Étienne Radet

Étienne Radet
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Étienne Radet
Général Etienne Radet.jpg
Naissance 1762
Stenay
Décès 27 septembre 1825
Varennes
Origine Drapeau de France France

Étienne, baron Radet, en 1762 à Stenay et mort en 1825 à Varennes, était un général français.

Il entra comme soldat au régiment de la Sarre-Infanterie le 4 avril 1780. Caporal le 20 mars 1781, sergent le 26 avril 1782, il fit la traversée de Rochefort au cap Français. Congédié le 12 octobre 1786, il se fit cavalier de maréchaussée le 30 novembre de la même année. Brigadier le 11 décembre 1787, il donna sa démission pour entrer dans la garde nationale, en qualité de sous-lieutenant, le 11 août 1789 ; lieutenant le 10 novembre, il fut nommé capitaine des canonniers le 1er octobre 1790. Radet instruisit et forma la garde nationale de Varennes.

Lors de l'arrestation de Louis XVI, il se conduisit de manière à favoriser l'arrivée de ce prince à Montmédy.

Major le 9 août 1791, chef de bataillon du canton de Varennes le 16 mars 1792, et adjudant-général de légion le 25 juin, il remplit, le 15 juin suivant, les fonctions daide-de-camp provisoire des généraux Dillon et Dubois.

Arrêté et traduit au tribunal révolutionnaire comme prévenu de correspondance avec les émigrés et les ennemis de la France, et davoir été un des complices de la fuite de Louis XVI, il fut cependant acquitté, le 16 pluviôse an II, et renvoyé auprès du général Dubois.

Radet fit la campagne de 1792, se trouva à la reddition de Verdun, à la défense des ponts de Villosne et Consenvoye, et rejoignit larmée des Ardennes, avec une partie de sa légion, à la côte de Biesme. Il assista, près de Kellermann, à laffaire du camp de la Lune, et poursuivit les Prussiens dans leur retraite sur Deux-Ponts.

Passé à larmée de la Moselle, Radet combattit vaillamment à laffaire dArlon, à la bataille de Niderbronn et à la reprise des lignes de Weissembourg et du Palatinat.

Revenu à larmée du Nord, il prit part à toutes les opérations de laile droite de cette armée.

Employé de nouveau à larmée de la Moselle, dite de Sambre-et-Meuse, il assista, le 12 frimaire an II, à la bataille de Bossut sous le général Kléber.

Ayant fait dans cette affaire 200 émigrés prisonniers, Radet, au lieu dexécuter la loi qui ordonnait de les faire fusiller, sollicita et obtint du général Bernadotte de les incorporer dans les rangs français et de renvoyer les officiers sur parole. Le 22 du même mois, il se trouva à la prise de Charleroi.

Nommé adjudant-général chef de brigade par les représentants du peuple le 15 floréal an II, et attaché à la division de cavalerie du général Dubois, il se distingua à la bataille de Fleurus, au combat et à la prise de Mons, les 8 et 13 messidor. Confirmé le 25 prairial an III, il acquit une nouvelle gloire au combat de Dierdorff le 28 germinal an V[1].

En lan VI, rappelé des armées actives, il fut envoyé comme chef de légion de gendarmerie pour réorganiser la 24e division de cette arme à Avignon, la commander et contribuer au rétablissement de la tranquillité dans le Midi. Cest quil vit, pour la première fois, le général Napoléon Bonaparte à son retour dÉgypte. Témoin des services rendus par Radet dans cette contrée et de la considération quil sy était acquise, le général Bonaparte lui parla beaucoup, dans une longue conférence, du service de la gendarmerie, des principes de lorganisation de ce corps, et ce fut à cette circonstance que Radet dut son avancement.

Devenu premier Consul, Bonaparte lappela à Paris, et le nomma général de brigade de gendarmerie le 15 floréal an VIII. Radet soccupa alors dun grand travail relatif à lorganisation de ce corps, et le soumit au premier Consul, qui lapprouva. Il prit le commandement en chef de toute la gendarmerie de France, la réorganisa, et lon peut dire quelle se meut encore au XIXe siècle daprès les règlements quil a faits pour elle et les relations quil lui a fixées avec les diverses autorités publiques.

Nommé membre de la Légion-dHonneur le 19 frimaire an XII, commandeur de lOrdre le 25 prairial, et électeur de la Meuse, Radet inspecta successivement la gendarmerie en Corse, en Piémont, à Gênes, et fut chargé, le 27 mars 1808, dorganiser la gendarmerie en Toscane.

