Éthique sexuelle

Éthique sexuelle

Éthique

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Manifestation pour abolir le travail des enfants, New York, 1er mai 1909.
3 questions constuisant le « triangle de l'éthique » : je veux, je peux, je dois...

Léthique (du grec ηθική [επιστήμη], « la science morale », de ήθος, « lieu de vie ; habitude, mœurs ; caractère » et du latin ethicus, la morale[1]) est une discipline philosophique pratique (action) et normative (règles) dans un milieu naturel et humain. Elle se donne pour but d'indiquer comment les êtres humains doivent se comporter, agir et être, entre eux et envers ce qui les entourent.

Il existe différentes formes déthique qui se distinguent par leur degré de généralité. (léthique appliquée par exemple ne possède pas le degré de généralité de léthique générale), elles se distinguent aussi par leur objet (comme la bioéthique, léthique de l'environnement, éthique des affaires ou léthique de l'informatique), ou par leur fondement culturel (qui peut être lhabitat, la religion, la tradition propre à un pays ou à un groupe social ou un système idéologique). Dans tous les cas, léthique vise à répondre à la question « Comment agir au mieux ? »

Sommaire

Définition

Objet de léthique

Léthique générale - que nous appellerons simplement éthique dans la suite - établit les critères pour juger si une action est bonne ou mauvaise et pour juger les motifs et les conséquences dun acte. La finalité de l´éthique fait donc delle-même une activité pratique. Il ne sagit pas dacquérir un savoir pour lui-même, mais d'agir avec la conscience dune action sociétale responsable. Elle est considérée de nos jours, comme la discipline au fondement de léthique appliquée, de léthique individuelle, de léthique sociale et des différentes formes d´éthiques spécialisées qui se confrontent aux problèmes normatifs de leur domaine particulier.

Différenciation de l´éthique avec dautres disciplines

Les rapports entre morale et éthique sont délicats, car la distinction entre ces deux termes eux-mêmes est différente selon les penseurs. Dans un sens « ordinaire », le terme éthique est synonyme de morale, et désigne une pratique ayant pour objectif de déterminer une manière conforme de vivre dans un habitat en correspondant aux fins ou aux rôles de la vie de l'être humain (ex.: recherche du bonheur ou de la vertu).

Une distinction courante consiste à entendre par « morale » lensemble des normes propres à un individu, à un groupe social ou à un peuple, à un moment précis de son histoire et à appeler éthique la recherche du bien par un raisonnement conscient. Aujourdhui, on emploie le terme « éthique » généralement pour qualifier des réflexions théoriques portant sur la valeur des pratiques et sur les conditions de ces pratiques ; léthique est aussi un raisonnement critique sur la moralité des actions. On parle par exemple de « comité déthique » au sein dinstitutions scientifiques ou dhôpitaux. Léthique aurait donc ses fondements dans une décision dite rationnelle prise à partir dun libre dialogue entre des individus conscients des savoirs et de cultures parfois riches de traditions et de codes idéologiques assimilés.

Une autre distinction est proposée par certains philosophes contemporains (Deleuze, Ricœur, Comte Sponville, Giuliani, Misrahi...) pour définir la morale comme un ensemble de devoirs (impératifs catégoriques qui commandent de faire Le Bien posé comme valeur absolue, par ex « tu ne tueras pas ») et léthique comme la réalisation raisonnable des besoins (tendance naturelle à chercher le bon comme valeur relative - la recherche de son bonheur, qui peut par exemple légitimer certains actes médicaux généralement considérés « immoraux » comme leuthanasie, l'avortement, le don d'organe, etc.).

La morale est ainsi généralement rattachée à une tradition historique et parfois idéaliste (de type kantienne) qui distingue entre ce qui est et ce qui doit être, selon le dogme. Alors que léthique est liée à une tradition contemporaine et parfois matérialiste (de type spinoziste) qui cherche seulement à améliorer la perception de la réalité par une attitude « raisonnable » dans la recherche du bonheur pour tous.

  • Ainsi, le droit se distingue de la morale et de léthique, dans le sens qu'il ne définit pas la valeur des actes, le bien/mal, le bon ou le mauvais. Il définit toutefois ce qui est permis et défendu par les pouvoirs d'une culture, dans une société humaine.
  • La déontologie est pour sa part lensemble des obligations que les professionnels sengagent à respecter pour garantir une pratique conforme au code déthique de la profession.

Les différents domaines liés à léthique

Léthique est dabord inséparable de l'histoire et de la philosophie, à tel point quil est encore courant de la confondre avec la philosophie morale et la religion. En effet, il est parfois considéré que léthique est une des branches principales de la philosophie, et plus particulièrement de la philosophie morale. L'éthique, dans ses applications contemporaine est maintenant indissociable de la science.

