Ethique de l'environnement

Ethique de l'environnement

Éthique de l'environnement

L'éthique de l'environnement (ou éthique environnementale) est un déploiement de l'éthique appliquée qui concerne directement, ou indirectement, le rapport des idéologies humaines avec l'environnement biophysique naturel. Elle précise plus particulièrement le rôle écologique et sociologique de l'espèce humaine dans sonenvironnement, avec la culture du lien entre l'Humain, la Nature et la Biosphère.

La pensée écologique évolue dans le temps et est constitué d'une multitude de courants de pensées et de doctrines diverses. Parfois complémentaires, parfois incompatibles, la majorité des doctrines donnent seulement une explication et une justification aux différentes causes de dégradation de l'environnement humain. La pensée écologique accorde une priorité à l'adaptation des manières de penser et de faire dans l'espace. Dans l'environnement humain, elle détermine le rapport de l'Homme avec la Nature en tenant compte de la perception globale et de l'interdépendance de l'ensemble des activités locales avec la biosphère. C'est une pensée éthique, parfois qualifié d'écothéocratique ou de naturelle, qui se définit comme un ensemble de savoirs écologiques et sociologiques applicables. Elle est proposée pour résoudre des problématiques de la culture humaine actuelle et pour repenser le rapport Homme/Nature d'un point de vue philosophique et actif. De la valeur des faits et de l'action humaine, elle reconnait l'envergure de la pollution de l'environnement, la pensée polluée et la variété des milieux humains. Elle exerce un rôle, d'un point de vue social, pour le développement de la valeur des sciences, de l'esthétisme et du religieux.

La pensée écologique des systèmes est éthique. La pensée écologique est perceptible dans les ensembles biophysiques et humains. L'éthique environnementale reconnait par la culture et les sciences, les systèmes évolutifs et s'applique à identifier la pollution réelle. Elle s'identifie plus aux faits et à ce qui est, qu'aux causes, aux idéologies et aux crises. L'éthique environnementale humain oriente principalement le discours sur le territoire occupé par l'idéologie des activités de l'écologisme. Elle accorde une priorité à l'action pensée plus qu'à l'objet pensé, ce qui modifie les façons de faire avec l'environnement biophysique et l'environnement humain.

Quatre grandes approches de l'éthique environnementale peuvent être énumérés

La réalisation du barrage des Trois-Gorges en Chine centrale a concerné un million de personnes, aux fins de production hydroélectrique.

Sommaire

Fondements philosophiques

Pour Aristote[1], la plante et l'animal ne sont que des moyens pour l'homme. Descartes justifie cette utilisation de la nature par son caractère entièrement mécaniste : l'animal n'est qu'une « machine » au fonctionnement remarquable. En sens inverse, Montaigne met en doute la place privilégiée de l'homme dans la nature : quand je joue avec ma chatte, dit-il, qui sait si elle ne me prend comme un passe-temps plus encore que je ne le fais d'elle[2] ?

D'un point de vue philosophique, l'éthique de l'environnement découle de principes éthiques généraux définis entre autres par le philosophe allemand Hans Jonas et l'Écologiste René Dubos (penser global, agir local). En remontant plus loin dans l'Histoire, on peut trouver des philosophes du droit naturel comme John Locke, Samuel von Pufendorf, et Jean-Jacques Rousseau.

Les croyances modernes des rapports entre l'homme et l'environnement

La plupart des penseurs modernes doctrinaux ne donnent une valeur morale qu'aux êtres libres ou doués de raison, c’est-à-dire aux hommes, selon eux.

Pour Rousseau, certes l'animal est une « machine ingénieuse », mais son caractère d'être sensible interdit à l'homme de le considérer comme une simple chose et de le maltraiter inutilement[3]. La différence entre l'homme et l'animal, pour Rousseau, n'est que quantitative sur le plan de l'intelligence. Ce qui distingue essentiellement l'homme, c'est sa capacité d'abstraction, sa liberté d'agir ou de ne pas agir ; c'est aussi sa capacité de perfectionner la technologie au cours de sa vie (éducation) et d'effectuer ce transfert d'une génération à l'autre (histoire).

Kant fonde son éthique sur la volonté et la liberté. Les animaux, qui en sont dépourvus, selon lui, ne sont donc que des choses et non des personnes : les hommes peuvent les utiliser comme moyens[4].

Pour l’environnement selon la dimension islamique, la perspective est celle qui met à l’environnement est conçu comme un chapelet de signes a méditer. En vérité, dans la création des cieux et de la terre, et dans l’alternance de la nuit et du jour, l’être humain peut tirer profit des richesses de cet univers à la condition sine qua non que cela se fasse en toute mesure et intelligence. L’Islam, comme d'autres religions, enjoint chaque fidèle et adepte à se diriger vers plus de science ainsi qu’à profiter pleinement des ressources de la terre qui sont placées au service de l’homme, selon eux. Dans ce contexte, le progrès et les révolutions technologiques sont encouragés et admis si cela se fait dans le cadre d’une utilisation fonctionnelle, responsable et consciente des conséquences sur l’environnement, selon les doctrines enseignées.