À cette époque, lAutriche avait armé contre la France et manifestait lintention de soumettre les princes de la Confédération ; Napoléon, pour soutenir ses alliés, menacés par le cabinet de Vienne, quittait en toute hâte lEspagne, et, à la tête dune grande armée en quelque sorte improvisée, pénétrait au centre de lAllemagne ; lEspagne, lAutriche et lAngleterre cherchaient à susciter des ennemis à la France, surtout en Italie. Un mouvement général, secrètement dirigé par le cardinal Pacca, était préparé dans les États romains.

Le pape Pie VII venait de lancer une bulle dexcommunication contre lEmpereur : lEurope était sur le point de subir un embrasement général. Napoléon jugea prudent de se mettre à labri des craintes que lItalie lui inspirait, et il prit lunique mesure qui, peut-être, pouvait lui faire atteindre son but, en mettant fin aux intrigues du gouvernement pontifical. En conséquence, une dépêche télégraphique du 14 mai 1809 ordonna au général Radet de partir dans les vingt-quatre heures pour Rome.

Dans la nuit du 5 au 6 juillet, ce général, aidé dun millier dhommes, gendarmes, conscrits ou soldats de la garde civique de Rome, fit appliquer des échelles au palais du Quirinal, le pape se tenait enfermé. Les fenêtres et les portes intérieures ayant été forcées, il arriva, suivi de ses hommes jusquà la pièce qui précédait immédiatement la chambre à coucher du pape. Celle-ci lui fut ouverte par ordre de Sa Sainteté, qui sétait levée au bruit et revêtue à la hâte de ses habits de ville[2].

La conversation continua quelque temps encore, et le général Radet descendit avec son prisonnier. Une voiture attendait à lune des portes extérieures du palais : on y fit monter le pontife avec le cardinal Pacca, et lon suivit la route de Florence.

À son arrivée dans cette ville, le général remit le pape à un autre officier de gendarmerie, qui le conduisit à Savone. Durant le cours de cette mission délicate, Radet conserva pour Sa Sainteté les égards et le respect dus à son auguste caractère. Son expédition terminée, il retourna à Rome[3].

Vers la fin de 1809, Radet obtint le titre de baron de l'Empire et une dotation de 4.000 francs en Westphalie. Grand prévôt de la grande armée le 30 mars 1813, il fut nommé général de division le 5 novembre suivant. Après le rétablissement des Bourbons, en 1814, le général Radet cessa dêtre employé activement.

Il était dans sa famille, quand on annonça le retour de Napoléon, le 12 mars. Il écrivit aussitôt au roi pour lui offrir ses services ; sa lettre resta sans réponse. Appelé à Paris par le général en chef de la gendarmerie, il reçut lordre, le 31 mars, de se rendre à Lyon pour prendre le commandement de la gendarmerie des 7e, 8e et 19e divisions militaires, et dexécuter les mesures qui lui seraient indiquées afin de prévenir la guerre civile.

Cest en arrivant à Lyon quil apprit la présence du duc d'Angoulême dans le Midi ; peu de jours après, et sans avoir quitté Lyon, ni agi activement, il apprit la capitulation du prince, quon lui confirma à Pont-Saint-Esprit, il suivait le général en chef, et la garde de la personne du duc et de sa suite fut mise sous sa responsabilité.

Après le second retour des Bourbons, le général Radet fut traduit par-devant le 1er conseil de guerre de la 6e division militaire, à Besançon, et condamné à neuf ans de détention, comme convaincu davoir, par ses écrits et ses discours, cherché à éloigner de leurs devoirs les militaires et les sujets qui étaient restés fidèles à leur souverain légitime, et de les avoir engagés à passer au parti rebelle[4].

Le général Radet fut enfermé dans la citadelle de Besançon, le 28 juin 1816 ; mais il obtint, le 24 décembre 1818, une décision royale qui lui fit remise du restant de sa peine.

Admis à la retraite le 1er décembre 1819, il mourut à Varennes (Meuse), le 27 septembre 1825.