Léthique est en outre intimement liée à la méta-éthique, même si cest surtout dans le débat contemporain que lon fait la distinction aussi nettement. La méta-éthique en effet a pour objet danalyser la nature des énoncés, des normes et des procédés de léthique. Elle constitue la discipline qui permet à léthique un retour réflexif sur elle-même.

Un autre grand domaine inséparable est (au moins aux yeux de la tradition philosophique occidentale) la politique ou plus précisément la philosophie politique. Il est traditionnel en philosophie de considérer la gouvernance de la cité comme un cadre naturel et comme un prolongement des commandements éthiques. À une échelle plus vaste, les domaines de l'environnement contribuent au développement de l'éthique sur des bases réelles.

Par ailleurs, dans une moindre mesure, il est traditionnel de lier éthique et philosophie de l'action et ce depuis Aristote, dans la mesure la théorie de laction sintéresse à certains problèmes fondamentaux pour léthique comme le jugement de la responsabilité de lagent, de lintentionnalité dune action ou de la définition de ce quon appelle un agent.

Histoire de léthique

Article détaillé : Histoire de l'éthique.
Monument de l'honneur à West Point

Léthique est loin dêtre toujours restée identique à elle-même. Au contraire, elle a connu de nombreuses et importantes transformations au cours de son histoire. Léthique occidentale a connu plusieurs grandes périodes.

Léthique dans lAntiquité était dominée par le concept de « vertu » aussi bien chez Socrate que chez Platon, Aristote, les Stoïciens et Épicure. Ainsi, lhomme bon est celui qui réalise bien sa fonction, son télos. Il sagit donc de réaliser pleinement la nature et ce qui constitue la nature humaine, afin datteindre le bonheur.

Le Moyen Âge fit fond non seulement sur l´éthique antique, celle de Platon, puis dAristote, mais aussi sur la tradition biblique.

Cest Descartes qui le premier prit nettement ses distances avec léthique antique, quil jugeait trop « spéculative[2] ». Sappuyant sur une nouvelle métaphysique, il fonde une morale dans un sens beaucoup plus individuel. Le développement de l´éthique moderne se poursuit avec Kant et léthique déontologique : une réflexion critique sur les conditions de possibilité de la morale mettant laccent sur le devoir.

Notre époque vit un développement de l´éthique appliquée en rapport avec des préoccupations environnementales et sociales. Dans les activités professionnelles et la gouvernance, la déontologie établie des codes de comportements.

Philosophie morale

Article détaillé : philosophie morale.

Léthique est traditionnellement un objet fondamental de la philosophie si bien quon confond même souvent léthique en général avec léthique philosophique ou philosophie morale en particulier.

Léthique déontologique

Les morales du devoir fondent le caractère moral de nos actions par le concept dobligation. Ce type de morale se conçoit indépendamment de toute conséquence qui pourrait résulter de nos actions. Par exemple, selon Kant, on ne doit pas mentir pour éviter un meurtre, car lobligation de dire la vérité est absolue et ne tolère aucune condition particulière[3].

Éthique des devoirs

Un ensemble de règles appliquées a priori et ayant le statut dobligations morales.

Exemples:

Éthique des droits

Cette éthique provient des droits de l'homme. Cette invention moderne est attribuée originalement à Rousseau et établit pour la première fois pour lhomme un ordre moral indépendant du cosmos, de la nature. Dorénavant, lhomme ne se distingue plus comme étant un animal doté de la raison comme chez Aristote, mais comme être ayant la liberté de sarracher à la nature et dinstaurer une autre légalité que celle naturelle, cest-à-dire celle de lhomme.

Principe dégalité : « Tous les hommes naissent égaux »

Ce principe dégalité est uniquement un droit juridique et non naturel.

Procéduralisme

Cette éthique réfère à John Rawls et est fondé sur le pluralisme. Il affirme quon ne peut plus se baser sur une seule notion commune du bien. Cela implique alors létablissement de règle plutôt abstraite afin dadmettre une généralité de différences.

Jürgen Habermas considère quune solution à un conflit est légitime si et seulement si ceux qui sont concernées par ce conflit sont daccord sur cette solution dans des conditions de paroles et de communication satisfaisantes. Cest pourquoi on parle déthique de la discussion ou de morale communicationnelle.

Ainsi, cest la procédure qui fait que la solution est ou nest pas légitime.

Léthique téléologique

Léthique téléologique met laccent sur les buts et les finalités dune décision. Elle soppose à léthique déontologique de Kant. Dans cette optique, toute réflexion éthique se fonde sur les effets dune action ; en effet toute action ne peut être jugée bonne ou mauvaise quen raison de ses conséquences. ex: Aristote développa une éthique téléologique du bonheur car pour lui « le bonheur est ce qui caractérise le bien être parfait et le fait quil doit toujours être possédé pour soi et non pour une autre raison ». Elle donna notamment naissance à lutilitarisme chez les anglo-saxons.