La simplification et l'application d'un monothéisme engendre l'idéologie qu'un Dieu a fait de l’homme le lieutenant de la terre et cette responsabilité exige une vraie implication. Ainsi, dans une perspective limitée, ne pas jeter les détritus par terre même lorsque nous les considérons comme minimes (mégots, capuchons de bouteille, bout de papier, chewing gum…), éviter autant que possible le gaspillage même voire surtout lors des ablutions et ne pas faire souffrir les animaux et faire preuve de bonté envers eux ainsi que planter autant que faire se peut des arbres sont des comportements valorisés:

« Si la fin du monde venait à survenir alors que l’un d’entre vous tenait dans sa main une plante, alors s’il peut la planter avant la fin du monde, qu’il le fasse ! ».

Mahomet a dit : « Chaque musulman qui plante une plante [arbre ou autre], alors tout ce qui en sera mangé sera compté pour ce musulman comme acte de charité. Tout ce qui en sera volé sera compté pour lui comme acte de charité. Tout ce qu’un animal en mangera sera compté comme acte de charité. Tout ce qu’un animal en mangera sera compté comme acte de charité. »

L'ensemble de ces croyances a conduit à une conception moderne des rapports entre l'homme et l'environnement. Élaboré en modèle pour les activités et la consommation humaine, les doctrines de sensibilisation ont orienté l'intelligence de l'homme vers un parasitisme passif de l'environnement terrestre.

L'éthique environnementale dans le monde anglo-saxon

L'éthique environnementale, au XXe siècle, s'est surtout développée dans le monde anglo-saxon sous l'influence de deux sources : la pensée utilitariste anglaise et la fascination des Américains, depuis Thoreau et John Muir, pour la nature vierge (wilderness).

À la fin du XVIIIe siècle, Jeremy Bentham s'interrogeait : les animaux souffrent-ils[5] ? Si oui, la perspective utilitariste du « plus grand bonheur pour le plus grand nombre » devrait prendre en compte leur bien-être au même titre que celui des humains.

Au XXe siècle, Peter Singer développe cette thèse. La dignité d'être moral ne dérive pas de la raison, puisque nous ne l'attribuons pas à des enfants ou à des fous, mais de la sensibilité, et, par extension, de la capacité à souffrir. Par analogie avec les théories racistes ou sexistes qui refusent la prise en considération égale des intérêts des Noirs ou des femmes, Singer désigne sous le nom de spécisme (speciesism) un comportement qui donne plus de poids aux intérêts humains qu'à ceux des animaux.

Tom Regan, contre l'utilitarisme, place la valeur de l'individu non dans la maximisation des plaisirs, mais dans un certain accomplissement de vie qui fait de l'individu un « sujet de vie » : a une valeur l'être qui a conscience de soi, désire et construit son avenir. Les mammifères et en particulier les primates entrent dans cette catégorie. Cette dignité, dans la tradition kantienne, interdit de le traiter comme un moyen et lui confère des droits moraux. Il en déduit l'interdiction de les chasser, les élever ou de les consommer.

À ces éthiques individualistes s'opposent des éthiques de l'espèce ou de l'écosystème. La land ethic d'Aldo Leopold associe dans une même « communauté biotique » le chasseur, le gibier et le milieu naturel dans lequel ils évoluent. Chasser n'est pas illégitime, mais l'homme doit s'inscrire dans le monde naturel sans le bouleverser contrairement à ce que fait l'agriculteur ou l'industriel par exemple. Leopold a beaucoup influencé le philosophe John Baird Callicott, considéré comme le père de l'éthique environnementale contemporaine aux États-Unis.

Domaines concernés par l'éthique de l'environnement

Les domaines biophysique et humain de l'environnement constituent un dénominateur des trois piliers du développement durable raisonnable (avec l'économique, l'écologie et le social). Ils remontent au plus large et au plus haut niveau de préoccupation éthique, sur des sujets comme la gouvernance globale et locale mondiale, la justice, l'organisation de l'État et des collectivités territoriales, l'éducation, la culture et le pilotage des entreprises.

L'apparition de principes de droit naturel dans la culture moderne devrait avoir à l'avenir des conséquences importantes sur le droit, sur la façon d'appliquer le Principe de précaution et le principe de pollueur payeur, tout en adaptant les idéaux humains aux sciences économiques, écologiques et sociales avec l'environnement réel.