Notes et références

  1. Dans cette journée, Radet, se trouvant engagé avec la légion de Bussy, remarqua dans la mêlée un sous-officier de ce corps qui mit pied à terre et donna son cheval à son officier pour le sauver, ce qui le fit devenir prisonnier, ainsi quun autre officier de la même légion ; touché dun aussi noble trait, Radet renvoya de suite ce sous-officier ainsi que lofficier. Quelques jours après, à la paix de Friedberg, il alla voir la légion de Bussy, cantonnée dans le voisinage, raconta le fait dont il avait été témoin, et sinforma si lofficier et le sous-officier étaient rentrés. Non-seulement Radet revit ce brave avec une vive satisfaction mais il obtint du major de Vignol, commandant la légion, de lemmener à Friedberg pour le présenter au général Hoche, qui laccueillit parfaitement. Radet profita de cette circonstance pour obtenir le renvoi dun officier et de 16 émigrés de cette légion, et remit au brave sous-officier les attestations de son dévouement, au moyen desquelles il obtint la médaille dargent de Marie-Thérèse. Ce sous-officier sappelait de Condé ; plus tard, Radet le fit rayer de la liste des émigrés et contribua puissamment à le faire placer avantageusement au ministère de ladministration de la guerre à Paris.
  2. Le général savança vers le pape, le chapeau à la main, et lui dit : « Saint-Père, je viens au nom de mon souverain, lEmpereur des Français, vous dire que Votre Sainteté doit renoncer au domaine temporel des États de lÉglise. » Le pape, toujours assis, répondit avec calme : « Je ne le puis, je ne le dois pas, je ne le veux pas. Jai promis devant Dieu de conserver à la sainte Église toutes ses possessions, et je ne manquerai jamais au serment que jai fait de les lui maintenir. »
  3. Après avoir donné ici la version la plus accréditée sur ces événements, il est juste que nous mettions sous les yeux de nos lecteurs, celle du Mémorial de Sainte-Hélène, telle quelle est rapportée dans le tome V, page 388, édition de 1824. « Quand on connaîtra, dit Napoléon, la vérité de mes querelles avec le pape, on sétonnera de tout ce quil fit souffrir à ma patience, car on sait que je nétais pas endurant. « Lorsquil me quitta après mon couronnement, il partit avec le secret dépit de navoir pas obtenu de moi les récompenses quil croyait avoir méritées. Mais quelque reconnaissance que je lui eusse portée dailleurs, je ne pouvais après tout trafiquer des intérêts de lEmpire pour lacquit de mes propres sentiments ; et puis jétais trop fier pour sembler avoir acheté ses complaisances. « À peine eut-il le pied sur le sol italien, que les intrigants, les brouillons, les ennemis de la France, profitèrent de ses dispositions pour sen saisir, et dès cet instant tout fut hostile de sa part. Ce nétait plus le doux, le paisible Chiaramonti, ce bon évêque dImola, qui sétait proclamé de si bonne heure digne des lumières de son siècle. Sa signature nétait plus apposée quà la suite dactes tenant bien plus des Grégoire et des Boniface que de lui. Rome devint le foyer de tous les complots tramés contre nous. Jessayai vainement de le ramener par la raison, il ne métait plus possible darriver jusquà ses sentiments. Les torts devinrent si graves, les insultes si patentes, quil me fallut bien agir à mon tour. Je me saisis donc de ses forteresses, je memparai de quelques provinces, je finis même par occuper Rome, tout en lui déclarant et en observant strictement quil demeurait sacré pour moi dans ses attributions spirituelles, ce qui était loin de faire son compte. « Cependant, il se présenta une crise ; on crut que la fortune mabandonnait à Essling, et aussitôt on fut prêt à Rome pour soulever la population de cette grande capitale. Lofficier qui y commandait ne crut pouvoir échapper au danger quen se défaisant du pape quil mit en route pour la France. Un tel événement sétait opéré sans ordres, et même il me contrariait fort. Jexpédiai donc sur-le-champ pour quon fit demeurer le pape on le rencontrerait, et on létablit à Savone, on lentoura de soins et dégards : car je voulais bien me faire craindre, mais non le maltraiter ; le soumettre, mais non lavilir : javais bien dautres vues ! Ce déplacement ne fit quaccroître le ressentiment et les intrigues. Jusque- la querelle navait été que temporelle ; les meneurs du pape, dans lespoir de relever leurs affaires, la compliquèrent de tout le mélange du spirituel. Alors il me fallut le combattre aussi sur ce point : Jeus mon conseil de conscience, mes conciles, et jinvestis mes cours impériales de lappel comme dabus ; car mes soldats ne pouvaient plus rien à tout ceci ; il me fallut bien combattre le pape avec ses propres armes. « À ses érudits, à ses ergoteurs, à ses légistes, à ses scribes, je devais opposer les miens. Il y eut une trame anglaise pour lenlever de Savone : elle me servait ; je le fis transporter à Fontainebleau ; mais devait être le terme de ses misères et la régénération de sa splendeur. Toutes mes grandes vues sétaient accomplies sous le déguisement et le mystère, javais amené les choses au point que le développement en était infaillible, sans nul effort et tout naturel. »
