autorise à parler de toutes vérités puisqu'ils se sont placés en dehors de l'ordre social[16].

Sources

Références


Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Cornelis Crul de Wikipédia en français (auteurs)

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