Compte-tenue des répercussions négatives engendrés par les activités humaines sur environnement, sur la santé et la sécurité humaine, le champ de l'éthique environnementale ouvre principalement des secteurs d'applications dans les cultures et les sciences humaines.

Situation dans plusieurs régions du monde

En France

L'éthique de l'environnement est montée au plus haut niveau de préoccupation au sommet de la Terre de Johannesbourg en août 2002. On se souvient aussi de l'influence exercée par Nicolas Hulot sur le Président de la République, le grand public et jusque dans le processus du Grenelle de l'Environnement.

Des réflexions ont été menées depuis 2003 pour définir une charte de l'environnement. Après de multiples discussions, cette charte a été adoptée officiellement et a été incluse le 1er mars 2005 dans la constitution française.
Le fait que la charte soit placée au plus haut niveau de la pyramide des normes juridiques laisse présager de fortes évolutions dans le droit.

Mais ces évolutions sont pour certains contraires à la visée d'une éthique de l'environnement cohérente; ainsi, le chercheur indépendant Jean-Christophe Mathias montre que les concepts juridiques employés pour traiter de cette problématique sont inopérants pour résoudre la crise environnementale contemporaine[6].

En Australie et dans le monde anglo-saxon

Une charte dite Charte des Verts mondiaux a été adoptée par 800 personnalités en avril 2001 à Canberra.

Par ailleurs, des travaux normatifs ont été réalisés en Australie sur la maîtrise des risques. Cette norme est une norme internationale (ISO).

Application pratique de l'éthique de l'environnement

L'application pratique de l'éthique en environnement relève de la compréhension de la convergence des cycles et des systèmes écologiques des espèces. Pour l'espèce humaine, c'est dans l'adaptation des cultures que les applications sont à développer. De façon pratique, l'empreinte écologique représente le bilan individuel et collectif à mesurer pour les activités, les projets et les orientations de développement proposées.

Dans le cas des cultures d'idéologie, la déclinaison pratique des principes philosophiques de l'éthique de l'environnement impose de se poser la question d'un niveau recherché ou à rechercher de qualité, et donc la question de l'état naturel originel de l'environnement considéré ; cela à la fois du point de vue des aspects physiques et écosystiques et du point de vue "éthique", soit : quels êtres vivants vivent ou devraient vivre dans cet environnement, avec quels impacts sur celui-ci, quelle « légitimité », voire nécessité, à y demeurer ? sur quelles surfaces ?, etc. C'est le champ de la naturalité qui commence à être exploité avec des outils scientifiques (écologie rétrospective, cartes de potentialité et de naturalité, importance des aspects fonctionnels des relations écosystémiques, incluant boucles de rétroactions entre Climat et Biodiversité)..

Pour une entreprise et sa responsabilité sociale on voit que l'analyse fine du contexte spatial et temporel est très importante. Le domaine dit de l'écologie industrielle peut inclure une dimension éthique, mais non nécessairement (il peut s'agir d'un simple soucis de gestion plus rationnelle en faisant en sorte que les déchets d'un processus deviennent source d'énergie ou de matière pour un autre. Néanmoins l'apparition d'écosociolabels (FSC par exemple dans le domaine du bois/papier et de la forêt, ou MSC pour la pêche) montre un intérêt croissant de certains acteurs pour une prise en compte transparente de principes éthiques dans le commerce et la gestion des ressources naturelles, incluant le respect des droits, des savoirs et des conditions de vie des populations autochtones.

Cette question découle du pré-supposé que d'une part l'environnement et d'autre part "la vie qui l'habite" (ou la fréquente habituellement) se co-construisent, profitent l'un à l'autre, ou à tout le moins ne se nuisent pas, soit : se supportent harmonieusement.

Notes et références

  1. Aristote, Politique, Livre I.
  2. Michel de Montaigne, « Apologie de Raymond Sebond », Essais (texte sur Wikisource).
  3. Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, (texte sur Wikisource).
  4. Emmanuel Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs (traduction de Victor Delbos disponible sur Wikisource) : « Les êtres dont l’existence dépend, à vrai dire, non pas de notre volonté, mais de la nature, n’ont cependant, quand ce sont des êtres dépourvus de raison, qu’une valeur relative, celle de moyens, et voilà pourquoi on les nomme des choses ».
  5. Jeremy Bentham, Introduction aux principes de la morale et de la législation.
  6. Voir Jean-Christophe MATHIAS, "Le principe de précaution: responsabilité ou imposture?", in Jocelyne COUTURE et Stéphane COURTOIS, "Regards philosophiques sur la mondialisation", Presses Universitaires du Québec, 2005


Voir aussi

Articles connexes

Articles sur la philosophie et l'éthique

Articles sur l'environnement

Articles sur le droit

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