Conséquentialisme

Dans nos actions, nous prenons souvent en compte les conséquences de nos actes. Ces conséquences peuvent donc être considérées comme des critères possibles de notre comportement, ce qui fait de ce type de morale, un type normatif. Pour une morale de ce genre, une conduite est morale si les conséquences dun acte sont plutôt bénéfiques que défavorables. Lévaluation de la moralité dune conduite se fait donc sur la base de ce qui est observable, plutôt que sur lintention qui a un caractère privé et difficile à appréhender.

Plusieurs types de conséquentialisme peuvent être distingués, selon le critère que lon choisit pour déterminer ce qui est bénéfique et ce qui est nuisible : laltruisme, légoïsme et lutilitarisme.

Éthique et valeurs

En éthique, on parle communément de valeurs - qui sont de l'ordre de l'Être et du Bien, qui indiquent des idéaux à poursuivre (Autonomie, vie et santé, justice) -, des principes - qui donnent des grandes orientations à l'action, qui fixent des attitudes (Autodétermination, respect de la vie, rendre à chacun son ) -, de normes et de règles - qui déterminent l'action, qui encadrent la décision (Contentement libre et éclairé, prendre les « moyens proportionnés », respect des contrats)-.

Le mot valeur est le plus général et le plus dynamique ; il a d'abord une évocation philosophique avant d'avoir une retombée éthique. Le mot principe désigne une orientation fondamentale, inspiratrice d'action. Le mot règle évoque quelque chose de plus concret, plus proche de l'action. Le principe est souvent indéterminé, et admet des applications diverses. La règle a un contenu précis.

Les grands principes sont relativement peu nombreux et stables ; les règles peuvent être nombreuses et variables. Ainsi Durand (1994) souligne la difficulté de présenter léthique (ou la morale) selon trois points :

1) elle vient du fait qu'elle n'est pas un secteur séparé de la vie, mais une dimension permanente de tout comportement. Des valeurs, en effet, sont mises en oeuvre plus ou moins explicitement dans tous les comportements et toutes les décisions. Ainsi la pratique de la médecine, des sciences infirmières, du travail social, du droit, par exemple, implique inévitablement des choix éthiques, des choix de valeurs morales ;

2) elle tient au vocabulaire qui varie selon les auteurs. Les mots comportent, d'un milieu à l'autre, des connotations ou des sens divers ;

3) elle tient au fait que celle-ci renvoie finalement à une réflexion philosophique, laquelle a donné naissance à une multitude de théories éthiques plus ou moins contradictoires.

Selon Durand (1994), trois mots reviennent fréquemment dans le discours sur l'action humaine : éthique, morale, déontologie ; et ceux-ci sont parfois pris comme synonymes. Dailleurs historiquement pour les deux premiers, ils ont été employés très souvent l'un pour l'autre. Étymologiquement, les mots éthique (d'origine grecque) et morale (d'origine latine) renvoient aux mœurs, à lanalyse des mœurs, aux réflexions sur la conduite humaine. Le mot déontologie (du grec deon-deonlos) désigne lui aussi des règles, devoirs et obligations. Les trois mots renvoient au comportement, à l'action humaine, à la prise de décision. Ils concernent ce qu'il faut faire, ce qu'on doit faire (le devoir, les valeurs), par opposition à ce qui se fait (les mœurs

Droz (Droz et al., 2006) définit léthique comme un ensemble rationnellement structuré de valeurs explicites qui définissent le bien, le juste et le beau, par lequel quelquun rend compte de lui-même, de ce qui le fait exister et agir. Elle est la manière de dire comment on se doit de vivre et à partir de quoi lon doit juger et décider. Il sagit en conséquence, dun système explicite et argumenté de valeurs qui induisent des comportement ou des pratiques sociales. Il y a donc des éthiques universelles (droit de lhomme) ou des éthiques propres à une culture.

Bob Jickling (1996) propose deux façons de concevoir léthique : léthique comme un code, qui tend à reproduire des rôles dans la vie sociale. Les prescriptions et les valeurs qui les informent, ont tendance à être pris pour acquis, faisant ainsi autorité, et applicables dans un large éventail de contextes ; et si nous pensons éthique associé à un processus pour étudier et évaluer un système de valeurs. Alors dans ce sens, éthique implique de chercher des principes pour guider le comportement moral et les évaluer. Il faut tout dabord identifier les valeurs, qui peuvent être contestées, existant au sein dune communauté.