  4. Voici lordre du jour que publia le général Radet à Pont-Saint-Esprit, et qui motiva sa condamnation : « Ordre général de la gendarmerie du Midi. « Gendarmes, les destins de la France sont enfin accomplis ; lempereur Napoléon est remonté sur le trône, la grande nation a retrouvé son père et recouvré ses droits, le patriotisme des beaux jours de la Révolutions repris une nouvelle énergie, lenthousiasme est à son comble. « La noblesse est supprimée, la liberté de la presse nous est garantie, et nos droits vont être définitivement réglés par une charte constitutionnelle à laquelle concourront tous les électeurs des départements de lEmpire, réunis au Champ de Mai à Paris, pour le couronnement de lImpératrice. « Lempereur ne veut plus de guerre au-dehors ; la paix, la tranquillité et le bonheur des Français sont lobjet de tous ses vœux ; et qui, mieux que ce héros, peut accomplir ce bel ouvrage ? « La courte apparition des Bourbons sur le trône de France, après avoir fait couler le sang français pendant vingt-cinq ans, nous a montré leurs principes. Les émigrés avaient pris les premières places de lÉtat ; les Vendéens et les assassins étaient anoblis, les domaines de la couronne étaient dilapidés, larmée sanéantissait, les acquéreurs des domaines nationaux étaient menacés dune ruine prochaine, et les prêtres abusaient de leur ministère sacré pour nous replonger sous le plus affreux despotisme, en cherchant à rétablir avec lui la dîme et la féodalité. « Gendarmes, tant dhorreurs devaient avoir un terme ; le grand Napoléon sest montré, et, dun souffle, en a délivré notre patrie. « Le roi, le comte dArtois et le duc de Berri ont précipitamment quitté Paris, le 20 mars, à une heure du matin, emportant les diamants de la couronne avec les trésors de lÉtat, sous lescorte des Gardes du corps et de leur maison militaire, quils ont licenciés à la frontière. Le même jour, lEmpereur est arrivé dans la capitale au milieu des acclamations dun peuple immense, ivre de joie. « Le duc dAngoulême était à Bordeaux, il laissa son épouse pour venir lui-même soulever les belles contrées du Midi et organiser la guerre civile, le plus terrible des fléaux. « La princesse a quitté le territoire français pour fuir en Angleterre ; son époux et les chefs de son armée sont en notre pouvoir, leur armée est licenciée, et leurs projets insensés nont obtenu que le triste résultat de faire couler le sang français sur les rives de la Drôme et de lIsère, tandis que lEmpereur, pour remonter sur le trône, na pas fait brûler une amorce. « Gendarmes, larmée a bien mérité de la patrie ; partout la nation se montre digne de la gloire et de lhonneur du nom français ; sa cause sacrée et celle de lEmpereur ne sont quune : vaincre ou mourir est désormais sa devise ; le feu sacré circule dans nos veines, et vous partagerez avec la même énergie ce noble dévouement. « Il reste peut-être encore un petit point dans le Midi les ennemis de la patrie ont comprimé lélan du peuple, en empêchant que la nouvelle des grands événements qui viennent de se succéder rapidement ny pénétrât. Je vous charge de la propager, et je suis certain que les signes sacrés de ralliement des Français, la cocarde et le drapeau tricolores, seront arborés. « Officiers, sous-officiers et gendarmes, redoublez de zèle et dactivité pour le maintien de lordre et de la tranquillité ; point danarchie, point de vengeance, ni de brigandage. Napoléon, en bon père, pardonne à lerreur : imitons et bénissons sa clémence. « Vive lEmpereur ! « Le lieutenant-général commandant en chef la gendarmerie impériale du Midi, et grand-prévôt de Sa Majesté à larmée.
    « B. RADET.
    « À Pont-Saint-Esprit, le 11 avril 1815. »

Source

« Étienne Radet », dans Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, 1852 [détail de lédition]


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Étienne Radet de Wikipédia en français (auteurs)

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