L'organisation des valeurs entre elles, sous forme de système, correspond à une éthique; celle-ci donne sens et cohérence aux valeurs qui s'y rattachent (Sauvé, Villemagne, 2006). Une valeur (comme la démocratie ou le développement durable) ne prend son sens quen fonction du champ éthique dans lequel elle sinscrit. Parmi les valeurs nous retrouvons les valeurs d'ordre fondamental, correspondant à des buts à atteindre (par exemple, l'équilibre écologique), et des valeurs d'ordre instrumental destinées à l'atteinte de ces buts (comme la responsabilité). Il y a également les valeurs abstraites (la solidarité) et les valeurs correspondant à des objets, et également des valeurs qui sont intrinsèques (la nature ou le patrimoine architectural). Une valeur est une croyance durable (Rokeach, 1979), un mode spécifique de conduite ou détat final d'existence, qui est personnellement ou socialement préférable à un autre mode de comportement ou but de lexistence opposé ou convergent. Un système de valeur est une organisation durable de croyance au sujet des modes souhaitables de conduite ou des états finaux d'existence.

Traditionnellement, le concept de valeur est utilisé de deux manières distinctes (Rokeach, 1979), soit nous parlons de valeur que possèdent les objets, soit ce sont celles que possèdent les personnes. Les valeurs diffèrent des attitudes (aussi bien que dautres concepts tels que les besoins, les normes, les intérêts) et sont dailleurs moins nombreuses que ces dernières, elles dépassent les conceptions spécifiques dattitudes dobjets et de situations et sont dynamiquement plus près des besoins et plus centrales aux personnes que nous identifions comme individus (Rokeach, 1979). Se rapportant aux propos dAudigier (1999) il est inutile de sattacher à déterminer une liste bien établie et cohérente de valeurs, puisque dans toute situation, dès quil nous faut prendre une décision, nous sommes aux prises avec des valeurs en contradiction les unes avec les autres. Mais elles définissent comme un point de vue à partir duquel nous évaluons, au sens fort du terme évaluer, les actions sociales, les comportements, voire les opinions.

Éthique des vertus

L'éthique des vertus est ancienne. Elle naît de la rencontre entre morale antique, notamment aristotélicienne et stoïcienne, et de la sagesse biblique. C'est au cours de la "patristique" (première théologie chrétienne), puis dans la philosophie médiévale, notamment scolastique, qu'elle atteint son achèvement. Au XVIIIème siècle, les vertus prennent une place considérable dans l'imaginaire révolutionnaire (Robespierre). Aujourd'hui, un certain nombre de philosophes la reprennent à leur compte, comme par exemple en France André Comte-Sponville. Il ne faut pas comprendre la "vertu" au sens d'une dame habillée de noir et vitupérant contre les excès et les défauts, au nom d'une morale bien-pensante. La "vertu", du latin "virtus" s'apparente plus à la "virtuosité" des artistes. Elle mobilise un entraînement et un équilibre des contraires qui s'appuie sur la sagesse. Mais il ne s'agit pas pour autant de mortification ou d'ascétisme.

La théorie s'articule autour de quatre vertus autrefois dites "cardinales". La "prudence", la "force" (ou le "courage"), la "justice" et la "tempérance". Cette formulation définitive se produit au XIIIème siècle, sous l'influence des ordres chrétiens franciscains et dominicains.

- La "prudence" est la vertu principale : c'est elle qui guide la décision et qui la pèse, en fonction de la responsabilité, de la situation contextuelle, des conséquences. Elle n'est pas contraire au risque, contrairement à l'image qu'on peut s'en faire. Il est des décisions audacieuses qui sont des décisions de prudence.

- La "force" ou le "courage" est la capacité de tenir bon face à l'adversité. C'est aussi elle qui donne l'énergie pour se lancer dans des entreprises.

- La "tempérance" est la vertu qui canalise les dérèglements. Elle n'est pas opposition aux passions, mais modération des passions.

- La "justice" est la prise en considération du comportement avec autrui. Elle comporte une dimension économique (le sens du partage), une dimension sociale (respect du droit) et politique (égalité de tous). Mais elle possède aussi une fonction critique, quand l'apparente justice s'oppose à l'éthique.

La tradition chrétienne y a ajouté trois vertus dites "théologales"

- La "foi", qui est participation à la connaissance que Dieu a de lui-même.

- L'"espérance", qui est la confiance dans l'achèvement de l'histoire dans une transformation et recréation du monde et des personnes, par delà la mort (voir Jürgen Moltmann)

- La "charité", qui est l'amour du prochain, à commencer par les plus petits et les laissés pour compte.

Aujourd'hui, la vertu est considérée comme une qualité qui pousse l'homme et la femme à aller jusqu'à l'excellence, au meilleur de soi.

Méta-éthique

Article détaillé : Méta-éthique.

La méta-éthique désigne lanalyse des concepts éthiques de base, de leurs présupposés épistémologiques et de leur signification, sous langle de la philosophie. Elle est « au-dessus » de léthique (meta en grec) car elle a pour objet non pas de poser des normes éthiques mais de les analyser. Elle sintéresse par exemple à la nature des normes éthiques en tant que normes, aux fondements de ces normes, à la structure des arguments éthiques, aux caractéristiques des propositions éthiques etc. La méta-éthique est en réalité aussi ancienne que léthique, même sil est vrai que ce nest que depuis le XXe siècle quelle est devenue une discipline indépendante qui se consacre de façon toute particulière à laspect linguistique de léthique. Un bon exemple de méta-éthique est le petit article que Paul Ricœur avait rédigé dès 1985 pour lEncyclopædia Universalis : « Avant la loi morale : léthique ».

Éthique appliquée

Article détaillé : Éthique appliquée.

Léthique appliquée est un terme générique pour désigner lensemble des questions éthiques relatives à un domaine de lactivité humaine comme le monde du travail, léconomie, les sciences, la gouvernance ou la culture.

Léthique dans la consommation

Article détaillé : Commerce équitable.

Les premières questions éthiques qui se posent en ce qui concerne la consommation de biens et de services relèvent de la provenance et de la confection des produits. La division internationale du travail et la rationalisation des couts de production poussés à leur extrême dans le cadre de la mondialisation ont mené à des situations condamnables dun point de vue éthique (travail denfants, production de résidus contaminants, vente de produits nocifs pour la santé et l'environnement, conditions de travail déplorables des employés...). Or, il est incontestable que lacte dachat d'un bien ou d'un service correspond à un soutien plus ou moins volontaire et plus ou moins conscient à une organisation, à une société commerciale ou un secteur industriel ainsi que de ses méthodes de production.

Sinterroger sur la provenance et la confection de ses achats peut donc sinscrire dans une démarche éthique et humaniste. Cet approche trouve écho aujourdhui avec le développement du commerce équitable.

Léthique dans lalimentation

Article détaillé : Végétarisme.

Les questions générales déthique dans la consommation (mode de sélection, de production, traitement des employés, etc.) sappliquent également au choix des aliments, mais la question spécifique et récurrente dans ce domaine concerne l'exploitation animale. C'est à dire l'exploitation de créatures sensibles et intelligentes pour satisfaire les besoins (justifiés ou pas) des humains.

Ainsi, au nom de léthique, se sont développés des mouvements de protection animale, de bien-être animal et plus spécifiquement des mouvements prônant le végétarisme, le veganisme ou lantispécisme (terme popularisé par Peter Singer, auteur de larticle sur léthique de lEncyclopædia Universalis). Cette réflexion nest pas nouvelle, au long de son histoire la dimension éthique et non-violente du végétarisme a été soutenu par de très nombreux philosophes et penseurs comme Plutarque, Pythagore, Léonard de Vinci, Lamartine, Schopenhauer, Léon Tolstoï, Albert Einstein, ou Gandhi.

Le fait que la majeure partie des aliments d'origine animale ne soient pas nécessaire à la santé humaine[4] et les nombreuses constatations des ravages écologiques de lélevage[5] apportent de nouvelles dimensions à la réflexion éthique sur l'exploitation animale en général et sur la consommation de viande plus particulièrement.

Léthique dans léconomie et la finance

Article détaillé : Déontologie financière.

Les échanges financiers dans le contexte de la mondialisation économique révèlent des situations l'éthique a des applications. L'appât du gain comme la corruption et les risques de manipulations boursières sont des caractéristiques déstabilisantes de l'investissement.

Léthique est aussi lun des 11 facteurs à appliquer dans le modèle dintelligence économique produit par lAFDIE (Association française dintelligence économique:

  • Protéger la vie privée et les données individuelles,
  • Appliquer une déontologie exigeante dans le recueil dinformation et les pratiques dinfluence
  • Appliquer la même rigueur déontologique lors de la sous-traitance de linformation et de linfluence.

Léthique du commerce et des activités des entreprises

Article détaillé : Éthique des affaires.

Éthique ergonomique : Ensemble de règles de travail en équipe, semi formalisées par un groupe de travail pour lui-même, afin de faciliter latteinte dobjectifs a priori opposés (exemples : conformité des comportements et liberté des initiatives, performance des résultats et respect des personnes, confiance et contrôle,…) mais indispensables à lagilité et à la pérennité des organisations.(source : R. Engelbrecht in "Faire la Trace" - Éditions Pearson)

Léthique de l'informatique

Article détaillé : Éthique de l'informatique.

Léthique sociale et environnementale

Article détaillé : Développement durable.

Les impacts négatifs de l'application de connaissances, ainsi que les avancements technologiques et scientifiques posent aujourdhui la question de léthique sous langle de la responsabilité individuelle et sociale par rapport à l'habitat des espèces, aux pollutions humaines et à la périnité des générations futures.

La philosophie de Hans Jonas est à la base des principes de développement durable : un mode de développement qui satisfait les besoins des générations présentes, sans compromettre la capacité des générations futures de satisfaire les leurs. Il sagit également dadopter une attitude de prudence par rapport aux impacts des techniques. En labsence de certitude scientifique, il sagit donc dappliquer le principe de précaution.

Pour René Dubos, faire face à ces enjeux globaux nécessite de « penser global, et dagir local » (d le néologisme « glocal »).

Sous langle général de l'environnement l'éthique est appliqué. Sous l'angle de lenvironnement humain, on parle de développement durable et sous langle des entreprises, on parle de responsabilité sociétale des entreprises. De façon métaphorique, on parle de l'organisation d'un système de gouvernance éthique qui repose sur trois piliers. Cette gouvernance de l'environnement humain repose alors sur le pilier économique, le pilier écologique et le pilier social.

Éthique sociale

L´éthique sociale est la branche de l´éthique qui s´intéresse non pas aux actions individuelles mais aux ensembles sociaux en général. En matière déthique sociale et politique, le monde anglo-saxon, suivi des Québécois, a placé au cœur de sa réflexion la notion de conflit dintérêt.

Éthique de l'environnement

Article détaillé : Éthique de l'environnement.

Traduit par léthique environnementale et associé aux trois piliers du développement durable les nombreuses études dévaluation des impacts environnementaux servent à une compréhension et à l'orientation d'activités humaines. Non seulement dans les pays développés, mais aussi dans les pays en développement, les traditionnels modèles de fonctionnement locaux évoluent vers une perception éthique et globalisé de l'environnement. C'est dans une perspective d'adaptation que les activités industrielles et culturelles polluantes reconnaissent l'éthique de l'environnement. Ainsi, dans son contexte civil et sociétale, la compréhension des enjeux de la mondialisation est employée pour expliquer et identifier les activités humaines éthiques avec lenvironnement biophysique.

Gosseries (1998) associe le concept déthique de lenvironnement à celui de protection de lenvironnement. Or, ce dernier prit au sens large, recouvre plusieurs objectifs, comme : la sauvegarde dun environnement non pollué (protection de lenvironnement au sens strict), naturel (conservation de la nature) et diversifié (sauvegarde de la biodiversité). De plus cet auteur assigne une triple tâche à léthique de lenvironnement : 1) Dune part, interroger la légitimité de ce que lon appelle - au sens large - la protection de lenvironnement ; 2) Ensuite, la crise écologique a été loccasion dun renouveau de la remise en cause de nos systèmes. La question du statut moral des animaux, des plantes, des virus, ou des écosystèmes nont guère reçu à ce jour de réponse très satisfaisante, alors que cest pourtant la question éthique sans doute la plus radicale qua réactivé la crise environnementale ; 3) Enfin la protection de lenvironnement met à jour des questions de justice intergénérationnelle et internationale. Godard (1999) est plus critique, et selon ce dernier la mise en forme dune éthique ne présente pas davantages décisifs, dans le domaine de lenvironnement, du point de vue de la capacité à soutenir laccord sur des normes de comportement ou des orientations pratiques définies. Lorigine viendrait des défaillances des connaissances relatives au monde des choses (incertitudes et controverses scientifiques) et des hésitations quant aux repères normatifs. Par ailleurs, le monde des objets, la nature, lenvironnement, ne fournissent pas un appui solide pour définir des repères fiables ayant une valeur universelle ni pour formuler des normes éthiques et politiques qui pourraient simposer delles-mêmes à tous et aux yeux de tous. Ainsi, il propose (Godard, 1999) une réflexion éthique qui devrait se faire plus humble et soucieuse de sa validation effective par des communautés humaines concrètes, sans céder la place à léconomisme, car les préférences économiques et les choix éthiques ne se déterminent pas de la même manière. Par lanalyse de plusieurs travaux dauteursSachs ; Edelman, & Hermitte ; Brown-Weiss ; Rèmond-Gouilloud ; Larrère ; Gosseries – ; Godard (1999) rappelle historiquement que cest dans un contexte de critique sociale et de controverse scientifique fondamentale que la dimension éthique des problèmes denvironnement a été introduite. Ce travail le mène à classer les auteurs travaillant sur la question de lenvironnement en deux camps : Dune part il y a ceux qui abordent la question à partir des concepts et outils méthodologiques disponibles dans leurs disciplines et rabattent lenvironnement sur des problématiques classiques comme la gestion rationnelle de ressources rares, la lutte des classes et les contradictions du capitalisme, ou le développement technique ; dautre part il y a ceux qui y voient un enjeu intellectuel et un défi pour la société, appelant un traitement inédit. Parmi cette dernière catégorie nous retrouvons, entre autres, Lucie Sauvé et Carine Villemagne (2006) qui ont réalisé une catégorisation des principaux courants en éthique. Ce travail donne des repères relatifs à leur fondement, à savoir, égocentriques (centré sur soi), anthropocentriques - centré sur lespèce humaine-, sociocentriques - centré sur le groupe social-, biocentriques - centré sur chacune des espèces vivantes et sur l'ensemble d'entre elles-, écocentriques - centré sur lensemble des êtres vivants et non-vivants en interrelation au sein des écosystèmes ou milieux de vie - ou une combinaison de ceux-ci. Sans que la liste ne soit exhaustive, nous repèrons onze courants différents. La Deep Ecology ou léthique de lécologie profonde; Le Land Ethic ou léthique de la communauté biotique; L'écologie sociale; L'écoféminisme; Léthique de la responsabilité environnementale; L'éthique du développement durable; Lécocivisme et lécocitoyenneté; L'éthique du dialogue social; L'éthique environnementale de type critique; La bioéthique; L'éthique de la justice environnementale.

Parmi les éthiques repérons celle du développement durable. Précisons que ce courant fait partie des éthiques anthropocentriques (Sauvé, & Villemagne, 2006), dans lesquelles lêtre humain y est le centre de la moralité, correspondant à la vision habituellement reçue de la morale, les êtres humains (parce quils sont raisonnables, libres et conscients de lêtre) sont considérés comme des fins en soi : le champ de la moralité et celui de lhumanité sont coextensifs (Larrère, 2006). Léthique de l'environnement et du développement durable est fondé sur quatre principes (Prades, 1995: 1) Les êtres humains constituent la centralité de la planète ; cela se traduit par une responsabilité de sauvegarde et de développement de la vie sur la planète ; 2) Les êtres humains visent la progression de l'humanité et ainsi « à gérer leur rapport au monde comme bons administrateurs » ; 3) Les êtres humains doivent remplir trois devoirs essentiels : l'autonomie, la solidarité et la gestion du monde ; 4) Le principe du développement durable doit « orienter le devoir et l'idéal de gestion humaine de la planète ». Selon cette approche lhumain domine la nature dont il utilise rationnellement les ressources afin de ne pas entraver la croissance économique, vue comme une condition essentielle du bien-être humain (Sauvé, & Villemagne, 2006). Pour Droz (Droz et al., 2006) une éthique qui garantit une perspective à long termepour la planète et ses habitantsne peut être durable que si elle est basée sur un éthos global fondé sur le consensus. Cette éthique, dites globale, se nourrit du processus de mondialisation, qui impose la constitution dune société planétaire, et conduit à réduire les différences entre les multiples visions du monde et exige de convenir dun système de valeurs communes. Léthos résulte de quatre prises de conscience : 1) une conscience anthropologiquedécouverte de lunité dans la diversité – ; 2) une conscience écologiquedécouverte des êtres humains comme habitant, avec dautres mortels, une même sphère vivante ; 3) une conscience civiqueresponsabilité et solidarité avec les autres êtres humains et avec la Terre – ; 4) une conscience spirituelle de la condition humaineplace essentielle dans le travail de la pensée, de la compréhension–. Léthique doit inspirer, à tous les niveaux, léducation à lenvironnement par notre relation avec la Terre, avec les autres êtres humains et avec tous les êtres vivants. Cest donc une éthique de la solidarité, de la participation démocratique, de la reconnaissance de laltérité et des différences, du pluralisme, du respect des droits des minorités et de la diversité des traditions, des cultures et des environnements naturels.

Autres sujets déthique dans les sciences

Éthique dans la santé

Article détaillé : Bioéthique.

Des sujets aussi divers que la biologie appliquée à la médecine, le végétarisme, la vaccination, les soins, le génie génétique, le décryptage du génome humain, la sécurité alimentaire, leuthanasie, lavortement, la psychologie culturelle, la santé reproductive, le traitement des troubles mentaux et du handicap, la chirurgie, le brevetage des découvertes médicales ou pharmaceutiques, ou encore la gestion du risque épidémique (ex HIV/SIDA) ou un Plan de crise pour une pandémie ou la préparation individuelle et collective à une éventuelle pandémie grippale (de type grippe aviaire ou H1N1 posent de nombreuses questions déthique [6]

Les lignes de distinction entre la méta-éthique, léthique normative et léthique appliquée sont souvent floues. Par exemple, le problème de lavortement est un sujet déthique appliquée puisquil implique un type de comportement controversé. Mais il dépend de principes normatifs plus généraux, comme le droit dauto-conduite et le droit de vivre, selon lesquels on peut interpréter la moralité de cette procédure. Le problème repose aussi sur des questions méta-éthiques comme « d viennent les droits ? » et « quelles sortes dêtres humains ont des droits ? ».

Éthique dans le métier dhistorien

Dune manière générale, les métiers dhistorien et de journaliste nécessitent une certaine éthique.

Plusieurs personnalités ont abordé cette question, comme lhistorien Marc Bloch et le philosophe Paul Ricœur (sur le plan de la refondation de la mémoire). Léthique est une des deux idées centrales de Marc Bloch sur le métier dhistorien[7].

Léthique professionnelle de lhistorien a des conséquences sur le plan de la méthodologie historique et de lapproche de la vérité historique.

Dans le cas de la Seconde Guerre mondiale, cette exigence déthique est particulière. Cette interrogation ne vient pas de ceux qui écrivent lHistoire, des historiens, mais de la société, car la demande dhistoire de la Deuxième Guerre mondiale est une demande sociale[8].

On constate en effet plusieurs manifestations du devoir de mémoire :

Notes et références

  1. (fr) Définitions lexicographiques et étymologiques de éthique du CNRTL.
  2. Voir sur ce point le Discours de la méthode, sixième partie
  3. cf. controverse avec Benjamin Constant, Du prétendu droit de mentir par humanité
  4. Journal of the American Dietetic Association, 2003, 103 (6), 748-765. Nombreuses sources disponibles sur [1] sur www.vegetarisme.fr.
  5. Lélevage est devenu la deuxième source émettrice de gaz a effet de serre selon un rapport de lONU. www.delaplanete.org/IMG/pdf/riendepersonnel.pdf
  6. The 2009 Influenza A(H1N1) Outbreak: Selected Legal Issues , Congressional Research Service, PDF, 34 pages (en)
  7. Voir Le statut de lhistoire dans Apologie de lhistoire, Gérard Noiriel, tiré de Cahiers Marc Bloch, 1997, n°5, pp. 7-21
  8. Voir sur le site de lacadémie dOrléans-Tours : Histoire, éthique et seconde guerre mondiale

Voir aussi

Voir : Site de GLOBAL COUNCIL, certification réaliste dans le domaine de l'éthique des affaires.


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Bibliographie

  • LÉthique à Nicomaque (Aristote)
  • Éthique, Spinoza
  • Soi-même comme un autre, Paul Ricœur, Le Seuil, Collection lordre philosophique, 1990.
  • Contre la peur. De la science à léthique une aventure infinie, 1990, Dominique Lecourt, rééd. PUF, collection Quadrige, 1999.
  • Éthique et responsabilité, Paul Ricœur, La Baconnière, 1995.
  • Anthologie sur léthique. Recueil de textes dOctave Gélinier. Édité par le Cercle déthique des affaires.
  • Fondements de léthique chrétienne. Sous la direction de Jean-Louis Leuba. Les Éditions du Cerf. 1995. ISBN 2-204-06793-8
  • Éthique comme philosophie première. Emmanuel Lévinas. Éditions Payot & Rivages. 1998. ISBN 2-7436-0404-2
  • La génération future a-t-elle un avenir ? Développement durable et mondialisation. Christian de Perthuis. Belin. Collection Ulysse. 2003.
  • Bioéthique et liberté, Axel Kahn & Dominique Lecourt, PUF, collection Quadrige essai, 2004.
  • La Méthode 6. Éthique, Edgar Morin, Éd. du Seuil, 2004.
  • La Signification de léthique, pour une application de léthique aux problèmes de la vie et de la santé, Robert Misrahi, Synthélabo, "les Empêcheurs de penser en rond" 1995
  • Quest-ce que léthique ? Robert Misrahi, Armand Colin, 1997
  • Politique de la fragilité. Éthique, dignité et luttes sociales, Fred Poché,Paris, Cerf, 2004.
  • Archéologie du pacte social. Des fondements éthiques et sociopolitiques de la société moderne, Francis Farrugia, LHarmattan, collection Logiques sociales, Paris, 1994.
  • La Construction de lhomme social. Essai sur la démocratie disciplinaire, Francis Farrugia, Syllepse, Paris, 2005.
  • Quest-ce que léthique ?, René Villemure, Bulletins réflexifs de lInstitut québécois d'éthique appliquée
  • LÉthique animale, Jean Baptiste Jeangène Vilmer, 2008, Coll. Éthique et philosophie morale, Presse universitaire de France
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